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 Paul Kletzki (1900-1973)

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joachim
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MessageSujet: Paul Kletzki (1900-1973)   Paul Kletzki (1900-1973) EmptyMer 3 Avr 2013 - 20:26

Paul Kletzki (à l'origine Pawel Klecki) est un chef d'orchestre et compositeur polonais, naturalisé suisse, né à Łódź le 21 mars 1900 et décédé en répétition d'orchestre à Liverpool le 5 mars 1973


Il intègre l'Orchestre de la Philharmonie de Łódź , à l'âge de quinze ans. Il se rend ensuite à Varsovie, où il étudie le violon avec Emil Młynarski au Conservatoire National. Là, il suit également des cours de philosophie. Il rejoint Berlin en 1921 pour parachever sa formation. Ses talents de compositeur vont être encouragés et soutenus par Toscanini, puis par Furtwängler qui lui permettra même de diriger le fameux Orchestre philharmonique de Berlin en 1925. Mais la politique antisémite des dirigeants nationaux-socialistes allemands le contraindront à quitter Berlin. Débute pour lui une période d'émigrations successives : en Italie, il enseigne la composition à Milan, mais le régime mussolinien d'obédience fasciste provoque, à nouveau, son départ vers l'Union soviétique. Là aussi, il ne peut y vivre sans crainte, compte tenu de la politique de Grande Terreur déclenchée par Staline dès 1936. Kletzki s'installera, en définitive, en Suisse.

Paul Kletzki possédait de réels dons de compositeur : son émouvante Troisième Symphonie « In Memoriam », achevée en octobre 1939, en est un parfait exemple. Cette œuvre rend hommage aux victimes de l'Holocauste. Kletzki, comme nombre de ses compatriotes, a perdu une grande partie de sa famille dans les camps d'extermination nazis. À partir de 1942, il cesse de composer, arguant que le nazisme avait annihilé ses facultés spirituelles et son pouvoir créatif. En effet, une partie des membres de sa famille a été assassinée, y compris ses parents et sa soeur.

Après la guerre, il atteindra, toutefois, la renommée grâce à ses capacités de chef d'orchestre. Il dirigera maintes fois l'Orchestre National au Théâtre des Champs-Élysées à Paris (concerts diffusés par la Radiodiffusion Française). Par la suite l'Orchestre symphonique de Dallas entre 1958 et 1961, puis l'Orchestre de la Suisse romande, fondé par Ansermet, de 1967 à 1970. Il a réalisé de nombreux enregistrements de disques.


Répertoire

Kletzki a défendu, avec constance, les symphonies de Sibelius et de Mahler, à une époque où celles-ci n'avaient pas encore totalement convaincu le public. Il laisse, à la tête de la Philharmonie Tchèque, un enregistrement des symphonies de Beethoven, marqué par le souci d'objectivité et de clarté dans le détail.




Oeuvres

Symphonie n° 1 en ré mineur, op 17 (1927)
Symphonie n° 2 en sol mineur, avec baryton, op 18 (1928)
Symphonie n° 3, pour grand orchestre op 31  "In Memoriam" (1939)
Concerto pour piano et orchestre en ré mineur, op 22 (1930)
Concerto pour violon et orchestre en sol majeur, op 19 (1928)
Concertino pour flûte et orchestre, op 34 (1940)
Sinfonietta pour cordes en mi mineur, op 7 (1923)
Suite lyrique, op 30 (1938)
Orchestervariationen, op 20 (1929)
Variations sur un thème de Emile Jacques Dalcroize pour orchestre à cordes, op 33 (1940)
Capriccio pour grand orchestre, op 24 (1931)
Konzertmusik pour cordes, bois solistes et timbales, op 25 (1932)
Vorspiel zu einer Tragödie (Ouverture pour une tragédie), op 14 (1926)
Ouverture to the Florentine Tragedy by Oscar Wilde (sans op. - perdue)
Octuor pour clarinet, cor, basson, 2 violons, alto, violoncelle, contrebasse, op 28 (1934)
4 Quatuors à cordes : n° 1 en la mineur, op 1 (1923)  n° 2 en ut mineur op 13 (1925) et n° 3 en ré mineur op 23 (1931) n° 4 (sans op. 1943)
Trio pour piano, violon, violoncelle  en ré majeur, op 16 (1926)
Trio à cordes pour violon, alto, violoncelle, op 29 (1934)
Trio pour flûte, violon et alto, op 32 (1940)
Fantaisie pour piano en ut mineur op 9 (1924)
Kleine Partita op 27 (1933)
D'autres pièces pour piano, dont les 3 Préludes op 4 (1923) et 3 pièces sans op. (1941)
Sonate pour violon et piano en ré majeur, op 12 (1924)
Introduction et Rondo pour violon et piano, op 21 (1930)
Sonate pour violon solo, op 26 (1933)
Des Lieder dont Vier Lieder, op 2, Drei Nachtgesänge op 3, Drei Gesänge op 6, Drei Gesänge, op 11, Acht Lieder op 15
Quelques Lieder avec orchestre (sans opus, dont Erwartung et Care Selve)
Quelques choeurs (An der Wassern zu Babel, contralto, choeur et orgue, Consolez mon peuple dit votre Dieu, choeur a cappella, 1942)


