Effectivement, il s'est poursuivit avec une excellente oeuvre pour deux pianos + trois autres oeuvres pour piano de
Frédéric Devreese, un compositeur belge qui m'a toujours beaucoup intéressé, que ce soit par sa musique absolue ou appliquée.
Gemini pour deux pianos - qui existe aussi dans une version pour grand orchestre - interprété par
Daniel Blumenthal & Robert Groslot, n'a pas à rougir derrière la
Sonate pour 2 pianos Opus 34b de
Johannes Brahms que j'avais écoutée juste avant et que je tiens en haute estime. Mais je crois que
Gemini de
Devreese m'impressionne plus encore: 26 minutes de pur bonheur qui pourraient rendre les suivantes pour piano seul;
Lullaby for Jesse, Black & White, Mascarade, plus anecdotiques. Or, elles ne le sont pas, je n'ai jamais rien entendu d'anecdotique dans le piano de
Frédéric Devreese, qu'il s'agisse des
Valses ou de ces pièces en particulier.
"
Claviers bien ou peu tempérés" s'est poursuivi avec
Goldberg Variations BWV 988 de
J. S. Bach par
Scott Ross, le plaisir de retrouver un clavecin à ma mesure et sans démesure. J'adore comme toujours, et ce fut donc sans surprise puisque le plaisir fut le même, même si le clavecin seul m'émeut moins que le piano. Néanmoins, j'en ai besoin, moins souvent que le piano mais j'en ai besoin. J'aime être traversé par ses sonorités d'un autre temps, être intellectuellement caressé par son raffinement particulier ou être dynamisé par son côté quelque-peu mécanique et à peine froid, tel qu'il m'apparait chez
Bach.
La grande surprise est toutefois venue avec l'intégrale des oeuvres pour piano du compositeur argentin
Alberto Ginastera qui m'avait pourtant laissé une impression mitigée lors de la première écoute. Avec la seconde, cette impression s'est nettement améliorée pour mon plus grand bonheur. C'est là que la musique prend une tournure magique dans mon esprit. Il s'agit plus ou moins d'un rebondissement émotionnel. Durant la première partie de l'album, ce furent surtout les morceaux lents de caractère romantique ou mélancolique qui me touchèrent le plus et davantage que la dernière fois, alors que dans la seconde partie de l'album, des morceaux plus énergiques et d'une teneur plus "moderne" ont su définitivement accaparer mon attention: par l'excellente
Michiko Tsuda, pianiste japonaise...J'en retrouverai une autre,
Mitsuko Uchida, issue du pays du soleil levant, sur trois sonates de
W. A. Mozart...C'est pour la troisième phase de ce cycle.
L'album du compositeur et pianiste brésilien
Henrique Oswald est avec celui de
Brahms, cité dans mon précédent commentaire: sonate + Variations, ma dernière acquisition pour piano seul, et comme le "Brahms", je le considère déjà parmi les meilleurs de ma collection. J'adore ce disque, magnifiquement interprété par
Sergio Monteiro. Il véhicule en moi de bien belles émotions, des émotions durables qui se confirment à chaque nouvelle écoute. Un beau coup de coeur.

Cette seconde partie s'est achevée avec un clavecin contemporain, par la
Litanie 5 (1982) pour clavecin et bande magnétique (ou plusieurs clavecins) de
Karel Goeyvaerts, pour une durée totale qui dépasse les 34 minutes. Au clavecin,
Christine Wauters. La pièce démarre sur un thème guilleret plein d'entrain, je l'adore et la bonne idée c'est qu'il revient en guise de conclusion positive. Entre, il y a des passages plus ou moins intenses, plus ou moins dépouillés ou fournis, bref des passages qui me captivent, d'autres moins. Cette cinquième Litanie de
Goeyvaerts n'en demeure pas moins mon oeuvre contemporaine pour clavecin de prédilection.