Pourquoi aimons nous (ou pas) la musique baroque?

Pour GentilGéant : Excuse-moi de t'avoir appelé PetitGéant dans mon dernier message nocturne, la fatigue !
(j'ai ré-édité).

C'est très intéressant tous ce points de vue différents sur le baroque. Alors, à moi d'en rajouter (modestement) une couche. Le baroque est un concept très général qui tente de regrouper des choses très différentes. Je crois que le terme baroque a pris tout son sens dans les années 70 lorsque les "baroqueux" ont tenté de s'imposer. C'était un peu (pardon pour la comparaison osée) comme un mouvement antispéciste. Rappelons qu'il s'agissait, ni plus ni moins, que de réhabiliter une certaine retenue dans l'interprétation de la musique ancienne. On se souvient des délires de Leopold Stokowski, de Karajan et de bien d'autres où une bonne pâte orchestrale bien épaisse remplaçait systématiquement des formations de taille plus modeste. Le problème est que ça devenait très militant. Et, vouloir jouer sur des instruments anciens imposait un savoir-faire visiblement "en devenir" dans les années 70/80. Lorsque les musiciens ont très bien maîtrisé les instruments anciens, j'ai commencé à m'intéresser à ce mouvement.
Mais, comme je m'intéresse essentiellement au répertoire contemporain, j'écoute avec plaisir du baroque, mais de manière limitée. Bach en tête, évidemment. Et surtout, un goût immodéré pour le clavecin, que l'on remplace trop souvent par le piano pour mon goût personnel. L'exemple typique est celui des Variations Goldberg.
Ce n'est qu'un point de vue parmi d'autres...

Merci pour ce témoignage, que je ne partage que partiellement, c'est normal.
Déjà, je préfère le piano et le piano-forte au clavecin, voilà. Mais, je regarde bien des concerts baroques avec clavecin, et bien sûr quand les clavecinistes des années 80 connus (Hantaï, Christie, Rousset, Leonhardt, Scott etc....), ont émergé, cela m'a beaucoup plu. Comme je l'ai expliqué, mes parents m'avaient surtout initiée au classique (sauf Bach le baroque, tiens !) et au romantique, et puis je me suis débrouillée pour faire mes découvertes seule.
En particulier, je le redis de nouveau, grâce au luth et au théorbe dont l'un de mes grands amis (et collègue de boulot), jouait en concert à Montpellier.
Comme toi, donc à part cette exception sur le clavecin (que je juge un peu strident à l'oreille), j'aime les instruments d'époque. D'où mon goût pour de nombreux ensembles qui les utilisent (ou, vu la rareté et les prix, les ont fait "refaire" à l'identique, ce qui est un sacré boulot spécialisé -j'avais vu un très beau reportage sur Classica ou Mezzo là-dessus-). Je ne vous raconte pas le prix !!!
Quant à Bach, et re-Bach, et re-re-re Bach, cher ami et aussi pour Haquel, il n'y a pas que lui...................
Parfois, je me prive de lui une bonne quinzaine de jours pour aller muser chez d'autres que je connais peu ou beaucoup moins bien !!

C'est très intéressant tous ces échanges sur le baroque :)

Pour ma part, je connais assez mal, car ce n'est pas la musique que je préfère, donc ce que je vais en dire n'a rien d'une critique de connaisseur, et donc à prendre en tant que telle :

Du baroque, jusqu'à il y a peu, je ne connaissais que Bach et Vivaldi, car compositeurs de nombreux tubes qui m'ont plu à une époque.

Puis quand je me suis intéressé à la flûte à bec (celle du baroque justement, pas le flutiot scolaire ) pour l'instrument en lui même, je me suis mis à en écouter beaucoup, Telemann et Haendel principalement, qui ont pas mal composé pour la flûte à bec, mais également en approfondissant Vivaldi.

Ce qu'il en ressort est que j'adore écouter cet instrument, que l'écriture musicale propre au baroque me plaît beaucoup dans l'écoute de l'instrument, mais que rapidement, je trouve un côté répétitif et j'ai l'impression d'écouter toujours la même chose du fait que ça me donne l'impression de très peu respirer, comme si ces compositeurs ne mettaient jamais de pause, de soupir, ou autre.