Dernière édition par joachim le Mer 22 Avr 2020 - 12:36, édité 1 fois
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joachim
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MessageSujet: Re: Paul Kletzki (1900-1973)   Paul Kletzki (1900-1973) EmptyDim 18 Aoû 2013 - 18:34

Encore un post romantique du 20ème siècle, qui ne plaira donc pas à Icare Paul Kletzki (1900-1973) 338665 . Un petit côté Rachmaninov, c'est pas mal du tout Wink 

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Jean

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MessageSujet: Re: Paul Kletzki (1900-1973)   Paul Kletzki (1900-1973) EmptyLun 19 Aoû 2013 - 9:13

j'ai bien apprécié aussi;) 
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MessageSujet: Re: Paul Kletzki (1900-1973)   Paul Kletzki (1900-1973) EmptySam 14 Juin 2014 - 19:17

Je n'ai pas eu l'occasion d'écouter ses compositions mais c'est l'un des plus grand chef du siècle dernier assurément. Il suffit d'écouter ses enregistrements Mahlériens (1ère avec Vienne et 4ème avec le Philharmonia), Beethoveniens (intégrale avec la Philharmonie Tchèque), sa 6ème de Tchaikovsky... Le premier mouvement de la 1ère de Mahler me donne des frisson... On entend et on ressent beaucoup plus de choses dans les interprétations de Kletzki que la plupart des autres chefs.
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MessageSujet: Paul Kletzki   Paul Kletzki (1900-1973) EmptyDim 6 Juil 2014 - 23:16

Paul Kletzki (21 March 1900 – 5 March 1973) était un compositeur et chef d'orchestre Polonais. Il intègre l'Orchestre de la Philharmonie de Lodz, à l'âge de quinze ans. Il se rend ensuite à Varsovie, où il étudie le violon avec Emil Mlynarski au Conservatoire National. Là, il suit également des cours de philosophie. Il rejoint Berlin en 1921 pour parachever sa formation. Ses talents de compositeur vont être encouragés et soutenus par Toscanini, puis par Furtwängler qui lui permettra même de diriger le fameux Orchestre philharmonique de Berlin en 1925. Mais la politique antisémite des dirigeants nationaux-socialistes allemands le contraindront à quitter Berlin. Débute pour lui une période d'émigrations successives : en Italie, il enseigne la composition à Milan, mais le régime mussolinien d'obédience fasciste provoque, à nouveau, son départ vers l'Union Soviétique. Là aussi, il ne peut y vivre sans crainte, compte tenu de la politique de Grande Terreur déclenchée par Staline dès 1936. Kletzki s'installera, en définitive, en Suisse. Après-guerre, il atteindra, toutefois, la renommée grâce à ses capacités de chef d'orchestre. Il dirigera l'Orchestre symphonique de Dallas entre 1958 et 1961, puis l'Orchestre de la Suisse Romande, fondé par Ansermet, de 1967 à 1970.

