Effectivement, il s'est poursuivit avec une excellente oeuvre pour deux pianos + trois autres oeuvres pour piano de Frédéric Devreese, un compositeur belge qui m'a toujours beaucoup intéressé, que ce soit par sa musique absolue ou appliquée. Gemini pour deux pianos - qui existe aussi dans une version pour grand orchestre - interprété par Daniel Blumenthal & Robert Groslot, n'a pas à rougir derrière la Sonate pour 2 pianos Opus 34b de Johannes Brahms que j'avais écoutée juste avant et que je tiens en haute estime. Mais je crois que Gemini de Devreese m'impressionne plus encore: 26 minutes de pur bonheur qui pourraient rendre les suivantes pour piano seul; Lullaby for Jesse, Black & White, Mascarade, plus anecdotiques. Or, elles ne le sont pas, je n'ai jamais rien entendu d'anecdotique dans le piano de Frédéric Devreese, qu'il s'agisse des Valses ou de ces pièces en particulier.
"Claviers bien ou peu tempérés" s'est poursuivi avec Goldberg Variations BWV 988 de J. S. Bach par Scott Ross, le plaisir de retrouver un clavecin à ma mesure et sans démesure. J'adore comme toujours, et ce fut donc sans surprise puisque le plaisir fut le même, même si le clavecin seul m'émeut moins que le piano. Néanmoins, j'en ai besoin, moins souvent que le piano mais j'en ai besoin. J'aime être traversé par ses sonorités d'un autre temps, être intellectuellement caressé par son raffinement particulier ou être dynamisé par son côté quelque-peu mécanique et à peine froid, tel qu'il m'apparait chez Bach.
La grande surprise est toutefois venue avec l'intégrale des oeuvres pour piano du compositeur argentin Alberto Ginastera qui m'avait pourtant laissé une impression mitigée lors de la première écoute. Avec la seconde, cette impression s'est nettement améliorée pour mon plus grand bonheur. C'est là que la musique prend une tournure magique dans mon esprit. Il s'agit plus ou moins d'un rebondissement émotionnel. Durant la première partie de l'album, ce furent surtout les morceaux lents de caractère romantique ou mélancolique qui me touchèrent le plus et davantage que la dernière fois, alors que dans la seconde partie de l'album, des morceaux plus énergiques et d'une teneur plus "moderne" ont su définitivement accaparer mon attention: par l'excellente Michiko Tsuda, pianiste japonaise...J'en retrouverai une autre, Mitsuko Uchida, issue du pays du soleil levant, sur trois sonates de W. A. Mozart...C'est pour la troisième phase de ce cycle.
L'album du compositeur et pianiste brésilien Henrique Oswald est avec celui de Brahms, cité dans mon précédent commentaire: sonate + Variations, ma dernière acquisition pour piano seul, et comme le "Brahms", je le considère déjà parmi les meilleurs de ma collection. J'adore ce disque, magnifiquement interprété par Sergio Monteiro. Il véhicule en moi de bien belles émotions, des émotions durables qui se confirment à chaque nouvelle écoute. Un beau coup de coeur.
Cette seconde partie s'est achevée avec un clavecin contemporain, par la Litanie 5 (1982) pour clavecin et bande magnétique (ou plusieurs clavecins) de Karel Goeyvaerts, pour une durée totale qui dépasse les 34 minutes. Au clavecin, Christine Wauters. La pièce démarre sur un thème guilleret plein d'entrain, je l'adore et la bonne idée c'est qu'il revient en guise de conclusion positive. Entre, il y a des passages plus ou moins intenses, plus ou moins dépouillés ou fournis, bref des passages qui me captivent, d'autres moins. Cette cinquième Litanie de Goeyvaerts n'en demeure pas moins mon oeuvre contemporaine pour clavecin de prédilection.
Icare Admin
Nombre de messages : 17790 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
La troisième phase de mon cycle "Claviers bien ou peu tempérés" commença avec trois sonates pour piano inédites de Wolfgang A. Mozart: Sonate en Ut majeur KV 309 Sonate en Ré majeur KV 311 Sonate en La mineur KV 310 Par Mitsuko Uchida Pas un coup de coeur, du moins pas cette fois-ci, même si j'y retrouve toute la finesse du style "Mozart". Un morceau m'a cependant séduit plus que les autres, il s'agit tout simplement de l'Andantino de la Sonate en Ré majeur, avec ce thème de berceuse et son caractère faussement enfantin...j'adore!
Je retrouve ensuite Say plays Say, du piano contemporain comme j'aime avec Fazil Say bien sûr! Un éternel coup de coeur, aussi bien pour les moments les plus tendres que pour les plus cinglants et corrosifs...C'est vivant, créatif, ludique, parfois mélancolique, parfois martial ou parodique.
Toccate Per Cembalo d'Alessandro Scarlatti par l'excellent Rinaldo Alessandrini est sans aucun doute le meilleur album de clavecin que j'ai a ma disposition, en même temps je n'en possède pas beaucoup, tous mentionnés dans ce cycle. D'autre part, il s'agissait là de mon unique album d'Alessandro Scarlatti, ce n'est désormais plus le cas aujourd'hui. La pièce pour clavecin la plus étonnante avoisine les 19'30" et s'intitule Toccata per cembalo d'ottava stesa - Napoli 1723 - re minore. Je la trouve fantastique, lumineuse, intense, dense...
