Mère nature en musique...

Faisons chanter et danser les montagnes!

Alan Hovhaness: Il ne pouvait avoir meilleure occasion que mon cycle "Mère nature en musique" pour redécouvrir les saveurs orchestrales de cet excellent compositeur avec tout d'abord les Symphonie N°2 "Mysterious Mountain", Opus 132 et Symphonie N°66 "Hymn to Glacier Peak", Opus 428.  Voilà une musique en parfaite osmose avec la nature. Dans les deux oeuvres, chacune constituée de trois mouvements, j'ai apprécié un "symphonisme" aéré, jamais lourd, dans lequel pouvaient émerger des solos de flûte ou de hautbois, ou autre instrument, des danses enjouées et des chansons sans parole, ce qui pour moi fut une ascension vers le rêve, vers de grands espaces, une aventure en charentaises, certes, sans piolet, mais une aventure idéale où mon imagination put vagabonder sans limite, si ce n'est celle d'un sommet où je dominai le monde. Je n'exagère nullement les émotions qui m'ont traversé pendant l'écoute et je me maudis presque de tarder encore à approfondir l'oeuvre d'Alan Hovhaness. "Mysterious Mountain" semble être la plus connue et la plus jouée, cependant, je nourris tout doucement une préférence pour "Hymn to Glacier Peak", une musique qui ne m'a jamais refroidi: trop superbe!

Par le "Royal Liverpool Philharmonic Orchestra" sous la direction de Gerard Schwarz.

Même plaisir avec la Symphonie n°50 "Mount St. Helens", Opus 360! Les deux premiers mouvements constituent une musique qui me charme de la première note à l'ultime. J'en adore les orchestrations, surtout "Spirit Lake" qui touche à l'exquis. Outre des combinaisons sonores qui flattent l'oreille, c'est une musique qui touche en profondeur et sur la durée. Le troisième mouvement intitulé "Volcano", malgré un début en douceur, c'est l'éruption volcanique, le bouleversement de cette nature magnifiquement installée, la forêt autour du Mont St Helen qui s'embrase, la lave qui jaillit du cratère, l'eau du lac en ébullition: les percussions jouent un rôle majeur dans cette partie de l'oeuvre. J'avoue que j'aurais aimé quelques petites dissonances pour pimenter le tout, mais, de toute évidence, Hovhaness a davantage pensé à Joachim qu'à Icare lorsqu'il était dans la composition de ce morceau. Je ne lui en veux pas car la symphonie est vraiment très belle, une symphonie qui, d'ailleurs, ne s'achève pas sur une impression de chaos, mais, bien au contraire, sur une impression de renaissance.

La petite pièce orchestrale Storm on Mount Wildcat qui clôture le cd est une très agréable conclusion, d'autant plus qu'elle est dotée d'un air entêtant qui, au moment où j'écris ces lignes, squatte encore mes lèvres.



Voilà une musique qui me fait valser avec l'orage sur le Mont Wildcat. J'adore!!

Très sympa en effet!

Icare a écrit:

de toute évidence, Hovhaness a davantage pensé à Joachim qu'à Icare lorsqu'il était dans la composition de ce morceau.

J'aime beaucoup l'ensemble de ce CD ! J'en parle un peu dans le topic Hovhaness

La montagne toujours:


Paul Hindemith: In Sturm und Eis -77' - par les membres du "German Symphony Orchestra Berlin" sous la direction de Dennis Russell Davies.
Cette superbe composition instrumentale est tirée du film du cinéaste allemand Arnold Frank, Im Kampf mit dem berg/La lutte contre la montagne (1921) (Le Lyskamm) ou encore A l'assaut de la montagne tel qu'il fut traduit sur Wikipédia. Pour ce cycle, je tenais absolument à contourner le plus possible la composition pour l'image car les choix sont très nombreux et méritent un cycle à part. Toutefois, j'ai décidé de faire quelques exceptions avec cette oeuvre de Paul Hindemith qui fut une magnifique découverte, mon oeuvre préférée du compositeur allemand, Les démons d'Himalaya d'Arthur Honegger et trois musiques inédites de documentaires sur la nature composées par un compositeur qui m'est encore inconnu: Panu Aaltio. Ce merveilleux moment d'émotion qu'est In Sturm und Eis s'exprime par un ensemble instrumental qui se constitue d'un violon, violoncelle, flûte, hautbois, clarinette, trompette, trombone, piano et harmonium. Encore une fois, les instruments à vent y sont beaucoup mis en valeur et j'aime bien l'usage qui est fait de l'harmonium. Je lui trouve par moments un air de famille avec l'accordéon, ce qui confère à l'oeuvre une connotation populaire qui me touche au coeur. En conclusion, pour la petite histoire, c'est Paul Hindemith qui a sollicité Arnold Frank, le réalisateur, pour composer la musique de son film qui, visuellement, l'avait émerveillé. Il témoigna de son émerveillement par ces mots: "Vous vous rendez compte que ce que vous faites là c'est de la musique pure!" Le cinéaste n'oublia jamais ces paroles et le musicien ne réclama jamais d'honoraires.

