Discussions autour de la guitare acoustique

J'ai ouvert ce fil afin de sonder en chacun d'entre nous, au travers de nos témoignages, impressions et préférences, notre degré d'attachement et de proximité avec la guitare. J'ai remarqué que beaucoup d'amateurs voulant jouer d'un instrument de musique choisissait la guitare. Les raisons de ce choix peuvent évidemment s'expliquer de plusieurs manières, mais, au-delà de ces raisons, du fait qu'il est l'instrument que l'on peut retrouver dans un grand nombre d'appartements et de maisons. Il m'est souvent arrivé de rencontrer des personnes, hommes et femmes, qui n'étaient pas particulièrement musiciens mais possédaient un guitare sèche chez eux, sur une armoire, sous un lit, contre un bureau. C'est l'unique instrument que j'ai pu avoir le plus souvent entre les mains et sur lesquels j'ai pu aligner les fausses notes sans trop faire fuir l'entourage - aligner les fausses notes est beaucoup plus pénible avec un piano ou un violon! J'ai toutefois pris quelques cours auprès d'un particulier qui estimait que j'avais le sens du rythme et que j'apprenais assez vite. Un manque de moyen et peut-être aussi de motivation m'empêcha de continuer...nous savons tous que le mélomane digne de ce nom est un musicien raté ou paresseux... ...?...Bref, la guitare est très certainement l'instrument avec lequel j'ai créé une plus grande proximité, même si ce fut temporaire. Je restai longtemps sans aucun contact réel avec l'instrument. il fallut que je me marie, que mon fils aîné décide d'avoir sa propre guitare comme les copains, et cela bien qu'il n'en joua jamais sérieusement. Celui qui en fera une véritable passion sera mon fils en second. Il préfèrera cependant la guitare électrique et le rock, en possèdera même plusieurs. Ses premiers salaires passèrent là dedans.

Cependant, le meilleur rapport "amoureux" que j'entretiens avec la guitare reste l'écoute. Je ne peux pas dire que je possède dans ma discothèque beaucoup de disques pour guitare seule car je suis rarement sûr de pouvoir les écouter et apprécier en entier, tout comme je ne dirais pas non plus que la guitare est mon instrument préféré, juste un instrument que j'aime beaucoup parmi beaucoup d'autres. Disons qu'il s'agit avant tout d'une affection d'un autre ordre. Il y a cependant deux disques pour guitare seule que j'écoute aisément en entier. Ils appartiennent à deux compositeurs grecs, l'un à Mikis Theodorakis  et l'autre, une musique de film de Nikos Mamangakis. J'y reviendrai ultérieurement, lorsque je les réécouterai. Pour l'instant, ce qui a motivé ce modeste topic, ce sont les Variations Ibériques pour guitare seule de Stéfane Mellino (co-fondateur du groupe "Les Négresses Vertes") que j'ai réécoutées dernièrement. Elles sont souvent nerveuses, parfois traversées de mélancolie, ressemblent à des figures ou des clichés musicaux sans réel développement, à l'état brut en quelque sorte.

J'attends de lire vos témoignages, impressions et préférences, autour de la guitare.

Icare a écrit:

J'attends de lire vos témoignages, impressions et préférences, autour de la guitare.

Cela m'intéresse (quoique formé au piano) car je suis un grand partisan des répertoires spécifiques, dont à mon avis on a toujours sous-estimé l'importance historique, par exemple le répertoire soliste ou concertant pour flûte, harpe, contrebasse, clarinette... ou guitare. Mais j'avoue que malgré mes efforts, j'ai trouvé très peu d'œuvres pour guitare qui m'enthousiasmaient. Si certains ont des listes dans ce domaine...

Manitas de Plata, j'avais une cassette-audio de lui: joli souvenir. Pour en savoir plus sur ce talentueux guitariste, cliquez = ici


Sinon, je pourrais citer les oeuvres pour guitare seule ou accompagnée du compositeur cubain Leo Brouwer ainsi que le jeu particulier de Juanjo Dominguez dans la bande originale de Che! de Lalo Schifrin.

La guitare seule, pour moi c'est comme la harpe seule : je peux dire que je m'en lasse assez vite, y compris lorsqu'on interprète de grands maîtres classiques comme Fernando Sor ou Mauro Giuliani, ou encore Tarrega.

