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  Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)

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Icare
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MessageSujet: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2011-11-03, 17:18

Voilà l'exemple même d'une compositrice qui participa à me conduire de la musique de film à la musique contemporaine. Je l'avais découverte par ses musiques de films, notamment celles écrites pour le cinéma d'Agnès Varda; "Jacquot de Nantes" (1991), "Sans Toit, ni loi" (1985), "Kung Fu Master" (1988) et "Jane B. par Agnès V." (1988), ou encore la délicieuse partition du film d'Yves Angelo "Un air si pur" (1997). Elle y favorise les petits ensembles, le saxophone, le piano et le violoncelle, un langage plutôt tonal et y démontre un sens de la belle mélodie. Le langage y est souvent dépouillé, poétique, aux antipodes de ce que propose généralement une approche hollywoodienne, il coïncide avec un univers cinématographique bien précis. Je me rappelle avoir tout de suite adhéré à son style un peu automnal et mélancolique et c'est tout naturellement que je me suis tourné vers ses oeuvres de concert au travers de deux concertos; un pour contrebasse et un pour violon... Je parle de cette histoire aujourd'hui alors qu'elle date de plusieurs siècles! Bon, là, il ne faut pas croire ce que je viens d'écrire...  Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) 231625 ...je voulais dire "plusieurs années" c'est-à-dire au début de ma perversion par le genre "contemporain"...Ceci étant dit, avec les deux concertos, c'est un tout autre monde sonore qui s'est offert à moi, se distinguant radicalement de son travail pour l'image. Il avait tout pour me rebuter dans un premier temps: une agressivité, une brutalité étrangère à sa musique de film, tout au moins à celle que je connaissais jusqu'ici. Hors, cet univers orchestral et concertant m'apporta une autre dimension de son talent musical. Au-delà d'une apparence de musique torturée et brutale, s'y révèle une texture harmonique fascinante où les éléments de tendresse et de beauté transparaissent ponctuellement, adoucissent et humanisent des agrégats sonores complexes et tourmentés. C'est particulièrement vrai dans son Concerto pour contrebasse et orchestre où la voix très particulière de l'instrument soliste scie les lianes sinueuses d'un orchestre animé...on notera aussi le magnifique duo de la contrebasse et du hautbois dans l'Aria du second mouvement. En fait, je bois chaque note de ce concerto avec délice. Ce n'est pas aussi vrai pour son Concerto de violon même si je l'aime un peu pour les mêmes raisons. Il demeure tout aussi intense, atonal et touffu, d'une tension et d'une expressivité qui hanteront l'oeuvre jusqu'à un final inspiré et sans concession.

Joanna Bruzdowicz est née à Varsovie en 1943. Après avoir obtenu le diplôme  de maîtrise des Arts en 1966 au Conservatoire Supérieur de Musique de Varsovie, elle a perfectionné ses études à Paris auprès de Nadia Boulanger,Olivier Messiaen,Pierre Schaeffer grâce à une bourse  "Maurice ravel" du Gouvernement français. Bruzdowicz est connue en tant que compositrice d'opéras; "La colonie pénitentiaire" d'après KAFKA, "Les Troyennes" d'après EURIPIDE, "Les portes du paradis" d'après ANDRZEJEWSKI, ainsi que de la musique symphonique, de chambre et électronique. Son intérêt prononcé pour la dramaturgie l'a inévitablement amenée vers la composition pour le théâtre, la télévision et le cinéma. En collaboration avec son mari également compositeur Horst-Jürgen Tittel, Joanna Bruzdowicz a écrit plusieurs séries de scénarios pour films et téléfilms, comme par exemple la série TV en 36 épisodes "L'Homme de Zurich" (production Bavaria pour la TV allemande) ou "Planète de Maupy" (26 films de 25 minutes), dessins animés pour enfants...Elle a également composé la musique de ces films.