S'en est suivi les oeuvres pour piano de Naji Hakim par Nicolas Chevereau que je n'avais pas réécoutées depuis longtemps. Elles sont d'un genre joyeux, m'évoquent un peu, dans un certain esprit (presque rétro) du moins, certaines pièces légères d'Erik Satie, mais dans un registre plus élaboré et virtuose. Je n'étais cependant pas dans l'humeur la plus adéquate pour les apprécier à leur juste valeur, même si c'est nécessaire d'écouter des choses plus joyeuses et positives de temps en temps, surtout pour une sensibilité comme la mienne souvent portée sur le mélancolique et le dramatique.
Mon cycle s'est achevé avec J. S. Bach et Glenn Gould en trois opus: Partita n°4 en Ré majeur - BWV 828 Concerto en Fa majeur - BWV 971 Toccata en Mi mineur - BWV 914 La Toccata, voilà une fin exquise que j'ai offerte à mon cycle!
Icare Admin
Nombre de messages : 17790 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Il y avait longtemps que je ne m'étais pas prêté à une série d'écoutes croisées entre deux compositeurs desquels je possède suffisamment d'albums pour la réaliser. Il n'y a pas très longtemps, je n'avais quasiment rien de Franz Liszt, quelques oeuvres réparties sur deux/trois disques, pas davantage. C'est une intégrale de ses poèmes symphoniques en cinq volets, par le "Budapest Symphony Orchestra" sous une direction d'Arpad Joo qui a changé la donne. L'envie de les réécouter s'est faite sentir, et c'est toujours bon signe car cette envie démontre une certaine affection durable pour ces oeuvres. Au départ, je pensais réécouter les cinq volets et c'est tout. Puis l'idée d'écoutes croisées avec un autre compositeur m'est venue. Ce qui pourra paraître incongru est que l'autre compositeur que j'ai choisi n'est pas du tout un contemporain de Franz Liszt ni quelqu'un qui s'est placé en lointain "héritier" de son oeuvre et de son style. Aucun point commun évident ne les relie. Mon choix fut en quelque sorte arbitraire. Il s'agit d'Howard Shore. J'ai choisi ses musiques de films les plus épiques, seulement celles employant les choeurs et l'orchestre: Dogma, Looking for Richard, la trilogie Le Seigneur des Anneaux, The Hobbit - An Unexpected Journey (deux cd) et Of the Soul Ultimate Nation. Je me régale avec les oeuvres de ces deux compositeurs et je suis même surpris d'apprécier à ce point les poèmes symphoniques de Franz Liszt alors que ces oeuvres n'évoluent pas dans "mon style symphonique" de prédilection. Je pourrais presque dire la même dire la même chose des oeuvres de Howard Shore que j'ai choisies, à l'exception de Looking for Richard, car j'ai toujours privilégié chez lui ses tentatives expérimentales avec le cinéma de David Cronenberg... Et pourtant, mon goût musical ne cesse de s'élargir et les belles émotions sont là, vivantes, mobiles, elles voyagent en moi et parfois s'évade de mon être sous l'apparence de larmes pures et claires...
(né en 1946)
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31771 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
Il y avait longtemps que je ne m'étais pas prêté à une série d'écoutes croisées entre deux compositeurs
Question qui va te sembler bête, mais qui m'intrigue: Pourquoi une écoute croisée? Ca apporte quoi? Y a t-il une "logique" ou quelque chose qui fait que cela te fait plus apprécier la musique de l'un ou l'autre? C'est une sorte de comparatif? Ou au contraire pour changer d'ambiance? d'époque? J'avoue ne pas comprendre l'intérêt et/ou le but des écoutes croisées*
* Perso, je suis plutôt "linéaire" et j'écoute beaucoup "au hasard" de ce que je trouve sur le net et ailleurs, pour assouvir ma curiosité musicale.
Icare Admin
Nombre de messages : 17790 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
L'astuce de ce fil c'est que l'on peut aborder n'importe quel thème sur la musique (de préférence classique) sans devenir hors-sujet. C'est d'ailleurs pour cette raison que je l'ai créé.