Par contre j'adore la guitare dans un ensemble, même restreint comme les quintettes avec guitare de Boccherini, les trios concertants de François de Fossa. Et évidemment des oeuvres magistrales comme le concerto d'Aranjuez de Rodrigo, les concertos de Castelnuovo-Tedesco.

Pour la guitare seule, aux classiques je préfère encore par exemple le regretté Manitas de Plata, là on ne s'ennuie pas !

laudec a écrit:

Je ne m'ennuie jamais avec la guitare seule même des heures durant  (si la musique est bonne   ) !

Avec orchestre, le fameux Concerto de Aranjuez  par Pepe Romero au GuitArt festival 2011 à Belgrade, "Concierto de Aranjuez " de Joaquin Rodrigo ici

C'est un grand classique du genre. Je recommande aussi le Concerto pour guitare et orchestre de Castelnuovo-Tedesco, tout en nuance et demi-teinte, qui a la vertu d'accaparer l'auditeur sans user de contrastes accentuées ni de ruptures thématiques, également le Capriccio diabolico du même compositeur, la petite pièce milonga de Cardoso, Variations sur le carnaval de Venise de Tarrega, Tango en skai de Dyens, Alfonsina y el mar de Ramirez, Et aussi quelques pièces pour guitare du 18e siècle de compositeurs autrichiens (l'instrument était très répandu à cette époque en Autriche): quelques pièces de Johann Mertz, de Diabelli, et par ailleurs de Carulli. Après cela, j'arrive bien au bout de ce que je pourrais proposer dans ce répertoire.
J'ai été assez déçu par des compositeurs spécialistes de la guitare comme Sor ou Giuliani, mais peut-être que je n'ai pas écouté les bonnes œuvres. C'est peut-être encore le fameux Concerto de Aranjuez qui donne le mieux - pour la connaissance réduite que j'ai du répertoire - l'image la plus élevée du lyrisme spécifique dont la guitare est capable.

laudec a écrit:

Je ne m'ennuie jamais avec la guitare seule même des heures durant  (si la musique est bonne   ) !

Avec orchestre, le fameux Concerto de Aranjuez  par Pepe Romero au GuitArt festival 2011 à Belgrade, "Concierto de Aranjuez " de Joaquin Rodrigo ici

Et j'ai oublié une œuvre pour laquelle j'ai une certaine affection: la Canzone di chiusura de Sylvie Bodorova, née en 1954 (prononcer Sylvié et pas Sylvie, c'est du tchèque).

Un autre chef d'oeuvre de Rodrigo, que j'aime autant que l'Aranjuez, c'est le concerto andalou pour 4 guitares et orchestre, dont j'avais écouté la création en direct à la radio dans les années 1960, par les Romero.

La guitare a toujours été mon instrument "par défaut". C'est à dire avant d'avoir un piano et après l'avoir perdu

Quand j'étais lycéen, avec une bande de copains on jouait de la guitare. Je me débrouillais assez bien, mais dans la bande on avait un copain rital qui jouait vraiment bien. C'était une bonne émulation.

Curieusement, quand j'ai repris la guitare plus de 20 ans après (parce que j'avais plus de piano) je n'ai jamais retrouvé la facilité de jeu que j'avais à l'époque. Peut être je n'avais plus la patience aussi? Que cet instrument ne correspondait plus à mes ambitions musicales? Le piano était passé par là aussi avec une passion énorme et la guitare me paraissait pauvre à côté du piano. C'est peut être ce qui a expliqué cette désafection pour la guitare que j'ai fini par offrir à une de mes amies mongoles d'ailleurs.

J'ai toujours trouvé la guitare comme étant un instrument difficile malgré qu'elle soit populaire. J'ai vraiment du mal avec les cordes (la catégorie d'instruments) en général, je ne sais pas pourquoi. Pourtant au violon je me débrouillais pas mal, je n'ai jamais trouvé cet instrument difficile malgré sa réputation mais j'ai laissé tombé pour d'autres raisons.

Je comprends que "mon" instrument c'est vraiment et cela sera toujours le piano. Aujourd'hui je pourrai m'y remettre en fait si je voulais et étrangement je ne le fais pas mais ça viendra. C'est plus le manque de temps et le contexte qui m'en empêche.