A titre personnel je considère Paul Kletzki comme l'un des plus grand chef du siècle dernier, celui ci ayant laissé une intégrale Beethovenienne passionnante et grisante avec la Philharmonie Tchèque, des enregistrements Mahlérien de grande classe (1ère avec le Philharmonique de Vienne et 4ème avec le Philharmonia) et une 6ème de Tchaikovsky bouleversante et profonde. Bon nombre d'enregistrement supplémentaires existes. Ce qui me bouleverse le plus chez lui c'est que l'on redécouvre vraiment la musique même là où on ne s'y attend pas, on découvre des climats et des morceaux de symphonies.

Il a collaboré avec de grands artistes et notamment David Oistrakh (le concerto pour violon de Tchaikovsky), Johanna Martzy (violoniste extraordinaire à mon humble avis, dans les concertos pour violons de Mendelssohn et Brahms), Maurizzio Paulini (concertos pour piano de Chopin), Nathan Milstein (concerto pour violon de Brahms)...
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joachim
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MessageSujet: Re: Paul Kletzki (1900-1973)   Paul Kletzki (1900-1973) EmptyVen 11 Juil 2014 - 11:05

Il y a déjà un topic sur Paul Kletzki, VizZ, rubrique "compositeurs"  Wink 

https://musiqueclassique.forumpro.fr/t8527-paul-kletzki?highlight=kletzki
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Icare
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MessageSujet: Re: Paul Kletzki (1900-1973)   Paul Kletzki (1900-1973) EmptyVen 11 Juil 2014 - 11:12

Et en plus tu avais déjà posté sur ce fil.  Hehe 
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MessageSujet: Re: Paul Kletzki (1900-1973)   Paul Kletzki (1900-1973) EmptyMar 18 Aoû 2015 - 9:37

Paul Kletzki (1900-1973) Bis13910

Ce disque est vraiment intéressant c'est un mix de post romantique et de contemporain. J'aime particulièrement le concerto pour flute très rafraichissant.

Pour la petite histoire, de son vivant, Kletzki a toujours cru que ses partitions avaient été perdues à jamais pendant les bombardements. Il avait retrouvé ses partitions après guerre mais n'avait jamais voulu ouvrir la caisse les contenant pensant qu'elles avaient été détruites. C'est sa deuxième femme qui ouvrit la caisse après son décès et découvrit qu'elles étaient intactes. Heureusement ! I love you

Pour compléter ce qui est indiqué plus haut, à noter que notamment grâce à Walter Legge il a énormément collaborer avec le Philharmonia Orchestra de la grande époque en laissant une trentaine d'enregistrements dont presque aucun n'a été republié par EMI...
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joachim
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MessageSujet: Re: Paul Kletzki (1900-1973)   Paul Kletzki (1900-1973) EmptyDim 9 Mai 2021 - 19:41

Symphonie n° 3 "In Memoriam"



https://www.youtube.com/watch?v=8inlGX59sXY

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vincent.piot

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MessageSujet: Re: Paul Kletzki (1900-1973)   Paul Kletzki (1900-1973) EmptyDim 9 Mai 2021 - 20:31

joachim a écrit:


Paul Kletzki possédait de réels dons de compositeur : son émouvante Troisième Symphonie « In Memoriam », achevée en octobre 1939, en est un parfait exemple. Cette œuvre rend hommage aux victimes de l'Holocauste.

Je ne comprends pas ce passage, si cette symphonie est achevée en octobre 1939, la politique d'extermination systématique des juifs n'a pas encore commencé (conférence de Wannsee le 20 janvier 1942) et on ne peut pas encore parler d'Holocauste, la Pologne venait juste d'être envahie par les troupes allemandes et avait vite perdu.
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joachim
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MessageSujet: Re: Paul Kletzki (1900-1973)   Paul Kletzki (1900-1973) EmptyLun 10 Mai 2021 - 17:50

vincent.piot a écrit:
joachim a écrit:


Paul Kletzki possédait de réels dons de compositeur : son émouvante Troisième Symphonie « In Memoriam », achevée en octobre 1939, en est un parfait exemple. Cette œuvre rend hommage aux victimes de l'Holocauste.

