Ross EDWARDS, né en 1943

Ross Edwards est un compositeur australien né le 23 décembre 1943 à Sydney. Après avoir terminé l'enseignement secondaire à la Sydney Grammar School, il reçut sa première éducation musicale au Sydney Conservatorium of Music. Puis, il compléta ses études en ce domaine à l'Université d'Adélaïde et obtint son doctorat en musique  à l'Université de Sydney. Ses professeurs furent Peter Sculthorpe pour lequel il travailla ensuite comme assistant, ainsi que Richard Meale, Sandor Veress, Sir Peter Maxwell Davies, avec lequel il étudia à Adélaïde puis de nouveau à Londres, au cours des années 1970. De retour en Australie, il occupa des postes d'enseignant à l'Université de Sydney et au Sydney Conservatorium avant de devenir un compositeur autonome en 1980. Parmi les nombreux prix qu'il décrocha, il fut récompensé de deux "Keating", bourses qu'il reçut au cours des années 1990 pour avoir joué un rôle crucial dans le développement d'une propre musique australienne, le plaçant sur les pas de son ancien professeur, le compositeur Peter Sculthorpe. Il vit à Sydney avec son épouse Helen et passe une majeure partie de son temps à oeuvrer dans son atelier aux Blue Mountains situés à l'est de la ville.

Il existe des compositeurs dont chaque oeuvre semble "habitée" et je pense que Ross Edwards est de cette trempe de créateur inspiré et singulier. Des oeuvres que je connais de lui, aucune ne m'a paru vide, vide de sens, vide de poésie, vide d'émotion ou d'expression. Qu'il s'agisse de sa première symphonie "Da Pacem Domine", de la quatrième "Star Chant" pour choeur et orchestre, du Concerto pour hautbois et orchestre,"Bird Spirit Dreaming", de son Concerto pour shakuhachi et orchestre "The Heart of Night", son "Clarinet concerto", le Concerto de violon "Maninyas" ou encore son Nocturne pour percussion solo et orchestre "Yarrageh". Je n'en rejette absolument aucune; c'est la musique du voyage, le voyage vers les étoiles: "Star Chant", voyage en apesanteur dans les tréfonds tourmentés de l'âme humaine: "Da Pacem Domine", voyage au coeur de la nuit: "The Heart of Night", voyage onirique parmi les esprits des oiseaux: "Bird Spirit Dreaming", etc...

Mes préférences vont à la première et quatrième symphonies ainsi qu'au concerto pour shakuhachi et orchestre.

Hier, j'ai réécouté trois concertos d'un compositeur australien très peu connu, du moins dans nos contrées; Bird Spirit Dreaming pour clarinette et orchestre par Diana Doherty, The Heart of Night pour shakuhachi et orchestre par Riley Lee et Concerto pour Clarinette et orchestre par David Thomas, les trois oeuvres interprétées par le "Melbourne Symphony Orchestra" sous la direction d'Arvo Volmer.. Les compositeurs australiens me déçoivent rarement si je me fie à tout ce que j'ai pu écouter jusqu'ici, nourrissant toutefois une préférence pour Peter Sculthorpe.  Il y a chez eux une dimension que je ne retrouve pas toujours ailleurs, peut-être chez des compositeurs japonais comme Toru Takemitsu, une conscience poétique et une admiration de la nature qui les entoure. Elle imprègne leur musique même s"il en ressort évidemment des styles différents. C'est exactement ce qu'il se passe avec les trois concertos de Ross Edwards, des portes ouvertes vers la nature ou sur des formes de la nature, sur des paysages inspirants qui se dessinent progressivement. Par exemple, Bird Spirit Dreaming débute par le soliste. Le hautbois s'exprime seul, dans un registre plutôt atonal. Peut-être imite-t-il un chant d'oiseau. C'est surtout ce moment-là qui m'évoque Toru Takemitsu, bien plus finalement que le concerto pour shakuhachi qui me ramène davantage aux ambiances gutturales que l'on peut trouver dans la musique de Peter Sculthorpe et le didgeridoo, ce curieux instrument hautement caractéristique de cette partie du monde qui ne ressemble à aucune autre. Comment un artiste habitant ces lieux pourrait-il ne pas être influencé par les diverses particularités de ses paysages et de ses créatures? Impossible! Ils ne peuvent que hanter l'esprit du peintre, du compositeur et du poète australiens. Si je garde une préférence pour The Heart of Night, les deux autres concertos me plaisent également beaucoup. Dans celui pour clarinette, ce sont surtout les parties les plus lentes et dénudées, bref les plus chambristes qui me touchent le plus et son final qui me plait le moins.

