Nombre de messages : 99 Age : 61 Date d'inscription : 26/05/2011
Sujet: Scott ROSS (1951-1989) 2011-06-30, 15:09
Voici le portrait du célèbre claveciniste:
ROSS SCOTT (1951-1989) Surprendre, dérouter, brouiller avec une insigne malignité le reflet de son image dans le petit monde des baroqueux, tel est manifestement le secret et délectable plaisir d'un Scott Ross qui débarque dans le XVIIIe siècle musical avec les plus subversives intentions. Découvert avec la longue chevelure d'un Christ « baba-cool », il disparut, le cheveu ras, avec le blouson noir des mauvais garçons. Dans son jeu la même irrévérence, la même liberté d'allure, le même goût de bousculer les académismes naissants avec une réjouissante perversité. Scott Ross naît le ler juin 1951 à Pittsburgh (Pennsylvanie). C'est au piano qu'il s'intéresse d'abord, donnant à l'âge de cinq ans son premier récital. Mais, trés tôt, première tentative d'évasion sonore, il métamorphose avec des punaises l'instrument familial, rêvant de lui donner les couleurs du clavecin. Il a douze ans quand meurt son père et il s'établit alors en France avec sa mère. Au conservatoire de Nice (1965-1968), il s'inscrit dans la classe d'orgue de René Saorgin et dans celle de clavecin que dirige Huguette Grémy-Chauliac. Après avoir décroché son premier prix (1968), il entre au Conservatoire de Paris (1969-1971). Il travaille le clavecin avec Robert Veyron-Lacroix, la basse chiffrée avec Laurence Boulay, fréquente occasionnellement les cours d'orgue de Michel Chapuis et y pratique même la facture instrumentale du clavecin. En 1971, il remporte le premier prix au concours international de Bruges. L'année suivante, dans la classe qu'anime Kenneth Gilbert à Anvers, le Speciaal Hoger Diploma lui est décerné (1972). C'est le départ de sa carrière de concertiste et le début de son aventure discographique que ponctuent rapidement de nombreux coups d'éclat : une intégrale Rameau (1975), trente sonates de Scarlatti (1976), une intégrale Francois Couperin (1978). Parallèlement, il mène une intense activité professorale. Depuis 1973, il enseigne à 1'université Laval (Québec). Les académies de musique ancienne se l'arrachent : celle d'Occitanie (1974-1980), celle de Bourgogne à Semur-en-Auxois (1980). En collaboration avec Kenneth Gilbert, il édite les Pièces de clavecin de Jean Henri d'Anglebert et les œuvres complètes de Scarlatti. Sa discographie ne cesse de s'enrichir, à l'orgue (messes de Francois Couperin) et au clavecin, avec, notamment, le monument que constitue l'intégrale des sonates de Scarlatti, unanimement saluée par la critique européenne. La mort, qui le prend à Assas, près de Montpellier, le 14 juin 1989, ne lui aura pas laissé le temps d'étancher une curiosité toujours en éveil, ni d'achever l'exploration de la musique francaise des XVIIe et XVIIIe siècles, à qui il vouait un amour tout particulier. Témoins ses derniers enregistrements avec des œuvres d'Antonio Soler, de D'Anglebert, d'Antoine Forqueray, de Girolamo Frescobaldi, et un début d'intégrale de Bach. Insaisissable musicien – il est capable d'accompagner au piano John Elwes dans une soirée de lieder de Schubert –, Scott Ross réussit à marier rigueur et fantaisie, style et débraillé. Son approche du répertoire – voyez ses Bach, ses Haendel – est des plus rigoureuses qui soient, construite sur les travaux musicologiques les plus précis et nourrie en profondeur par toute la richesse de la pensée philosophique du XVIIIe siècle. Mais quelle invention, quelle liberté dans l'œuvre de Scarlatti, qu'il ressuscite littéralement ! Une phénoménale virtuosité qui sait dissimuler sous le charme et le naturel un goût très sûr sans lequel il n'est pas de Rameau ou de Couperin qui vaille, telles sont les évidentes qualités qui ont permis au musicien d'exprimer sa fine sensibilité dans le plus vaste répertoire. « Le caractère principal du clavecin ? La subtilité ! Mais il a été difficile aux oreilles habituées aux déferlements dynamiques du piano de retrouver cette délicatesse. » Subtilité, délicatesse : Scott Ross ne pouvait mieux brosser son autoportrait.
https://youtu.be/p3N0xFcxcac
santorino
Nombre de messages : 99 Age : 61 Date d'inscription : 26/05/2011
Sujet: scott ross 2011-06-30, 15:10
je cite mes sources: Pierre Breton, encyclopedia universalis
joachim Admin
Nombre de messages : 26879 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Re: Scott ROSS (1951-1989) 2011-06-30, 16:11
Dommage qu'il nous ait quittés si jeune ! Il a réalisé une intégrale des sonates de Scarlatti en 34 CD (je l'ai mais suis loin d'avoir tout écouté), il aurait pu nous faire une intégrale des sonates du padre Antonio Soler comme Van Asperen. Il avait un super doigté au clavecin.
santorino
Nombre de messages : 99 Age : 61 Date d'inscription : 26/05/2011
Sujet: scott ross 2011-06-30, 16:18
Je n'ai qu'un cd de Scott Ross, c'est le Récital de 1986 à St Guilhem-le-Désert: Jean-Philippe RAMEAU Suite en mi Premier concert
Johann Sebastian BACH Partita n° 4 en ré majeur, BWV 848
Domenico SCARLATTI Sonate K 215 Sonate K 492 Sonate K 27 (collections "les indispensable"s de Diapason) Ce cd est une merveille, chaque écoute est un enchantement!