Pour répondre à ta question, il y aurait plusieurs réponses possibles à apporter. Dans ce cas de figure, j'avais à la fois très envie de réécouter les poèmes symphoniques de Franz Liszt et certaines oeuvres plus épiques de Howard Shore, pour choeurs et orchestre et composées pour le cinéma. Je n'arrivais pas à me décider par quoi commencer: les poèmes symphoniques de Liszt ou les B.O. de Shore? J'ai fini par opter pour une écoute croisée entre ces deux compositeurs, et comme il s'agit dans les deux cas d'oeuvres plutôt tonales, mélodiques, avec lyrisme, composées pour de grandes formations, jongler d'un style à l'autre passa tout seul. En général, mes écoutes croisées ont une raison moins superficielle. J'avais, par exemple, réalisé une série d'écoutes croisées entre deux compositeurs allemands, Paul Hindemith et Enjott Schneider parce que je m'étais plu à imaginer que le premier fut une des influences majeures du second dans son processus de création, outre le fait que ce sont deux styles musicaux que j'aime beaucoup. Je prévois une série d'écoutes croisées avec des oeuvres de Goffredo Petrassi et celles de son plus célèbre élève et héritier qu'est Ennio Morricone. Je l'avais fait avec Bach et Vivaldi par pure nostalgie: deux compositeurs que j'avais découverts dans ma jeunesse, un que j'ai aussitôt approfondi et un second que j'avais davantage négligé, pas nécessairement pour de bonnes raisons. Bref, je m'amuse tout simplement et l'objectif premier de mes cycles à thèmes ou avec une autre condition plus rudimentaire, est de rendre ma cédéthèque vivante. Ces cycles m'incitent à rechercher en elle des titres qui correspondent à la condition ou au thème choisi, ainsi, ça me permet souvent de sortir de la "poussière" des disques que je n'ai pas réécoutés depuis longtemps et auxquels je n'aurais pas forcément pensés au gré d'une démarche plus "linéaire". D'autre-part, si j'aime encore découvrir des oeuvres et des compositeurs que je ne connais pas, c'est sans aucune boulimie, la redécouverte et l'approfondissement des oeuvres et des compositeurs que j'aime - et ils sont nombreux - sont devenus mes deux démarches les plus importantes. Mes cycles, tous répertoriés dans un classeur depuis des années, me rendent cette démarche ludique et efficace.
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31771 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
Ok, merci pour ta réponse. Je comprends mieux maintenant.
D'ailleurs, c'est amusant car, autant en écoute, ça ne m'a pas sauté aux yeux cette "logique", autant, maintenant que tu l'expliques, surtout ce point:
Citation :
J'avais, par exemple, réalisé une série d'écoutes croisées entre deux compositeurs allemands, Paul Hindemith et Enjott Schneider parce que je m'étais plu à imaginer que le premier fut une des influences majeures du second dans son processus de création
cela me semble plus évident, car j'ai eu la même démarche lors de l'apprentissage du piano. C'est à dire avec cette même idée, qu'un compositeur a pu en influencer un autre et donc de voir les similitudes (et différences) entre eux dans leur écriture, le jeu, etc... Il y a comme une suite logique d'héritage musical qui apparait (parfois) quand on joue des compositeurs chronologiquement et/ou de la même période.
Du coup, je comprends mieux ta démarche, sauf que pour toi elle est musicale, quand pour moi, elle était plus "pratique/technique", liée à la pratique et l'étude du piano.
Icare Admin
Nombre de messages : 17790 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Nicolas Sackman: Hawthorn - Aubépine interprétée par le BBC Symphony Orchestra sous la direction d'Andrew Davis est une oeuvre symphonique de caractère tumultueux, même si on pourrait lors d'une première approche la comparer à beaucoup d'autres compositions contemporaines pour effectif similaire. Les écoutes suivantes façonneront en moi une appréciation plus juste sur la singularité de cette composition. J'avais cependant l'impression de suivre une intrigue musicale pleine de rebondissements: un premier mouvement impétueux, pour ne pas dire tempétueux, au point que je me suis interrogé, dans la concentration de l'écoute, comme un oiseau essoufflé par ce vent qui le chahute, si, transcendée par tant de tension, de tonitruance, de véhémence, la musique allait se calmer un peu, durablement même, devenir la légèreté d'une feuille arrachée à sa branche par une bourrasque intrépide, venue se poser en douceur sur un sol humide. Ce moment tant espéré arriva en début du second mouvement: Un violon solo délicat, presque providentiel, fut cette feuille égarée et volatile. Pendant cette parenthèse de douceur, mon esprit put enfin errer, vagabonder avec cette feuille, aux côtés de ce violon gracile, se poser au sein d'une musique qui reprend son souffle, au sein d'une matière orchestrale qui dépaissit temporairement, devient transparente. Le calme avant la reprise des turbulences. Le dernier mot ou plutôt les dernières notes, seront l'ultime accalmie aux accords subtils pour accompagner mes rêves de douceur. Pas un coup de coeur, mais une oeuvre contemporaine qui a fait son chemin en moi.
John Field: Une nouvelle entrée dans la musique de John Field par le biais des Concertos pour piano et orchestre n°2 & 4 par Benjamin Frith et le "Northern Sinfonia" sous la direction de David Haslam. Chacun de ces deux concertos commence par un "Allegro moderato" et j'ai été assez captivé - peut-être un peu moins que la première fois - par le jeu et le développement pianistiques de ces deux premiers mouvements qui sont également les plus conséquents en durée, 19 minutes et des poussières pour le N°2 et presque 18 pour le N°4. Ce qui me saisit immédiatement, c'est le piano qui prend rapidement un caractère fortement ludique, surtout dans le premier mouvement du deuxième concerto. J'y ressens une belle musicalité, un dynamisme qui parvient à me contaminer. Outre les deux "Allegro moderato", les mouvements centraux ("poco adagio") ont leur charme propre, sont aussi nettement plus courts que les mouvements extrêmes, presque brefs...trop brefs à mon goût étant donné que ce sont généralement les mouvements lents qui ont le plus de chance de m'émouvoir.