Je ne comprends pas ce passage, si cette symphonie est achevée en octobre 1939, la politique d'extermination systématique des juifs n'a pas encore commencé (conférence de Wannsee le 20 janvier 1942) et on ne peut pas encore parler d'Holocauste, la Pologne venait juste d'être envahie par les troupes allemandes et avait vite perdu.

Il est vrai que ça ne semble pas clair a priori. Mais voici ce que j'ai trouvé dans la notice du CD :

Lorsque Paul Kletzki (1900-73) quitta sa Pologne natale pour l'Allemagne en 1921, il réussit rapidement à la fois en tant que compositeur et chef d'orchestre, un Wunderkind bénéficiant du patronage de deux des plus grands musiciens de l'époque, Arturo Toscanini et Wilhelm Furtwängler. Mais les tempêtes des années 30 et 40 a fait sa carrière prendre de nombreux virages inattendus. Fuyant le nazisme, Kletzki se rend en Italie en 1933, mais trois ans plus tard, il est de nouveau contraint de fuir, cette fois des fascistes de Mussolini. Laissant les manuscrits et les partitions de ses compositions dans un coffre enfoui sous terre à Milan, il partit pour le Soviet. Son séjour là-bas fut cependant de courte durée, car la vie d'un étranger dans le pays de Staline devenait de plus en plus dangereuse.


En 1938, il fit son dernier déménagement, cette fois en Suisse, où il resta en dehors de la Seconde Guerre mondiale. C'est ici qu'il composa en 1939 la Symphonie n° 3 "In memoriam"' - un sous-titre qui peut être l'adieu du compositeur au monde civilisé tel qu'il l'avait connu, ou comme un mémorial aux victimes de la persécution nazie des Juifs d'Europe.  Celles-ci étaient déjà nombreuses à cette époque - dans quelques années, elles se chiffreraient à des millions et incluraient la propre famille de Kletzki en Pologne. Cette dernière interprétation vient à l'esprit, notamment parce que Kletzki lui-même a choisi d'interpréter le deuxième mouvement de la symphonie lors d'une cérémonie pour les victimes de l'Holocauste en 1946. C'est la seule fois où une partie de l'œuvre a été exécutée, avant cet enregistrement.
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joachim
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MessageSujet: Re: Paul Kletzki (1900-1973)   Paul Kletzki (1900-1973) EmptyLun 12 Fév 2024 - 17:37

Né en 1900 à Łódž sous le nom de Pavel Klecki, Paul Kletzki (la forme germanique de son nom) est devenu célèbre après la Seconde Guerre mondiale en tant que chef d'orchestre distingué. Cependant, entre 1921 et 1942 environ, Kletzki fut principalement actif en tant que compositeur – même s’il dirigea sa propre musique – et, au cours de cette période d’environ vingt ans, il créa une remarquable série d’œuvres d’un peu plus de trente numéros d’opus. Après 1942 environ, il se tut en tant que compositeur, un peu comme Sibelius, et dans le cas de Kletzki, comme dans celui de Sibelius, il est difficile de déterminer les raisons de son silence. Il expliqua plus tard que son arrêt de la composition après la guerre émanait du « choc de tout ce que signifiait l'hitlérisme [qui] détruisit également en moi l'esprit et la volonté de composer ». Mais il se peut qu’il y ait d’autres facteurs contributifs. Peut-être a-t-il perçu une « déconnexion » entre son développement compositionnel et l’évolution plus large de la musique artistique après la guerre. Il est à noter qu'il n'a pas fait grand-chose pour faire de la publicité ou diriger sa propre musique après 1942 ; en fait, il agissait comme si sa musique avait totalement cessé d’exister, même si de grandes bibliothèques avaient conservé les partitions publiées d’au moins certaines de ses œuvres.

