Intéressante analyse de Benoit van Langenhove, sur le site : http://www.lamediatheque.be/travers_sons/op_gou01.htm
Mireille constitue, aux côtés de Lakmé, Manon ou des Pêcheurs de perles, un fond de répertoire de l’opéra-comique français. L’opéra se déroule en Provence, au milieu du XIXe siècle. L’action dépeint l’histoire d’amour de Mireille, fille d’un riche métayer, pour Vincent, fils d’un pauvre vannier itinérant. Cet amour est contrarié par le père de Mireille, véritable despote familial, et par le bouvier Ourrias, également amoureux de Mireille.
La première représentation de l’ouvrage ne connaît pas le triomphe escompté. Malgré les efforts menés pour réaménager certaines scènes, l’opéra est un échec.
La mort de l’héroïne, en opposition avec l’habitude d'un “happy end”, décontenance le public. Le répertoire lyrique comporte d’autres exemples de relations amoureuses rendues impossibles par la différence de classe sociale. Mais c’est la première fois qu’un opéra traite entièrement ce thème au sein de la hiérarchie paysanne provençale.
Jusque là, les opéras à thème pastoral se limitaient, le plus souvent, à des comédies sentimentales qui finissaient bien. Le dénouement tragique de Mireille trouve ici son origine dans l’amour interdit entre deux personnes d’origine rurale. Cette nouveauté pour la scène lyrique frappa de stupeur les spectateurs de la création.
Pour sauver la mise, tout le monde mit son grain de sel dans des transformations successives de l’opéra, parfois même sans l’accord de Gounod. On réduisit la partition de cinq à trois actes, allant jusqu’à transformer le dénouement en une heureuse union entre Mireille et Vincent mais, rien n’y fit, le public continuait à bouder l’oeuvre. Ce n’est qu’en 1889, lors d’une reprise à l’Opéra-Comique, qu’apparaît véritablement le succès, faisant de Mireille un des piliers du répertoire lyrique.