Ce matin, je me suis concentré sur la Symphonie n°4 - Star Chant pour choeur et orchestre de Ross Edwards. Ce fut une excellente idée. Elle me semble quasiment posséder le même éclat, la même force, que la troisième symphonie de Per Norgard également écrite pour choeur et orchestre et que je n'ai pas encore réécoutée. C'est pour bientôt. Je ne dis pas qu'elles brillent de la même façon ni qu'elles se ressemblent. Cependant, pour une raison qui ne m'est pas encore très claire, très définie, j'aime les associer par un même enthousiasme. Sans doute me fascinent-elles autant l'une que l'autre. La quatrième symphonie de Ross Edwards me transporte vers les hauteurs, c'est certain, presque exclusivement grâce à son fantastique premier mouvement. J'entends ce chant des étoiles car il brille de mille lumières et de mille couleurs. Il y a le choeur si magnifiquement représenté par le "Adelaide Chamber Singers" sous la direction de Carl Crossin & "Adelaide Philharmonia Chorus" sous la direction de Timothy Sexton, mais il y a surtout une texture orchestrale passionnante, une vaste palette de timbres qui se télescopent "harmonieusement" et si je prends la peine de mettre des guillemets, c'est qu'il y a une raison...truffé de subtiles dissonances, le mouvement "The Northern Sky" se transforme en un bouillonnement luminescent continu alors que les voix apportent une dimension mystique à l'ensemble. Le jeu du piano prend beaucoup d'importance à mon oreille pendant l'écoute. Il a une sonorité particulière qui me fait penser qu'il est peut-être désaccordé ou préparé. Le second mouvement "The Southern Sky" m'est moins céleste et donc plus terrestre, ce qui n'empêche pas qu'il me captive d'un bout à l'autre.

Catalogue des œuvres

Orchestre

Sonate pour orchestre de chambre (1967)
Etude pour orchestre (1969)
Village de montagne dans une clairière (1973)
Symphonie n° 1 "Da pacem Domine" (1992)
Veni Creator Spiritus, pour orchestre à cordes (1993)
Enyato I : Danse chorale et extatique pour orchestre à cordes (1993)
Enyato III : Danse chorale et extatique pour orchestre à cordes (1995)
Symphonie n° 2 "chant des esprits de la terre" (1997)
Danse du fantôme blanc (1999) revu en 2007
Lumière dansante pour orchestre à cordes (1999)
Emerald Crossing (1999)
Symphonie n° 3 "Mater Magna" (2000)
Symphonie n° 4 "Chant des étoiles" (2001)
Symphonie n° 5 "La Terre promise" (2005)
Elégies et Epiphanies (2010)


Concertos, œuvres avec soliste

Choros pour piano et orchestre (1971)
Concerto pour piano et orchestre (1982, revu en 2003)
Maninyas, concerto pour violon et orchestre (1988)
Yarrageh, nocturne pour percussions et orchestre (1989)
Arafura Dances, Concerto pour guitare et orchestre à cordes (1995)
Le Rêve de l'oiseau, concerto pour hautbois et orchestre (2002)
Le Cœur de la Nuit, pour shakuhachi et orchestre (2005)
Concerto pour clarinette et orchestre (2007)
Esprit de la terre, pour violon et orchestre (2010)
Danses de la Pleine Lune pour saxophone alto et orchestre (2011)
Cycle Grenouille et Etoile pour saxophone alto, percussions et orchestre (2015)


Musique de chambre

Quintette à vents (1965)
Sextuor pour flûte, clarinette, cor, harpe, alto et violoncelle (1966)
Quatuor à cordes n° 1 (1968)
Quatuor à cordes n° 2 (1969)
Quatuor à cordes n° 3 (1972)
Danse extatique n° 2 version alto et violoncelle (1978)
La Tour d'éloignement, pour clarinette et piano (1978)
Shadow D-Zone pour sextuor (1977)
Laikan, pour flûte, piano, 2 violons, alto et violoncelle (1979)
Danse extatique pour 2 flûtes (1980)
Maninya III pour quintette à vents (1985), revu en 2006 "Incantations"
Enyato IV, pour clarinette et percussion (1995)
Binyang, pour clarinette et percussion (1996)
Trio pour piano, violon, violoncelle (1998)
Enyato V pour piccolo, guitare, percussion, violon et violoncelle (2001)
Quatuor à cordes n° 1 "Sparks & Auras" (2006, revu 2009)
Quatuor à cordes n° 2 "Shekina Fantasy" (2008, revu 2010)
Quatuor à cordes n° 3 "Summer Dances" (2012)
La Lune qui rit, pour quintette à vents (2012)
Gallipoli, pour quatuor à cordes (2014)
Animismes, suite pour cinq instruments (2014)


