Piotr Ilitch Tchaïkovsky (Tchaikovski ) (1840-1893)

joachim a écrit:

La Symphonie Manfred en si mineur (en russe : Манфред ; en orthographe précédant la réforme de 1917–1918 : Манфредъ), op. 58, est une œuvre de Piotr Ilitch Tchaïkovski en quatre scènes, d’après le poème dramatique Manfred de Lord Byron. Composée entre mai et septembre 1885, elle est créée à Moscou, le 11 (23)1 mars 1886, sous la direction de Max Erdmannsdörfer.

La symphonie est dédiée à Mili Balakirev, qui en proposa le thème à Tchaïkovski et s’efforça de diriger son travail.

Hello Joachim, sais tu ce que Balakirev a pensé de la version finale de cette symphonie de Tchaïkosky, sachant que Balakirev avait donné des instructions précises et que Tchaikovsky n'a pas suivi toutes les dites directives. Je n'arrive pas à trouver d'informations à ce sujet

Je possède la biographie d'André Lischke (chez Fayard). La dernière lettre que Tchaikovski a envoyée à Balakirev est du 13 septembre 1885 (je ne la recopie pas, elle se trouve sur Wikipedia, mais ne précise pas la réaction de Balakirev).

André Lischke précise : Il est remarquable que Tchaikovski se soit senti obligé de s'excuser devant Balakirev pour ne pas avoir suivi ses indications de tonalités ! Visiblement, l'auteur d'Islamey restait pour lui "l'homme le plus redoutable du monde". Mais Balakirev se montra pleinement satisfait, et émit même le voeu (irréalisé) de diriger lui-même Manfred dans un de ses concerts de l'Ecole gratuite de musique.

Pas d'autre précisions.

Le prochain opéra que je verrai à Liège est Eugène Onégine.
Je crois que je ne l'ai vu qu'une fois sur scène jusqu'à présent.

joachim a écrit:

Je possède la biographie d'André Lischke (chez Fayard). La dernière lettre que Tchaikovski a envoyée à Balakirev est du 13 septembre 1885 (je ne la recopie pas, elle se trouve sur Wikipedia, mais ne précise pas la réaction de Balakirev).

André Lischke précise : Il est remarquable que Tchaikovski se soit senti obligé de s'excuser devant Balakirev pour ne pas avoir suivi ses indications de tonalités ! Visiblement, l'auteur d'Islamey restait pour lui "l'homme le plus redoutable du monde". Mais Balakirev se montra pleinement satisfait, et émit même le voeu (irréalisé) de diriger lui-même Manfred dans un de ses concerts de l'Ecole gratuite de musique.

Pas d'autre précisions.

Merci Joachim

On ignore généralement que, comme Beethoven, Tchaikovski a composé une cantate sur l'Ode à la Joie de Schiller. C'est une œuvre de jeunesse.


Historique : d'après http://en.tchaikovsky-research.net/pages/Ode_to_Joy

La musique de Tchaïkovski sur l' hymne à la joie de Schiller (К радости), pour solistes, chœur et orchestre (TH 66 ; ČW 62) a été écrite en novembre et décembre 1865 pour ses examens de fin d'études au Conservatoire de Saint-Pétersbourg.

Le 12/24 octobre 1865, le Conseil des professeurs du Conservatoire de Saint-Pétersbourg décida que, pour terminer son cursus, Tchaïkovski devait se voir confier la tâche d'écrire une cantate pour chœur et orchestre sur le texte de l' Hymne à la joie de Schiller.

Le 22 octobre/3 novembre, Tchaïkovski écrivait à Aleksandra Davydova : "... mon travail entre dans une phase très sérieuse. Afin de terminer mon cours de conservatoire, on m'a préparé une grande composition, pour laquelle j'ai besoin de calme, de paix et d'accès. à un instrument".

Cependant, à ce stade, le compositeur n'avait même pas commencé à travailler sur la cantate. On peut supposer que la cantate a été écrite durant le mois de novembre, et dans la première quinzaine de décembre, puisque les premiers examens ont eu lieu le 20 décembre 1865/1 janvier 1866.

La cantate a été exécutée le 29 décembre 1865/10 janvier 1866 lors d'un examen public pour les étudiants du conservatoire devant la Commission d'examen d'État et d'autres invités, au palais Mikhailovsky à Saint-Pétersbourg, dirigé par Anton Rubinstein. Selon Modeste Tchaïkovski, le compositeur n'était pas présent. Cependant, aucun document n'a encore été révélé pour corroborer ce fait, et le procès-verbal de la Commission d'examen a enregistré que tous les étudiants étaient présents.