Le Liskamm (ou Lyskamm) est une montagne des Alpes valaisannes à l'est du Cervin et à l'ouest du Mont Rose sur la frontière italo-suisse entre le Valais et la Vallée d'Aoste. Il a un sommet oriental (4 527 ou 4 533 m, 8e sommet alpin) et un sommet occidental (4 477 ou 4 479 m, 11e sommet alpin). Le Liskamm a été parfois surnommé le « mangeur d'homme » à cause des séries de tragédies qui se sont déroulées sur ses arêtes. Ces deux sommets, reliés par une arête longue de deux kilomètres à 4 450 m d'altitude en moyenne, peuvent être faits dans une même course. (Wikipédia)

Arthur Honegger: Le Démon de l'Himalaya - 22' - en deux mouvements - par le "Slovak Radio Symphony Orchestra" sous la direction d'Adriano.
Le Démon de l'Himalaya est un film d'aventure germano-suisse de 1935 réalisé par Andrew Marton et mettant en vedette Gustav Diessl , Erika Dannhoff et Günter Oskar Dyhrenfurth. Il fait partie du genre cinématographique de montagne qui était populaire à l’époque. Le tournage intérieur a eu lieu aux studios Grunewald à Berlin avec des décors conçus par les directeurs artistiques Fritz Maurischat et Karl Weber. Le tournage a eu lieu lors de l'expédition internationale himalayenne de 1934 et un certain nombre de participants à l'expédition sont apparus dans le film. Le film a été créé à Zurich en mars 1935. La musique en deux mouvements symphoniques, avec un emploi rare des ondes Martenot et une entrée des choeurs dans le second, est très prenante dans son ensemble. Il y a une flûte solo étrange dans le premier mouvement, de caractère obsessionnel et mystérieux.

Le mont Kochchilis ou Koscielec, qui offre une vue imprenable sur les lacs à des distances variables, est l'une des montagnes des Grandes Tatras. Il y a beaucoup de plantes vertes et d'arbres imposants dans cette montagne, ainsi que des sentiers de randonnée et d'escalade et des sites montagneux qui attirent de nombreux amateurs d'aventure de toutes les régions. De plus, tous ceux qui grimpent au sommet de cette montagne peuvent voir un paysage panoramique à couper le souffle en raison de sa beauté.



Wojciech Kilar: Koscielec 1909 - 19' - Orchestre Philharmonique National de Pologne: direction de Kazimierz Kord;
J'avais déjà évoqué ce sentiment d'ascension dans la musique de Wojciech Kilar. Ce sentiment est particulièrement présent dans Koscielec 1909, ce qui, en même temps, si on tient compte de la source d'inspiration de cette oeuvre, est parfaitement approprié. Rien d'étonnant à ce que le maître polonais puisse être inspiré par une montagne, celle-ci symbolisant en partie son style si reconnaissable. Ce sentiment d'ascension permanente, je le ressens dans beaucoup de ses oeuvres. Dans Koscielec 1909, cette ascension aboutit tout d'abord à un passage merveilleusement lyrique et si mélodieux...avant les dissonances, les déchaînements orchestraux...

La tempête de Sibélius

Tempête de Neige de Georgi Sviridov

Très belle mise en musique du vent dans la tempête!

