La musique qui vous emporte (à tous les coups)

Pas celle qui vous met en colère mais celle qui vous emporte vraiment au point de siffler, de battre du pied, de déranger votre voisin, de vouloir la faire partager à tout le monde? Bref, celle qui vous met dans un état second (un peu comme quand je viens sur ce forum ).

C'est une musique religieuse? orchestrale? Un duo? un trio? Un instrument seul? etc...

Pour ma part et sans grande surprise pour ceux qui me connaissent, c'est le 5ème concerto pour piano de Beethoven. Toujours en extase quand je l'écoute. C'est l'orgasme musical à chaque fois. Et vous?

Deux de mes morceaux préférés ... quand je cuisine, j'aime bien mettre ce genre d'opéras, cela me donne de l'énergie ! En général, je m’époumone en touillant dans mes casseroles !

Tu as inventé un nouveau concept alors "cuisine-opéra"

et quand je cuisine avec Papagena nous faisons cela en duo ... à faire fuir tous les chats du village mais nous cela nous plaît bien !

Bel Canto a écrit:

et quand je cuisine avec Papagena nous faisons cela en duo ... à faire fuir tous les chats du village mais nous cela nous plaît bien !

Pauvres matous ! Mais au moins, Bel Canto, tu sais quand même chanter. Pas moi. Rien ne sort de mes cordes vocales...

Pour répondre à Snoopy, pour moi c'est d'abord et toujours depuis mon adolescence, la Neuvième de Beethoven, en particulier le Scherzo puis bien sûr le quatrième mouvement avec l'Ode à la Joie.

Puis le troisième mouvement de la Pathétique de Tchaïkovski, cette sorte de marche implacable qui s'impose de plus en plus fort.

Dans le même ordre d'idées, le Boléro de Ravel qui me laisse en transes à la fin.

Aussi les Préludes de Liszt (surtout la fin), le premier mouvement du premier concerto de Chopin (ce combat - ou dialogue - entre le piano et l'orchestre), le début surtout du Requiem de Mozart et la dernière scène de Don Giovanni, la symphonie Lenore de Joachim Raff....

Vous remarquerez, rien en baroque, rien en contemporain ne me laisse en transes

joachim a écrit:

Vous remarquerez, rien en baroque, rien en contemporain ne me laisse en transes

surprenant !!!

"L'ode à la joie" de la 9ème m'émeut toujours énormément aussi ...

joachim a écrit:

Pour répondre à Snoopy, pour moi c'est d'abord et toujours depuis mon adolescence, la Neuvième de Beethoven, en particulier le Scherzo puis bien sûr le quatrième mouvement avec l'Ode à la Joie.

En ce qui te concerne, cher ami, je connaissais déjà la réponse

Snoopy a écrit:

1)Pas celle qui vous met en colère

2)mais celle qui vous emporte vraiment au point de siffler, de battre du pied, de déranger votre voisin, de vouloir la faire partager à tout le monde? Bref, celle qui vous met dans un état second (un peu comme quand je viens sur ce forum ).

3)C'est une musique religieuse? orchestrale? Un duo? un trio? Un instrument seul? etc...

4)Pour ma part et sans grande surprise pour ceux qui me connaissent, c'est le 5ème concerto pour piano de Beethoven. Toujours en extase quand je l'écoute. C'est l'orgasme musical à chaque fois. Et vous?

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1) Aucune musique ne peut me mettre en colère de toute façon, m'irriter à la rigueur (certaines oeuvres sérielles, un symphonique pompier et prévisible... ). En général, les musiques qui ne me correspondent pas vont m'ennuyer, mais c'est tout.

2) Il existe, en tout cas pour moi, au moins deux manières d'être "transcendé" par la musique: intellectuellement et physiquement, c'est-à-dire celle qui est davantage orgasmique et procure une transe surtout cérébrale, immatérielle, et celle qui est plus physique, donc plus matérielle, qui va me faire taper du pied, siffler, danser de tout mon être....

L'"orgasmique", celle qui va m'emporter de façon plus cérébrale vers le recueillement: Le Requiem Allemand de Brahms, L'Art de la Fugue et la Cantate BWV 21 de J. S. Bach, Le Requiem et la Sinfonie de Edison Denisov, Marco Polo et la Cantate Vuoto d'Anima Piena d'Ennio Morricone pour ne citer que ces titres.

Celles qui me font transpirer de tout mon corps et que je ressens surtout physiquement: Le Concerto pour 4 violons de Vivaldi et la plupart des Concertos de Bach, Mission Impossible et La Gillespiana de Lalo Schifrin, le Concerto Grosso n°1 d'Alfred Schnittke, Tre Colonne in Cronaca et Icaro secondo d'Ennio Morricone, Canto General de Theodorakis, le Scherzo de la septième symphonie de Beethoven et beaucoup d'autres!

