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 Dimitri Chostakovitch: Symphonies de guerre

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Snoopy
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MessageSujet: Dimitri Chostakovitch: Symphonies de guerre   Dimitri Chostakovitch: Symphonies de guerre EmptyMar 3 Avr 2007 - 12:28

Dimitri Chostakovitch: Symphonies de guerre : n°4,5,6,7, 8,9 (Gergiev, 2001/2002)

par Carter Chris Humphray

Puissante, structurée, sensible et affûtée, la direction de Gergiev dans l'univers Chostakovien fût-il traversé par l'horreur de la guerre comme ici, exprime la part de l'ombre et de la lumière. Il sait aussi se montrer humain et tendre, ciselant plusieurs pages d'une incontestable réussite. Un coffret plus que recommandable pour le Centenaire Chostakovitch: indispensable.

La maturité symponique n’est atteinte par Chostakovitch qu’à partir de la Quatrième Symphonie, soit à partir des années 1930, années de terreur et d’inquiétude, surtout période sombre où la barbarie guerrière allait peu à peu s’imposer et faire basculer la Russie Soviétique dans un bain d’horreur. Le compositeur témoigne de cette ère tragique où c’est bien la fin d’une civilisation qui se joue, le combat ultime de l’homme contre l’homme. Inhumanité contre humanité. Chostakovitch qui peine à se faufiler sous la terreur stalinienne, peint les tableaux de deuils, de ruines, l’embrasement qui a consumé tout un peuple. Ce coffret Philips regroupe plusieurs enregistrements entre septembre 1994 à juin 2002 dans lesquels Valéry Gergiev dirige l’Orchestre du Kirov et le Philharmonique de Rotterdam (Symphonie n°7 dite « Léningrad). Soit un cycle de 6 symphonies, estampillées « symphonies de guerre » parce que composées pendant les années les plus noires du conflit contre l’hydre nazi.

De fait, froidement, sans aucune retenue, mais avec un sens de la gradation et de la construction, Gergiev sculpte à pleines mains ces massifs qui portent le combat d’un peuple contre son destin.
Sa vision n’épargne aucune limite expressive si elle ne sert pas sa sensibilité époustouflante, soufflant le vacarme de l'hideuse faucheuse, comme murmurant le secret d’un percée crépusculaire. D’emblée, la direction s’impose avec une force évidente : un alchimiste domptant un volcan. L’image exprime la subtilité avec laquelle le chef d’origine ossète soigne chaque relief de timbres, chaque alliance de couleurs, chaque climat et chaque caractère pour mieux servir, et l’allant d’une action irrépressible, et les contradictions déconcertantes qu’elle entraîne avec elle, inéluctablement. Cynisme, sarcasme, charges caricaturales et laideurs dansantes (Symphonie n°9) ; convulsion, rictus, insouciance sautillante basculant dans d’amères grimaces (Symphonie n°6). Prenons par exemple parmi les Six Symphonies présentées : La Septième car la concurrence est féconde depuis quelques semaines. Il peut s’agir d’un point de comparaison d’autant plus intéressant.

Aux côtés des Jansons (Emi), Masur (Naïve), la pulsion mordante, acerbe, le métal coulé dans la lave éruptive qui emporte chaque épisode, la science des accents s’imposent incontestablement. Les musiciens du Rotterdam dans l’opus 60, suivent la poigne du chef avec une fluidité étonnante : Gergiev ajoute épisme et tendresse, avec des accents tranchés au vif, sans aucune sécheresse ni aucune dureté. La Septième regarde du côté de l’humain, vers les corps sacrifiés sur le front de l’ignominie. Des millions de soldats morts au combat : le siège de Léningrad fut l'un des carnages les plus sanglants. L'orchestre exprime ce déchirement intérieur, cet appel désespéré à la délivrance ultime, ce cri inhumain qui hurle pour l’humanité accablée par la guerre. Et l’issue ne sera gagnée qu’aux prix d’un combat d’immense peine : c’est toute la signification des cuivres telluriques qui arrachent dans le final, la vague du triomphe. Sans détailler plus que de raison, les arguments de la vision, disons que Gergiev s’immisce sans détour dans l’action tragique, dosant avec infiniment de subtilité les nuances, jusqu’au pianissimo le plus imperceptible : on y retrouve derrière la célébration des victimes, l’appel pour un autre monde ; cette aspiration et cette attente qui se déploient dans un état crépusculaire d’abandon, comme dans Lady Macbeth (adagio aux pleurs déchirants des cordes). Abandon cependant vite rattrapé par les coups du destin. La lecture est toujours claire et structurée ; les plans sont parfaits de limpidité.

En véritable alchimiste, Gergiev obtient des prodiges de tons et de caractères : la couleur aigre et amère continuement plaintive, les hurlements lugubres des vents, la majesté cynique des cordes, les déflagrations des cuivres. La baguette n’évoque plus, elle vit l’horreur et la terreur. Elle prend parti. Pour l'humain.

Maîtrise tout aussi accomplie dans une Quatrième à la pulsation constante, inquiète et insinueuse. Mécanique inhumaine, spasmes et convulsions des vents au caquetage comploteur, sombre soupçon des bassons. Le dernier mouvement est le plus réussi : après une lutte où il semble que la hideuse et colossale énergie a fait son œuvre et s’en est allée, le dénouement ne parvient pas à trouver délivrance : Gergiev exprime l’ombre permanente de la barbarie tapie, aux aguets. Un climat de complot, d’angoisse irrésolue laisse pour final une brûme murmurée de malaise vénéneux. Pari relevé surtout pour une Cinquième, nettoyée de sentimentalité, emportée avec un sens tragique carré et brut.

Autant le dire, ce coffret tient ses promesses. Il appartient aux meilleures publications rééditées pour l’année du Centenaire Chostakovitch. Pour les connaisseurs, Kondrachine (Melodiya) et Haitink (Philips) demeurent indiscutables. Mais aux côtés de l'intégrale Jansons déjà citée (Emi), la carrure de Gergiev offre une excellente alternative.

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