Mais pour pour revenir à la guitare ou ses proches amies, je me suis laissé séduire par la balalaïka. Pourquoi?

Déjà parce que c'est instrument qui n'est pas courant.

Ensuite parce qu'elle n'a que 3 cordes, mi mi et la et le diapason s'étend seulement sur 2 octaves et elle ne comporte qu'une clé (sol). Du coup, venant du piano c'est hyper facile question solfége.

Mais pourquoi la balalaïka et pas la mandoline, la domra ou le luth ou je ne sais quoi? Ben justement parce qu'elle n'a que 3 cordes et étant sur mi mi la, il me semble que les accords soient beaucoup plus faciles à placer que sur une guitare (qui déjà comporte 6 cordes). Contorsionner mes doigts dans tous les sens pour jouer un accord sur une guitare, j'ai jamais réussi correctement. Or, sur la balalaïka, c'est du coup plus simple. Je pense donc que j'aurai plus de succès avec cet instrument.

Aujourd'hui je me suis acheté LA méthode russe pour balalaïka telle qu'elle est enseignée depuis le début, plus une méthode plus contemporaine. Ensuite, je prendrai certainement des cours pour améliorer ma technique. Mais j'ai envie de m'investir dans cet instrument plus que la guitare. Et comme on en parlait dans un autre topic, c'est la motivation qui fait tout et je pense que je ne l'avais pas pour la guitare, alors qu'elle semble plus présente pour la balalaïka. Espérons donc que je maîtrise cet instrument comme je le souhaite rapidement. On verra...

ps: par contre et malheureusement, autant une guitare de base ou d'étude est bon marché (on peut en trouver des bonnes autour de 100-150 euros, autant une balalaïka, ca tourne autour des 300-500 euros ). Mais bon, par expérience, je sais qu'il faut mettre le prix dans du bon matériel sinon on a un son médiocre et on se décourage vite. Au pire ça se revend facilement.

Très très intéressant ce fil, et ton dernier message, Snoopy, merci.
J'adore la guitare, je n'en joue pas, mais j'en écoute pas mal, et j'ai un cousin parisien que je vois assez souvent et qui est un très bon guitariste de jazz (fou de musique baroque d'ailleurs !), amateur presque "pro". Il m'a initiée à une sorte de "free jazz" très mélodique, très doux. Je vais parler je pense sur ce fil aussi de son professeur, Etienne Vincent, qui a créé deux petits ensembles et c'est magnifique.
La guitare plus "classique" est évidemment exceptionnelle.... !
Je vais relire vos messages plus tranquillement j'espère tout à l'heure (ah la la, ça sera encore super tard...).
Clin d'oeil : J'ai regardé hier sur France 3, un reportage sur Souchon-Voulzy et leur amitié. Excellent. J'aime beaucoup Laurent Voulzy, qui du côté variétés, est un admirable musicien, avec de très belles mélodies (et une splendide voix par ailleurs), et un guitariste "hors pair". Il a une collection d'une quinzaine de guitares "d'anthologie" paraît-il !
Il vient de sortir un spectacle "médiéval", j'en ai vu des extraits, j'ai trouvé cela très sympa, avec Voulzy jouant d'une "guitare-luth", un instrument un peu particulier (qu'il a peut-être créé, d'ailleurs !). Beau comme tout sur le plan du son, et puis ambiance étendards-châteaux forts etc..., comme un rêve de gamin. 

Snoopy a écrit:

Je comprends que "mon" instrument c'est vraiment et cela sera toujours le piano.

Je ne puis que te comprendre absolument... Lorsqu'on "tombe amoureux du piano", c'est pour toujours, à jamais. Le bonheur, c'est que les doigtés reviennent, les anciennes mélodies dans la tête... plus facilement qu'on ne croit... (encore faut-il le contexte et du temps, comme tu le dis !).

Anouchka a écrit:

Il vient de sortir un spectacle "médiéval", j'en ai vu des extraits, j'ai trouvé cela très sympa, avec Voulzy jouant d'une "guitare-luth", un instrument un peu particulier (qu'il a peut-être créé, d'ailleurs !).

