Frédéric Chopin (1810-1849)

Bon, encore une très belle interprétation du concerto 1 de Chopin (oui, encore !), avant-hier sur Mezzo :
Jan Lisiecki, pianiste prodige polonais et canadien, 26 ans.
Il a raflé à peu près tous les prix "Chopin".
Je ne vous rebassine pas avec le Concerto 1, voici (14 mn), deux magnifiques Nocturnes, opus 9.
https://youtu.be/iKEtA_KdgyQ

00:00 Variations sur 'Là ci darem la mano' en si bémol majeur, op. 2
17:38 Fantaisie sur des airs polonais en la majeur, op. 13
31:53 Krakowiak en fa majeur, op. 14
46:24 Andante spianato et grande polonaise brillante, op. 22

Merci pour ce partage, j'ai particulièrement apprécié le
Rondo à la Krakowiak in F Major, Op. 14, une pièce que j'adore écouter.  

En rangeant de "vieux CD", je suis tombée sur des CD du pianiste Philippe Collard,
"À ce jour sa discographie comporte plus de 50 titres, et il parcourt les plus grandes scènes internationales (le Carnegie Hall, le Royal Albert Hall, etc.) Il a joué avec les plus grands chefs d'orchestre de notre époque.
En 1988, il reçoit la Victoire de la musique du soliste de musique classique de l'année. Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur en 2003.
Il est directeur artistique des Flâneries musicales de Reims".
Il a actuellement 75 ans.
Et donc..... CHOPIN en particulier. (valses, ballades).

Superbe !

https://youtu.be/o4TyjGKkSow

P.S. : Oui moi aussi, j'ai beaucoup aimé les envois précédents sur ce fil.

Cette vidéo, c'est un montage musique Chopin/"ambiance pluie-orages-forêt" (tel qu'il voulait son prélude, opus 28 , N° 15). Ca me rafraichit ! ( ), j'ai aimé , trouvé cela réussi...

Environ 5 mn
https://youtu.be/7SQeneTDTeI

Ce Prélude (baptisé aussi "Goutte d'eau") est en réalité un Nocturne qui pourrait rejoindre la liste des nocturnes, et d'ailleurs il est beaucoup plus long que les autres préludes. Naturellement, dans cette interprétation de Rafal Blechacz, il y a divers bruitages qui n'existent pas dans la version originale de Chopin.


Commentaire

George Sand a raconté, à propos de ce prélude et de Chopin lors de leur voyage à Majorque en Espagne : "Au retour de mes explorations nocturnes dans les ruines avec mes enfants, je le trouvais, à dix heures du soir, pâle devant son piano, les yeux hagards et les cheveux comme dressés sur la tête. Il lui fallait quelques instants pour nous reconnaître.

C'est là qu'il a composé les plus belles de ces courtes pages qu'il intitulait modestement des préludes. Plusieurs présentent à la pensée des visions de moines trépassés et l'audition des chants funèbres qui l'assiégeaient ; d'autres sont mélancoliques et suaves ; ils lui venaient aux heures de soleil et de santé, au bruit du rire des enfants sous la fenêtre, au son lointain des guitares, au chant des oiseaux sous la feuillée humide, à la vue de petites roses pâles épanouies sur la neige.
Il y en a un qui lui vint par une soirée de pluie lugubre et qui jette dans l'âme un abattement effroyable. Nous l'avions laissé bien portant ce jour-là. La pluie était venue, les torrents avaient débordé ; nous arrivions en pleine nuit, sans chaussures, et nous nous hâtions en vue de l'inquiétude de notre malade.
Mais il s'était comme figé en une sorte de désespérance tranquille, et il jouait son admirable prélude en pleurant. En nous voyant entrer, il se leva en jetant un grand cri, puis il nous dit d'un air égaré et d'un ton étrange : "Ah ! Je le savais bien, que vous étiez morts !"

Quand il eut repris ses esprits, il m'avoua qu'en nous attendant il avait vu tout cela dans un rêve, et que, ne distinguant plus ce rêve de la réalité, il s'était calmé et comme assoupi en jouant du piano, persuadé qu'il était mort lui-même.