Le 15/27 janvier 1866, Tchaïkovski dit à Aleksandra Davydova et Lev Davydov : «J'ai écrit ma cantate, et ceux qui étaient censés la juger en étaient très contents».

Peut-être Tchaïkovski avait-il délibérément cherché à cacher à sa sœur la manière dont sa cantate avait été reçue, car elle n'a pas réussi à mériter les éloges de ses deux amis — à l'exception d' Herman Laroche et des plus grandes autorités musicales. Ainsi, l'ami du compositeur Ivan Klimenko observait : «Non, la cantate n'est pas bonne : j'attendais bien plus de Tchaïkovski». Trois mois plus tard, le critique César Cui, dans une enquête sur les événements musicaux récents, a rappelé l'exécution de la cantate et a prononcé un verdict sévère :  Le compositeur du Conservatoire M. Tchaïkovski est assez faible. Certes, sa composition (une cantate) a été écrite sous le circonstances défavorables : comme une mission qui devait être prête dans un délai fixé, de l'ode An die Freude, qui a été mise en musique dans le finale de la Neuvième Symphonie [de Beethoven ]), et devant se conformer aux formes établies. Mais tout de même, s'il possédait un talent, il aurait sûrement brisé les chaînes du Conservatoire à un moment donné". Je ne sais pas ce qui m'a pris. Mes yeux se sont embrumés, ma tête a commencé à tourner, et comme un fou je me suis précipité hors du café (où je lisais ce journal). Je n'étais pas conscient de ce que j'avais fait ni de l'endroit où je me retrouvais. Toute la journée j'ai erré sans but à travers la ville, en me répétant : je suis inutile, je suis un néant, rien de bon ne viendra jamais de moi, je n'ai pas de talent"

En 1890, Piotr Jurgenson proposa à Tchaïkovski de publier la cantate. Tchaikovski répondit «Je ne veux pas que vous imprimer ça parce que c'est une œuvre immature sans avenir, d' ailleurs, il est défini sur le texte de Schiller deA la Joie. Les comparaisons avec. Beethoven serait embarrassantes».

La cantate a été publiée pour la première fois en 1960, dans le volume 27 des Œuvres complètes de Tchaïkovski, édité par Irina Iordan, et avec un texte révisé par Sergey Gorodetsky. La partition originale et le texte de la cantate n'ont été publiés pour la première fois qu'en 2016 dans la série IV, volume 1 de l' édition académique des œuvres complètes, édité par Tamara Skvirskaya.


La cantate est écrite pour soprano solo, alto, voix de ténor et de basse, chœur mixte (SATB) et un orchestre composé de piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes (en la, si bémol), 2 bassons + 4 cors (en mi, fa, sol), 2 trompettes (en do, mi bémol, mi), 3 trombones, tuba + 2 timbales, triangle, cymbales, grosse caisse + violons I, violons II, altos, violoncelles et contrebasses .


Il y a six mouvements :

Andante (Do mineur, 90 mesures)
Allegro non troppo (mi majeur, 149 mesures)
Adagio molto (sol majeur, 84 mesures)
Allegro (si bémol majeur, 109 mesures)
Andante non troppo (fa majeur, 78 mesures)
Allegro giusto (Do majeur, 335 mesures)

Une exécution complète de la cantate dure environ 25 à 30 minutes.


Texte

Le texte russe est tiré du poème An die Freude (1785) de Friedrich Schiller (1759-1805), dans une traduction de l'allemand faite en 1843 par Konstantin Aksakov (1817-1860), Vladimir Benediktov (1807-1873) et Mikhail Dmitriyev (1796-1866).




https://www.youtube.com/watch?v=I2rl3hV_XiY

joachim a écrit:

Trois mois plus tard, le critique César Cui, dans une enquête sur les événements musicaux récents, a rappelé l'exécution de la cantate et a prononcé un verdict sévère :  "Le compositeur du Conservatoire M. Tchaïkovski est assez faible. Certes, sa composition (une cantate) a été écrite sous le circonstances défavorables : comme une mission qui devait être prête dans un délai fixé, de l'ode An die Freude, qui a été mise en musique dans le finale de la Neuvième Symphonie [de Beethoven ]), et devant se conformer aux formes établies. Mais tout de même, s'il possédait un talent, il aurait sûrement brisé les chaînes du Conservatoire à un moment donné".

Je reconnais bien là l'habituelle bienveillance de César Cui envers les autres compositeurs....