Shuteen Erdenebaatar: Rising Sun, album qui réunit autour de la pianiste Shuteen Erdenebaatar le contrebassiste Nils Kugelmann, le batteur Valentin Renner et Anton Mangold qui y joue de l'alto et soprano saxophones ainsi que de la flûte sur une plage en particulier, contient tous les éléments qui peuvent me rendre un disque de jazz attrayant. Il y a plusieurs éléments qui m'ont rendu l'écoute plaisante: une formation instrumentale certes réduite mais qui propose des couleurs différentes, comme cette flûte qui orne "An answer from the distant hill", une toile sonore plus aérée, moins compacte, où les différents musiciens peuvent s'y démarquer, le piano solo dans "Ups and downs", la contrebasse qui offre un beau solo dans "Saudade", les errements des saxophones, des cadences qui varient selon les titres, des morceaux lents s'opposant ainsi aux plus rapides, un jazz parfois bavard qui swingue - et c'est normal! - mais qui sait aussi prendre son temps, devenir tour à tour tendre et même mélancolique, une mélancolie principalement transmise par le piano de Shuteen Erdenebaatar. Une parenthèse jazz afin de varier les plaisirs et une occasion d'approfondir l'écoute de cet album qui répond à un achat encore récent.
David Sawer: Byrnan Wood par le "BBC Symphony Orchestra" sous la direction d'Andrew Davis m'a toujours laissé, et cela depuis la première écoute, une très forte impression. Ce fut mon coup de coeur d'hier, mais en réalité il s'agit d'une oeuvre orchestrale contemporaine bien encrée dans l'esprit atonal de son époque qui me caresse dans le sens du poil: un coup de coeur qui se renouvelle à chaque nouvelle écoute: du mystère, des progressions harmoniques et des rebondissements qui m'interpellent constamment, des cadences, constructions rythmiques obsessionnelles, usage ludique des percussions, contrastes saisissants entre puissance et douceur, un déchaînement collectif des instruments de l'orchestre, la solitude d'un hautbois ou d'une clarinette...Tous les ingrédients y sont pour me rendre heureux sur une durée d'environ vingt minutes.
Icare Admin
Nombre de messages : 17790 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Perter Sculthorpe: The Fifth Continent en cinq extraits: Prologue, Outback, Small Town, Pacific, Epilogue 30'20" - 1963 - pour narrateur (le compositeur lui-même) et orchestre, sur un texte en Anglais de D. H. Lawrence. Par le "Tasmanian Symphony orchestra" sous une direction de David Porcelijn. Quelques solistes: __Barbara Jane Gilby: violon __David Pereira: violoncelle __Vanessa Souter: harpe __Bruce Lamont: trompette __Joseph Ortuso: hautbois __Mark Atkins: didjeridoo Je ne me souvenais plus du tout à quoi ressemblait cette oeuvre, la place de la narration, le rôle de la musique...J'ai beaucoup d'oeuvres de Peter Sculthorpe et ai-je pensé que si j'en avais gardé aucun souvenir, c'est que tout simplement elle n'était pas marquante. C'était prendre un raccourci un peu facile même si ça aurait pu être le cas car chez chaque compositeur, même moins prolixe que l'Australien, il y a des opus qui ne nous marquent moins que d'autres, souvent pour de bonnes raisons, parfois non... Sur le Prologue, j'ai bien failli croire que la narration dominerait l'oeuvre toute entière et que la musique serait réduite au rôle de support à un texte en langue étrangère que je ne maîtrise pas. Je comprenais soudainement pourquoi The Fifth Continent ne s'était pas imprimé dans ma mémoire. Mais très vite je me suis rendu compte que je me trompais: plus la narration s'esquivait, plus la musique prenait de l'ampleur et montait en intensité, et plus elle montait en intensité, plus elle gagnait en intérêt, avec des moments très émouvants pour moi, mettant en scène les solistes, tantôt le hautbois, tantôt la trompette, tantôt le violoncelle, tantôt le violon, le didjeridoo se montrant particulièrement rare et soft, même si c'est lui qui achève l'oeuvre sur quelques discrets effets, tantôt l'orchestre tout entier, parfois en mode viril, parfois plus lyrique.
Ronald Stevenson: Piano Concerto n°2, "The Continents" - 35'03" - 1972 - par Murray McLachian et le "Chetham's Symphony Orchestra" sous la direction de Julian Clayton. L'oeuvre s'écoute en un seul mouvement bien que celui-ci se compose de plusieurs épisodes: Prologue/Evocation of African Drumming/Australasia/Asia/Europe/America - Latin America/Reminiscences/Piano solo/Epilogue. Je me souviens que sur le topic dédié au compositeur mi-anglais, mi-écossais Ronald Stevenson, j'avais émis des enthousiasmes à densités variables, ce qui peut s'expliquer par des humeurs différentes à chaque fois ou par un engouement qui était trop fort lors de la découverte et ne pouvait que redescendre de quelques crans. Ce qui est sûr, c'est qu'il ne faut pas trop rechercher une homogénéité dans ce second concerto, homogénéité que l'on peut toutefois apprécier dans le premier avec lequel il est couplé. Ce second concerto est quelque-peu hétéroclite par la force des choses, une particularité qui ne me dérange absolument pas et que je retrouve souvent dans la musique de film. Les épisodes les plus longs sont "Asia" (7'03"), "Europe" (9'40") et "America - Latin America" (10'09"). C'est un véritable voyage musical d'un continent à l'autre, un voyage subjectif avec des éléments sonores et rythmiques concrets qui évoquent tantôt l'Afrique, l'Asie, l'Europe, l'Amérique latine, la musique afro-américaine... J'adore le climat et un son de cordes original dans "Australasia", sans didjeridoo ni imitation de celui-ci, le compositeur esquivant tout cliché de ce type, j'aime la nervosité concise de "Evocation of African Drumming", très court (1'05"). Les trois épisodes les plus longs sont les plus riches et représentent la partie la plus intense et captivante du concerto.