"Tremblement de terre"

Beethoven (le passage de l'orage dans la Pastorale)

Chasse royale et orage

Grieg: "Soir de tempête sur la mer "

Sibélius "La tempête"

Chorale qui reproduit la pluie et le tonnerre

De retour dans mon cycle sur "La Mère Nature en musique" (seconde partie), ce sont les animaux qui y sont à l'honneur par le biais de quatre oeuvres et de trois compositeurs:

Piers Hellawell: Cor de Chasse pour trompette (Mark O'Keeffe), trombone (Jonas Bylund) et orchestre (BBC Scottish Symphony Orchestra) (2003) basée sur quelques vers d'Appollinaire:

<<Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent....
....Passons, passons puisque tout passe
Je me retournerai souvent.>>

C'est presque dans une intention d'humour noir que j'ai intégré dans cette partie "animalière" une oeuvre qui fait indirectement allusion à la chasse... On pense aux loups que les chasseurs aiment tant tuer, on pense aux chiens car un chasseur sans son chien c'est un peu comme un berger sans ses moutons: Dogs and Wolves...Cette oeuvre pour deux solistes et orchestre m'a bien diverti. J' y ai trouvé une même dimension urbaine, une même filiation avec le jazz sans que ce soit du jazz. Là aussi, je ne pourrais dire d'emblée si c'est le duo trompette/trombone qui domine l'orchestre ou si, à l'inverse, c'est l'orchestre qui domine le duo. D'ailleurs, je ne vois pas réellement cette oeuvre comme un concerto, voire un double concerto, mais davantage comme une oeuvre pour orchestre avec deux solistes qui n'hésitent pas à se fondre dans la masse sonore afin de former un tout fortement expressif et mouvant, ou de s'en extraire temporairement, s'octroyant ainsi un semblant d'autonomie.

Piers Hellawell: Dogs and Wolves - pour orchestre (2005).
Sans me fasciner autant que Cors de Chasse, Chiens & Loups m'a pourtant captivé pour les mêmes raisons, bien que nettement plus courte. Dans cette matière orchestrale en fusion et en continuelle évolution, j'ignore où sont les chiens et les loups, la meute des vents ou la meute des cordes, tout un monde féroce qui s'agite dans une grande palette de couleurs, de rythmes et changements de rythmes. Toujours est-il que cette pièce orchestrale ne manque pas de mordant!

François Narboni: Les Animals (1996) - pour contrebasse principale (Didier Meu) (non non, ce n'est pas lui qui fait la vache dans l'oeuvre   ), ensemble instrumental et cris d'animaux échantillonnés - direction: Jean-Pierre PineT
Elle est l'oeuvre-clé du seul album que je possède de François Narboni, celle où s'agitent bois et cuivres dans un concert zoologique truffé de sons sauvages et burlesques, où les sons les plus voraces y dévorent les plus chétifs! Tout comme dans les deux oeuvres de Piers Hellawell susmentionnées, le jazz semble se dessiner dans les rythmes et un complexe sonore extrêmement vivant où la contrebasse y est un peu, d'une certaine façon, le roi d'une jungle sonore formidablement animée par des cris d'animaux, qu'il s'agisse de cris échantillonnés ou d'imitations par les instruments...Ce que j'y entends aussi, ce sont peut-être les rires musicaux d'un musicien ludique et terriblement original; la jungle rieuse s'achèvera sur le zzzzzzz d'une mouche ou d'un gros moustique et le claquement sec et assassin d'une tapette.

La quatrième oeuvre est la musique d'un documentaire animalier intitulé Wild Africa et le troisième compositeur est bien évidemment celui qui l'a composée; Christopher Gunning. Afrique extrême (Wild Africa) est une série documentaire en 6 épisodes de 50 minutes, coproduite par la BBC et Discovery Channel, et diffusée à partir du 14 novembre 2001 sur BBC Two. En France, la série est diffusée à partir du 17 février 2002 sur France 3 dans l'émission "Échappées sauvages". Elle est ensuite rediffusée sur France 5 et Arte. Cette série explore au plus près la vie de la faune et les nombreuses richesses du continent africain. Chaque épisode se concentre sur un environnement particulier, et raconte ses origines:
L'odyssée des sommets
La savane imprévisible
Les déserts vivants
Entre terre et mer
Dans l'épaisseur des forêts
Au fil de l'eau
Je n'ai jamais vu ce documentaire animalier en six épisodes, ne connais que la merveilleuse musique de Christopher Gunning. J'aurais pu choisir d'autres bandes originales spécialement écrites pour des documentaires sur la nature, qu'elles soient de Bruno Coulais, devenu un spécialiste du genre, Carolin Petit, Armand Amar, Cyrille Aufort, Michael Whalen..., mais rien que le thème principal, tellement beau à mes oreilles, qu'il me tire des larmes à chaque écoute!

