Opera Royal de Wallonie

Bel Canto a écrit:

Roméo et Juliette de Stravinsky (ballet)

Je suppose que tu voulais dire Prokofiev ?

joachim a écrit:

Bel Canto a écrit:

Roméo et Juliette de Stravinsky (ballet)

Je suppose que tu voulais dire Prokofiev ?

en effet !

Totalement séduite par Rusalka de Dvorak, hier soir à Liège.

Superbe opéra ;  mise en scène belle, limpide, touchante ; plateau de première qualité ; engagement total des interprètes ; magnifiques voix slaves, profondes, attachantes, si colorées === une des meilleures soirées pour moi, depuis un certain temps.

De prime abord, il faut "entrer" dans l'opéra : la langue, même très belle, n'est pas habituelle à nos oreilles mais on se laisse vite entraîner par une musique phénoménale, harmonieuse et remplie d'émotion.  Et quand le chant épouse cette musique en la sublimant, cela devient magique !  Il m'a fallu un peu de temps pour me laisser emporter mais au final, ce sont trois heures de bonheur que j'aurais voulu sans fin.  Je n'étais pas la seule : après un déferlement de notes en pleine puissance, l'opéra se termine par quelques notes d'une grande douceur et tout en apaisement.  Résultat, à part quelques timides applaudissements avant la dernière note, il y a eu ces quelques instants après que le rideau final soit tombé dans un silence incroyable, comme si le temps était suspendu à la dernière note, avant que le public éclate en bravos à n'en plus finir.  On ressent cela peu de fois mais qu'est-ce que c'est bon !!!

Idomeneo, Les contes d'Hoffmann, Rusalka, trois opéras avec une mise en scène simple mais efficace, très "visuelle" et un plateau talentueux ... une belle saison à Liège.  On oubliera vite les nièmes Barbier de Séville et Flûte enchantée très (trop ?) classiques et à l'interprétation moyenne, ce qui n'est jamais une bonne idée quand le public connaît l'oeuvre par coeur !

C'est cool car ce n'est pas un opéra qui est presenté souvent

Snoopy a écrit:

C'est cool car ce n'est pas un opéra qui est presenté souvent

Première fois à Liège.
Le livret indique que si l'oeuvre, à sa création (1901) a connu du succès en Europe, c'est hors francophonie.
Cela a été "oublié" pendant des décénies, à quelques exceptions près, pour revenir actuellement sur le devant de la scène.

Falstaff version Verdi, vendredi dernier à Liège.



L'article sur Forum Opera correspondant en tout point à mon opinion et suite aux commentaires que je viens de faire dans le topic réservé à l'opéra, je me bornerai à quelques réflexions plus personnelles.

Je n'ai vu que très peu de fois cet opéra sur scène - il n'est pas aussi "raccrocheur" que d'autres Verdi nettement plus connus !
La représentation dont je me souviens date de 2009, avec Ruggiero Raimondi dans le rôle-titre ; j'ai relu ma réflexion après représentation et je pense qu'il faut un certain temps d'écoutes d'opéras en tout genre avant de pouvoir vraiment apprécier celui-ci.
Par contre, je garde un souvenir impressionné d'une diffusion télévisée avec José Van Dam à la Monnaie de Bruxelles ; mais Van Dam, même dans Brahms, il arrivait à m'emmener dans son sillage !

A Liège, superbe mise en scène réaliste, poétique et parfois très grinçante de Jacopo Spieri.
Production dominée par un énormissime (à tout point de vue) Falstaff de Pietro Spagnoli : il "brûle" les planches, excellant dans tous les pans de son personnage et proposant un chant fabuleux.

Belle découverte : la Nannetta de Francesca Benitez, jeune soprano italienne.  Son chant est d'une légèreté inouïe et ses vocalises cristallines à souhait.

L'orchestre est très important et conduit hardiment par son chef maison, Gianpalo Bizanti, il a un peu couvert les voix au début mais l'équlibre s'est fait rapidement et l'ensemble était vraiment formidable !

Teaser de l'opéra.

Ballet "Roméo et Juliette" de Prokofiev

La dernière fois que l'Opéra a proposé ce ballet date de 1992 ; non sur la scène habituelle mais dans un Palais des Congrès (avec une scène assez grande donc).  J'en avais gardé un très bon souvenir, tout comme la version Béjart que j'avais vue à Bruxelles auparavant.
J'étais quand même un peu inquiète d'y emmener ma petite-nièce de 14 ans pratiquant la danse moderne ; elle a assez bien apprécié en fait, impressionnée par la salle mais aussi par l'imposante scénographie.