Icare Admin
Nombre de messages : 17790 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Easton/Mancusi/Probst 2024-08-23, 19:13
Trois albums, trois compositeurs:
A l'occasion d'un nouveau cycle par lequel je n'écouterai que des oeuvres orchestrales de différents compositeurs, essentiellement des compositeurs du vingtième siècle, j'ai commencé l'écoute avec tout d'abord l'Italien Guido Mancusi (né en 1966), puis le Français Dominique Probst (né en 1954) et l'Australien Michael Easton, également né en 1954. L'approche de Guido Mancusi s'articule autour d'un langage tonal décomplexé, oscillant, pour schématiser, entre un Richard Strauss et un John Williams, le célèbre compositeur américain de musique de film. Pour ce dernier, l'influence est évidente et se fait ressentir à plusieurs endroits du double-album. Tout connaisseur repèrera aisément une brève citation de sa musique pour E.T. quelque-part dans le Concerto pour trompette et orchestre, n'étant pas sûr du mouvement dans lequel elle apparait. C'est flagrant! Je parle évidemment d'une citation et non d'un plagiat, mais il me semble évident que, même plus globalement, la musique symphonique de cinéma de John Williams joua une influence sur son oeuvre, si je me réfère bien sûr à ce que je connais de Guido Mancusi; une suite pour orchestre à cordes, un concerto pour trompette, un concerto pour orchestre et des pièces de danses pour grand orchestre, valses, polkas, galops...
Si Guido Mancusi n'invente pas le fil à couper le beurre et participe à la perpétuation d'un style orchestral brillant, raffiné, très bien écrit et souvent pétillant, qui a déjà beaucoup illuminé le cinéma, notamment hollywoodien et certaines salles de concert depuis longtemps, et si ce double-album contient quelques chouettes moments, l'approche de Dominique Probst s'installe bien plus près de ma sensibilité et mes aspirations grâce à quatre oeuvres que je n'avais encore jamais évoquées ici:
Nuées - Ouverture pour orchestre L'Origine du Monde, poème symphonique pour trio rock et orchestre On a Same Wavelength, nocturne pour un soliste de jazz et orchestre Une Journée à Versailles, symphonie Il y a là une écriture symphonique qui rompt assez radicalement avec le schéma plutôt classique et "williamsien" de Guido Mancusi, sans pour autant céder à un modernisme lourd et imbitable, loin de là! C'est un langage savant savoureusement perverti par des incursions d'idiomes musicaux fort populaires comme le rock et le jazz, pour lesquels furent conviés le Trio Mat the Fax et Didier Lockwood. J'essaierai d'y revenir avec davantage de détails sur le fil du compositeur.
Avec Michael Easton, je retrouve un langage plus conventionnel, tonal, avec son lot de joie, de lyrisme et parfois de mélancolie, sauf que le caractère enjoué, festif, n'est jamais loin, toujours prêt à bondir après un second mouvement plutôt lent ou plus calme que les deux autres. Le Concerto sur des thèmes australiens pour piano et orchestre est captivant sur ses trois mouvements, avec un piano ludique, vif, insolent. Un Australien à Paris, pour orchestre, en quatre extraits, n'est pas mal non plus. Je suis très sensible au premier extrait intitulé Sur le Boulevard St. Michel. Si Beats of the Bush me gonfle désormais, avec une narration permanente en Anglais sur une musique peu captivante, je me récupère vite avec un savoureux Concerto pour piano accordéon, piano et cordes, surtout sur ses deux premiers mouvements. L'Ouverture sur une comédie italienne conclut l'album. Le style tonal de Michael Easton me captive plus dans son ensemble que celui de Guido Mancusi.
Icare Admin
Nombre de messages : 17790 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Toujours dans le suivi de mon cycle consacré aux oeuvres orchestrales de différents compositeurs du XXème siècle, j'ai réécouté trois albums, tout d'abord un double-album d'Arnold Schoenberg (1874-1951), contenant La Nuit Transfigurée pour sextuor à cordes, les Symphonies de chambre n°1 & 2, Cinq Pièces orchestrales, Erwatung (Monodrame) avec la soprano Phyllis Grun-Oulson et Variations pour orchestre, le tout sous une direction de Sir Simon Rattle.
