Nombre de messages : 27128 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Paul Bowles (1910-1999) 2024-01-23, 18:55
Paul Bowles (30 décembre 1910-18 novembre 1999) est un compositeur, écrivain, et voyageur américain. Il passa la majeure partie de sa vie au Maroc.
De son nom complet Paul Frederick Bowles, il naquit le 30 décembre 1910 à Jamaica (quartier de Long Island, dans la ville de New York), enfant unique de Rena (née Winnewisser) et de Claude Dietz Bowles, dentiste. Son enfance a été matériellement confortable, mais son père était un parent froid et dominateur, opposé à toute forme de jeu ou de divertissement, et craint à la fois par son fils et par sa femme. Selon la légende familiale, Claude aurait tenté de tuer son fils nouveau-né en le laissant exposé sur le rebord d'une fenêtre lors d'une tempête de neige. L'histoire n'est peut-être pas vraie, mais Bowles pensait que c'était le cas et qu'elle résumait sa relation avec son père. La chaleur de son enfance lui a été apportée par sa mère, qui lui a lu Nathaniel Hawthorne et Edgar Allan Poe alors qu'il était encore enfant. Par la suite, il étudia à l'université de Virginie.
En 1929, il abandonna ses études pour faire son premier voyage à Paris. En 1931, lors d'un autre séjour en France, il s'agrégea au cercle littéraire et artistique de Gertrude Stein et, sur son conseil, se rendit pour la première fois à Tanger en compagnie de son ami et professeur de musique, le compositeur Aaron Copland. Il retourna en Afrique du Nord dès l'année suivante, voyageant dans d'autres régions du Maroc, du Sahara et de l'Algérie.
En 1938, il épousa Jane Bowles, née Auer, écrivain et dramaturge. Tout au long des années 1940, ils figurèrent parmi les personnalités littéraires marquantes de New York, Bowles travaillant par exemple comme critique musical au New York Herald Tribune sous la direction de Virgil Thomson.
En 1947, Bowles partit s'établir définitivement à Tanger, où Jane Auer vint le rejoindre en 1949. Le couple devint rapidement incontournable dans le milieu des Européens et Américains établis à Tanger. Dès la fin des années 1940, ils y reçurent la visite de figures littéraires éminentes, parmi lesquelles Truman Capote, Tennessee Williams et Gore Vidal. Ils furent suivis, au cours des années 1950, par les auteurs de la beat generation, Allen Ginsberg et William S. Burroughs.
À partir de son installation au Maroc, Bowles se consacra à l'écriture de romans, de nouvelles et de récits de voyages, écrivant également la musique pour neuf pièces représentées à l'École américaine de Tanger (American School of Tangier).
Au début des années 1952, Bowles fit l'acquisition de Taprobane, petite île située sur la côte de l'actuel Sri Lanka, où il écrivit une grande partie de son roman The Spider's House, revenant à Tanger lors des mois les plus chauds.
Après la mort de Jane Bowles en 1973 à Malaga (Espagne), Bowles continua de vivre à Tanger, écrivant et recevant ses visiteurs dans son modeste appartement. En 1995, Bowles retourna brièvement à New York pour un festival consacré à ses œuvres musicales, se tenant au Lincoln Center. À cette occasion, il participa également à un festival de sa musique au centre de Lincoln ainsi qu'à un colloque et à une entrevue tenue à la New School for Social Research (« nouvelle école pour la recherche sociale »).
Paul Bowles est mort d'un arrêt cardiaque à l'hôpital italien de Tanger le 18 novembre 1999, à l'âge de 88 ans. Le lendemain, le New York Times publia une nécrologie occupant une page entière. Bien qu'ayant vécu au Maroc pendant 52 ans, Paul Bowles fut inhumé à Lakemont (New York), à proximité de ses parents et grands-parents.
Pour les romans, nouvelles et autres écrits, se reporter à Wikipedia
Musique
Son répertoire, très souvent conventionnel, s'éloigna, à quelques rares exceptions, des thèmes de prédilection de ses romans.
L'insondable Paul Bowles étudia la musique avec Aaron Copland, publia son premier poème à dix-sept ans, fit des allers-retours entre New York et Paris pour finalement s'installer à Tanger et y construire un univers fascinant dont l'aura de légende persiste encore aujourd'hui. À Paris, il se lia avec Tristan Tzara, subit comme tous ses compatriotes les brimades de Gertrude Stein. À Berlin, il arrangea pour le piano des pièces vocales du dadaïste Kurt Schwitters. À New York, il fut critique musical pour le International New York Times, sous l'égide de Virgil Thomson, et reconnu comme un excellent compositeur, il collabora avec Orson Welles, Joseph Losey ou Tennessee Williams.