Direction musicale : Václav Zahradník
Chorégraphie : John Cranko
Décors, costumes et lumières : Jürgen Rose
Ballet de l'Opéra National de Prague
Orchestre de l'Opéra Royal de Wallonie-Liège



Chorégraphie et scénographie très classiques, mention spéciale pour les costumes.
Je redis ici ma méconnaissance de la danse mais il m'a malgré tout semblé que la danse n'était pas exécutée à la perfection : j'ai noté à plusieurs reprises des imprécisions et des discordances dans les mouvements d'ensemble.  Roméo (Paul Irmatov ) m'a aussi semblé en retrait tant dans la danse que dans l'interprétation ; les deux danseurs que j'ai beaucoup appréciés : Juliette (Alina Nanu) et Mercutio (Matěj Šust).
J'ai lu cette critique bien détaillée après mon commentaire et elle correspond assez bien à mon sentiment.



D'un point de vue musical, l'orchestre maison, renforcé par d'autres musiciens du Philarmonique de Liège,  a été dirigé de main de maître par le maestro Václav Zahradník.

Le mot du directeur :
Opera en fusion. À la source de ce projet, il y a les jeunes, leur enthousiasme, leur énergie, leurs talents et les regards qu’ils portent sur le monde. Et il y a l’opéra, univers artistique aux richesses inépuisables, patrimoine émotionnel, art vivant, vibrant, riche, varié et ouvert. Cette création collective, en construction, promet la fusion de ces deux mondes sur le grand thème des relations humaines. Puissance du mouvement, nappes de pensées, textes rythmés, voix qui s’élèvent et la musique qui sublime tout… les jeunes réinventent.
Le projet d’expression et de création L’Opéra en fusion invite plus de 80 jeunes à travailler et collaborer durant quinze mois pour créer un spectacle inspiré librement du répertoire lyrique.
Âgés de 14 à 26 ans et issus de neuf Maisons de jeunes dans trois provinces, ces jeunes pratiquent de nombreuses disciplines artistiques allant de la danse au théâtre en passant par la musique, le slam ou encore le rap. Encadrés de professionnels, ils seront amenés à se dépasser en s’essayant à de nouveaux modes d’expression, comme le chant lyrique. L’Opéra en fusion encourage la rencontre, la réflexion et l’appropriation et porte de nombreuses valeurs : bienveillance, émancipation, rigueur, confiance, respect… Un spectacle à découvrir absolument, pour s’émerveiller de ce que la jeunesse peut accomplir si on lui offre une scène !

D'après les couloirs, ce serait le retour régulier de la danse à Liège.

Ca a l'air sobre mais malgré tout juste ce qu'il faut

Je suppose que c’est en 1983, que je me suis rendu pour la première fois au Palais des Congrès de Liège avec ma mère pour voir Carmen de Bizet. Je crois que Jean-Claude Casadesus était le chef d'orchestre. J'en garde un excellent souvenir.
J’ai vu aussi la même production, mais sous un chapiteau ! Et il neigeait très fort.

En 1983 au Palais des Sports, c'était Aïda de Verdi ; Roméo et Juliette, c'était en 1992.
De mémoire, je dirais que c'était la dernière fois qu'on allait au Palais des Sports en septembre.
Il faudrait que je vérifie dans mes programmes, je les ai tous gardés depuis 1983.

Les spectacles sous chapiteau, appelé pompeusement "Palais Opéra" ont commencé en novembre 2009 jusqu'à juin 2012.
Le chapiteau avait été acheté à la Fenice de Venise qui l'utilisa pendant les travaux de réparation de la salle de spectacle, partiellement détruite par un incendie.
Ces représentations sous chapiteau ne m'ont pas laissé un souvenir impérissable !

La nouvelle saison est annoncée

Traviata - Verdi
Kat'ja Kabanova - Janacek
Giselle - Adam (ballet)
La Périchole - Offenbach
Tristan et Yseult - Wagner
Guillaume Tell - Rossini
Werther - Massenet
Don Pasquale - Donizetti
Les Noces de Figaro - Mozart

Beau programme - pas très simple pour les néophytes !
Je redoute "Tristan", je ne l'ai jamais vu mais ce n'est pas le plus abordables des Wagner.
Je me réjouis de revoir Guillaume Tell qui bénéficie d'une belle distribution.
Pas fan de "Werther" non plus ; j'aime bien Massenet mais pas particulièrement cet opéra.

En attendant, on termine la saison avec : Pélleas et Mélisande, Debussy - I Capuleti e I Montecchi, Bellini - Carmen, Bizet.

Bel Canto a écrit:

Giselle - Adam (ballet)
La Périchole - Offenbach

Je te conseille les deux sans hésiter!

Giselle est un magnifique ballet et la musique ne l'est pas moins. (On en parle Ici)

La Périchole est un des opéras les plus amusant d'Offenbach avec une musique très dynamique. En plus il est rarement programmé, donc autant sauter sur l'occasion. (On en parle Ici)

J'ai déjà vu plusieurs fois "Gisèle" à la télévision mais jamais sur scène ; j'adore la musique.
Au début que je fréquentais la maison d'opéra, le programme proposait opéras, opérettes et ballets mais au fil des ans, seul l'opéra est resté programmé. Le directeur a déclaré vouloir réintroduire un ballet par an dans le programme.

Je ne connais pas beaucoup "La Périchole" d'Offenbach, compositeur peu programmé à Liège.
Vu une fois sur scène, dans une MES totalement débile et une distribution guère meilleure ... une découverte donc !