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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2011-11-03, 20:13

Icare a écrit:
je voulais dire "plusieurs années" c'est-à-dire au début de ma perversion par le genre "contemporain".

 Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) 338665



Excuse moi, c'est tout ce que je trouve à dire, car je ne connais pas Wink


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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2011-11-03, 20:29

Hehe

Bah! Tu aimerais sûrement davantage sa musique de film que de concert. Wink

 Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Bruzdowicz_joanna


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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2014-11-20, 10:30

<< c'est tout naturellement que je me suis tourné vers ses oeuvres de concert au travers de deux concertos; un pour contrebasse et un pour violon... Je parle de cette histoire aujourd'hui alors qu'elle date de plusieurs siècles! Bon, là, il ne faut pas croire ce que je viens d'écrire...  ...je voulais dire "plusieurs années" c'est-à-dire au début de ma perversion par le genre "contemporain"...Ceci étant dit, avec les deux concertos, c'est un tout autre monde sonore qui s'est offert à moi, se distinguant radicalement de son travail pour l'image. Il avait tout pour me rebuter dans un premier temps: une agressivité, une brutalité étrangère à sa musique de film, tout au moins à celle que je connaissais jusqu'ici. Hors, cet univers orchestral et concertant m'apporta une autre dimension de son talent musical. Au-delà d'une apparence de musique torturée et brutale, s'y révèle une texture harmonique fascinante où les éléments de tendresse et de beauté transparaissent ponctuellement, adoucissent et humanisent des agrégats sonores complexes et tourmentés. C'est particulièrement vrai dans son Concerto pour contrebasse et orchestre où la voix très particulière de l'instrument soliste scie les lianes sinueuses d'un orchestre animé...on notera aussi le magnifique duo de la contrebasse et du hautbois dans l'Aria du second mouvement. En fait, je bois chaque note de ce concerto avec délice. Ce n'est pas aussi vrai pour son Concerto de violon même si je l'aime un peu pour les mêmes raisons. Il demeure tout aussi intense, atonal et touffu, d'une tension et d'une expressivité qui hanteront l'oeuvre jusqu'à un final inspiré et sans concession>>

Entre le concerto pour violon et celui pour contrebasse j'ai toujours eu une nette préférence pour le second que je trouve plus abouti. Ce qui n'empêche pas que le Concerto pour violon révèle un paysage sonore inouï qui m'impressionne assez par moment. Contrairement à celui pour contrebasse qui lâche un peu plus de lest, de concession, vers la lumière. Le concerto pour violon est brut, sombre, tourmenté, chaotique, taillé dans la pierre du modernisme, fascinant par sa matière mais manquant de chair et de hauteur. Si je ne l'inclurai pas dans mon Top 13 je suis malgré tout content de l'avoir réécouté.
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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2014-11-20, 12:10

Icare a écrit:
Si je ne l'inclurai pas dans mon Top 13 je suis malgré tout content de l'avoir réécouté.

Tu as raison, faut laisser de la place pour Mendelssohn, Beethoven et Tchaïkovski  Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) 231625 D'ailleurs il me semble que maintenant tu n'est plus loin des 13 !
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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2014-11-20, 12:47

joachim a écrit:
Icare a écrit:
Si je ne l'inclurai pas dans mon Top 13 je suis malgré tout content de l'avoir réécouté.

Tu as raison, faut laisser de la place pour Mendelssohn, Beethoven et Tchaïkovski  Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) 231625  D'ailleurs il me semble que maintenant tu n'est plus loin des 13 !