Ensuite j'ai réécouté mon unique album du compositeur australien Malcolm Williamson (1931-2003): Santiago de Espada - Ouverture, Suite from "Our Man in Havana", suite orchestrale tirée de son opéra homonyme, Concerto Grosso Sinfonietta Dirigé par Rumon Gamba
Le troisième compositeur que j'ai réécouté, au travers de trois oeuvres orchestrales, est le Britannique d'origine allemande Berthold Goldschmidt (1903-1996). Il s'agit aussi d'un album unique, étant donné que je n'ai pas cherché à mieux connaître son oeuvre, c'est-à-dire une personnalité musicale qui ne m'a pas suffisamment captivé pour en faire une priorité. Ceci-dit, j'aime quand même bien sa musique et conserverai cet album: Cello Concerto avec David Geringas, Ciaconna Sinfonica Chronica, dirigé par Mathias Husmann
J'ai souvent été fasciné par la musique orchestrale ou instrumentale d'Arnold Schoenberg. Tout démarra en réalité par une version pour orchestre de La Nuit transfigurée sous une direction de Pierre Boulez, oeuvre magnifique, d'un romantisme tourmenté, que j'avais découvert à l'ère du 33 tours, ce qui remonte à longtemps. J'y reviendrai d'ailleurs prochainement à l'occasion d'un cycle où je réunis les oeuvres-phare (du moins pour moi) qui m'ont ouvert les portes sur la Musique dite Contemporaine, atonale, dodécaphonique, sérielle, électroacoustique, minimaliste etc..., à la Musique Contemporaine dans son expression la plus large et multiple. Bien sûr, retrouver La Nuit transfigurée en sextuor à cordes fut un beau moment d'émotion renouvelé, mais l'humeur du moment joue toujours un rôle majeur. Cette fois, Schoenberg n'a pas gagné ma préférence. C'est l'album de Malcolm Williamson qui a le mieux correspondu à mon humeur du moment. Lors du précédent triptyque, cité ci-dessus, ce fut déjà un compositeur australien qui avait raflé la mise; Michael Easton. Disons que la musique qui me touche le plus en ce moment est moins austère, moins cérébrale, moins intellectuelle, mais plus tonale, plus enjouée. Les quatre opus de Malcolm Williamson m'ont comblé et la cerise sur le gâteau fut le dernier mouvement de Sinfonietta de 1965 qui, de plus, conclut l'album: quelle chouette conclusion que voilà, si entrainante, si positive...
Dernière édition par Icare le 2024-09-05, 08:21, édité 1 fois
joachim Admin
Nombre de messages : 27699 Age : 78 Date d'inscription : 19/08/2006
La Nuit transfigurée est en effet un très beau poème symphonique, du temps où Schönberg était en style post romantique (son autre poème symphonique, Pelleas et Mélisande - rien à voir avec Debussy - est du même genre.
alucard
Nombre de messages : 138 Age : 64 Date d'inscription : 01/06/2023
Version de la "Nuit..." par Karajan sur les cordes de "sa" Philharmonie: très beau aussi!
Il y a aussi les beaux Gurrelieder qui sont encore d'inspiration post romantique également.
Comment oublier la fameuse phrase de Schönberg vers la fin de sa vie: "Il y encore beaucoup de musique à écrire en ut majeur."?
Sans renier l'évolution atonale qui a donné des très belles choses, c'est heureux que nombreux compositeurs du XXe siècle aient pu renouveler le langage musical sans sombrer dans l'impasse atonale où d'autres se sont fourvoyés jusqu'à l'excès après la seconde Ecole de Vienne.
Icare Admin
Nombre de messages : 17790 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Norgard/Kurz/Baird 2024-08-29, 21:48
Trois albums, trois compositeurs:
Toujours dans la poursuite de mon cycle "Orchestral Works", j'ai écouté ou plutôt réécouté trois albums de trois compositeurs contemporains dont l'approche est plutôt moderne: tout d'abord Peer Norgard, compositeur danois dont j'ai beaucoup d'albums: Borderlines, Violin Concerto n°2 avec Rebecca Hirsch (2002) Dream Play (1975) Voyage into the Golden Screen (1968) par le "Copenhagen Philharmonic Orchestra" sous une direction de Giordano Bellincampi
Puis, j'ai réécouté mon unique album de Ivan Kurz: Inclined Plane Image pour orchestre symphonique (1979) Emergence Image pour orchestre symphonique (1981) Parable, Composition pour orchestre symphonique (1982) The Gospel's Folly, Image pour choeur mixte et orchestre (1987-89) Dirigés par Jiri Belohlavek
Et enfin, le dernier album de ce triptyque est du compositeur polonais Tadeusz Baird dont j'ai plusieurs albums: Psychodrama Oboe Concerto Scenes for Cello, Harp and Orchestra par Klaus & Helga Storck Canzona for Orchestra Concerto lugubre for Viola and Orchestra par Rainer Schmidt Dirigés par Jacques Houtmann
Ce qui m'amuse avec ce triptyque, tout comme pour les précédents, c'est de savoir quel album va m'apporter le plus de satisfaction. A ma grande surprise, ce fut celui du compositeur tchèque Ivan Kurz qui est pourtant resté unique sur mes étagères. Il faut dire qu'il y avait fort longtemps que je ne l'avais pas réécouté. C'est un album sorti en 1997 que j'avais découvert à la fin des années 1990. La dernière fois que je l'ai réécouté remonte à 2014. Ca faisait déjà dix ans que je ne l'avais pas remis dans mon lecteur. Ce n'est pas comme les oeuvres qui sont réunies dans les deux autres albums, de Peer Norgard et Tadeusz Baird qui sont des compositeurs bien mieux représentés dans ma cédéthèque. effectivement, je n'avais pas l'impression de redécouvrir le deuxième concerto pour violon et orchestre, Borderlines de Norgard ni le Concerto lugubre de Baird qui sont des oeuvres qui peuvent être hermétiques à beaucoup d'auditeurs, mais qui me fascinent indéniablement. L'intensité constante de Borderlines, bien que dans un registre atonal, extrêmement crispé et tonitruant, me garde captivé jusqu'à la dernière mesure. Dans cet album de Tadeusz Baird, c'est la pièce la plus courte qui m'a toujours fasciné et me fascine encore; Psychodrama de moins de 9 minutes. Mais rien, aujourd'hui, question d'humeur sans doute, ne dépassera en jubilation, le caractère ludique de la musique orchestrale d'Ivan Kurz!