Il se voyait noyé dans un lac ; des gouttes d'eau pesantes et glacées lui tombaient en mesure sur la poitrine, et quand je lui fis écouter le bruit de ces gouttes d'eau, qui tombaient en effet en mesure sur le toit, il nia les avoir entendues.
Son génie était plein de mystérieuses harmonies de la nature, traduites par des équivalents sublimes dans sa pensée musicale. Sa composition de ce soir-là était bien pleine des gouttes de pluie qui résonnaient sur les tuiles sonores de la Chartreuse, mais elles s'étaient traduites dans son imagination et dans son chant par des larmes tombant du ciel sur son coeur."

(Histoire de ma vie, Cinquième partie, chapitre XII)

Merci Joachim, tu m'as devancée (mais je n'ai pas beaucoup de temps comme tu sais). J'allais envoyer la même lettre de Sand..
A noter que pour les pauvres Chopin, Sand et les enfants, il a fait pendant tout le séjour un temps effroyable.....

Il a du abuser de l'absinthe ce soir là, le Chopinou

Certains musicologues ont dit que les cloches du monastère qui les a accueillis en catastrophe (personne ne voulant leur louer sur l'île..), résonnaient peut-être aussi trop dans la tête de Chopin....

Après ce séjour catastrophique (bonjour le début de "lune de miel"...) , qu'ils ont abrégé*, ils sont partis à Marseille puis en Italie. Le retour à Nohant fut un peu morose et il parait qu'en suite (cf. lettres de Sand) , la passion ne fut plus la même... La composition du génie, oui... .

* : source : lettres de George Sand

J'ai relu la bio de Chopin et j'étais étonnée de ses jugements très négatifs sur Schubert , et Beethoven.... (j'ai lu ses propres phrases un peu stupéfiantes , je vous les enverrai demain).

Je vais me commander un nouveau CD, cf. liste envoyée par Snoopy.

Certaines œuvres de Schubert n’étaient pas volontiers écoutées par Chopin. Liszt nous éclaire sur ce sujet en rapportant que Chopin n’appréciait pas les œuvres de Schubert, « dont les contours étaient trop aigus pour son oreille, où le sentiment est comme dénudé. Toutes les rudesses sauvages lui inspiraient de l’éloignement. En musique, comme en littérature, comme dans l’habitude de la vie, tout ce qui se rapproche du mélodrame lui était un supplice ». Chopin, parlant de Schubert, dit un jour à Liszt : « Le sublime est flétri lorsque le commun ou le trivial lui succède. »

(source : Wikipedia en citant Liszt).

« Quand Beethoven est obscur et paraît manquer d’unité, ce n’est pas une prétendue originalité un peu sauvage, dont on lui fait honneur, qui en est la cause ; c’est qu’il tourne le dos à des principes éternels ; Mozart jamais." (Chopin à Liszt qui écrivait dans une gazette musicale ).

(source : Wikipedia en citant Liszt).

Bon, des goûts et des couleurs  , cher Frédéric !!

Tu as raison, Anouchka. Chopin, un romantique raffiné, n'appréciait pas les émotions trop fortes. Il préférait la délicatesse et la retenue. Le style de Schubert lui semblait trop direct et dénué de nuances, et il le trouvait trop exigeant pour les pianistes.

Donc Chopin était un pignouf...

Non, je rigole. Il est simplement la preuve vivante de cet adage bien connu "qu'on ne peut pas plaire à tout le monde". Et ce n'est pas parce qu'on est soi même compositeur qu'on se doit d'apprécier tout ce que font les autres "collègues". C'est vrai de tout temps et pour tout art.

Chopin et Liszt étaient de grands amis semble-t-il. Pourtant, si Chopin n'appréciait ni Beethoven ni même le tendre Schubert, logiquement il ne devrait pas aimer la musique de Liszt non plus. Ses œuvres devraient aussi, pour lui, manquer de "délicatesse" et être triviales...

