Vous arrive-t-il d'être emporté(e)?

... pas dans le sens d'énervement, mais d'être transporté, radicalement, enlevé, par un morceau au point où vous avez envie de diriger l'orchestre (faire mine) quoiqu'il y ait autour de vous? Y a-t-il des pièces musicales qui vous font cet effet-là? Pour lesquels vous ne pouvez pas et n'avez pas envie de résister à ce plaisir de vous laisser aller? Bon sang, que c'est agréable cette sensation!

Quelques pièces qui "m'emportent":
- L'ouverture de Guillaume Tell (c'est ce que j'ai écouté ce matin, et qui m'a donné envie de ce sujet)
- La 9e symphonie de Beethoven (complète)
- Le concerto pour violon de Brahms ...
et il y en a tant...

Par le mouvement lent du concerto 77 pour violon de Brahms.

Tous les grands choeurs de Verdi !
> si je suis dans mon salon, c'est avec grands gestes, sous l'oeil placide de Bouba et de Jo qui ont fini par s'habituer
> si je suis à l'opéra, discrètement depuis mon fauteuil heureusement séparé du reste du public par Papagena, elle aussi habituée

En n° 1, et ce depuis mon enfance, c'est la 9ème symphonie de Beethoven.

J'ai écouté hier la Trauermusik de Mozart (K 477), et me fait vibrer en particulier au moment du tutti vers la fin.

Je me suis alors "auto-analysé" et j'ai la chair de poule, souvent, à la fin d'un crescendo comme dans les Préludes de Liszt, le Boléro de Ravel, le 3ème mouvement de la Pathétique de Tchaïkovski, l'arrivée des trombones dans l'ouverture de Tannhauser de Wagner...

Dans un tout autre domaine, les mouvements lents me font souvent rêver, comme dans l'Octuor de Schubert, bien des andante/adagio des concertos de Mozart pour piano, celui pour clarinette, de la symphonie concertante, la cavatine du quatuor à cordes opus 130 de Beethoven.

Il m'arrive effectivement, assez fréquemment je dois préciser, d'être emporté par une oeuvre musicale ou du moins par un passage en particulier, au point de m'improviser pianiste imaginaire sur un concerto pour piano, mes mains pianotant le vide, violoncelliste sur une pièce pour violoncelle et orchestre, étreignant et sciant un corps invisible, ou tout simplement chef d'orchestre - c'est le plus fréquent - sur une symphonie, etc...Pour ma part, je vais tenter de concentrer mes réponses, mes témoignages, sur cette partie du thème soulevé par steph-w: "Est-ce qu'il existe des musiques ou des moments musicaux dont la musicalité est si forte qu'elle vous rend "musiciens" pendant l'écoute?" Parce qu'il existe déjà un fil de discussions sur les les "points culminants", les "moments magiques", pendant lesquels le temps semble s'arrêter, etc...ceux qui véhiculent en nous l'Emotion avec un E majuscule... Donc, pour singulariser ce fil, je vais tenter - option que je n'impose à personne - d'évoquer ici des oeuvres qui me rendent "musicien" pendant l'écoute....Un exemple tout récent s'est justement produit avec le Concerto pour piano et violon en ré majeur de Felix Mendelssohn. A un moment donné, je fus tellement happé par le jeu extrêmement fluide et ludique du pianiste que mes doigts s'étaient subitement mis à pianoter l'air. Il ne faudrait surtout pas en déduire que je reproduis ces grossières imitations pianistiques à chaque fois que j'écoute un concerto pour piano, même parmi ceux qui me fascinent: En général, je ressens de très fortes émotions en restant stoïque, des émotions qui peuvent être malgré tout aussi fortes que celles que je vis avec le double concerto de Mendelssohn qui a cette particularité ludique de me transformer brièvement en pianiste imaginaire.

D'autres exemples suivront...

Les trombones de Tanhauser !!!!!!!

Un air interprété au cor des Alpes... Alors là !!!

Bel Canto a écrit:

> si je suis dans mon salon, c'est avec grands gestes, ...> si je suis à l'opéra, discrètement ...

joachim a écrit:

Je me suis alors "auto-analysé" et j'ai la chair de poule, ..

Icare a écrit:

... au point de m'improviser pianiste imaginaire sur un concerto pour piano, mes mains pianotant le vide,

laudec a écrit:

... des musiques où j'exulte, je ris ou je pleure, je vibre, j'ai l'impression de m'envoler ...

Daisybraille a écrit:

... Alors là !!!