3) L'orgasme musical, qu'il soit surtout physique ou plutôt cérébral, peut provenir tout autant d'une oeuvre religieuse, symphonique, concertante, que d'un quintette, un quatuor (à cordes), un trio, un duo, voire d'une oeuvre pour un seul instrument; disons que ce sera plus probable si l'instrument est un piano, un clavecin ou encore un violoncelle, comme il peut provenir du jazz, de la musique de film ou de la musique du monde et quelques fois (mais c'est plus rare) d'un certain rock. J'ajouterai comme précision que les deux domaines qui me procurent le plus souvent ce type de transcendance est A) Le Classique, plus particulièrement les périodes Moderne/ Contemporaine et Baroque, même si je pourrais aussi citer des exemples de très forte émotion dans les périodes Classique/Romantique par les Mozart, Beethoven, Brahms et Schubert en priorité, puis B) La Musique de Film grâce à des compositeurs tels que Morricone, Schifrin, Takemitsu., Coulais...

4) Choisir une oeuvre que je placerais tout au-dessus de la pyramide m'est impossible. Toutefois, l'oeuvre idéale serait celle qui combinerait chez moi l'orgasme physique et l'orgasme cérébral en un tout d'une grande intensité émotionnelle. La première qui me vient à l'esprit est La Passion selon Saint-Jean de Bach. Je pourrais également citer plusieurs thèmes de B.O. de Morricone. Une autre oeuvre qui correspond tout-à-fait à cette combinaison magique est le Sacre du Printemps de Stravinsky.

Conclusion: La passion selon Saint-Jean et Le Sacre du Printemps, voilà qui en étonnera peut-être certains.

Ah les goûts et les couleurs...

Le Sacre du Printemps, nan mais franchement... Faut avoir abusé de produits illicites pour pouvoir l'écouter

Oui, Le Sacre et j'insiste bien sur ce chef d'oeuvre!

Ah, cette mer**?

Pourquoi pas?

Excuse-moi, celui qui me dit que le sacre est une M++++, c'est dans les esgourdes qu'il en a.

Esgourde
(nom féminin)
{familier} Terme signifiant oreille

C'était la minute Maître Capello

Tu ne connaissais pas ce terme?

Zut! J'aurais dû le garder sous la manche pour une nouvelle énigme.

Je ne parlerai pas du 5ème concerto de Beethoven puisque je ne l'ai jamais joué

Mais pour répondre à ta question sur d'autres oeuvres (de Beethoven ou non ) j'ai 3 ressentis différents.

Dans tous les cas j'aime autant écouter que jouer mais quand j'écoute ou quand je joue il y a des nuances.

J'ai différents niveaux d'écoutes selon les moments et les circonstances:

1. J'écoute comme tout le monde, sans me prendre la tête. De la détente pure, un bruit de fond musical. Point.

2. Si je n'ai jamais joué l'oeuvre: j'aime bien "analyser" en même temps que l'écoute. C'est à dire que j'imagine, si c'est un truc au piano par exemple, comment ça doit "glisser" sur le clavier, la manière, etc... J'intellectualise un peu le morceau car j'en fais l'autopsie, du coup je ne suis plus dans l'émotionel mais dans le cérébral total. Donc quand j'écoute une symphonie ou une oeuvre orchestral, j'aime imaginer et visualiser à l'écoute la partition. Les 4 notes de la flute qui vont sonner à Y temps, puis un peu plus loin les "dings" d'un triangle ou les "boum boum" d'un tambour. En général je vais chercher dans les "profondeurs" de l'écoute, c'est à dire que je vais au delà des violons du premier plans qu'on entend le plus souvent. Ce qui me plaît justement c'est tous les autres instruments qui interviennent ponctuellement pour donner du relief à la musique. j'adore çà. C'est pourquoi j'écoute beaucoup de Strauss par exemple, c'est une formidale orchestrateur je trouve.

3. Si j'ai déjà joué l'oeuvre: je fais une sorte de "fusion" entre l'écoute et la visualisation du jeu. Par exemple si j'écoute la sonate dite au clair de lune de Beethoven, je l'écoute, j'en ressens les émotions et je m'imagine en train de la jouer en même temps. A cahque note, je m'imagine que c'est moi qui appuies sur les touches du piano. Agréable et frustrant à la fois car je préfère écouter en même temps que je joue réellement car au moins je maîtrise le truc, à mon rythme, mon interprétation, etc...Donc cette option "b" est assez fréquente quand j'écoute une oeuvre pour piano par exemple, surtout sur certains morceaux comme celui pré-cité, sur du Bach, du Mozart, schubert, Chopin, Tchaikovsky et j'en passe. Mais je le fais plus souvent sur 2 morceaux: la sonate dite au clair de lune de Beethoven et la 3ème consolation de Liszt qui m'apporte une sérénité autant à l'écoute qu'au jeu.

Je suis tantôt dans le niveau 2, tantôt dans le niveau 3.