J'ai l'impression que le goût pour les instruments anciens revient de plus en plus chez les musiciens, même de "variétés". Goldman l'avait fait aussi. J'ai une élève qui joue d'un instrument dont j'ai oublié le nom, qui est un truc très rare, elle doit même commander ses cordes en Italie car il n'y a là bas qu'on en fait encore. Tout un bazar!! Elle joue dans un ensemble baroque. Mais c'est vraiment intéressant, on redécouvre en effet des sonorité "perdues".

Entre hier et aujourd'hui, j'ai justement écouté pas mal de pièces pour guitare seule, d'abord Elogio de la Danza, El Decameron negro, Hika - In Memoriam Toru Takemitsu du compositeur cubain Leo Brouwer par John Williams puis 12 Etudes for Guitar, 5 Preludes for Guitar de Heitor Villa-Lobos par Narciso Yepes. Je m'apprête même à réécouter toutes ces pièces afin de mieux m'en imprégner.

La première pièce de guitare que j'ai aimée remonte d'ailleurs à mon enfance et à un film "Jeux Interdits". Je me rappelle qu'enfant j'avais été beaucoup troublé par cette mélodie d'une profonde mélancolie. Sinon, j'ai réécouté les pièces pour guitare de Leo Brouwer par John Williams, celles mentionnées plus haut, ce qui m'a permis de mieux en cerner la technique de jeu, de mieux ressentir les vibrations des cordes sous les doigts d'un interprète talentueux et expérimenté, de pouvoir ainsi être complètement concentré sur un seul instrument. Il est assez rare que j'écoute des oeuvres pour instrument seul, il en va de même avec la guitare que j'écoute le plus souvent dans le contexte d'un concerto ou en soliste dans une symphonie ou une formation de chambre, voire un effectif de jazz. Pourtant, la guitare, je l'ai connue aussi en solo, adolescent, dans des camps de vacances, autour d'un feu, jouant des airs célèbres sur lesquels nous tentions de nous remémorer les paroles qui allaient avec. Une première pulsion amoureuse pouvait même émerger sur le rythme d'une guitare, l'instrument que l'on pouvait emmener partout, au bord d'une falaise, au milieu d'une forêt, sur une caravelle au milieu d'un lac...sur le dos d'un âne...La guitare à ponctué des épisodes heureux de ma jeunesse, beaucoup plus que n'importe quel autre instrument, bien que ma préférence de mélomane non musicien va pour le piano. Le piano me fascine depuis la nuit des temps même si j'ai toujours eu l'impression qu'il m'était inaccessible...

Il va falloir que j'écoute les pièces pour guitare de Mikis Theodorakis. Merci Icare de m'avoir suggéré cela. J'ai même commencé juste à l'instant en allant le chercher sur youtube mais il est déjà tard, je ne vais pas écouter tout. ça commence très bien en tout cas. ça s'appelle "A day in May" et c'est joué par Iakovos Kolanian (connais pas du tout). Sinon qu'est-ce que je voulais dire ? Ah oui : de Léo Brouwer, connaissez-vous son "Paisaje cubano con lluvia" (Paysage cubain sous la pluie) ? Joué par un orchestre de guitares, c'est extraordinaire. On croirait vraiment entendre la pluie tomber.

Je connais pas mal d'oeuvres de Leo Brouwer mais malheureusement pas celle que tu cites. Il a son topic sur ce forum si tu veux y faire un tour.

Déjà quatre mois que je disais ça et je ne les ai toujours pas écoutées. Mais l'occasion est là enfin car je suis dans une période guitare. j'ai réécouté aujourd'hui quelques concertos que j'avais enregistrés et écoutés d'une oreille distraite il y a quelque temps. Je dois dire qu'un certain nombre m'ont laissé de marbre. Notamment les concertos de Léo Brouwer, alors que je pensais que j'allais les aimer. Voici mes critiques.

Concerto n° 3 “Elegiaco”

Sentiment d’un patchwork de pièces cousues ensemble. Et malgré ce travail, l’ensemble donne pourtant une impression de décousu. Dans les parties où la guitare joue en solo elle semble improviser, mais sans beaucoup d’invention. Le guitariste s’ennuie et nous aussi. Il joue des phrases courtes entrecoupées de silences. Pendant les silences on s’endort. Il n’y a que durant les moments où l’orchestre l’entraîne avec lui dans des séquences bien rythmées qu’il parvient à sortir de sa torpeur et à nous arracher à notre ennui.