L'écoute est prévue pour bientôt. De Mendelssohn, j'aime déjà beaucoup son Concerto pour violon et piano, oeuvre de jeunesse. Mais j'ai aussi beaucoup d'autres oeuvres pour violon à réécouter avant de réaliser mon Top 13, Vivaldi, Bach, Mozart, Beethoven, Tchaikovski, Mendelssohn, Frank Martin, Lalo, Saint-Saëns, Rabinovitch, Schoenberg, Sibelius, Englund, Prokofiev, Bartok, Petitgirard, Rochberg, Nishimura, Moret, Ruzicka, Fung, etc...Je n'ai pas fini, loin de là! La réalisation de mon Top 13 va être douloureuse, seulement je la veux la plus sincère possible. Pas question de vouloir systématiquement imposer une oeuvre contemporaine parce qu'elle est contemporaine ni l'inverse. Je veux que ce Top 13 reflète au mieux ce que j'aime le plus en musique.
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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2018-08-09, 08:33

Un air si pur.... est un film français réalisé par Yves Angelo, sorti en salle en 1997. Il réunit notamment à l'affiche Fabrice Luchini, André Dussollier et Marie Gillain. L'intrigue se situe pendant la Première Guerre mondiale, dans les Alpes, dans un luxueux établissement de cure qui devient le théâtre de plusieurs meurtres. D'après la critique, cette comédie amère et noire oscille entre le burlesque et la tragédie. Son humour macabre a peut-être de quoi dérouter. Mais après le Colonel Chabert, ce second long-métrage d'Yves Angelo fait preuve d'une certaine singularité dans son traitement. Les comédiens s'y donnent à coeur-joie et c'est Luchini, parfait en clown triste et cynique, qui donne véritablement le ton. Pas étonnant, c'est un rôle sur mesure pour cet acteur. Je n'ai pas encore vu ce film et ne l'appréhende que part la partition de Joanna Bruzdowicz. Il est dit que le film oscille entre le burlesque et la tragédie. C'est aussi le cas de la musique, avec un thème plein de vie, que j'aime beaucoup, quelque peu grotesque, et un second thème, excellent celui-là, qui a quelque chose de morbide, formidablement bien trouvé. S"il est bien exploité, il doit apporter à cette satire une sacrée ambiance. La B.O. s'articule autour de ses deux thèmes contraires parmi lesquels s'insèrent des moments plus romantiques ou d'autres se rapprochant d'une musique de salon ou de la valse. Les instruments solistes sont le piano, le violoncelle et le saxophone avec un orchestre qui n'utilise pas un grand effectif.

<<Ecrire la musique pour le film d'Yves Angelo a été pour moi un grand plaisir et privilège. L'histoire - si complexe et intelligente - qu'on raconte dans ce film, jouée avec maestria par tous les protagonistes, la beauté des images et l'atmosphère, que la mise-en-scène toute en finesse a rendue poignante, m'ont amené à composer quatre différentes musiques: le thème gai, dans le style de piano-bastringue; les valses qu'on danse; le thème lancinant - prélude à la mort - et le thème de la mort enfin, grave, sévère. Comme couleur musicale j'ai choisi un petit orchestre symphonique et les instruments solistes: piano, saxophone et violoncelle.>> Joanna Bruzdowicz.
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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2021-02-23, 18:27


J'ai décidé d'organiser un cycle qui se compose de trois portraits de compositrices, toutes les trois très différentes les unes des autres. Le premier portrait est consacré à Joanna Bruzdowicz que j'ai découvert au début des années 1990 par le biais d'un album qui regroupe des musiques qu'elle composa pour le cinéma d'Agnès Varda, celui-là même que j'ai réécouté aujourd'hui. A cette époque, j'étais très friand de petites formations instrumentales et de musiques intimistes et tourmentées, même austères. L'austérité en musique n'a jamais été pour moi un repoussoir, au contraire. Avec cette collaboration entre Bruzdowicz et Varda, je fus servi sur un plateau doré: c'était tout à quoi j'aspirais, très loin des grandes partitions épiques et emphatiques avec leur lot de cuivres ronflant qui régalaient le béophile lambda. Mes aspirations se portaient ailleurs, sur la solitude du saxophone de Ibigniew Jaremka arpentant les toiles de Magritte dans Jane B. par Agnès V. (1987), un portrait de l'actrice britannique Jane Birkin sous forme de collage d'entretiens et de sketches, bien que le morceau ne m'emmène pas très loin, un peu moins loin que la flûte (Marc Grauwels) et les cordes dans Kung-Fu master (1987), une musique qui exprime la naïveté ou la candeur, illustrant l'amour entre une femme de 40 ans, interprétée par Jane Birkin, et un adolescent de 14 ans (Mathieu Demy), et un peu moins loin encore que les cordes seules dans Sans toit ni loi (1985): certains jugeront sans doute une ambiance un peu grise, tristounette... Effectivement, il y a une fragilité et une forme de malaise dans cette musique pour cordes qui doit correspondre au personnage principal incarné avec beaucoup de justesse par Sandrine Bonnaire. Son histoire est terrible!