Et bien ce ne fut pas le cas... Je pense que leur amitié était si forte qu'ils se respectaient et s'admiraient mutuellement dans leurs compositions.... jusqu'à cette fameuse brouille à Nohant ...*
(source : lettres de George Sand).
Cela dit Chopin qui est mort à 39 ans , est loin d'avoir tout connu des compositions de son ami...!

* : Liszt et Marie d'Agoult un peu "en fuite"... ont passé quelque temps hébergés à Nohant , mais il y a eu quelques histoires...

Anouchka a écrit:

Cela dit Chopin qui est mort à 39 ans , est loin d'avoir tout connu des compositions de son ami...!

C'est pas faux non plus

"Cependant, ils se brouilleront bien vite pour des raisons d'ordre privé (Liszt utilise l'appartement de Chopin en l'absence de celui-ci pour ses rencontres amoureuses) et artistiques, la critique et le public voyant en eux les représentants de deux écoles antagonistes : Liszt celle de la virtuosité transcendantale, et Chopin, celle de « la plus exquise sensibilité ». Par la suite, à cette double rivalité se greffe celle de George Sand et de Marie d'Agoult." ( )
"La dette de Liszt vis-à-vis de Chopin est très claire. Dès 1830, ce dernier a en effet publié sa première série de douze études, adoptant tout de suite le style qui sera le sien jusqu'à la fin de ses jours. La formation de Liszt est beaucoup plus lente : il ne se trouvera vraiment lui-même qu'à la fin des années 1840, en écrivant des ouvrages chopinien : les deux ballades, les polonaises, la bénédiction de Dieu dans la solitude. Parallèlement à la musique, le trépas de son grand ami et partenaire de travail lui inspirera une succession de 17 articles à sa mémoire, qui par la suite, accoucheront d'un livre sobrement intitulé "Chopin par Liszt" de F. Liszt. Théophile Gautier a qualifié l'ouvrage de "remarquable sous le rapport du style et de la fantaisie".

Finalement c'est comme aujourd'hui et comme ça l'a été à toute époque. Jalousie, rivalité, etc... On s'en rend moins compte parce que tous ces gens sont déjà dans l'Histoire, mais on racontera le même genre d'anecdotes plus tard de nos contemporains actuels.

En même temps, je ne suis pas étonné. Pour avoir baigné dans les milieux artistiques (musique, peinture, etc...) il est vrai que la plupart des artistes sont exécrables en privé, avec un égo surdimensionné. Beaucoup de médisance et de jalousie aussi. C'est pour ça, à chaque fois qu'on présente tel ou tel catégorie comme "une grande famille", ça me fait bien marrer. La plupart ne peuvent pas se blairer en vrai.

Vous avez bien raison et rien ne changera jamais : C'est dans la nature humaine... si bien transcrite dans beaucoup d'opéras..
J'avais aussi quelques amis dans le milieu artistique et ils m'ont tous raconté des histoires semblables.
Il semblerait que le milieu des chanteurs et des danseurs soit plus touché que celui des musiciens...
Pour avoir connu des trucs comme ça vis-à-vis de moi dans mes chorales parce que j'ai souvent été choisie comme soliste soprano sur certaines oeuvres, je connais bien le problème (et d'ailleurs les chorales c'est fini depuis mars comme je le disais sur le fil ad hoc..).

Reconnaissons à Liszt "d'avoir fait amende honorable" après des querelles stupides. Quant à Chopin, il n'a jamais critiqué la musique de son ami , il se battait assez avec la tuberculose depuis Majorque et il a composé jusqu'au bout. Et revenant d'un dernier voyage en Angleterre en phase terminale... il est mort à Paris entouré d'amis** et je crois même que sa soeur était là (il lui avait promettre que son coeur serait "rapatrié" dans sa chère Pologne..).
39 ans..

** contrairement à ce pauvre Franz Liszt fourvoyé à Bayreuth et mort tout seul....

Jolie interprétation. Merci !