Ce n'est bien entendu que ce qu'il ressort de mes écoutes qui sont ce qu'elles sont, et pas nécessairement une vérité

La_pendule a écrit:

j'ai l'impression d'écouter toujours la même chose du fait que ça me donne l'impression de très peu respirer, comme si ces compositeurs ne mettaient jamais de pause, de soupir, ou autre.

Eh bien je trouve que tu n'as pas complètement tort ! (à mon très humble avis..)...
Je m'en expliquerai demain car il est super tard ...

J'en parlerai plus en détails plus tard, mais ce qui me vient à l'esprit, c'est que j'ai toujours trouvé les tempi de la musique baroque trop rapides. (A cause des partitions "stricto sensu" , ou des chefs ?).
Peut-être musicalement, c'est à cause du côté "gai" de la mode Vivaldi and co.., que tout est furieusement rapide. Je suis d'accord avec toi, on pourrait vraiment baisser le tempo à 90 par exemple, pour les pauvres flûtistes (et autres).
Même chose pour les choristes..
Je n'ai jamais aimé ces tempi (ou tempos, comme tu veux), trop rapides. D'ailleurs pour l'auditeur on y perd un peu de la douceur de la mélodie..., un rythme trop accéléré n'apporte rien !!
Bien sûr, avec la musique sacrée, ce n'est pas du tout la même chose (ça se calme un peu   ) Encore que faire chanter les choristes trop vite pour qu'ils alignent leurs 5 mesures sans respirer dans , par exemple, le "Gloria" de Vivaldi, me semble une erreur.
Il vaut mieux apprendre aux choristes à se passer vocalement le relais pour enchaîner toute une longue phrase, en respirant discrètement (pas simple d'ailleurs). (Sujet dont j'ai parlé avec mes précédents chefs et on était bien d'accord). Perso j'étais souvent soliste (ou la soprano émergeante du pupitre), eh bien il fallait que je tienne le souffle sans respirer sur parfois 6 mesures... (entraînement obligatoire !!).
Certains parmi nos maestros d'ensembles baroques actuels, me semblent plus à l'écoute de leurs choeurs et instruments sur ce plan, que d'autres. Hervé Niquet (Le Concert Spirituel), c'est enjoué, enlevé, mais toujours trop rapide, on a l'impression qu'il veut "expédier"... Idem mon ressenti pour Emmanuelle Haïm (désormais maestro à l'Opéra de Lille). Je préfère de loin le travail sur ce plan, d'un Jordi Savall, par exemple.
Bon, avis tout personnel !!  

Juste comme ça, "Les Quatre Saisons de Vivaldi".
Comme tout le monde, j'en entendu des tonnes de versions, interprétées très différemment.
Il y a des versions "illico presto" qui sont lamentables.........!
(ça ne veut pas dire qu'il faille traîner la patte !).

Je suis tout à fait d'accord avec toi Anouchka en ce qui concerne les tempi, et je dirais même que cela concerne les œuvres jusqu'au début XXe. La technique instrumentale s'étant amélioré, on peut jouer plus rapidement les œuvres précédentes. D'ailleurs les musiciens d'aujourd'hui respecte stricto sensu les rythmes écrits. Or il semblerait que cela était plus libre qu'aujourd'hui. Je rajouterais que souvent les musiciens ou chefs n'ont pas une bonne analyse d'une oeuvre : placement et interprétation d'une demi-cadence, cadence parfaite, les retards (époque baroque en crescendo et résolution en decrescendo), etc... L'interprétation d'une oeuvre baroque est vraiment différente d'aujourd'hui, il y a de vrai traité pour cela.

Disgression : j'ai pu écouté le Boléro de Ravel, dirigé par lui-même, par les concerts Colonne... Faut s'accrocher au siège en ce qui concerne la technique instrumentale (difficulté) et rythmique (rythmez saccadés)


Même du Mozart ou du Beethoven sont interprétés plus rapidement qu'au début XXe.

Haquel a écrit:

Même du Mozart ou du Beethoven sont interprétés plus rapidement qu'au début XXe

.

C'est absolument exact à mon avis, et inutile sur bien des oeuvres ! (On en reparlera peut-être sur un autre fil).
Souvent dommage. J'aime qu'enfin certains de nos maestros actuels l'aient peut-être compris.

Je te laisse car j'écoute une version formidable du Requiem de Verdi sur Mezzo Live !