Snoopy Admin
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| Sujet: Jean-Yves Bras: "Carlo Maria Giulini" 2007-02-27, 19:19 | |
| par Adrien De Vries Né en mai 1914, décédé en juin 2005, le chef italien originaire de Bari (Pouilles), demeure l'un des plus grands musiciens du XX ème siècle. Derrière la carrure du directeur musical, à la discographie exemplaire, l'éducation et la finesse de l'homme laissent admiratifs. Cette dimension humaine autant que musicale est peut-être la clé d'un surcroît d'estime, en somme légitime. Cet aspect est d'autant plus fascinant de la part d'un chef qui n'a "jamais cherché à faire carrière" et qui affirmait "Je ne suis pas un chef d'orchestre". Mais "qui était-il donc?" s'interroge Jean-Yves Bras, directeur de la Documentation musicale. L'auteur évoque la "liturgie" et le "mystère" qui enveloppaient chacune de ses prestations au concert. La biographie s'appuie sur une relation avec l'homme tissée sur le tard à partir de 2002, sur l'examen des entretiens publiés, sur les témoignages de ceux qui ont travaillé avec le chef (dont Myung-Whun Chung qui fut son assistant à Los Angeles, de 1978 à 1981, lequel signe l'avant-propos, évoquant sa relation toute de vénération, avec le "Maître"). Si les enregistrements rendent compte de l'interprète, le livre apporte pour sa part, un éclairage sur l'homme, sa curiosité et les valeurs humanistes qui étaient les siennes. Au travers des événements de la chronologie, relatés avec rigueur, place est ainsi favorisée aux déclarations de l'intéressé. Les faits sont donc réévalués selon sa propre sensibilité. Ainsi, lorsqu'il entre comme 12 ème altiste dans l'orchestre de l'Augusteo en 1934, il s'agit de ce qui "reste la plus grande joie" de sa vie musicale... de même, pour ses premiers concerts publics à 30 ans... sa collaboration "idéale" avec Maria Callas... Naturellement, les options artistiques, les relations "amour/haine" avec le cd, le ralentissement progressif des tempi sont évoqués avec minutie (une partie complémentaire est dédiée à ce dernier aspect). Aux côtés des étapes de la carrière, comme nous l'avons dit, s'imposent au lecteur, les informations sur le musicien qui a vécu la musique comme un "Saint-Sébastien" selon les termes de Walter Legge, époux de la soprano Elizabeth Schwarzkopf. Alors que certains chefs aimaient l'expérience du concert parce qu'ils se sentaient de mieux en mieux, Giulini avouait que la musique, "sans vouloir tomber dans le mélodrame", "me fait souffrir dans ma chair comme dans mon esprit". Voilà qui donne le sens d'une oeuvre et la profondeur d'une sensibilité. Le livre est accompagné d'un cd comprenant le Requiem de Cherubini (Columbia, 1952) et un extrait de l'entretien sonore de l'auteur avec le Maître, à Milan en février 2002. Il y est question entre autres, du pourquoi Giulini ne dirigea jamais d'opéras de Puccini. |
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