Sergueï Vassilievitch Rachmaninov (Серге́й Васи́льевич Рахма́нинов), né le 1er avril 1873 du calendrier grégorien (20 mars 1873 du calendrier julien) à Oneg, sur les bords du Volkhov, près de Novgorod, et mort le 28 mars 1943, était un compositeur, un pianiste et un chef d'orchestre russe.
Rachmaninov suit des études de piano au Conservatoire de Saint-Pétersbourg dès l'âge de neuf ans, puis à celui de Moscou trois ans plus tard avec Zverev. Il y rencontre notamment Tchaïkovski, qui apprécie déjà ses dons de jeune pianiste. Il obtient son examen de piano en 1891. Par la suite, il étudie la composition et écrit alors son Prélude en ut dièse mineur ainsi que son opéra en un acte, Aleko, pour lequel il obtient un prix de composition en 1893. Il commence dès lors une carrière de virtuose et de compositeur en Europe.
En 1897, Rachmaninov présente sa première symphonie, opus 13. Malheureusement, la création, dirigée par un Glazounov visiblement ivre, est un échec retentissant et Rachmaninov sombre alors dans une dépression dont il ne sortira que quatre ans plus tard grâce à l’énorme succès de son deuxième concerto pour piano, opus 18, et, entre temps, au traitement du médecin neurologue et hypnotiseur Nicolas Dahl.
Il dirige de 1904 à 1906 les représentations lyriques du théâtre Bolchoï et s’établit par la suite à Dresde, tout en travaillant principalement à Moscou. En 1909, il fait sa première tournée aux États-Unis, où il obtient un immense succès grâce notamment à son troisième concerto, opus 30, écrit pour la circonstance. On lui propose alors le poste de chef permanent de l’Orchestre symphonique de Boston, qu’il refuse.
En 1917, la révolution russe le conduit à quitter définitivement son pays natal. C'est à cette époque qu'il écrit un petit prélude opus posthume 1917, pour piano seul, empreint de nostalgie et de sombre sentiments, prélude à son départ douloureux. Il entame alors une carrière de pianiste virtuose qui le conduit à délaisser quelque peu la composition : il n’écrira plus aucune œuvre jusqu’en 1926, puis seulement six jusqu’à sa mort. L’une d'entre elles, toutefois, deviendra célèbre : il s’agit de la Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43, en fait une série de variations pour piano et orchestre sur le 24e caprice de Paganini, publiée en 1934.
En 1931, sa musique est bannie en Russie, comme représentant « l'attitude décadente des classes moyennes », et comme « spécialement dangereuse sur le front musical dans la présente guerre des classes ». Cependant, elle est réhabilitée dès 1933, et en 1939 le compositeur annonce même que ses œuvres « reçoivent un traitement plein d'appréciation » en Union Soviétique, et sa mort y fut marquée de tristesse.
Du point de vue du style, Rachmaninov n’est pas réellement un innovateur : ses compositions restent fermement ancrées dans la tradition romantique du XIXe siècle, même s’il a tenté progressivement d’utiliser une palette harmonique un peu plus étendue. La force de son écriture musicale réside donc ailleurs; en effet, quel auditeur ne serait pas touché par le célèbre opus 3 n °2 ? L'île des morts, chef d'œuvre orchestral comme il n'en existe pas beaucoup dans la littérature musicale, c'est une exposition, des images sentimentales à l'état pur ponctuée par des harmonies souvent riches, une ligne mélodique qui nous plonge dans le mystère existentiel du cœur et de la pensée.
tatiana
Nombre de messages : 80 Age : 50 Date d'inscription : 04/06/2007
Oui ! J'aime bien cet article, il reprend d'ailleurs les grandes lignes du beau dossier consacré au compositeur dans le numéro de février de Classica. (Sinon il y a l'article Rachmaninoff dans le wikipedia anglais, très complet http://en.wikipedia.org/wiki/Sergei_Rachmaninoff).
Je suis d'accord avec Snoopy, l'Île des morts est un vrai chef-d'oeuvre orchestral, d'une architecture musicale formidable. Il est inspiré par ce tableau d'Arnold Böcklin :
Ce qui me plait dans l'Île des morts, c'est que la scène, lugubre, exposée par le peintre n'est qu'un élément de sens, une image, un moment du poème symphonique de Rachmaninov. La toile a servit de déclencheur, de choc. C'est pour cela que l'auditeur doit expérimenter personnellement l'oeuvre sonore, y trouver par la suite des indices et des symboles, car la peinture seule ne suffit pas pour comprendre entièrement la composition de Rachmaninov. Reste alors, une fois pénétré dans l'Île du pianiste russe, comme dit Snoopy, le "mystère existentiel du cœur et de la pensée".