Issu d'une famille juive polonaise de la classe moyenne supérieure de Łódž, Kletzki reçoit à neuf ans ses premières leçons de violon auprès d'une Madame Schindler-Suess, élève de Joseph Joachim. Enfant prodige du violonisme, il devient en 1915 le plus jeune membre de l'orchestre symphonique de Łódž. En 1919, il quitte Łódž pour étudier la philosophie à l'Université de Varsovie et devient en même temps l'élève en composition de Jules de Wertheim (Julius von Wertheim) et rejoint la classe de direction d'orchestre d'Emil Mlynarski. De 1920 à 1921, Kletzki combattit dans la guerre entre la Pologne et les Soviétiques. Au cours de ce conflit, il a failli être tué par une balle qui lui a effleuré le crâne, tandis que de nombreux soldats de son unité ont péri. Reprenant ses études à Varsovie, il remporte en 1921 le premier prix d'un concours de composition parrainé par la Philharmonie de Varsovie pour son Ouverture à la tragédie florentine d'Oscar Wilde. Grâce aux bénéfices de ce prix, il se rend à Berlin pour terminer ses études à la Hochschule für Musik, où il étudie la composition avec Friedrich Koch. En 1925, Kletzki commençait à diriger sa propre musique ; entre 1925 et 1933, il dirigea ses pièces orchestrales avec la Philharmonie de Berlin, la Radio Symphonie de Berlin et les orchestres de Brême, Dresde, Essen, Dortmund, Duisberg, Lübeck, Kiel, Heidelberg et Göteborg en Suède. À partir de 1925, il commence à enseigner au Conservatoire Stern de Berlin et, de 1929 à 1930, il siège au conseil du Bund deutscher Komponisten.

Apparemment, dans les années 1920, Furtwängler le traitait « comme un fils ». En 1925, Furtwängler avait autorisé Kletzki à diriger la Philharmonie de Berlin – le plus jeune à le faire – et avait recommandé que sa musique soit publiée par Simrock et Breitkopf und Härtel. En 1932, Furtwängler choisit Kletzki pour devenir chef principal de la Philharmonie de Berlin. Le premier concert devait avoir lieu le 21 mars 1933, mais en raison de la politique raciale du nouveau régime, Kletzki fut empêché de diriger et de publier sa musique. Un communiqué de presse de 1933 publié par la maison de disques Telefunken reproduit encore une lettre de Furtwängler (de 1931) dans laquelle il fait l'éloge de Kletzki « non seulement comme un compositeur particulièrement talentueux, mais comme l'un des rares chefs d'orchestre talentueux de la jeune génération, qui ont un grand avenir devant eux ». A propos du jeune Kletzki, Toscanini s'exprime également : « J'estime très hautement Paul Kletzki en tant que compositeur et chef d'orchestre et j'ai la meilleure opinion de ses capacités ». Avec l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, la carrière de Kletzki en Allemagne connut un arrêt décisif ; sa musique fut rapidement proscrite et, en 1940, son nom fut inclus dans le tristement célèbre Lexikon der Juden in der Musik. Dans une interview publiée dans un journal australien en 1948, Kletzki se plaignit amèrement que ses éditeurs avaient détruit sa musique : « même les plaques de cuivre sur lesquelles ma musique était lithographiée en Allemagne étaient fondues ». Toute la musique de Kletzki composée pendant son exil d’Allemagne après 1933 est restée inédite ; ce répertoire comprend les fascinantes Trois pièces pour piano inédites de 1940 ou 1941 (la date dans le manuscrit n'est pas claire) enregistrées ici, qui semblent revenir avec nostalgie au langage tonal du Drei Präluden de 1923 (composé alors que Kletzki était un élève de Koch au Conservatoire de Berlin), mais donnez-lui une tournure ironique.