Biber : Sonata representativa pour violon et basse continue



https://www.youtube.com/watch?v=4vVd7K8qlhg

La Sonata Representativa ou Sonata violino solo representativa est une œuvre d'Heinrich Ignaz Franz Biber, composée à Olomouc en 1669. Elle porte le numéro C. 146 dans le catalogue de ses œuvres.

Selon l’acception spécifiquement baroque du terme, l'œuvre est qualifiée d'« extravagante ». Biber introduit en effet une série d’imitations de chants d’oiseaux et de cris d’animaux, tel que le rossignol (mesure 38), le coucou (m. 64), la grenouille (m. 95), le coq et la poule (m. 113), la caille (m. 135) et le chat (m. 145). Suivent, une Musqueter Mars [Marche des mousquetaires] (m. 151) et une Allemande conclusive (m. 164).

Biber se montre ici précurseur des musiques d'imitation d'oiseaux, avec des effets de virtuosité repris dans la musique française de clavecin, de Couperin à Rameau et Daquin, et dans certaines œuvres de Vivaldi. Cette tendance sera encore suivie par Liszt, Ravel, Séverac, Enesco, Bartók et bien d'autres au XXe siècle.

Les différentes parties en allemand sont : Allegro, Nachtigal, Cu-cu, Fresch, Die Henne, Der Hahn, D. Vachtel, Die Katz, Mußquetir Mars, Allemande.

L'eau, une source d'inspiration: 4 compositeurs

La Pluie - Judith Weir: Welcome Arrival of Rain - BBC Symphony Orchestra - Martyn Brabbins
Dans The Welcome Arrival of Rain, je ressens bien que toute la musique est un long cheminement vers la pluie. Dans notre vie européenne d'enfant gâté, lorsque nous tirons le rideau et voyons qu'il pleut, nous râlons la plupart du temps. Dans certains endroits du monde, lorsqu'il pleut, c'est l'euphorie, la fête au village, un sursis que la nature accorde à la vie d'une région qui agonisait sous la sècheresse! Nous savons tous - ou devrions-nous tous savoir - que dans certaines régions du monde, la pluie est un évènement précieux attendu comme le Messie, une offrande de Dieu qu'il ne faut surtout pas gaspiller. Vers la fin de The Welcome Arrival of Rain qui se développe sur environ 17 minutes, on entend clairement la pluie tomber. Je l'ai perçu comme un effet très rafraichissant, juste avant que la musique se termine. Il ne s'agit pas d'effets sonores, de bruits enregistrés. Non, la sensation de pluie est suscitée selon un moyen purement musical. Ici, il s'agit d'un emploi particulier des pizzicati. Mais ce n'est pas ce qui est le plus important dans l'absolu, car avec les pizzicati, la musique peut exprimer bien autre chose; des grouillements d'insectes, par exemple, des broussailles en feu, etc...Ce qui m'a semblé d'assez réussi dans cette composition pour orchestre, c'est tout le cheminement symphonique duquel transpire la fibre de l'attente et de l'espoir, une ferveur lyrique qui annonce l'évènement qui peut être aussi le fruit salvateur de la prière individuelle ou collective. Ce sont les cieux qui se chargent d'épais nuages noirs et qui fait tonner le glas de la délivrance. Une pluie tombe. Enfin la pluie. La terre avait si soif.

La Rivière:

Sally Beamish: "River", Concerto pour violoncelle et orchestre (1997) en quatre mouvements - Robert Cohen - Swedish Chamber Orchestra - Ola Rudner
Voilà un concerto pour violoncelle que j'apprécie avec une préférence pour le dernier mouvement. "Le mouvement final est de la musique "qui va et vient", comme dans le poème, avec un entremêlement compliqué de cordes solistes tinté de tambourin, les pupitres arrières de violons en duo avec le violoncelle pour créer un effet à distance ravissant.

Sean O'Boyle - River Symphony - Jane Sheldon & Anna Fraser: sopranos - Willoughby Symphony Choir - South Brisbane Federal Band - The Queensland Orchestra.
Il y a ce ruissellement qui anime la "Symphonie de la rivière", cette fluidité hypnotique, ce rapport poétique à l'eau dans son mouvement permanent. Le choeur et les deux sopranos lui confèrent une beauté toute particulière, réconfortante, bienfaisante, proche de la nature. D'ailleurs, avec les compositeurs australiens, la nature est presque toujours la principale influence ou source d'inspiration. J'adore cette symphonie, un bain de notes exquises!

