Symphonie "Roma" (Bizet)

C'est une fausse symphonie qu'il faudrait plutôt qualifier "fantaisie symphonique" en quatre parties. Son élaboration c'est étalée sur huit ans.
F.R. Tranchefort écrit dans le Guide de la Musique Classique que "rien [...] n'apparaît mémorable dans cette partition dépourvue d'une véritable spontanéité de l'inspiration" ; je vous passe la suite...
C'est une oeuvre savoureuse, haute en couleurs et qui eu beaucoup de succès lors des exécutions qu'en donna Pasdeloup en 1869 (sans le scherzo) et 1880 (intégrale). Pour sûr, Galabert rapportait la confidence que son ami Bizet souhaitait écrire une symphonie dans la forme de celles de Beethoven et Mendelssohn en parlant de "Roma".

Le second mouvement (scherzo) fut la première pièce : composée en 1860 lors de son séjour à la Villa Medicis, elle fut crée aux concerts Pasdeloup en 1863. C'est une pièce qui fleure bon les fêtes romaines et me fait penser, par son esthétique, au Benvenuto Cellini de Berlioz.

Le 3e mouvement "Procession" (Andante molto ), dans un style recueilli et tendre : une véritable romance pour orchestre.

Le 4e mouvement "Carnaval à Rome" (Allegro vivacissimo) est, comme vous pouvez vous en douter très festif avec son rythme ternaire sautillant avec une brillante orchestration.

Tu en as une bonne interprétation ? J.C Casadessus?...Je crois qu'elle est très peu enregistrée?!

Je ne résiste pas à l'envie de vous parler du premier mouvement Andante tranquillo - Allegro agitato surnommé "Chasse dans la forêt d'Ostie".
N'ayant pas de partition sous les yeux (et une oreille peu fiable), je vous en fais une analyse très sommaire, à prendre avec réserve. Le timing est basé sur l'enregistrement de J.C. Casadesus et l'Orchestre de Lille (Erato).

0'00 : INTRODUCTION sur un grand choral des cuivres ponctué d'arpèges des bois puis s'enrichissant de l'intervention des cordes dans une ample mélodie (phase centrale). En phase terminale, le mouvement commence à s'agiter dans un tourbillon des cordes et l'appui "d'appels de cors" (passage d'un caractère assez wagnérien je trouve).
3'02 : PARTIE PRINCIPALE sur un rythme ternaire dessiné par les cordes dans un registre grave, au caractère épique sur un fond de danse imprimé par les notes piquées des bois et des cordes en pizzicati, et une petite fanfare qui commence à pointer le bout de son nez.
4'08 : transition très agitée puis s'élargissant soudainement.
4'18 : PARTIE SECONDAIRE plus éclairée et appaisée introduite par hautbois et flûte avec des épisodes où la clarinette solo déploie toute sa voluptée (si Berlioz avait entendu ça... ).
5'13 : conclusion très vigoureuse affirmant le caractère d'une chasse.
5'53 : le DEVELOPPEMENT réutilise beaucoup, au début, les motifs de la partie principale et les motifs de la transition puis revient en seconde phase, des citations de la PARTIE SECONDAIRE. La pulsation s'accélère dans un geste modulant rapidement dans une tonalité me semblant assez éloignée, et revient dans l'appaisement avec le choral de l'introduction entrecoupé de descente en cascade des cordes.
7'37 : phase terminale avec un marche harmonique nous ramenant vers la tonique (me semble-t-il).
8'27 : REEXPOSITION DE L'INTRODUCTION avec son choral avec un enrichissement des effets d'orchestres donnant un aspect encore plus pictural. Puis revient aux cordes le thème lyrique (ça me fait frissoner ) de l'introduction.
10'05 : CODA qui commence sur des arpèges des bois, des échos des appels de cors dans un geste très appaisé pour terminer la pièce sur de larges accords.

D'aprés ce que je connais de Georges BIZET, il n'a écrit qu'une seule symphonie en UT Majeur (1855), une merveilleuse symphonie d'ailleurs que j'aime écouter de temps en temps, ROMA (Souvenirs de Rome) n'est pas une symphonie, par contre si vous aviez un lien pour écouter ne serait-ce que l'introduction, ce serait gentil,

Voilà :

1er MVT Andante tranquillo - allegro agitato

2ème MVT Allegretto vivace

3me MVT Andante molto

4ème MVT Allegro vivacissimo

Barbara Schubert leads the University of Chicago Symphony Orchestra in a performance of Hector Berlioz' "Roman Carnival Overture", Georges Bizet's "Roman Symphony", and Ottorino Resphighi's "The Pines of Rome".

Et sur cette page :

http://www.archive.org/details/uso20050129

Vous pouvez même la télécharger en OGG, Flac, Wave, Mp3 et VBR

Elle est pas belle la vie ?

Coco

Ludwig a écrit:

...ROMA (Souvenirs de Rome) n'est pas une symphonie

comme je l'ai précisé dans mon premier message . C'est vrai que ce n'était pas son intention lorsqu'il composa le scherzo.

Mais dans une correspondance adressée à Galabert en 1868, Bizet écrit : "J'ai terminé la symphonie. J'ai renoncé aux variations. Je crois que le premier morceau sera bon. C'est l'ancien thème précédé d'une importante introduction calme qui revient au milieu dans l'agitation et termine le morceau dans une tranquilité complète...".