Son opéra The Wind Remains, inspiré par un poème de Federico García Lorca, fut créé en 1943, dirigé par Leonard Bernstein, avec une chorégraphie de Merce Cunningham. Quand il décrocha un substantiel contrat d'édition en 1947, il s'installa définitivement à Tanger. Cette évaporation marocaine ruina sa carrière de compositeur, mais cet éloignement lui permit de trouver la concentration pour écrire. Truman Capote, William S. Burroughs, Brion Gysin, Jack Kerouac, Gore Vidal lui rendirent visite, tandis qu'il concevait un puissant univers littéraire reposant sur un canevas machinal systématique, qui montrait le basculement progressif dans la folie de l'homme occidental confronté aux civilisations encore sauvages de l'Afrique du Nord et de l'Amérique latine.
Sa musique pour piano, désormais souvent jouée, comme en témoignent deux disques récents (chez Naxos) interprétés par Andrey Kasparov et Oksana Lutsyshyn, dévoila l'éclectisme et l'exotisme de Bowles, ses deux traits distinctifs. Derrière un univers hybride, entre folklore américain et airs sud-américains, des rares pièces dissonantes révélèrent une violence sourde et secrète. Cherchant le lien secret entre le monde naturel et la conscience de l'homme, Bowles réussit parfaitement à restituer cet entre-deux magnétique du choc des instincts sauvages et civilisés dans ses romans comme Après toi le déluge ou Un thé au Sahara. Étrangement, sa musique, à quelques notables exceptions — Tamanar, Sonate pour deux pianos — reste souvent séduisante, loin de sa thématique onirique, alors qu'il n'était fasciné que par la violence et la destruction.
Œuvres musicales complètes
1931 – Sonata for Oboe and Clarinet 1936 – Horse Eats Hat, play 1936 – Who Fights This Battle, play 1937 – Doctor Faustus, play 1937 – Yankee Clipper, ballet 1938 – Music for a Farce 1938 – Too Much Johnson, play 1938 – Huapango – Cafe Sin Nombre – Huapango-El Sol, Latin American folk 1939 – Denmark Vesey, opera 1939 – My Heart's in the Highlands, play 1940 – Loves Old Sweet Song, play 1940 – Twelfth Night, play 1941 – A Little Closer, Please, words by William Saroyan 1941 – Liberty Jones, play 1941 – Watch on the Rhine, play 1941 – Love Like Wildfire, play 1941 – Pastorela, ballet 1942 – In Another Five Years Or So, opera 1942 – The Wind Remains, zarzuela 1943 – South Pacific, play 1943 – Sonata for Flute and Piano and Two Mexican Dances 1943 – 'Tis Pity She's a Whore, play 1944 – The Glass Menagerie, play 1944 – Jacobowsky and the Colonel, play 1944 – Sentimental Colloquy, ballet 1945 – Ondine, play 1945 – Three, words by Tennessee Williams 1945 – Three Pastoral Songs 1946 – Night Without Sleep, words by Charles Henri Ford 1946 – Cyrano de Bergerac, play 1946 – The Dancer, play 1946 – Land's End, play 1946 – On Whitman Avenue, play 1946 – Twilight Bar, play 1946 – Blue Mountain Ballads ("Heavenly Grass", "Lonesome Man", "Cabin", "Sugar in the Cane"), words by Tennessee Williams 1946 – Concerto for Two Pianos 1947 – Sonata for Two Pianos 1947 – Pastorela: First Suite, a ballet/opera in one act 1947 – The Glass Menagerie, words by Tennessee Williams, two songs by Bowles 1948 – Concerto for Two Pianos, Winds and Percussion 1948 – Summer and Smoke, play 1949 – Night Waltz 1953 – A Picnic Cantata 1953 – In the Summer House, play 1955 – Yerma, opera 1958 – Edwin Booth, play 1959 – Sweet Bird of Youth, play 1962 – The Milk Train Doesn't Stop Here Anymore, play 1966 – Oedipus, play 1967 – The Garden, play 1969 – The Bacchae, play 1976 – Cross Country 1978 – Orestes, play 1978 – Caligula, play 1984 – Camp Cataract, play 1984 – A Quarreling Pair, play 1992 – Hippolytos, play 1992 – Black Star at the Point of Darkness 1993 – Salome, play
Concerto pour 2 pianos, vents et percussion
https://www.youtube.com/watch?v=8V5V9iVI5-U
Concerto for Two Pianos, Winds and Percussion (1946 - 1947) I. Allegro II. Scherzo III. Andante
Conductor: Dennis Zeisler Oboe/ English Horn: George Corbett Clarinet/ Bass Clarinet: Nik Hecker Trumpet: Lawrence Clemens Percussion: David Walker and Kevin Bobo Invencia Piano Duo: Andrey Kasparov and Oksana Lutsyshyn