Rivière et pluie: Toru Takemitsu:
Riverrun - Paul Crossley: piano solo - Le piano y est omniprésent, a même droit à son solo, pour une oeuvre limpide et très caractéristique du style du compositeur. Fascinant et poétique.
Water-Ways Voilà un instrumentarium idéal pour moi, surtout lorsqu'il se frotte au monde sonore du grand Toru. Mais je préfère malgré tout Riverrun: c'est le jeu permanent du piano et l'évolution à la fois puissante et subtile de l'orchestre, son effacement aussi à un moment donné. On remarquera d'ailleurs par son oeuvre orchestrale que Toru Takemitsu nourrissait peu d'affection pour les cuivres, principalement lorsqu'il en était fait un usage massif, estimait d'ailleurs qu'il y en avait trop dans la musique occidentale. Je partage encore son avis aujourd'hui même si...
Rain Coming En parfaite communion avec la nature tout comme je suis en parfaite communion avec sa musique.
Rain Spell Composée la même année que "Water-ways", cette oeuvre bénéficie du même instrumentarium en plus restreint, pas de violoncelle, une seule harpe et un seul vibraphone. Ce n'est pas pour cette raison qu'elle me plait moins, mais disons qu'elle m'est, pour une raison ou une autre, insaisissable.

The London Sinfonietta - Oliver Knussen

Je ne connais aucun de ces morceaux, mais concernant les rivières, n'oublions pas ce magnifique Concerto de la Rivière Jaune du compositeur chinois Xian Xinghai.

L'eau une source d'inspiration, un dernier compositeur, une oeuvre courte:

Tobias Picker: Ancien fleuve et fleuve perdu par le "London Symphony Orchestra" sous la direction de John Williams.
Compositeur américain plutôt prolifique, je ne connais que cette courte pièce pour orchestre. Le titre "Old and lost rivers" est tiré d'un phénomène naturel - le réseau de bayous qui se trouve à l'est de Houston, près du grand fleuve Trinity qui serpente de Dallas vers le Golfe du Mexique. Les bayous, méandres abandonnés par le fleuve lorsque son lit est déplacé au fil des ans, sont donc des cours d'eau fantômes, qui ondulent paresseusement dans le paysage - vert et plein d'oiseaux lorsqu'il fait sec, rempli d'eaux brunâtres qui s'écoulent lentement pendant la saison des pluies. Les deux principaux bayous sont appelés "Old River et Lost River". A leur jonction se trouve un panneau: "Old and Lost Rivers". Jamake Highwater. Une musique plaisante et paisible, merveilleusement paisible.


Des arbres, une forêt:

John Williams: Les Cinq arbres sacrés - Concerto pour basson et orchestre - Judith LeClair - "London Symphony Orchestra" - John Williams
Il fait longtemps que je connais son concerto pour basson, mais c'est peut-être ce soir qu'il m'a le plus séduit. Sans manifester une quelconque jubilation, ce sont les moments les plus paisibles, comme le premier mouvement (premier arbre sacré - chêne vigoureux), qui caressent agréablement mon oreille. L'auteur estime que le basson est "hanté" par l'esprit des arbres. J'adore moi-même le basson, les arbres, la forêt. Dans sa musique, Williams tient compte du bruissement du vent dans les feuilles, ce qu'enfant j'adorais observer et écouter, allongé sous les arbres.

Toru Takemitsu: Rangée d'arbres - "London Symphony Orchestra" - John Williams
Cette composition est une petite merveille à mes oreilles. Elle fut d'ailleurs composée à la demande du "London Sinfonietta" afin de célébrer son vingtième anniversaire. Toru Takemitsu nous dit: <> Gracieux et vivaces, c'est bien ce qui ressort de cette magnifique tapisserie pour orchestre de chambre qui, en plus, s'articule autour d'un thème de quelques notes qui semblent provenir de "RAN". L'autre point merveilleux pour moi s'explique par l'apparition quasi-céleste du hautbois. C'est lui qui aura le dernier mot dans un solo final irrésistible et bien plus fascinant à mes oreilles qu'une conclusion héroïque avec cuivres et fanfare.