Une jeune fille vagabonde (prénommée Simone, ou Mona) est retrouvée dans un fossé, morte de froid, au pied de deux cyprès jumeaux. C’est un simple fait divers. Que pouvait-on savoir d’elle et comment ont réagi ceux qu’elle a croisés sur sa route, dans le sud de la France, cet hiver-là ? Un autre routard, une domestique, un berger philosophe, un tailleur de vignes tunisien, une « platanologue », un garagiste et une vieille dame. Elle traîne et boit dans les gares. Des voyous l’accueillent dans un squat. Elle fait de brèves rencontres entre ses longues errances sans but apparent. Elle survit énergiquement malgré la faim, la soif, le froid et le manque de cigarettes et d'herbe. Sa solitude augmente, elle perd son duvet, une erreur qui lui sera fatale car c'est le froid qui la vaincra.

 Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Musique-pour-les-films-de-Agnes-Varda

C'est vers la toute fin que les cordes semblent s'éclairer d'une lumière apaisante, s'échappant ainsi du voile austère qui la recouvrait. J'ai bien aimé retrouver, à travers la musique de Joanna Bruzdowicz, la solitude et la détresse de cette jeune femme, peut-être parce que l'une et l'autre font écho à une période de ma vie. Sans doute que, quelque-part, cette musique, qui n'a rien d'exceptionnel en soi - je connais beaucoup d'autres cordes même "de cinéma" bien plus exaltantes que celles-là - réveille de vieilles émotions enfouies... J'ai toujours été persuadé que notre vécu contribue fortement à forger nos goûts musicaux et que ceux-ci ne sont pas uniquement conditionnés par des exigences purement musicales. Son thème le plus beau pour le cinéma de Varda, c'est certainement "Evocation", profondément mélancolique, composé pour Jacquot de Nantes (1990), un film qui retrace l'enfance nantaise, puis l'adolescence du réalisateur Jacques Demy. Il méritait bien ce très beau thème.
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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2021-02-23, 20:27

Je ne connais pas ce film, qui doit être triste et plutôt déprimant, néanmoins j'aimerais bien le voir...et pleurer à la fin. La musique de Joanna Bruzdowicz (que l'on entend peu dans la bande annonce) doit être à l'avenant des sentiments qu'on doit éprouver pour cette pauvre fille.

https://www.youtube.com/watch?v=73rzSNzjGF4
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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2021-02-23, 22:29