Concerto de Volos

Celui-ci aussi me semble assez décousu, me donnant l’impression d’une succession de pièces pour guitare solo — qui ont chacune leur intérêt propre — mises bout à bout et agrémentés par moments d’un accompagnement d’orchestre pour justifier à l’ensemble l’appellation de “concerto”. Je ne trouve en tout cas aucune unité à cette construction. Si on l’écoutait par petits morceaux de deux à trois minutes pris au hasard on ne penserait jamais qu’il puisse s’agir d’une seule et même pièce de musique. Mais j’ai peut-être une conception dépassée de ce qu’est un concerto.

Concerto n° 4 “Toronto”

Dommage qu’il faille attendre le 3ème mouvement pour y prendre un peu de plaisir. Mais les deux premiers mouvements sont tellement longs, ennuyeux et... décousus, toujours, qu’on risque fort d’abandonner l’écoute avant d’arriver là.

Concerto da requiem in Memoriam Toru Takemitsu

Dès le début, l’orchestre est décidé à faire beaucoup de bruit. Obligé quand même de se calmer pour laisser parler la guitare de Shin-ichi Fukuda (à qui le concerto est dédié). Sa partition sonne un peu trop jazzy pour mon goût (c’est aussi le cas dans les concertos dont j’ai parlé précédemment — ce qui relativise mes critiques puisque je suis à peu près totalement hermétique au jazz). Troisième mouvement bien enlevé sur un ostinato qui ferait marcher un mort, du moins dans sa première partie. La deuxième est plus méditative mais se termine tout de même dans un chaos dissonnant et percussif. Troisième partie très cuivrée où la guitare finit par disparaître sous un bombardement intensif qui ne lui laisse à la toute fin que la place d’émettre quelques dernières notes gémissantes avant de mourir.

Après avoir terminé mes cycles d'apprentissage du chant classique, je me suis tournée vers la guitare classique et j'en joue depuis 6 années environ (avec des interruptions).
Ma relation aux morceaux que j'écoute ou/et que je joue est assez complexe. Il y a plein de morceaux que j'aime à l'écoute mais que je déteste jouer, parfois sans raison, simplement parce que je ne les sens pas.
L'inverse peut être vrai aussi.

Je préfère jouer du Sor (très classique) que du Sagreras dont la musique est d'inspiration plus espagnole. Pourtant j'apprécie énormément les deux compositeurs à l'écoute.

J'aime jouer du Bach malgré la difficulté (en fait tous les morceaux que je travaille sont des transpositions ou des arrangements), et j'aimerai toujours écouter les oeuvres du Maître.

Je déteste entendre du Brouwer (pour moi c'est du bruit rythmé et non de la musique) mais j'aime jouer ses petites études!

De tous les instruments que j'ai pratiqués (le piano, la flûte traversière, le violon, le chant) à différents niveaux et avec des aptitudes plutôt inégales, la guitare m'a semblé être l'instrument le plus ardu à maîtriser et je la joue d'une façon honnête, sans plus . Pourtant, c'est mon instrument préféré après la chant.

zerlinette a écrit:

De tous les instruments que j'ai pratiqués (le piano, la flûte traversière, le violon, le chant) à différents niveaux et avec des aptitudes plutôt inégales, la guitare m'a semblé être l'instrument le plus ardu à maîtriser

Je pense que le piano et le violon sont beaucoup plus techniques mais j'avoue volontiers que la guitare n'est pas un instrument facile à jouer contrairement à ce qu'on pourrait penser.

Après ça dépend comment on en joue comme toujours. L'ado dans sa chambre qui claque 4 accords à la suite donne l'impression de savoir en jouer alors que...

Mais jouer de la guitare, réllement, en accords et en arpèges et dans un répertoire classique, c'est une autre paires de manches en effet.

Rodrigo, toujours, la Fantaisie pour un gentilhomme.......

C'est mon cadeau de noël cette année pour un cher jeune pote......