Après Paul Chihara, Michel Portal, Max Bruch, Pierre Boulez et Marco Frisina, j'ai décidé de compléter mon cycle des "six portraits" avec les oeuvres que je possède en disque de Piotr Tchaikovsky:
Le Lac des Cygnes (version incomplète - 57 mn de musique environ) par "The Philadelphia Orchestra" et Eugene Ormandy
Symphonie n°5 par l'Orchestre Symphonique de Baden Baden et Woldemar Nelsson
Piano Concerto n°1 par Lang Lang, le "Chicago Symphony Orchestra" et Daniel Barenboïm
Concerto pour violon et orchestre
Sérénade mélancolique pour violon et orchestre
Valse-Scherzo pour violon et orchestre
Par Pierre Amoyal, le "Philharmonia Orchestra" et Charles Dutoit.
J'aime toutes ces oeuvres de Tchaikovsky mais ma préférence va sans équivoque vers la Symphonie n°5 que je n'hésiterais pas à placer dans un "top dix" des meilleures symphonies, toutes périodes confondues, et plutôt en haut qu'en bas! Je n'en ai pas encore parlé ici, mais, il n'y a pas si longtemps, grâce à une tombola à son travail, mon épouse gagna deux places pour une représentation du très célèbre ballet Le Lac des Cygnes au Casino de Paris par l'"International Festival Ballet" et le "Hungary Orchestra", ce 10 mars 2023. Nous n'étions pas sûrs de pouvoir nous y rendre car tout dépendait de ma condition physique, mais mon genou, peut-être aussi mélomane que toutes les autres parties de mon être, a été très sage ce jour-là et ce fut un merveilleux spectacle visuel et musical. Devrais-je avoir honte de vous le confier, mais il s'agit là de mon premier ballet en "live". Des concerts de musique, j'en ai vu plusieurs, sans compter deux opéras contemporains; Nixon in China que je n'avais pas trop aimé en disque mais qui m'avait davantage intéressé en "live", et La Mouche du duo Cronenberg-Shore. Pour en revenir au Casino de Paris et au "Lac des Cygnes", j'ai été ravi par les chorégraphies, les toilettes, les danseuses, la synchronisation de leurs mouvements, autant sur le plan individuel que collectif, les décors aussi...J'étais comme un enfant, il n'y a pas d'autres mots, qui voyait un ballet et autant de danseurs sur une même scène pour la première fois de sa vie. Ma femme également: elle a adoré, peut-être plus que moi encore, disons que nous avions ce soir-là l'émerveillement en commun. Voilà des sorties que nous aurions dû faire plus souvent, néanmoins il n'est pas encore trop tard pour s'organiser ce genre de programme. Et quel grand mélodiste ce Tchaikovsky!

Content pour vous car en effet, le "Lac des Cygnes" est un très beau ballet. Autant musicalement que chorégraphiquement.

Même si ce n'est pas de Tchaikovsky, tu retrouveras un peu de ces ambiances oniriques avec le ballet Gisèle si tu as l'occasion de le voir. Très beau là aussi, musicalement et chorégraphiquement parlant.

Content pour toi et ta femme, Icare

Doux souvenirs.

Comme Icare, je n'ai vu qu'un ballet en live dans ma vie, c'était Casse-Noisette, également de Tchaikovski, à l'Opéra-Comique. J'avais 18 ans, et c'était aussi l'occasion de "sortir" avec une fille - qui n'était pas celle qui est devenue ma femme

Très contente pour ta femme et toi, Icare. J'espère que la mise en scène et les danseurs étaient au rendez-vous.
Moi aussi, j'ai vu "Le lac des cygnes" en live à Paris, et "La Belle au Bois Dormant", idem.
A l'Opéra de Paris. Magnifiques souvenirs.
Cela dit , pauvrette que je suis loin des métropoles, j'ai de très beaux enregistrements de ces ballets, sur scène et sur glace, avec beaux costumes et belles mises en scène. (Evidemment, toujours les russes !).

Clin d'oeil sur "la Belle", vous admirerez les personnages.. :
Les fées :
"Candide ;
Coulante, Fleur de farine ;
Miettes qui tombent ;
Canari qui chante ;
Violente ;
la Fée des Lilas ;
Carabosse, la méchante fée ;
la Fée-Or, la Fée-Argent, la Fée-Saphir, et la Fée-Diamant."

https://youtu.be/0jVoDJyJBxU

Ouh la vilaine.

Icare a écrit:

J'aime toutes ces oeuvres de Tchaikovsky mais ma préférence va sans équivoque vers la Symphonie n°5 que je n'hésiterais pas à placer dans un "top dix" des meilleures symphonies, toutes périodes confondues, et plutôt en haut qu'en bas!

j'aurais pu poster ici exactement le même ressenti de ma part tout comme d'ailleurs ta remarque suivante sur les ballets...ayant toujours privilégié les spectacles de concerts et d'opéras