Contraint de quitter l'Allemagne en 1933, Kletzki s'installe en Italie. En 1934, il trouve un poste de professeur de composition et de chef d'orchestre de l'École supérieure de musique de Milan. De 1935 à 1936, il dirigea un orchestre de chambre amateur composé, entre autres, de solistes Adolf Busch, Frieda Dierolf et Maria Ceradini. En 1936-1937, il dirigea une série de concerts à Bakou avec l'Orchestre philharmonique de Leningrad et devint le chef d'orchestre de l'Orchestre symphonique de Kharkov en Ukraine ; cependant, en août de la même année, le gouvernement soviétique expulsa tous les chefs d'orchestre étrangers, y compris Kletzki. Hildegard Woodtli, que Kletzki avait épousée en 1928, était citoyenne suisse, ce qui permit au couple de se réfugier en Suisse en 1939, sauvant finalement la vie de Kletzki. Les années 1938-1942 furent une période particulièrement difficile, car Kletzki n'avait que quelques engagements de chef d'orchestre pour mettre de la nourriture sur la table et de nombreuses apparitions en Suisse en tant que chef invité de l'Orchestre de la Suisse Romande à Lausanne et Genève. Il semble que pendant cette période, Kletzki se soit concentré sur la composition pour rester sain d’esprit, même s’il n’existait aucune possibilité d’interprétation ou de publication. En 1943 et 1944, il obtient cependant le poste de chef principal du Festival de Lucerne. Après la guerre, en mai-juin 1946, Toscanini invite Kletzki à diriger à La Scala reconstruite. Il entreprend une longue tournée en Israël en 1953, où il se produit avec le violoniste Jascha Heifetz et d'autres musiciens importants, principalement juifs. En 1953-1954, Kletzki et Leonard Bernstein dirigeèrent tous deux l'Orchestre Philharmonique d'Israël lors de sa première tournée en Europe. Kletzki dirigea pour la première fois aux États-Unis en 1958 et fut chaleureusement accueilli à Dallas, où il fut chef principal de l'Orchestre symphonique de Dallas de 1958 à 1961. Cette dernière année, il retourna à Montreux, en Suisse, qui devait rester sa maison. -base pour le reste de sa carrière. En 1966, il succède à Ernest Ansermet comme directeur musical général de l'Orchestre de la Suisse Romande, poste qu'il occupera jusqu'à sa mort en 1973.

Le Concerto pour piano op. 22, doit être considéré dans le contexte d’une série de pièces orchestrales et de concertos de grande envergure qui remontent au moins à 1923, sinon avant. La première œuvre orchestrale publiée de Kletzki, sa Sinfonietta pour orchestre à cordes, op. 7, parut en 1923. Trois ans plus tard, il publia son Vorspiel zu einer Tragoedie, op. 14 (qui peut être lié à l'Ouverture perdue de 1921 à la tragédie florentine d'Oscar Wilde, qui a remporté le concours symphonique de Varsovie). La Première Symphonie, op. 17, parut en 1927, immédiatement suivi de la Deuxième Symphonie, op. 18, en 1928. En 1929, Kletzki produit son Orchestervariationen, op. 20, auquel succéda Capriccio, op. 24, une œuvre pour grand orchestre en 1931. Sa dernière pièce orchestrale publiée était sa Konzertmusik, op. 25, pour vents solistes, cordes et timbales, paru en 1932. Au cours de ses années d'exil, Kletzki acheva une Suite lyrique pour orchestre, op. 30 (1938), la Troisième Symphonie, op. 31 (1939), et Variations sur un thème d'Émile Jacques Dalcroze, Op. 33 (1940) pour orchestre à cordes. Entrecoupées de cette écriture orchestrale se trouvent les trois grands concertos : le Concerto pour violon, op. 19 (1928), le Concerto pour piano, op. 22 (1930) et le Concertino pour flûte, op. 34 (1940). Un examen plus attentif de l’ensemble de ces partitions révèle une série d’œuvres extrêmement puissantes qui témoignent d’une évolution stylistique remarquable. Les œuvres de ce disque, les Drei Praeludien, Op. 4 (1923), la Fantaisie, op. 9 (1924), le Concerto pour piano et les Trois pièces pour piano inédites (1940 ou 1941) sont toutes des pièces tonales, bien que très aventureuses dans leur tonalité. En effet, nous pouvons décrire le langage tonal étendu de la musique de Kletzki comme une « tonalité super-complexe » qui génère des textures harmoniques-contrapuntiques très complexes, repoussant les limites de la technique et de la musicalité de l’interprète.