J'entre dans un nouveau cycle où la guitare est l'objet de toutes mes intentions. Je redonne donc vie à ce fil un peu endormi. La guitare classique, puisque c'est de celle-ci dont il est question ici - j'ouvrirai ultérieurement un fil autour de la guitare électrique - est le seul instrument sur lequel je me suis penché sérieusement mais dans un laps de temps très court. Comme Joachim, je ne tente pas facilement un disque pour guitare seule, même par un grand maître de renommée internationale, car j'ai toujours peur de me lasser avant la fin. Aujourd'hui, j'ai décidé d'ouvrir ce nouveau cycle sans quitter trop vite l'univers de la musique de film. J'ai donc réécouté la bande originale composée par Nikos Mamangakis composée pour le film Excursion de Takis Kanellopoulos où la guitare en est quasiment l'unique l'instrument, développant le plus souvent de belles solitudes mélancoliques, à deux reprises accompagnées par la voix de Popi Asteriadi. Le guitariste est Yerassimos Miliaressis, né en 1918 à Braila en Roumanie.

Pour la petite histoire:

<< Si je ne me trompe, c'est le troisième film pour lequel j'écris de la musique. J'avais déjà obtenu un prix au Festival de Salonique pour la musique d'un film qui s'intitulait "Monemvassia". J'étais ami avec Takis Kanellopoulos. Quand il m'a proposé d'écrire la musique de son film (L'Excursion), j'ai été très séduit par ce thème de l'amour désespéré, si romantique et désintéressé. J'ai commencé à écrire la musique alors que Kanellopoulos travaillait encore le scénario. Le premier problème a été qu'il n'avait pas d'argent. C'est ainsi que je n'ai mis qu'une guitare, qu'un cor et un petit clavicor. D'un autre côté, Kanellopoulos était un maniaque de l'esthétique, d'une esthétique particulière. Dans le film, il a utilisé la musique à sa manière. Il a utilisé plusieurs fois les mêmes morceaux alors que ce n'était pas du tout mon attention quand je les écrivais. Je lui disais: "Ce n'est pas ça" et il me répondait: "Moi je préfère comme ça". Je n'étais pas d'accord sur sa manière d'utiliser la musique dans le film, mais je n'ai rien dit. Et plus tard, quand Miliaréssis a joué cette musique pour le disque, il est intervenu. Il me disait: "Ici, ce serait mieux en guitare". Alors moi, je l'ai composée à la guitare et l'ai présentée au metteur-en-scène, puis j'ai montré moi-même à Miliaréssis comment il devait la jouer. Bien sûr, je ne jouais pas de la guitare aussi bien que lui. A cette époque-là, il était le meilleur guitariste de Grèce, un grand soliste et une personne très correcte. Mais en fin de compte son jeu ne correspondait pas avec mes convictions de compositeur.

Mais à cette époque-là il n'y avait personne d'autre. Même maintenant les grands guitaristes sont peu nombreux. Pensez un peu il y a 30 ans...Dans le fond il n'y avait que deux guitaristes qui pouvaient jouer; Miliaréssis et Fabas. En plus, cette musique avait quelque chose d'inédit. C'était le premier morceau grec pour guitare, de longue durée, qui était une oeuvre, avait une unité et n'était pas improvisé. Il avait des cellules musicales qui par la suite ont été développées en composition. Toutes ces années donc les guitaristes apprenaient le morceau à l'oreille. J'avais perdu les partitions. Les années ont passé. Je crois que maintenant il y a en Grèce des guitaristes de niveau mondial, qui n'ont peur de personne et joue toute l'oeuvre de nombreux musiciens. J'ai été touché quand, après tant d'années, une jeune fille est venue me jouer "L'Excursion" et m'en a écrit les notes. J'avais laissé tombé cette oeuvre mais à ce moment-là j'ai décidé de faire, sur sa partition, les modifications que j'estimais correctes, me représentaient en tant que compositeur. Dans la première "Excursion" il y a un souffle sensible,improvisé. C'est une atmosphère musicale douce, très sentimentale, mais il y a certaines choses qui en composition posent quelques problèmes. Si un compositeur pour la guitare les écoute, il ne peut que rester sur sa réserve. En un mot, en écoutant "Excursion" par Eléna Papandréou, on y trouve mon âme,mon coeur et mon esprit.>> Nikos Mamangakis. 05 mai 1995.