Ce film m'évoque le drame de MAYA BORG

Ce soir, je me suis penché sur deux concertos de Joanna Bruzdowicz. C'est un cadeau que l'on m'avait fait dans les années 1990 ou s'agissait-il plutôt d'un échange entre bons mélomanes qui n'avaient pas toujours les mêmes goûts. Je me souviens qu'il m'avait dit quelque-chose du genre: tiens, si tu aimes perdre ton temps... Hehe C'était évidemment ironique car s"il m'avait proposé cet échange, c'est qu'il n'ignorait pas mon penchant pour des approches musicales qu'il qualifiait, lui, de "prises de tête".   Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) 231625 Je ne me souviens plus de ce que je m'étais débarrassé en échange et sur lequel j'avais perdu le mien...de temps. Hehe Il est vrai que les deux concertos de Bruzdowicz s'inscrivent dans une droite ligne moderniste, non avares en dissonances de toutes sortes, de celles qui irritent ou pimentent, c'est selon... Autant de structures complexes et en continuelle évolution qui s'émancipent à des années lumières d'un thème comme celui de Jacquot de Nantes que j'évoque dans mon précédent commentaire. Si le Concerto pour violon ne me satisfait qu'à moitié, le Concerto pour contrebasse qui se constitue de trois mouvements me régale sur toute sa longueur. Tout aussi moderniste que le concerto pour violon, il en résulte globalement une alchimie sonore qui me captive bien plus. Parmi les concertos pour contrebasse qui peuplent mes étagères, il y en a au moins deux qui me reviennent automatiquement en mémoire: celui de Lalo Schifrin qui est le premier concerto pour contrebasse que j'ai écouté et aimé - devenu mon concerto pour contrebasse fétiche depuis - et celui de John Downey que j'ai réécouté il n'y a pas très longtemps. Certes, la contrebasse fait partie des instruments que j'aime le plus, mais il ne suffit pas à me rendre un concerto fascinant à lui seul, bien évidemment. Dans l'oeuvre de Joanna Bruzdowicz, s'établit une relation intéressante et subtile entre l'instrument soliste et l'orchestre. C'est superbement orchestré, irisé, parcouru de belles sonorités, parfois vives et acérées, traversé d'un superbe hautbois qui s'élève dans l'aria central et forme un duo atypique avec le soliste, une touche obsessionnelle ci et là, bref, des combinaisons sonores qui s'articulent autour d'une contrebasse réellement charismatique.

Le Concerto pour contrebasse est interprété par Fernando Grillo et le "State Philharmonic Orchestra "Arthur Rubinstein" in Lodze sous la direction de Andrzej Markowski. Le Concerto pour violon est interprété par Krzysztof Jakowicz. Il possède des passages assez intéressants qui savent focaliser mon attention, mais j'estime que les évènements sonores qui le constituent ne s'écoulent pas d'une manière aussi intelligible que dans le concerto pour contrebasse. Le violon, lui-même, m'est moins captivant. Je le place donc quelques crans en dessous du concerto pour contrebasse... Et non, monsieur dont j'ai oublié le nom, je n'ai pas perdu mon temps, même trente ans après. Very Happy
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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2021-02-24, 10:09

Ses musiques de films (Liste non exhaustive)

1969 : Le Hussard sur le toit, pour la télévision, film de J. Lipchitz
1972 : La Mort de Lord Chatterley, pour la télévision, film de Gilles Katz
1973 : Chita je t'aime, (TV), film de Gilles Katz
1976 : La Forêt d'Orléans, (TV), film de Gilles Katz
1978 : Aussagen nach einer verhaftung, film-tv allemand de G. Moors
1979 : A propos de la neige fondue, film de Gilles Katz
1980 : Bobo la tête - film de Gilles Katz
1982 : Tante Blandine - film tv de Guy Jorre
1985 : Sans toit ni loi, film d'Agnès Varda
1985 : Stahlkammer Zürich, série TV
1985 ou 1987 :  Un échec de Maigret - film-tv de Gilles Katz
1987 : Le Jupon rouge, film de Geneviève Lefebvre
1987 : Kung-fu master, film d'Agnès Varda
1991 : Jacquot de Nantes, film d'Agnès Varda
1997 : Un air si pur..., film d'Yves Angelo
2000 : Les Glaneurs et la Glaneuse, documentaire d'Agnès Varda
2002 : Deux ans après, un documentaire d'Agnès Varda
2003 : Le Lion volatil, court-métrage d'Agnès Varda
2005 : Les Âmes grises, film d'Yves Angelo
2007 : Testudo (court-métrage)
2008 : Les Plages d'Agnès, film d'Agnès Varda
2009 : J'ai oublié de te dire...,  film franco-belgo-espagnol réalisé par Laurent Vinas-Raymond.