Judith Weir: Forest - "BBC Symphony Orchestra" sous la direction de Martyn Brabbins
Forest est une oeuvre symphonique également très plaisante à suivre, colorée, vivante, expressive, d'un lyrisme qui n'est jamais trop appuyé. Je ne pourrais dire si je me sentais réellement à l'intérieur d'une forêt, mais dans une peinture dense et ondulée. Une chose est certaine, parfaitement "visible" dans la musique de Judith Weir; c'est la nature! On sent bien que la nature est très présente dans les oeuvres que j'ai évoquées sur ce topic, et peu importe si, par moments, j'y vois une montagne plutôt qu'une colline ou un lac plutôt qu'un torrent, la tombée de la nuit plutôt que l'aurore, ou si je n'imagine que les musiciens entrain de jouer la musique que j'écoute. C'est d'ailleurs ce qui m'arrive le plus souvent lorsque mon esprit éprouve ce besoin indicible d'imager ce qui passe par l'oreille.

Des arbres, une forêt, suite:

Phantom of the Forest, un film documentaire de 1994 mis en musique par Michael Whalen:

Les îles britanniques restaurent leurs grandes forêts, et avec elles le plus grand des véritables faucons du monde, l'autour des palombes. Éteint en Angleterre depuis 100 ans, cet oiseau de proie aux ailes courtes est le principal prédateur de son environnement, mais il a encore besoin de protection contre l'homme. Ce secret entourant la réintroduction de ces oiseaux signifiait que le lieu de tournage du film, qui a duré deux ans, était une information classifiée.



J'ai réécouté, aujourd'hui, la musique que Michael Whalen composa pour le film naturalistique Phantom of the Forest et dont le point culminant, véritable hymne à la nature, est "Cathedral of the Woods", un petit sommet de poésie d'une huitaine de minutes. L'oeuvre bénéficie d'une petite formation instrumentale avec parfois des voix: une musique gracieuse, aérée et poétique de la première à la dernière note, avec une mélodie principale légèrement naïve mais touchante.

Icare a écrit:

Ce secret entourant la réintroduction de ces oiseaux signifiait que le lieu de tournage du film, qui a duré deux ans, était une information classifiée.

On se demande bien pourquoi?

LE VOL DU BOURDON - Rimsky-Korsakov

Les insectes, une autre source d'inspiration:

Caroline Marçot: L'Edit du Papillon pour soliste, choeur et orchestre - 13'58" - "Orchestre des Jeunes de la Méditerranée" - direction: Roland Hayrabedian.
Dans bien des recueils de "Chants Populaires" qu'il a passé sa vie à collecter en France entre 1923 et 1955, Marie-Joseph Canteloube, à la fois par souci musicologique et par intention compositionnelle, note et accentue les particularités régionales de chacun. Cette pièce propose une façon d'assembler quelques-unes de ces mélodies de caractère et de les réunir sous une identité commune et forte. En Provence, en Corse, en Orient, vibrante du même esprit nomade, marin et insulaire, c'est toute l'âme méditerranéenne qui se chante, de la berceuse au lamento funèbre, au cours d'une histoire en forme de conte. C'est la mémoire des aïeux qui nous livre avec éclat la légende de l'amour maternel, le souvenir des sérénades, des danses et des noces, comme autant de parcelles de vie, de l'enfance à l'oubli de l'âge. - C. Marçot
J'ai toujours beaucoup aimé cette oeuvre de Caroline Marçot qui, en plus, est très jolie, ce qui ne gâche rien. Je ne vois aucun papillon à l'écoute de la musique, déjà parce qu'il n'y a aucune raison d'en voir, mais disons que c'est moi qui papillonne en l'écoutant. Le Vol du Bourdon de Rimsky-Korsakov est bien plus démonstrative et je peux même suivre le bourdon des yeux...oreilles...

Bela Bartok: Concerto pour piano et orchestre n°2 - 28'16" - Peter Donohoe - "City of Birmingham Symphony Orchestra" - Sir Simon Rattle.
(...) La redistribution de l'orchestre selon un schéma non romantique se poursuit dans le Deuxième concerto pour piano (1930-1931). Cette fois, c'est dans le premier mouvement que les cordes restent silencieuses, avant d'apporter leur propre contribution, étrangement inexpressive (non vibrato), au choral étouffé qui ouvre l'Adagio central: après les textures éclatantes des vents, des cuivres et du piano dans le mouvement précédent, celui-ci entre telle la voix d'un monde lointain. Dans l'épisode suivant, Presto, l'écriture pianistique reflète la fascination de Bartok pour les sonorités d'insectes (ici tel un écho haut en couleur de la pièce n°142 (vol.6) - "Ce que la mouche raconte" - du cycle pour piano Mikrokosmos (1926-1937). Mais le moment le plus magique est le retour du choral aux cordes, tremolando et sul ponticello (l'archet au plus près du chevalet), les trilles du piano évoquant la mouche étant comme suspendues au-dessus, en un "mouvement figé". - Stephen Johnson
C'est justement le passage qui me fascine le plus dans ce concerto, moi qui, enfant, était si cruel avec les mouches...