C'est exactement tout cela: on ne tient plus, on se lève fait des gestes...

Merci pour vos réactions, qui me rassurent, ...

Les webradios qui diffusent de la musique folklorique : je me sens en communion avec une famille qui prend son 'tit dej qui en Russie, qui en Autriche, qui en Hongrie ou quelque part en ex-Yougoslavie. J'ai cependant lâché l'habitude d'allumer l'ordi à 5 heures du matin afin d'admirer ce paysage sonore avant de me lever une heure plus tard... Mais là, je jouis, je profite, j'imagine...

Pour ma part, je rentre en moi-même et me retrouve tout seul avec la musique, à laquelle je m'identifie petit à petit, jusqu'à ne plus faire qu'un avec elle. Mais aucune gestuelle particulière, aucune manifestation extérieure. En général, c'est avec de la musique de chambre que cela m'arrive, ou des pièces pour piano seul – ou violoncelle.

S'il faut donner quelques œuvres sur lesquelles ça m'est arrivé, je dirai que celles auxquelles je suis fidèle depuis plus de cinquante ans sont rares :
- Fauré, quatuor avec piano n°1, trio, quintette avec piano n°2.
- Mozart, trio K542, quintette pour clarinette, et autres.
- Bach, clavier bien tempéré.
- Haydn, quelques trios.
- Schumann, quintette avec piano.
- Franck, quintette avec piano
- Debussy, sonate pour flute, alto et harpe,
et quelques autres, que je n'ai pas en tête en ce moment.

steph-w a écrit:

... pas dans le sens d'énervement, mais d'être transporté, radicalement, enlevé, par un morceau au point où vous avez envie de diriger l'orchestre (faire mine) quoiqu'il y ait autour de vous?    Y a-t-il des pièces musicales qui vous font cet effet-là? Pour lesquels vous ne pouvez pas et n'avez pas envie de résister à ce plaisir de vous laisser aller?  Bon sang, que c'est agréable cette sensation!

A chaque fois que j'écoute les concertos pour piano de Beethoven et en particulier le 5ème. Même si j'ai pas de piano devant moi je ne peux pas m'empêcher de "gesticuler" et de "jouer" virtuellement sur la table. Quand ma femme rentre dans la pièce elle doit se dire que je suis taré

Sinon, idem avec ses symphonies dont j'ai toutes les partitions. J'aime bien les écouter tout en suivant la partition et jouer au chef d'orchestre en pantoufles avec comme seul public mon chat

Non, non pas la camisole, vous aviez promis!

ps. Pour l'orgue c'est différent, je suis très frusté quand j'écoute de l'orgue et que je ne peux pas en jouer après. Donc je privilégie les pièces pour orgues qui me mettent plutôt dans un état "méditatif" quand je sais que je n'ai que la possibilité de l'écoute.

j'avais rater le sujet quand Steph l'a proposé! ...car j'aurais probablement répondu

çà m'arrive très souvent et pour tellement d'oeuvres!....et même quelques fois par des découvertes que j'entends pour la première fois.

Ce matin, en rangeant mon linge, j'ai écouté Radio Tell, de la musique folklo suisse... J'étais transportée dans les belles prairies avec, en arrière)fond, les montagnes capuchonnées de neige. Et cet après-midi, en préparant mes bagages pour le départ de vendredi, j'écoutais des fados portugais. J'étais à Lisbonne, Al Fama, devant un excellent porto (à votre santé, mes amis), et les larmes portugaises salaient mes joues... Ce petit voyage grâce au site Ecoutez radio en ligne, qui donne accès à toutes les webradios de la planète... ou presque ! Pas les USA ni le Canada.)

C'est vrai qu'on voyage indirectement aussi avec la musique quand on y pense

Particulièrement avec Franz Liszt !

Waou, ca me rassure !! Moi aussi ca m'arrive et pas qu'un peu J'en arrive parfois à danser plus que gesticuler, je tourne en rond comme si je dansais une valse avec un fantôme et je ris toute seule de bonheur si la musique est fort joyeuse, ou épique, héroïque, triomphante... Je n'arrive pas à tenir en place.

Mais ce ne marche qu'avec des musiques particulièrement joyeuses. Pour les musiques calmes ou tristes, je me plonge complètement dans l'ambiance et deviens très calme, voir très triste aussi, je deviens la marionnette de la musique, comme si j'incarnais un personnage.

Pianoline a écrit:

..., je deviens la marionnette de la musique, ...

Comme c'est joli cette métaphore, on ne saurait dire mieux!