Trémolo de Yerassimos Miliaressis interprété par Apollon Kouskoumvekakis

https://www.youtube.com/watch?v=h4QRBIEH-aA

Aujourd'hui, j'ai réécouté deux concertos pour guitare et orchestre, Concert de Gaudi de Christopher Rouse et Yi2 de Tan Dun. Lorsque la ravissante Sharon Isbin "fait commande d'un concerto pour guitare et orchestre, on peut être sûr qu'il répondra à certains critères selon lesquels, tout en étant un peu orthodoxe, il emportera l'adhésion du public: la préférence de la guitariste va en effet à une musique exigeante, originale et directe, qui tourne le dos au tout-venant comme à l'expérience abstraite". Les deux concertos réunis sur un même cd sont évidemment très différents l'un de l'autre, celui de Rouse dégageant beaucoup d'espanité avec, à un moment donné, un usage des castagnettes. Il est un hommage désigné au célèbre architecte Gaudi qui connut une triste fin, écrasé par un tramway. Le second mouvement est superbe, le point culminant du concerto. Yi2 de Tan Dun, composé en 1996, révèle beaucoup d'extrême-orientalité dans les sonorités et les rythmes qui y sont développés, la guitare pouvant, par exemple, imiter le timbre caractéristique du biwa. La musique est un peu tonitruante, ne manque pas de rebondissements, avec d'audacieuses combinaisons instrumentales qui sentent bon l'Asie et rythmes changeants. La guitare sous les doigts de Sharon Isbin , adopte tantôt des sons secs et rudes dans les instants de grandes agitations, tantôt des sons plus doux lors des moments d'accalmie. Aujourd'hui, j'ai eu une préférence assez nette pour celui de Christopher Rouse, mais ce n'est pas toujours le cas. En général, je les écoute l'un à la suite de l'autre et je me souviens que la dernière fois j'avais été davantage captivé par celui de Tan Dun.

Mon incursion dans le monde de la guitare classique continue en beauté, cette fois sans accompagnement, 13 compositions réunies sous le titre Songs for guitar, toutes composées par Mikis Theodorakis et retranscrites pour guitare par Rainer Rohloff qui en est aussi l'heureux interprète:

<<C'est avec attention et intérêt que j'ai écouté les arrangements de ma musique pour guitare solo par Rainer Rohloff et j'en suis parfaitement satisfait. Rohloff respecte véritablement l'écriture et l'esprit des compositions, son adaptation est sérieuse et créative,l'autonomie de la guitare et celle de la musique sont donc respectées. A certains endroits, on a l'impression que la virtuosité va jusqu'aux limites de l'instrument. Un fait qui, je pense, éveillera l'intérêt de nombreux guitaristes. Mais aussi les mélomanes et plus spécialement les adeptes de ma musique auront le plaisir de retrouver les compositions qu'ils connaissent bien dans de nouveaux atours musicaux brillants qui confèreront certainement aux oeuvres un nouveau souffle.>> Mikis Teodorakis.

C'est exactement ce qui s'est passé dans mon cas, en bon connaisseur de l'oeuvre du maître grec, l'occasion de reconnaître des mélodies que j'avais l'habitude d'entendre dans une autre forme, une autre orchestration, avec, par exemple, la propre voix de Theodorakis ou d'autres voix comme celles d'Angélique Ionatos, Yannis Parios, Haris Alexiou, George Dalaras ou encore Maria Farandouri. C'est alors une autre écoute, une autre attention qui s'articule autour d'une guitare pouvant être subtile et virtuose, douce, émouvante ou entraînante. J'aime alors cette proximité, pour ne pas dire cette intimité, qui m'est offerte avec l'instrument de Rainer Rohloff.

Je prends ton fil tardivement, donc je n'ai pas le temps de tout lire, étant donné l'heure, mais une simple question :

Le luth étant l'ancêtre de la guitare (le luth étant lui-même venu de l'oud), peut-on considérer que je puis parler de luth sur ce fil ou plutôt ailleurs ? (certains guitaristes dits classiques jouant d'ailleurs de temps en temps sur des luths et vice-versa pour certains luthistes, dont l'un que je connaîs un peu et que j'ai rencontré aux Arts Florissants plusieurs fois, relativement connu -Thomas Dunford-, avec lequel j'ai discuté de ça justement,  qui joue sur son luth des partitions dédiées à la guitare classique et jazzy d'ailleurs). 
Merci pour ta réponse !   :
P.S. : Je viens de retrouver le topic sur "le luth", mais j'aimerais savoir si je peux naviguer avec le luth sur les deux fils, ou si celui-ci est dévolu, stricto sensu, uniquement à la guitare classique pure.