On observe deux principales collaborations entre la compositrice et deux cinéastes, celle avec Gilles Katz, tout d'abord, comédien de formation et qui a commencé sa carrière au cinéma dans le secteur de la distribution. Il réalise son premier long métrage, Lettres de Stalingrad, sorti en 1969, à partir de lettres écrites par des soldats allemands et destinées à leurs familles. Après un deuxième long métrage, en 1979, Gilles Katz tourna surtout pour la télévision. Cette collaboration débuta en 1972 avec La Mort de Lord Chatterley et s'acheva (apparemment) en 1985 ou 1987 avec Un échec de Maigret. La seconde collaboration d'importance fut celle que Joanna Bruzdowicz entretint avec Agnès Varda et que j'ai déjà évoquée sur ce topic. Je rêve d'une compilation qui réunirait au moins quelques thèmes musicaux provenant de sa collaboration avec Gilles Katz car il y a sûrement de quoi faire un album intéressant: un rêve de mélomane de plus qui grossit la pile déjà imposante sur une des étagères de mon esprit, au moins il est gratuit, le rêve est gratuit. Laughing  Je crois avoir vu, il y a longtemps, Un échec de Maigret, avec Jean Richard dans le rôle du fameux commissaire, seulement je n'ai plus souvenir de la musique, même si je me rappelais que Joanna Bruzdowicz en avait "musicalisé" un. Ce matin, c'est l'une des deux collaborations avec Yves Angelo qui est venue flatter mes oreilles, Un air si pur (1997), avec notamment deux thèmes exquis qui ne se ressemblent pas du tout. Le premier est enjoué, porteur d'optimisme, de joie, de bonheur, peut-être d'insouciance, un second thème qui n'est ni optimiste, ni réellement pessimiste, ni triste ni gai, juste étrange et hypnotique. Qui connaît cette bande originale saura d'emblée à quel extrait je fais allusion. Après Un air si pur, il y eut une autre collaboration avec Yves Angelo, environ huit ans plus tard, en 2005, sur Les âmes grises. Je n'ai ni vu le film ni ne connais la musique, mais une chose est certaine, en réécoutant la B.O. d'Un air si pur, mon âme est passée du gris au bleu.

https://www.youtube.com/watch?v=KteBIBmJTgs
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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2021-02-24, 19:53

Joanna Bruzdowicz aime les cordes, elle le confie dans un entretien mais ce n'était pas nécessaire, sa musique révèle cette prédilection. C'est un point que nous avons en commun, j'adore les cordes aussi, qu'elles soient lyriques ou austères, mélancoliques ou froides comme celles qui accompagnent l'errance de la jeune femme dans Sans toit ni loi. Ce n'est donc pas étonnant si j'ai très vite été attiré par cette compositrice, au même titre que d'autres musiciens mettant souvent en scène les cordes, comme Pierre Jansen, Eleni Karaindrou (pour ne citer qu'eux) et aussi Grazyna Bacewicz qui a sûrement été une source d'influence pour Joanna Bruzdowicz. Les cordes sont omniprésentes dans son oeuvre qui m'était encore inédite il y a quelques heures, Lella - Oratorio profane, représentées par le "NeoQuartet:
Karolina Piatkowska-Nowicka: 1er violon
Pawel Kapica: 2ème violon
Michal Markiewicz: alto
Krzysztof Pawlowski: violoncelle.
J'attendais beaucoup de cet oratorio, comme une intuition qui mûrissait en moi que cette oeuvre allait beaucoup me plaire... Par le passé, j'eus parfois - assez rarement en fait - l'intuition mauvaise, je le reconnais volontiers, mais sur ce coup-là, j'en suis ressorti enchanté et surtout profondément ému: la meilleure musique de Joanna Brudowicz que j'ai eu l'occasion d'entendre jusqu'à maintenant. Le sujet traité se situe à un des épisodes les plus tragiques que le vingtième siècle ait connu:

C'est l'histoire de la déportation à Auschwitz de Vincentella Perini (et de nombreuses femmes avec elles), surnommée Danielle Perini puis Casanova de son nom d'épouse, dite aussi "Lella", née le 9 janvier 1909 à Ajaccio (Corse) et morte du typhus (malgré la vaccination°°) le 9 mai 1943 en déportation à Auschwitz. Il s'agissait d'une militante communiste et résistante française, et donc d'une prisonnière politique. Elle a été responsable des jeunesses communistes et a fondé l'Union des jeunes filles de France.
°°Comme elle était dentiste, elle a été réquisitionnée par un officier SS. Sous le coup d'une épidémie du typhus, le médecin SS qui avait déjà perdu la précédente dentiste, propose de vacciner Danielle Casanova, hélas le vaccin arrive probablement trop tard et elle succombe le 9 mai 1943.

 Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Image Danielle Casanova

L'oratorio sollicite, en dehors du quatuor à cordes:
Aline Rico: soprano, narratrice (en français)
Liliana Gorska: mezzo-soprano
Emma Fettoni: hautbois
Cyril Baudet-Coizet: percussions
L'usage des percussions y est plutôt rudimentaire et se résume quasiment à des roulements de tambours. Ce n'est pas une critique de ma part car, justement, j'aime bien le rôle des percussions dans cette oeuvre qui emploie également des voix off de soldats allemands préenregistrées, mais sans que celles-ci ne soient trop appuyées, trop agressives. En revanche, les parties chantées par Liliana Gorska sont de toute beauté. La narration effectuée par Aline Rico est limpide, intelligible et ne recouvre pas toute l'oeuvre. Je ressens un travail très méticuleux où tout est finement dosé. Jamais l'oratorio ne cède à un excès de pathos ni de larmoyance: plus proche de l'opéra que du requiem. Un très beau choeur de femmes, toujours très sobre, voire solennel, est assumé par "La Chorale Osmose":
Marie-Odile Reyal: soprano
Cécile Goze: soprano
Dominique Testud: soprano
Elisabeth Bajzak: mezzo-soprano
Emmanuelle Calfer-Coizet: mezzo-soprano
Chantal Duchene-Marullaz: mezzo-soprano.
Joanna Bruzdowicz a composé plusieurs opéras, La Colonie Pénitentiaire, créé à Tours en 1972, Les Troyennes, créé à Saint-Denis/Paris en 1973 et Portes du Paradis, dont la création mondiale eut lieu à l'Opéra de Varsovie en 1987, d'après Jerzy Andrzejewski qui porte sur la Croisade des enfants de 1212. J'espère un jour pouvoir les découvrir. Pour l'instant, je savoure la très belle émotion que m'a procuré Lella -oratorio profane.
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joachim
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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2021-02-24, 20:18

Ça alors, la rue Danielle Casanova était voisine de la rue où j'habitais dans mon enfance et pré-ado, à Vitry sur Seine. J'ignorais tout de cette femme qui, si j'ai bien compris, s'appelais en réalité Vincentella Perini  Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) 1521897346 Elle était italienne ?

En tout cas, je serais curieux d'écouter cet oratorio Very Happy


En recherchant sur youtube, j'ai trouvé ce "Homo Faber, Dum Spiro Spero". Mais c'est horrible  Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) 10321  Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) 10321

https://www.youtube.com/watch?v=VjeXKvwBMjg

J'espère que Lella, l'oratorio, n'a pas ces dissonances (ce ne sont d'ailleurs même pas des dissonances, mais du bruit affreux)
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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2021-02-24, 21:24

joachim a écrit:
Ça alors, la rue Danielle Casanova était voisine de la rue où j'habitais dans mon enfance et pré-ado, à Vitry sur Seine. J'ignorais tout de cette femme qui, si j'ai bien compris, s'appelais en réalité Vincentella Perini  Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) 1521897346  Elle était italienne ?