Hector Berlioz
Nombre de messages : 1670 Age : 41 Date d'inscription : 14/08/2006
J'aime également beaucoup ses symphonies, même la 3ème qui est hélas trop méconnue. Quant à ses Danses Symphoniques (dont le nom est trompeur) et ses Cloches, ce sont des chefs d'oeuvres absolus (et je ne parle évidemment pas de ses concertos pour piano).
Je ne crois pas qu'il y ait une oeuvre de lui qui me déplaise. La seule que je trouve peut-être un peu inférieure aux autres serait sa Rhapsodie sur un air de Paganini. C'est pourtant celle qui a le plus de succès mais sans doute parce que c'est la plus accessible.
Invité Invité
Sujet: Ile des morts 2007-09-12, 20:40
Je confirme l'Ile des morts, oeuvre que je viens de découvrir, il n'y a guère longtemps.
j'apprécie la masse orchestrale, et puis un peu plus tardivement dans l'oeuvre, il me semble déceler une légère apparition du dies irae grégorien, un ostinato développé ensuite.
Je trouve que c'est bien de découvrir cette facette de Rachmaninov, les gens ne connaissant habituellement que ses concertos pour piano, ou bien les tableaux.
joachim Admin
Nombre de messages : 27111 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Jj'apprécie la masse orchestrale, et puis un peu plus tardivement dans l'oeuvre, il me semble déceler une légère apparition du dies irae grégorien, un ostinato développé ensuite.
Je trouve que c'est bien de découvrir cette facette de Rachmaninov, les gens ne connaissant habituellement que ses concertos pour piano, ou bien les tableaux.
Rachmaninov devait être fasciné par le Dies Irae, car on retrouve plusieurs fois le thème dans ses oeuvres : outre l'Ile des Morts, il se trouve aussi dans la Première symphonie et trois fois dans les Variations Paganini.
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31234 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
[quote="zeugma"]Je trouve que c'est bien de découvrir cette facette de Rachmaninov, quote]
"Rachmaninov le mal aimé". Sa vie est intéressante car on peut dire qu'il s'en est pris plein la g**** quand meme, de quoi en décourager plus d'un. Entre ses "premières" massacrées par des chefs d'orchestres ivres, Tolstoï qu'il admirait tant lui avoir répondu lors de leur première rencontre "je déteste votre musique", etc...C'est peut etre ce qui à façonné son caractère et sa sensibilité musicale.
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31234 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
Scherzo en ré mineur (1887) Symphonie en ré mineur, 1er mouvement (dite « Jeunesse ») (1890-1891) Concerto pour piano n° 1 en fa dièse mineur, op. 1 (1890-1891) Le Prince Rostislav, poème symphonique d'après Alexis Tolstoï (1891) Le Rocher, op. 7, poème symphonique d'après Tchekhov (1893) Capriccio, op. 12 sur des thèmes bohémiens (Caprice bohémien) (1892-1894) Symphonie n° 1 en ré mineur, op. 13 (1895) Concerto pour piano nº 2 en do mineur, op. 18 (1900) Symphonie n° 2 en mi mineur, op. 27 (1906-1907) Concerto pour piano nº 3 en ré mineur, op. 30 (1909) L'Île des morts, op. 29, poème symphonique d'après Böcklin (1909) Les Cloches, op.35, poème pour orchestre symphonique, chœur et solistes, d'après Edgar Poe (1912-1913). Concerto pour piano n° 4 en sol mineur, op. 40 (1925-1926) Rhapsodie sur un thème de Paganini pour piano et orchestre, op. 43 (1934) Symphonie n° 3 en la mineur, op. 44 (1935-1936) Danses symphoniques op. 45a (version pour deux pianos op. 45b) (1940-1941)
Musique de chambre
Quatuor à cordes, 1889 (2 mouvements : Romance et Scherzo) Romance pour violon et piano Lied (Romance) pour violoncelle et piano, 1890 Mélodie sur un thème de S. Rachmaninov, 1890 (pièce en ré majeur arrangée par le violoncelliste Modest Altschuler) Trio élégiaque n° 1 en sol mineur, pour piano, violon et violoncelle, 1892 Deux Pièces, op. 2 pour violoncelle et piano, 1892 : Prélude et Danse orientale Deux Pièces, op. 6 pour violon et piano, 1893 : Romance et Danse hongroise Trio élégiaque n° 2 en ré mineur, op. 9, 1893 (À la mémoire de P.I. Tchaïkovski) (Révisé en 1907 et en 1917) Quatuor à cordes n° 2, 1896 (deux mouvements : Allegro moderato et Andante molto sostenuto) Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur, op. 19, 1901