Bel Canto a écrit:

J'ai déjà vu plusieurs fois "Gisèle" à la télévision mais jamais sur scène ; j'adore la musique.

Petit hors sujet rapide, je te conseille "La Filleule des fées" si tu as aimé Giselle, c'est du même acabit. On en parle ICI)

Snoopy a écrit:

Bel Canto a écrit:

J'ai déjà vu plusieurs fois "Gisèle" à la télévision mais jamais sur scène ; j'adore la musique.

Petit hors sujet rapide, je te conseille "La Filleule des fées" si tu as aimé Giselle, c'est du même acabit. On en parle ICI)

Merci

Pelléas et Mélisande – Debussy



Distribution

Direction musicale : Pierre Dumoussaud
Scénographie : Barbe & Doucet
Lumière : Guy Simard
Reprise de la mise en scène : Florence Bas

Pelléas : Lionel Lhote
Mélisande : Nina Minasyan
Golaud : Alexandre Duhamel
Arkel : Inho Jeong
Geneviève : Marion Lebègue
Yniold : Judith Fa
Médecin/berger : Roger Joakim

Il faut au préalable souligner la volonté du nouveau directeur de proposer des saisons plus variées que son prédécesseur qui nous a donné à voir et entendre énormément de bel canto italien.  J'aime beaucoup mais il y a d'autres répertoires aussi intéressants à retrouver ou découvrir.

La question était : est-ce que cette production allait être à la hauteur de la mise en scène de Sireuil en 2007 avec un fabuleux trio : Gillet/Lapointe/Barrard.
La réponse est : non, malheureusement ; même si cette version a de très beaux moments et une bonne distribution.
La raison ?  Les avis sont assez unanimes pour pointer la scénographie.  Certains relèvent le fait que cette production,  emportée par Stefano Pace, dans ces valises en provenance de Parma, n'a pas été dirigée directement par Barbe & Doucet … peut-être mais il me semble malgré tout que ce soit la conception même qui soit à incriminer.  Là où on devrait trouver symbolisme, onirisme, on a une gestuelle collant au plus près du texte, déjà très littéral, ce qui devient vite lassant.
J'ai reproduit dans le post consacré à l'opéra leur intention décrite par les scénographes, la conception est louable, la réalisation moins probante.
Le fait de faire se côtoyer les personnages sans interaction entre eux est aussi un parti pris ne favorisant pas l'échange de sentiments entre les protagonistes, toujours très éloignés les uns des autres.  Seuls Arkel et Geneviève semblent humains ; les décors favorisent bien le côté onirique de l'œuvre par contre.

https://www.youtube.com/shorts/x5Ebx35oIq4

Heureusement, côté distribution, c'était beaucoup mieux.
A souligner le Golaud d'Alexandre Duhamel, remplaçant au pied levé, Simon Keenlyside, malade après deux représentations.  Même si ce baryton est un familier du rôle, il n'est pas évident d'investir aussi  vite et bien une mise en scène non connue.  Avec un investissement formidable, le baryton propose un Golaud tourmenté, proche de la folie, avec une superbe voix !

https://www.youtube.com/watch?v=96K6ZOEPi1s


Lionel Lhote contacté pour le rôle de Golaud a proposé d'investir dans un premier temps le rôle de Pelléas.  J'ai lu qu'il était assez courant que ce personnage écrit pour un ténor soit distribué à un baryton-martin.  Côté chant, pas de problème, avec une diction impeccable, L Lhote propose un chant de toute beauté aussi bien dans les notes basses qu'aigues.  Par contre, je l'ai déjà connu plus à l'aise sur scène mais il est vrai que c'est plutôt le rôle de Golaud qui est travaillé quant aux sentiments contradictoires.  Finalement, je me demande si ce rôle ne lui conviendrait pas mieux quant à son tempérament.  Une prochaine fois peut-être … mais pas trop vite parce que c'est un opéra un peu difficile à "digérer" !
Prise de rôle également réussie pour Nina Minasyan dans le rôle de Mélisande.  Très belle voix, encore en devenir mais déjà bien établie avec de beaux aigus ; prononciation plus approximative mais sans que cela ne pose vraiment problème et très belle sensibilité.
Le reste du plateau est d'une très bonne tenue avec un gros bravo à Inho Jeong, jeune lauréat du dernier Reine Elisabeth de chant qui interprète Arkel avec beaucoup d'humanité, une voix grave qui ne fait pas défaut tout au long d'un rôle assez long malgré tout.
Pierre Dumoussaud, lauréat du 1er concours chef d'orchestre de l'ORW a dirigé avec beaucoup de fougue et de talent l'orchestre maison, rejoint pour la circonstance de musiciens extérieurs.  Belle direction mais couvrant par moment le plateau.



Dans l'ensemble une belle soirée mais un peu longuette malgré tout … je le disais déjà, il y a quelques années sur le fil de cet opéra : je n'écouterais certainement pas cet opéra au CD (et même pas au DVD, je crois).