Dernière édition par Icare le 2024-09-05, 08:20, édité 1 fois
Icare Admin
Nombre de messages : 17790 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Zebeljan/Brusa 2024-09-01, 21:01
4 albums, 2 compositrices:
Isidora Zebeljan
J'ai réécouté deux albums de l'oeuvre orchestrale de la compositrice italienne Elisabetta Brusa (née en 1954) et deux albums, un contenant son oeuvre orchestrale, le second, sa musique de chambre, de la compositrice serbe Isidora Zebeljan (née en 1967). Ce cycle "Orchestral Works" fut une excellente occasion de réunir dans une série d'écoutes assidues des albums de musique contemporaine que je n'avais pas réécoutés depuis longtemps pour la plupart. Ce fut donc l'occasion de revisiter des oeuvres qui occupent mes étagères et de revivre les différentes émotions qu'elles ont pu m'apporter. C'est jusqu'à présent une excellente série d'écoutes qui m'a apporté de nombreux moments forts avec des compositeurs aussi différents que Malcolm Williamson, Arnold Schoenberg, Ivan Kurz, Dominique Probst et Dariusz Przybylski, une musique moderne flamboyante qui me fit comprendre pourquoi je suis féru de musique contemporaine: elle me fait vivre des émotions, des exaltations, des sensations très différentes de celles des siècles antérieures qui ont produit des choses bien sûr merveilleuses mais qui m'émeuvent, me fascinent d'une autre manière, tout comme le meilleur de la musique de l'ère romantique me touche d'une autre manière que la meilleure de la baroque, avec parfois la même intensité et même si des préférences finissent toujours par s'imposer. Elisabetta Brusa et Isidora Zebeljan font également partie de ces exemples merveilleux, auteures d'une musique contemporaine expressive, colorée et fascinante, aux antipodes d'une musique imbitable, trop intellectuelle, un brin rasoir: ha! le cinquième chant de Rukoveti d'Isidora Zebeljan avec la soprano Aile Asszonyi! Quelle puissance! Quelle intensité! Et c'est tout l'album qui est prenant, truffé d'effets savoureux, d'inventivités fulgurantes. Celui de sa musique de chambre n'est pas en reste, surtout qu'elle se conclut sur une oeuvre aussi percutante et captivante que Pep it up, une fantaisie pour soprano, piano, quintette à cordes et percussions. Tout autant enthousiasmé par les oeuvres orchestrales sur deux albums d'Elisabetta Brusa, Florestan, Messidor, La Triade, Nittemero Symphony, Adagio... , si je devais m'imposer le choix cornélien que de ne choisir que l'une des deux, ce serait probablement la compositrice serbe, mais d'un cheveu!
Elisabetta Brusa
joachim Admin
Nombre de messages : 27699 Age : 78 Date d'inscription : 19/08/2006
Je ne connais rien des compositeurs/trices de tes deux derniers posts Leurs styles sont comment ? post-romantiques, atonal, "modernes" au sens où je l'entends, c'est-à-dire cacophoniques ou autre ?
Icare Admin
Nombre de messages : 17790 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Je ne connais rien des compositeurs/trices de tes deux derniers posts Leurs styles sont comment ? post-romantiques, atonal, "modernes" au sens où je l'entends, c'est-à-dire cacophoniques ou autre ?
Comme tu t'en es certainement rendu compte depuis le temps que j'officie en ces lieux, les compositeurs et compositrices que j'affectionne le plus se situent dans un "entre deux", un carrefour des genres musicaux, d'où un intérêt important pour la musique de film qui ne s'est jamais démenti depuis. néanmoins, parmi les compositeurs du vingtième siècle qui n'ont pas oeuvré pour le Septième Art ou si peu, mes préférences s'inscrivent en toute logique avec ceux qui n'ont pas rompu avec la tradition tonale qui englobe plusieurs siècles de créations prodigieuses tout en enrichissant leur propre vocabulaire des différentes tendances qui caractérisent et diversifient la "modernité" ou contemporanité" au sens où nous l'entendons ici. Schématisons ( quitte à simplifier à outrance) en dressant deux pôles distincts, un premier pôle qui comprendrait des compositeurs plutôt réactionnaires écrivant une musique de tradition purement tonale et rejetant plus ou moins catégoriquement l'atonalisme et autres langages modernistes (musique futuriste, sérielle, spectrale, électronique, concrète, etc...). Parmi les compositeurs que j'ai (ré)écoutés ces derniers temps, je citerai volontiers Guido Mancusi, Michael Easton et Malcolm Williamson. Tous les trois sont les auteurs inspirés de musiques que j'ai appréciées (avec une préférence pour mon album de Williamson) et ceux que je te conseillerai d'écouter en priorité.