Elle était corse comme l'indique la mini-biographie que j'ai postée au milieu de mon message. Wink

joachim a écrit:
En recherchant sur youtube, j'ai trouvé ce "Homo Faber, Dum Spiro Spero". Mais c'est horrible.

Elle a aussi fait de la recherche dans le domaine de l'électronique et je suis bien sûr tombé sur la vidéo que tu as postée. Je ne suis pas fan non plus de cet aspect-là, j'ai aussi mes limites.Laughing

joachim a écrit:
J'espère que Lella, l'oratorio, n'a pas ces dissonances (ce ne sont d'ailleurs même pas des dissonances, mais du bruit affreux)

Rien de comparable, pas de dissonances, Joachim, sinon mon commentaire sur cet oratorio aurait été très différent. Je ne peux pas te garantir que tu l'aimerais autant que moi car c'est quand même plus proche de mes goûts que des tiens, mais tu l'apprécierais, j'en suis quasiment certain.
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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2024-03-02, 13:49



C'est seulement aujourd'hui, en faisant des recherches sur cette compositrice polonaise, que j'ai appris sa mort survenue vers l'âge de 78 ans, le 3 novembre 2021. J'ai réécouté, pas plus tard que ce matin, la musique qu'elle composa pour une comédie dramatique de 1997, réalisée par Yves Angelo; Un Air si Pur, qui s'articule autour de trois thèmes principaux, un thème enjoué, plein de vie, très optimiste, que j'adore..., un autre thème très différent, plus grave, obsessionnel et même étrange, superbement construit, bien trouvé et surtout bien orchestré, je l'adore encore plus..., et un troisième thème plus romantique. Le tout est interprété par le "Warsaw Film Orchestra" avec quelques solistes: Pawel Perlinski au piano, Henry Miskiewicz au saxophone et Jerzy Wolochowicz au violoncelle.

 Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) In-Memoriam-oeuvres-pour-piano

A côté de cela, j'espère pouvoir découvrir davantage d'oeuvres de concert, parmi sa musique de chambre: pour piano seul, violoncelle et piano, pour voix et orgue, quatuors à cordes, son oeuvre concertante; concertinos, ses symphonies n°1 et 2...

 Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Oeuvres-pour-piano-et-orchestre

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MessageSujet: Re: Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021)    Joanna BRUZDOWICZ (1943-2021) Empty2024-03-03, 12:24


Quelques mots sur sa cantate profane LELLA:

Création mondiale à Bastia - Corse en 2011 et création de la nouvelle version et l'enregistrement live pour Acte Préalable le 20 août 2015 au XVème festival international de musique en Catalogne, à Céret, France. Sous la direction de la compositrice, l'oeuvre dédiée à la mémoire d'une femme exceptionnelle, Danielle Casanova, née Vincentella Perini, combattante corse, communiste, héroïne de la Seconde Guerre Mondiale, morte à Auschwitz en 1943 (année de la naissance de Joanna Bruzdowicz), est interprétée par les artistes polonais: le quatuor à cordes NeoQuartet et la mezzo-soprano Liliana Gorska (Lella), et français: la soprano Aline Rico, le sextet de voix de femmes de la chorale Osmose qui se compose de trois sopranos (Reyal, Goze, Testud) et de trois mezzo-sopranos (Bajzac, Calfer-Coizet, Duchene-Marullaz), du hautbois d'Emma Fettomi et de percussions par Cyril Baudet-Coizet. C'est également Aline Rico qui assume les parties parlées. Les voix off et les effets sonores furent enregistrés par Jürgen, Jan et Joanna Tittel dans le studio de Sylvain Philipon à Perpignan.

Une oeuvre que que j'ai réécoutée avec beaucoup de plaisir et d'émotions, dans laquelle je redécouvris des moments vocaux de toute beauté.
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