Toujours à propos d'insectes :

Britten : Two Insects pieces for oboe and piano



https://www.youtube.com/watch?v=XQ6sYRZY9gQ

1. The Grasshopper (La sauterelle)
2. The Wasp (La guêpe)

Heinz Holliger_oboe
Bruno Canino pianoforte

J'ai profité de mon cycle autour de la nature et plus particulièrement de la partie autour des insectes pour confronter deux musiques écrites pour deux documentaires très différents sur le monde des insectes, des documentaires appartenant également à deux périodes distinctes du vingtième siècle:

Tout d'abord: The Hellstrom Chronicle/Des Insectes et des Hommes - Lalo Schifrin - 1971

et ensuite: Microcosmos, le Peuple de l'herbe - Bruno Coulais - 1996

Des Insectes et des Hommes, réalisé par Walon Green & Ed Spiegel, est un film américain sorti en 1971 qui combine des éléments de documentaire , d'horreur et de prophétie apocalyptique pour présenter une représentation satirique captivante de la lutte pour la survie entre les humains et les insectes:

Le scientifique fictif, le Dr Nils Hellstrom, guide les spectateurs tout au long du film. Il affirme, sur la base de théories à consonance scientifique, que les insectes finiront par gagner la lutte pour la survie sur Terre grâce à leur adaptabilité et leur capacité à se reproduire rapidement et que la race humaine perdra la bataille en grande partie à cause d'un individualisme excessif. Le film combine de courts extraits de films d'horreur et de science-fiction avec des séquences de caméra extraordinaires de papillons, criquets, guêpes, termites, fourmis, éphémères, ainsi que d'autres insectes rarement vus auparavant sur les écrans et de plantes/insectes insectivores.

Microcosmos, le Peuple de l'herbe est un film français de 1996 réalisé par Claude Nuridsany & Marie Pérennou, et entièrement consacré aux petites bêtes (notamment aux insectes, mais pas uniquement). Il est filmé à l'aide de caméras macro spécialement créées pour l'occasion. Microcosmos est considéré comme le documentaire le plus novateur fait sur les insectes, récompensé par de nombreux Césars.

Le premier et plus ancien documentaire est plus engagé dans la recherche et l'hypothèse scientifiques alors que celui de 1996 se contente de filmer les petits animaux, pouvant aller de la fourmi à l'escargot, avec un nouveau procédé, mais le fait admirablement et sur une musique très inspirée, aussi remarquable que remarquée, de Bruno Coulais. Là aussi, les deux approches musicales divergent autant sur la forme que sur le fond. Lalo Schifrin et Bruno Coulais font pourtant partie des compositeurs qui occupent une place majeure dans ma cédéthèque:



Sur Hellstrom Chronicle, j'ai tenté de créer un fantasme du monde des insectes - une concaténation de sons terrestres tels que j'imagine qu'ils pourraient paraître aux insectes eux-mêmes. Comme je n'anticipais aucune protestation de la part d'un quelconque groupe de "libération d'insectes" bien organisé, j'ai accepté une généreuse licence artistique. Les effets musicaux ont été obtenus grâce à une combinaison éclectique d'instruments comprenant des synthétiseurs électroniques exotiques, des carillons éoliens joués au clavier, des dispositifs de percussion inhabituels et des pièces orchestrales conventionnelles jouées de manière non conventionnelle. - Lalo Schifrin.



L'univers sonore du film est un mélange entre des sons réels, captés sur le terrain avec des microphones spéciaux, et des sons créés par le « sound designer » et monteur son Laurent Quaglio, lors du montage du film. Les bruits d'insectes les plus faibles ou les plus difficiles à capter ont été enregistrés individuellement dans une chambre anéchoïque de l'INRA puis retravaillés. Après discussion avec les réalisateurs. Bruno Coulais, compositeur de la musique, a travaillé en concertation étroite avec le monteur son de telle sorte que, souvent, on ne sait pas si les sons entendus sont dus à des instruments de musique ou aux insectes - Wikipédia