Pièces pour piano
Morceaux de Fantaisie op. 3 y compris Prélude en do# mineur n°2 Suite n° 1, op. 5, pour deux pianos 7 Morceaux de salon, op 10 6 Duos pour piano à quatre mains, op 11 Suite n° 2, op. 17, pour deux pianos Moments musicaux op 16 Variations sur un thème de Chopin op.22 10 Préludes op. 23 13 Préludes op 32 17 Études-tableaux, op. 33 et 39 Sonate pour piano n° 1, op. 28 Sonate pour piano n° 2, op. 36 Variations sur un thème de Corelli op.42 Rhapsodie sur un thème de Paganini op.43 Nombreuses pièces de jeunesse pour piano Autres pièces pour 2 pianos (dont Rhapsodie russe)
Musique vocale
Six chants pour choeur d'enfants et piano, op 15 Printemps, cantate pour baryton, choeur mixte et orchestre, op 20 Trois Chants populaires russes pour choeur et orchestre, op 41
Six Romances, op. 4 (1890-1893) Six Mélodies, op. 8 (1894) Douze Romances, op. 14 (1896) Douze Romances, op. 21 (1902) Quinze Romances, op. 26 (1906) Quatorze Romances, op. 34 (1912) Six Romances, op. 38 (1916) 8 mélodies de jeunesse
Musique religieuse
Liturgie de saint Jean Chrysostome op.31 Les Vigiles, op. 37, une importante contribution à la musique orthodoxe russe Deus Meus, motet a cappella Les prières vigilantes de la Sainte Vierge, concert sacré pour choeur a cappella Pantely le Guérisseur, choeur à quatre voix
Opéras
Aleko (1892) Le Chevalier avare, op 24 (1903-1904) Francesca da Rimini, op 25 (1904-1905) Monna Vanna
felyrops
Nombre de messages : 1419 Age : 77 Date d'inscription : 26/09/2007
Je vois maintenant que "Monna Vanna" n'est que le premier acte d'un opéra non achevé, sur un texte de Maurice Maeterlinck. Rachmaninov dut interrompre son projet, puisque Maeterlinck avait entretemps signé un contrat avec le compositeur Henry Février, dont l'opéra fut créé en 1909. Chandos en avait une version au 20e siècle, y en a-t-il une plus récente?
joachim Admin
Nombre de messages : 27111 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Je vois maintenant que "Monna Vanna" n'est que le premier acte d'un opéra non achevé, sur un texte de Maurice Maeterlinck. Rachmaninov dut interrompre son projet, puisque Maeterlinck avait entretemps signé un contrat avec le compositeur Henry Février, dont l'opéra fut créé en 1909. Chandos en avait une version au 20e siècle, y en a-t-il une plus récente?
Après Francesca da Rimini (1905), Rachmaninov met en chantier un quatrième opéra en 1907 : Monna Vanna, d'après Maeterlinck, dont il compose rapidement le premier acte et ébauche un peu les deux autres. Mais son engagement auprès de Diaghilev à Paris l'oblige à terminer en urgence sa deuxième symphonie. Ensuite, pour des raisons de droit d'auteur avec Maeterlinck, et aussi de manque de confiance en lui-même (cet opéra en 3 actes aurait été le plus important des quatre) il ne reprendra pas son opéra qu'il laissera donc en plan. C'est à la demande de Sophie Satin, belle soeur de Rachmaninov, que Igor Buketoff (ami de Rachmaninov), terminera l'orchestration du premier acte dont la partition de piano était quasiment complète.
Cet acte de Monna Vanna, prélude orchestral et 3 scènes, se trouve sur ce CD, qui je crois est le seul enregistrement existant :
C'est un opéra sans air véritable, composé principalement de récitatifs, un peu comme dans Pelleas de Debussy.
Ce que je trouve regrettable, c'est que le livret est en traduction anglaise alors qu'on sent bien qu'il serait sans doute préférable de l'écouter en russe.
Cet acte étant d'une durée de 42 minutes, le CD est complété par le concerto n° 4 dans sa version originale de 1927. C'est la première fois que je l'écoutais dans cette version, et j'avoue que je la préfère à celle de 1941, parce que plus lyrique, elle se rapproche plus des concertos 2 et 3.
felyrops
Nombre de messages : 1419 Age : 77 Date d'inscription : 26/09/2007
Je ne sais pas si vous avez déjà écouté la suite pour orchestre en version piano. Elle est vraiment superbe et c'est une oeuvre de jeunesse si je ne me trompe pas (1891). On y reconnait au début le début du second concerto. A tous les amoureux du compositeur cette suite vous plaira
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31234 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006