En ce qui concerne le jeu, j'adore jouer du piano, j'ai un double plaisir: celui de jouer et d'écouter ce que je joue. Ca peut paraître idiot mais je veux dire par là que je ne suis pas passif comme dans l'écoute d'un CD ou pendant un concert: je vis "ma" musique puisqu'elle se crée sous mes doigts tout en étant en même temps auditeur de mon interprétation. C'est un sentiment de maitrise que j'aime beaucoup car il y a la satisfaction de jouer une musique qu'on aime, celle d'écouter une interprétation qui évidemment nous plait puisque c'est la nôtre, et en même temps de donner vie à cette musique.

Privilégiant toujours l'émotion sur la technique, j'ai toujours joué "par coeur". Je ne déchiffre jamais et je joue sans partition. Je connais par coeur ce que je joue pour ne me concentrer que sur mon jeu, l'interprétation. Je ne veux pas être un robot qui joue, un juke box humain. Donc le "par coeur" laisse une grande marge de manoeuvre à plein de subtilités dans le jeu, je n'ai pas à penser à la partition: je la joue naturellement. Donc c'est l'émotion qui prend le pas.

Donc pour terminer de répondre à ta question, oui c'est fort différent entre être auditeur et acteur. Si je devais choisir, alors je te dirai que je préfère jouer puisque comme je l'ai expliqué, quand je joue j'ai tous les plaisirs: celui de l'auditeur et celui du musicien en même temps.

Si pendant longtemps j'ai privilégié la sonate au clair de lune de Beethoven, aujourd'hui c'est la Consolation n°3 que je préfère jouer. Mais comme la sonate de Beethoven, sous ses faux airs simple, elle est assez difficile à jouer. Je vous la mets, rien que pour le plaisir. Je suis un peu dans le même état que Lang Lang quand je la joue (enfin, je devrais dire quand je la jouais, car cela fait malheureusement bien longtemps que je n'ai pas touché un piano )



Et la fantaisie hongroise pour piano et orchestre que j'adore aussi

Laudec a écrit: <<Avec moi, vous aurez une longue liste d’œuvres qui m'"emportent" mais je tenterai de me limiter dans l'exposé de celles-ci.>>

C'est ce que j'ai essayé de faire aussi car sinon mon commentaire aurait été trop fastidieux s"il avait fallu que j'entre dans les détails de toutes les oeuvres qui m'emportent ou me bouleversent, étant donné que je pourrais en citer plusieurs dans toutes les époques et dans différents genres musicaux. Une fois, un mélomane très cultivé m'avait posé la fameuse question du tortionnaire: << Si tu devais n'en choisir qu'une, qu'elle est l'oeuvre que tu emmènerais sur une île déserte?>> Je lui ai répondu: << Au diable l'île déserte!!! Et toi?>> Il m'a aussitôt cité une oeuvre précise, sans la moindre hésitation. Quelqu'un qui ne connaîtrait que quelques opus dans le vaste monde musical, ok, je peux comprendre, mais pour moi c'est impossible. Même chez un compositeur comme Beethoven, je serais incapable de choisir entre le cinquième Concerto pour piano et la Neuvième Symphonie parce que déjà ce sont deux oeuvres très différentes qui procurent des émotions très différentes et que j'ai besoin autant de l'une que de l'autre. Donc, je préfère oublier l'île déserte sur laquelle on n'est même pas sûr qu'il y a l'électricité pour faire fonctionner son lecteur-cd.

laudec a écrit:

Quelle expérience "totale", celle d'un musicien pro, inimaginable pour moi toutes ces dimensions dont tu parles, ça me fait rêver ! (...)Pas seulement pro mais doué d'une oreille hors pair, quel bonheur cela doit être de pouvoir vivre des moments pareils et de pouvoir les partager.  J'ai écouté et observé Lang Lang et j'ai été autant émue par sa musique que par le silence que dégageait le public à son écoute, fabuleux !  
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Ah, mais je ne suis pas du tout un musicien pro et ce que je fais, je pense que de nombreux musiciens le font aussi. Ca n'a rien d'extraordinaire. C'est comme le peintre devant un tableau qui peut le regarder comme un spectateur et deviner aussi le processus de création en regardant les petites touches par ci par là, parce qu'il est lui même peintre. C'est tout.

Non, je ne suis pas prof de piano. Pianiste amateur passionné en effet, simplement

Il y a un "passage" qui provoque chez moi quelque chose de très fort, qui me prend les tripes, je reste scotché à chaque fois, et suis incapable de faire autre chose que de m’arrêter pour l'écouter sans rien faire d'autre. Dans le 3eme mouvement du triple concerto de Beethoven, de 5'10'' à 6'10'' (version Rostropovich-Richter-Oïstrakh dirigé par Karajan). Bien sur tout le concerto est sublime, mais cette minute précise est divine.

Le deuxième mouvement de "la jeune fille et la mort", est la preuve de l’existence de Dieu (Pardon je l'ai piqué à Woody Allen celle ci...)

Le 5eme concerto pour piano de Beethoven (la dernière fois que je l'ai vu en concert c'était au festival de Colmar, la jeune femme qui était juste à ma droite, que je ne connaissais pas, a fondu en larmes)