Il est intéressant – et instructif – de revenir sur la réception critique contemporaine de la musique ; sa haute qualité intrinsèque était généralement reconnue par les interprètes et les critiques contemporains. La percée de Kletzki dans les « ligues majeures » en Allemagne s’est produite avec l’interprétation de sa première grande œuvre pour grand orchestre, le Vorspiel zu einer Tragoedie für grosses Orchester, Op. 14, en 1926. Le pianiste Hans Beltz (1897-1977) défendit la Fantaisie et le Concerto pour piano de Kletzki. Professeur de piano à la Hochschule für Musik de Berlin (où Kletzki a vraisemblablement fait sa connaissance), Beltz fut également le professeur de piano du célèbre physicien allemand Werner Heisenberg et édita certaines œuvres pour clavier de Bach. Concernant la musique pour piano de Kletzki, un critique contemporain a observé que le Drei Praeludien et la Fantasie ont tous deux un caractère « improvisatif ». À propos des Préludes, il note que « Chopin était le parrain – mais Kletzki ne le suit pas servilement ; il comprend plutôt comment insuffler à la petite forme ses propres idées distinctives. C’est totalement étonnant de voir à quel point il est capable d’extraire des possibilités expressives spécifiques du piano les effets les plus étonnants ! A propos de la Fantaisie, le même critique observe « Ici, Kletzki abroge toute affinité avec ceux de ses contemporains qui ne cultivent que les pièces miniatures pour piano d'une demi-minute… Ce qu'il a en tête, ce ne sont pas des impressions flottantes, mais des antipathies puissantes, passionnées. montée et descente, chocs spirituels. En cela, la Fantaisie ne se fonde pas sur le romantisme schumannien mais respire plutôt l’esprit des sonates de Beethoven. Dans les thèmes au profil net, dans l'enregistrement et la combinaison merveilleuses des sonorités, on peut discerner un mode orchestral saisissant de créativité expressive… » La Fantaisie, une œuvre colossale comprenant 230 mesures de musique hautement contrapuntique, peut être considérée comme une forme de « supersonate ». , c'est-à-dire comme une sonate comprenant quatre mouvements réunis en un seul mouvement continu. Ici, dans cette pièce, le Scherzo (Allegro giocoso) et le mouvement lent (Lento), c'est-à-dire les deuxième et troisième mouvements d'une œuvre en quatre mouvements - sont insérés dans l'espace normalement occupé par le développement sous forme sonate, c'est-à-dire entre l'exposition et la récapitulation. D'après les critiques du Concerto, il est clair que Beltz était un pianiste de premier ordre ; en effet, il devait être très compétent pour pouvoir donner les premières de ces pièces difficiles : il est répertorié dans le Simrock Jahrbücher comme ayant interprété la Fantaisie à Berlin, Leipzig et Vienne, entre autres villes, en 1926-1928.

Le Concerto pour piano a été publié par Breitkopf en 1930 dans un arrangement pour deux pianos ; l'œuvre a été créée lors d'un concert au Gewandhaus de Leipzig le 21 janvier 1932, lors d'un concert dirigé par Hermann Abendroth (remplaçant Bruno Walter), avec un accueil critique mitigé. La partition complète, cependant, est restée inédite et a probablement été détruite par Breitkopf sous le régime hitlérien. L’édition actuelle est une nouvelle orchestration de John Norine, Jr. dans le cadre du Lost Composer’s Project, une initiative dédiée à mettre en lumière des œuvres supprimées de la Seconde Guerre mondiale. L'œuvre s'articule en trois grands mouvements : les mouvements extérieurs sont de forme sonate, le mouvement lent est une alternance profondément lyrique de deux sujets. Alors que le Finale utilise partout la tonalité en ré majeur, même s’il serait difficile d’entendre le ré majeur ailleurs que dans la coda, l’évolution de Kletzki vers la post-tonalité semble avoir progressé de manière significative, même au sein du Concerto lui-même. Le Concerto pour piano de Kletzki compte parmi les contributions les plus significatives au genre depuis le Deuxième Concerto pour piano de Brahms, et il faut espérer qu’après cet enregistrement en première mondiale, il occupera la place qui lui revient dans le répertoire.

Source : https://www.naxos.com/MainSite/BlurbsReviews/?itemcode=8.572190&catnum=572190&filetype=AboutThisRecording&language=English

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