Ce qui me surprend beaucoup pour l'allegro de sonate, c'est l'utilisation exclusive du matériau thématique de l'introduction dans la réexposition. Le shéma classique est la réexposition des parties principale et secondaire avec une unification tonale des deux parties. Je serais bien curieux de découvrir d'autres cas d'espèce.

Citation :

symphonie en UT Majeur (1855), une merveilleuse symphonie

dommage qu'il ne se soit jamais considéré comme un grand symphoniste, et il enviait beaucoup le talent de son ami Saint-Saëns.

Coco a écrit:

Elle est pas belle la vie ?

tu es formidable , notre "Amélie Poulain" en quelque sorte
mais j'ai écouté les extraits proposé sur le site : l'interprétation ne casse pas des briques, mais ça donne une vague idée.

J'ai vu sur Amazon que l'enregistrement de Casadesus a été réédité par Apex. C'est couplé avec la cantate du Prix de Rome de Bizet "Clovis et Clothilde". Je trouve que la Caballé y est insupportable

Citation :

tu es formidable , notre "Amélie Poulain" en quelque sorte Wink
mais j'ai écouté les extraits proposé sur le site : l'interprétation ne casse pas des briques, mais ça donne une vague idée.

Sais pas, pas encore écouté, mais c'est vrai que les interprétations qui cassent des briquent en mp3 mis gracieusement à dispo sur le net, ça ne court pas les rues à part le Peabody Orchestra

Je mets des liens pour que les visiteurs du site puissent découvrir les oeuvres, après pour le must, faut aller à la Fnac ou ailleurs

Coco

Didier a écrit:

Son élaboration c'est étalée sur huit ans. .

Ben faut être patient! Pire que Beethoven!

En effet, Didier, il s'agit d'une oeuvre tout à fait charmante, qui ne pourra que plaire à Cécile, et n'en déplaise à Tranchefort !

On l'appelle tour à tour Symphonie (n°2), Suite symphonique, Poème symphonique. Son origine était même "Impressions d'Italie" quand Bizet en a commencé la composition en 1860, puis a été profondément remaniée jusqu'en 1871.

Je possède cette oeuvre dans la version de Michel Plasson avec l'orchestre du Capitole de Toulouse. C'est un double CD EMI qui reprend la quasi intégrale de l'oeuvre symphonique de Bizet.

Pour ceux que ça intéresse, il y a

La Symphonie en ut majeur (dite aussi Première symphonie)
Roma, Symphonie (ou Suite de concert) en ut majeur
Patrie, ouverture dramatique
Ouverture en la
Marche funèbre en si mineur
Petite Suite Jeux d'Enfants
Suite n° 1 de Carmen (la suite n°2 n'est pas de Bizet)
Suite n° 1 de l'Arlésienne (la suite n°2 n'est pas de Bizet)

Une analyse peu orthodoxe du mouvement lent :

Premier Groupe
0'06 : Thème A (8*), mélodie mélancolique présentée aux cordes
0'46: reprise de A (8) toujours aux cordes
1'25 : A modifié (4) suivi de fragmentations de la seconde période de A (4)
2'00 : réexposition de A (7) avec modification de l'orchestration (clarinette solo)

2'33 : transition (4) alternant binaire et ternaire sur des notes piquées aux bois + harpes et cordes pizz

Second Groupe
2'49 : Thème B (8) plus animé, sur un rythme ternaire avec prépondérance des bois
3'17 : reprise de B (8) avec enrichissement polyphonique et crescendo menant à...
3'47 : climax de B (3), une valse très cuivrée... limite lourdingue.

3'59 : transition (4) un peu modifiée.

Reprise contrastée et contractée du second groupe
4'14 : première période de A (4) adaptée au ternaire
4'31 : thème B (8) avec crescendo vers le climax (3)

5'12 : transition (4)

Réexposition du Premier Groupe avec ré-organisation du matériau thématique et chamboulement de l'orchestration :
5'27 : première période de A (4) présentée au cors puis reprise par la clarinette (4), puis seconde période de A (4) commencée au hautbois

6'21 : Coda (8) avec dispersion de motifs de A dans les pupitres graves s'achevant sur de larges accords.


* N'ayant pas la partition, le comptage des mesures est estimé sur des rythmes binaires 4/4 et ternaires 12/8

c'est vraiment du travail d'amateur...

ah bon....

C'est pas avec les oreilles que t'écoutes toi ?

Coco

Coco a écrit:

C'est pas avec les oreilles que t'écoutes toi ? Coco

???????

Citation :

???????

Beeen quand je vois toutes ces explications qui ressemblent pour moi à une équation mathématique aussi insoluble que 2 + 2 = 4, alors que pour moi ça a toujours fait 22, je me dis que bien que grand-mère depuis au moins 14 ans, je n'ai toujours pas compris les hommes

Coco

Citation :

bien que grand-mère depuis au moins 14 ans, je n'ai toujours pas compris les hommes

et moi je ne comprends rien aux femmes, alors on est quite

Citation :

quand je vois toutes ces explications qui ressemblent pour moi à une équation mathématique

c'est pas des maths, c'est juste pour qu'on puisse s'y retrouver. C'est sûr qu'avec des croquis ce serait plus parlant.
Toi qui composes, ça devrait te parler non ?

Citation :

Toi qui composes, ça devrait te parler non ?

Non.

Ca ne parle pas quand je compose, ça ne réfléchit pas non plus, ça sonne et ça joue tout seul

Coco

Didier a écrit:

Citation :

bien que grand-mère depuis au moins 14 ans, je n'ai toujours pas compris les hommes

et moi je ne comprends rien aux femmes, alors on est quite

On est deux!