Girolamo ARRIGO, né en 1930

Girolamo Arrigo est né à Palerme en 1930. Compositeur très rarement édité, son oeuvre reste peu connue. Cependant, la seule composition que je connais de lui est sa SERENATA PER ANDROMEDA pour clarinette, piano et ensemble de cordes. Cette musique est merveilleuse, d'une belle intensité.

<<Dans sa ville natale, à Palerme, il étudie le cor, puis la composition avec Turi Belfiore. Il vient travailler à Paris avec  Max Deutsch (1954/58) et retient l'attention des auditeurs grâce à son TRIO A CORDES. TRE OCCASIONI obtient le prix de la Biennale de Paris en 1965. Plusieurs autres de ses oeuvres seront jouées en France; à Paris, THUMOS; à Avignon, L'opéra ORDEN ( sur un livret de Pierre Bourgeade 1969); à Paris encore, son second opéra ADDIO GARIBALDI (1972). Ces derniers titres, auxquels il faut ajouter CANTATE POUR URBINEK (1969) ou encore SOLARIUM pour orchestre (1976) cernent un paysage et une angoisse qui sont caractéristiques de l'approche artistique de Girolamo Arrigo. Comme plusieurs compositeurs italiens ( ses aînés Luigi Nono et Dallapiccola), Arrigo est obsédé par la liberté, dont il fait chanter la voix en prenant appui sur des textes beaux et denses.

Son opéra ADDIO GARIBALDI est tout empli de Verdi, autre amoureux de la liberté. Une couleur italienne est d'ailleurs toujours perceptible, dominante dans son oeuvre. Son style vocal est souvent proche de celui des madrigalistes, et pour ses EPIGRAMMES, pour ses 3 MADRIGAUX, il utilise des versets de Michel-Ange. Des poètes modernes tels que Montale l'intéressent aussi. Des "sons cris", des "sons lamentos", apparaissent dans des oeuvres vocales comme EPISODI (monodrame sur des textes de poètes grecs anciens, 1963). Une prédilection pour les combinaisons instrumentales peu habituelles, s'exprime dans sa CANTATE POUR URBINEK (6 joueurs d'harmonica) et ADDIO GARIBALDI (24 flûtes à bec). Ces deux dernières oeuvres, avec l'opéra ORDEN, sont sans doute les plus originales, par leur thème comme par le témoignage de l'artiste qui regarde son temps, le vit, le retransmet. Actuellement directeur du Teatro Massimo de Palerme, Girolamo Arrigo demeure un passionné, farouchement indépendant et même solitaire. "Je suis musicien" dit-il: "Par ma condition...je n'ai qu'une possibilité: écrire de la musique.">>

L'instant musical:

https://www.youtube.com/watch?v=3nBSAskb2J0


Informations complémentaires:

Ses premières œuvres importantes - telles que le Trio à cordes (1958-9), Quarta occasione (1960) et Fluxus (1961) - révèlent l'influence des œuvres de Pierre Boulez de la fin des années 1950. Le point de vue de Girolamo Arrigo sur la composition a considérablement changé à partir de 1969, comme le démontre son œuvre théâtrale Orden (1969); cette composition montre l'acceptation totale d'Arrigo de la théorie sur la musique socialement engagée avec sa critique agressive du fascisme espagnol. Plusieurs de ses œuvres depuis - illustrées par la Cantata Hurbinek, Ciascuno salutò nell'aktro la vita et Addio Garibaldi - ont montré ce même engagement avec des questions sociopolitiques plus larges à travers des contextes musico-dramatiques agissant comme ce qu'Annibaldi décrit: "une participation créative à les problèmes de la nouvelle musique".

Impressions personnelles:

Girolamo Arrigo est de ces compositeurs très rares dont il est difficile de trouver quelque-chose à se mettre sous la dent ou plutôt dans l'oreille. Je ne connais que la Serenata per Andromeda (1987) pour clarinette, piano, alto et cordes, par Augusto Vismara, alto; Ciro Scarponi, clarinette; Velia de Vita, piano, et le "Gruppo strumentale: Musica d'oggi" sous la direction de Karl Martin. L'oeuvre semble naviguer entre tonalité et atonalité, ce qui lui confère un lyrisme fortement tourmenté mais malgré tout assez expressif. J'y ressens presque constamment une sorte d'errance, surtout émise par la clarinette et le piano - ce sont les deux instruments que j'apprécie le plus dans cette sérénade, j'aime vraiment bien le jeu du piano, c'est même lui qui apportera la note finale. J'aime aussi comment la musique évolue, quittant ce sentiment d'errance que je traduirais volontiers comme l'expression d'un romantisme cérébral, pour davantage d'intensité, prenant une tournure encore plus passionnée et dramatique. Durant ses 24/25 minutes, elle ne perd jamais en intérêt à mon oreille, son récit généreusement tourmenté, sinueux, troublés de ses remous pianistiques et de cordes sous tension, me tenant en haleine jusqu'à la note finale. J'aime suffisamment cette composition de Girolamo Arrigo pour avoir envie d'en découvrir davantage chez ce compositeur. D'après mes sources, il existe un album de son oeuvre pour piano par Jean-Louis Steuerman paru en 1995 - j'avais vu à l'époque le disque dans plusieurs bacs de disquaires -, puis un autre album (1991) contenant Madrigali su Michelangelo par l'"Ensemble Vocal A Capella" sous la direction de Michel Tranchant. Mais il faut dire qu'à cette époque, les années 1990, je ne courrais pas trop après les albums de piano seul ni ceux pour choeurs à cappella, surtout si le compositeur m'était encore pratiquement inconnu.