Le second pôle comprendrait celles et ceux que j'appellerais en exagérant un peu les "modernes intégristes" (ou puristes), c'est-à-dire celles et ceux qui ont voulu rompre avec la bonne vieille tradition tonale au profit d'expressions "futuristes" sans concession ou si peu. Cependant, il m'arrive d'apprécier certaines créations de quelques-uns de ces "modernistes radicaux". Ceci-dit, aucun des compositeurs que j'ai écoutés durant ce cycle ne peut être classé, selon moi, dans ce second pôle. Je ne considère pas Peer Norgard, Ivan Kurz, Dominique Probst, Wojciech Ziemowit Zych ou encore Dariusz Przybylski comme des auteurs composant une oeuvre expérimentale sans concession, hyper-élitiste. Au contraire, ils appartiennent, selon mes propres critères et mon propre curseur, à cet entre deux: "tradition-moderne" idéal dont les musiques me fascinent le plus, me comblent le plus profondément et durablement, comme je viens de le vivre magnifiquement avec Dariusz Przybylski, mais déjà trop moderne pour toi! Encore une fois c'est une question de curseur... Elisabetta Brusa et surtout Isidora Zebeljan sont dans cet "entre deux" que j'idéalise tant.
Icare Admin
Nombre de messages : 17790 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Sugar/Zych/Przybylski 2024-09-05, 08:19
Trois albums, trois compositeurs:
Je termine ce cycle "Orchestral Works" avec deux compositeurs polonais et un compositeur hongrois, trois albums qui me procurèrent beaucoup de satisfaction, surtout celui de Dariusz Przybylski (né en 1984): Oneiros, concerto pour violon et orchestre à cordes (2009) Even Stars cry with those who cry at night pour orchestre à cordes et Percussion (2007) Hommage à Josquin, concerto pour flûte, orchestre à cordes, percussions et sons électroniques (2007) Orchesterstück n°2 pour orchestre symphonique (2009)
C'est l'album qui m'a réellement surpris car je ne me souvenais pas que lors des précédentes écoutes il m'avait autant fasciné, pas fasciné au travers d'une ou deux oeuvres, mais fasciné sur les quatre oeuvres de l'album, dans un modernisme certes franc, en parfaite adéquation avec son temps, mais sans aucun doute portées par les richesses du passé.
Le second compositeur polonais est Wojciech Ziemowit Zych (né en 1976): Symphonie n°1 (2001/02) Concerto pour clarinette basse et orchestre (2003) Stirrings of the Will pour orchestre
Il s'agit d'un jeune compositeur polonais qui rend hommage à Chopin, sauf qu'il ne faudrait surtout pas comprendre par-là que sa musique est dans le style de ce grand maître de la période romantique. Zych explore sans le moindre complexe - et il a raison - les "langages" de sont temps, réalisant, lui aussi, une musique à la fois moderne et expressive. Si j'aime les trois opus présentés sur l'album, je suis principalement fasciné par le Concerto pour clarinette basse et orchestre que je trouve vraiment excellent. Plus globalement, la musique de Przybylski m'impressionne davantage...
L'album qui conclut ce cycle fut celui du compositeur hongrois Rezso Sugar (1919-1988): Concerto - In memoriam Bélae Bartok - en six mouvements - 1962 Sinfonia a Variazione (1970) Epilogue pour orchestre (1973) par le "Budapest Symphony Orchestra" sous une direction de Andras Ligeti
Avec Rezso Sugar, je suis resté au vingtième siècle mais en faisant néanmoins un grand recul dans le temps. Il n'est pas du tout de la même génération que Wojciech Ziemowit Zych et Dariusz Przybylski qui pourraient même être ses petits enfants. Rezso Sugar a d'ailleurs un fils prénommé Miklos, également compositeur, né en 1952. J'ai aussi un album de lui dont je conserve une bonne impression. Il est dans un style plus avant-gardiste, plus expérimental, parce que chez son père, la tradition est bien présente et les influences d'un Igor Stravinsky et surtout d'un Béla Bartok y étant très nettes, ce dernier étant par ailleurs mentionné dans le titre du concerto pour orchestre. Très bel album que j'aime en entier!
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31771 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
Si tu entames une sorte de cycle sur les compositeurs polonais, je te conseille Feliks Nowowiejski ainsi qu'une oeuvre en particulier, qui ne devrait pas te déplaire car elle est mi classique mi moderne, assez inclassable à vrai dire: "King of The Winds OP 37". Perso j'adore!
Icare Admin
Nombre de messages : 17790 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Je connais pas mal de compositeurs polonais, largement assez pour en faire un cycle, mais pas encore celui-là dont j'ignorais jusqu'à son nom. merci pour le lien.