Musique instrumentale

Monos I pour violoncelle (1970)
Monos II pour piano (1970)
Danses pour marimba (1982)
Enyato II pour alto (1994)
Chant de Radeau au lever du soleil, pour shakuhatchi (1995)
Caprices "Blackwattle" pour guitare (1998)
Encore des danses, pour marimba (2004)
La Harpe et la Lune, pour harpe (2008)
Voix de la Pluie, pour shakuhatchi et quatuor à cordes (2015)


Musique vocale

Quem Quaeritis, cantate pour 3 solistes, vents, harpe, percussions et orgue (1967)
AB Estatis Foribus, cycle choral (1979)
Danses Mantras pour chœur et percussion (1992)



Je suis tombé par hasard sur The heart of night (le cœur de la nuit), un poème symphonique pour shakuhachi et orchestre : Une œuvre mystérieuse, comme est mystérieux le son la nuit à la campagne ou dans une forêt, avec ses bruits indéfinissables, exprimés par le shakuhachi.



https://www.youtube.com/watch?v=WK2Bmd78JxE

Voici un contemporain intéressant, si j'en juge part The Heart of Night, ou bien par cette symphonie n° 1 "Da Pacem Domine" que je suis en train de découvrir. Un lent et calme mouvement qui peut définir cette Paix du Seigneur, relatif à son titre.



https://www.youtube.com/watch?v=6rT3E7IGGvk

Symphonie n° 2 "Chant des esprits sur la terre"



https://www.youtube.com/watch?v=yc98KTh6Lu4

J'entame mon troisième cycle motivé par une même condition: réunir dans une série d'écoutes six compositeurs dont je ne possède que trois albums: "6 Portraits X III; 3". Le premier d'entre eux, cette fois-ci, fut le compositeur australien Ross Edwards, un compositeur que j'apprécie beaucoup, au même titre que la plupart des compositeurs australiens, qu'ils composent d'ailleurs pour le concert ou pour l'image. Je suis donc très sensible à la musique orchestrale australienne, et pas seulement orchestrale d'ailleurs, de Percy Grainger à Carl Vine en passant par mon compositeur de chevet en Australie; Peter Sculthorpe. Parmi les oeuvres musicales qui me touchent suffisamment, il y a celles que j'aime bien, qui me sont plaisantes, voire divertissantes, il y a aussi celles qui me sont un peu plus que divertissantes et enfin celles qui me fascinent littéralement! C'est par exemple le cas de la première symphonie Da Pacem Domine, mon oeuvre préférée de Ross Edwards, qui joue sur moi un pouvoir d'envoûtement assez exceptionnel, tout en progression, à la fois inquiétante et mystérieuse, sombre mais s'attendrissant à certains endroits. Par son climat, sa lenteur, ses sonorités/orchestrations, elle m'évoque les passages symphoniques composés par Ennio Morricone sur The Thing de John Carpenter. Le film date de 1982 et la symphonie d'Edwards de 1991. Je ne prétendrai pas que Edwards s'est inspiré de la musique d'un film célèbre, mais l'approche musicale me semble très similaire, en tout cas elle me procure une émotion comparable. La Symphonie n4 "Star Chant", pour solistes, choeur et orchestre, est également très belle. Dans The Heart of Night, ce qui me surprend en priorité c'est l'emploi très feutré et délicat du shakuhachi (par Riley Lee) car mon oreille, jusqu'à la découverte de ce concerto, ne connaissais le shakuhachi que dans son registre le plus viscéral et tranchant, à la manière japonaise d'un Toru Takemitsu, ou alors dans une veine beaucoup plus extravertie et lyrique telle qu'on peut l'apprécier dans la bande originale du film Iceman, d'un autre compositeur australien, Bruce Smeaton dont j'aimerais aussi découvrir l'oeuvre symphonique hors cinéma. J'aime aussi ses concertos pour clarinette, violon, hautbois, un peu moins sans doute Yarrageh, un nocturne pour percussions solos et orchestre.