Icare Admin
Nombre de messages : 17345 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: Scott ROSS (1951-1989) 2015-04-09, 13:21
"Que peuvent devenir ces pages (Les Variations Goldberg) si souvent visitées lorsqu'elles sont énoncées par un interprète d'un talent tel que celui de Scott Ross? Que peut apporter la conservation sur un disque d'un concert comme celui qu'il fit pour Radio-Canada en 1985? Yves Nat écrivait joliment dans ses Carnets qu'il fallait "s'oublier entièrement afin que l'oeuvre se resouvienne". N'est-ce pas là une belle définition de l'art de Scott Ross. Il a certes laissé une inimitable empreinte sur les oeuvres qu'il jouait. Mais cette empreinte était de celles qui laissaient la musique en liberté, de celles qui donnaient à cette musique le loisir et l'envie de sonner au premier jour. Voici donc les Variations Goldberg par Scott Ross, et par lui en concert de surcroît avec un micro qui sait rendre magiques les quelques frémissements de vie qu'un studio d'enregistrement a tôt fait de supprimer. Voici donc les Variations Goldberg par Scott Ross, afin qu'elles puissent ainsi se "resouvenir", et afin que nous, nous puissions nous "resouvenir" à jamais de ce que Scott Ross nous a dit." Olivier Baumont.
La réécoute des Variations Goldberg, ce matin, par Scott Ross m'a émerveillé.
Anouchka
Nombre de messages : 8219 Age : 63 Date d'inscription : 03/04/2014
Sujet: Re: Scott ROSS (1951-1989) 2015-04-10, 00:49
Il était éblouissant, et justement j'ai ses variations Goldberg. Mais un certain fougueux Pierre Hantaï, au clavecin évidemment, est venu en outsider récemment et j'ai adoré.. AUSSI.... !! Leonhardt a ouvert la voie, Christie et d'autres s'y sont engouffrés (je parle du clavecin). Mais il est certain à mon avis, que ces deux-là sont des "maîtres". Oui, Joachim, il nous a laissé des enregistrements admirables (j'ai quelques Scarlatti), comme il est mort jeune !! 38 ans, triste....
joachim Admin
Nombre de messages : 26879 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Re: Scott ROSS (1951-1989) 2015-07-24, 16:04
Ecoutez ce Fandango du padre Antonio Soler !
https://www.youtube.com/watch?v=9Vj1UPzlrTc
Anouchka
Nombre de messages : 8219 Age : 63 Date d'inscription : 03/04/2014
Sujet: Re: Scott ROSS (1951-1989) 2015-07-25, 01:02
Merci du cadeau !! J'écouterai cela demain matin.....
Anouchka
Nombre de messages : 8219 Age : 63 Date d'inscription : 03/04/2014
Sujet: Re: Scott ROSS (1951-1989) 2015-07-26, 01:16
Quelle merveille !! Encore merci Joachim. Extraordinaire Scott Ross, qui lorsqu'on le voit jouer, est encore "plus sublime". Son toucher est unique, et son doigté incroyable. Sa main gauche est encore plus habile que sa main droite, il l'utilise pour compléter le jeu de la main droite (et il pourrait s'en passer), pour donner plus de "fini" et de précision (remarquez comme il croise très souvent ses deux mains). Son clavecin est absolument incroyable, très beau, avec des peintures admirables. Je suppose qu'il s'agit d'un clavecin (non seulement d'époque, évidemment !), mais très très rare... J'ai beaucoup aimé le fond presque intimiste de la vidéo, comme chez lui, avec une cheminée, un joli bouquet de fleurs... Il nous accueillait ! Quant au Fandango en D minor R 146 du Padre Antonio Soler, c'est pétillant, virtuose, dansant, très joli ! Il faudra que je découvre un peu mieux les oeuvres du Padre en question qui me sont un peu... inconnues. Les Arts Flo (le grand Bill évidemment), ainsi que Rousset-Haïm and co..., sans compter nos clavecinistes dont un certain petit nouveau ... (vous voyez de qui je veux parler !!, avec une chevelure d'enfer !), devraient peut-être nous les remettre un peu au goût du jour.. ? Je ne les entends pas beaucoup, ces oeuvres.A + Joachim, bonne journée, MERCI
laudec
Nombre de messages : 5668 Age : 71 Date d'inscription : 25/02/2013
Sujet: Re: Scott ROSS (1951-1989) 2015-07-26, 08:53
Il m'a bien plu aussi ce fandango au clavecin par Scott Ross Belle surprise que cette œuvre, jamais entendu ce genre de musique au clavecin, merci Joachim