Zhou LONG, né en 1953

<<Comme plusieurs de ses collègues et compatriotes chinois, Zhou Long vit maintenant à l'Ouest; sa voix distinctive fusionne des éléments musicaux et esthétiques de ses cultures natale et adoptée. De telles juxtapositions créatives sont souvent une manière de surmonter le déplacement personnel mais, dans le cas de Zhou, ces principes étaient bien établis longtemps avant son départ de la Chine. "Zhou Long a toujours été le plus individuel de ces compositeurs chinois", dit le chef d'orchestre Lan Shui qui fréquenta le Conservatoire Central  de Beijing en même temps que Zhou et ses pairs internationaux célèbres. "a mon avis, Zhou était le plus réfléchi, le plus poétique. Ses pièces créent un espace particulier et par moments, quand je suis entouré de son monde sonore, j'oublie que je dirige de la musique. En tant que compositeur, il crée un monde complet."



Pour Zhou, ce monde repose carrément sur la dynastie Tang (AD618-907), l'âge d'or légendaire de la civilisation chinoise, quand la grandeur intellectuelle et artistique du pays était une réflexion directe de ses relations avec les cultures avoisinantes. D'autres compositeurs chinois peuvent trouver leur identité culturelle dans la musique populaire ou l'opéra de Pékin mais la perspective artistique de Zhou Long émerge d'une vision historique plus étendue, reliant la théorie musicale occidentale en Chine à des importations "occidentales" antérieures comme le bouddhisme en provenance de l'Inde ainsi que des styles et instruments musicaux de l'Asie centrale. L'ouverture de la vision universelle de Tang apporte cependant un fort contraste avec les années d'adolescence de Zhou pendant la révolution culturelle (1966-76), alors que la Chine avait fermé avec éclat et brutalité ses portes au reste du monde. Ayant grandi à Beijing, fils d'un soprano qui fit ses études à l'Ouest, le jeune Zhou remarqua que ses cours précoces de piano et ses études subséquentes de la poésie Tang en faisaient un intellectuel haï ainsi qu'un excellent candidat pour un déplacement et une "rééducation" à la campagne. Une blessure au dos suite au soulèvement de poids trop lourds pour lui le conduisit rapidement à déménager dans une petite ville à l'extérieur de Beijing où il rejoignit une troupe de chant pour laquelle il devint son arrangeur attitré. C'est dans cet environnement, malgré les proclamations officielles à l'effet que la musique occidentale était d'une décadence bourgeoise, qu'il rencontra pour la première fois des clarinettes et des violoncelles occidentaux à côté d'instruments traditionnels chinois - une juxtaposition musicale qui revient encore dans sa musique d'aujourd'hui à la fois littéralement et stylistiquement, avec des instruments occidentaux imitant souvent les techniques de jeux de leurs contreparties chinoises (...)>> Ken Smith 2004.

Complément biographique:

Zhou Long, né à Beijing le 8 juillet 1953, est reconnu internationalement pour créer une musique unique qui allie les concepts esthétiques et les éléments musicaux de l'Est et de l'Ouest. Il entreprit ses études musicales en Chine; diplômé du Conservatoire Central de Musique de Beijing, il fut compositeur en résidence de l'Orchestre Symphonique de la Diffusion Chinoise de 1983 à 1985. Une bourse le mena aux Etats-Unis où il obtint un doctorat en arts musicaux à l'université Columbia à New York. Zhou Long devint professeur invité de composition et directeur de Musica Nova au conservatoire municipal de l'université Missouri-Kansas. Après plus de dix ans comme directeur de "Music from China" à New York, il reçut le prestigieux "Adventurous Programming Award" de l'ASCAP. En 2000, son oeuvre Rites of Chimes pour violoncelle solo et instruments chinois, dont la durée couvre une soirée, fut créée à la Smithsonian Institution's Freer Gallery of Art avec Yo Yo Ma. Il reçut plusieurs distinctions et répondit à des commandes de diverses formations de grande réputation.



J'aime pratiquement toutes les musiques que je possède en CD de ce compositeur avec peut-être une préférences pour Poem from Tang pour quatuor à cordes et orchestre (1995), The Rythme of Taigu pour orchestre (2003), Da Qu pour percussion et orchestre (1990-91) et The Future of Fire pour choeur et orchestre (2001-2003). J'aime aussi beaucoup la pièce très rythmique pour piano seul que j'ai posté ci-dessus. J'ai trouvé l'oeuvre intelligible et percutante avec des contrastes de brutalité et de délicatesse qui m'ont particulièrement séduit.

J'aime pratiquement toutes les musiques que je possède en CD de ce compositeur avec peut-être une préférences pour Poem from Tang pour quatuor à cordes et orchestre (1995), The Rythme of Taigu pour orchestre (2003), Da Qu pour percussion et orchestre (1990-91) et The Future of Fire pour choeur et orchestre (2001-2003). J'aime aussi beaucoup la pièce très rythmique pour piano seul que j'ai posté ci-dessus. J'ai trouvé l'oeuvre intelligible et percutante avec des contrastes de brutalité et de délicatesse qui m'ont particulièrement séduit. a écrit:

J'ai réécouté toutes ces oeuvres, hier soir, et si il y a effectivement de beaux moments dans POEM FROM TANG pour quatuor à cordes et orchestre - la musique n'hésitant pas à faire quelques concessions vers un lyrisme chatoyant - c'est surtout DA QU pour percussion et orchestre qui m'a, cette fois, le plus interpellé. J'y ai ressenti pas mal de trouvailles et d'inventivité, quelque chose de globalement inspiré et captivant. THE FUTURE OF FIRE pour choeur et orchestre est une oeuvre courte puisqu'elle dépasse à peine les 5 minutes. Cette courte pièce n'en est pas moins une merveille pleine de fougue et d'énergie, avec des sonorités asiatiques hallucinantes!    

Ce matin, je me suis concentré uniquement sur Poem from Tang pour quatuor à cordes et orchestre (1995). C'est une oeuvre de grande précision, avec des miniatures sonores, une modernité qui n'exclut pas des moments d'un lyrisme chatoyant, des formes poétiques quasi-introverties par le jeu extrêmement sensible du quatuor, et des formes plus orchestrales et extraverties, plus haletantes, plus véhémentes. L'oeuvre alterne avec brio musique chambriste et musique orchestrale, moments intimistes et moments plus amples, douceur et brutalité, mais une douceur qui réserve une certaine tension et une brutalité qui s'impose en douceur, sans effets violents, sans dissonances aigües ou stridentes. Voilà des combinaisons sonores, des élans orchestraux, un lyrisme raffiné, une forme contemporaine qui n'exclut ni la poésie ni la beauté, autant d'éléments qui m'ont plu dans ce Poem from Tang.

Zhou Long est décidément un compositeur des rythmes et des couleurs. Lorsque j'écoutais The Rhyme of Taigu pour orchestre (2003), je me suis cru un moment au sein d'une musique particulièrement dynamique composée pour un cinéma d'action. Bien sûr, je me doute bien que l'inspiration de Long se situe ailleurs, mais j'étais complètement dans cette impression musico-filmique; des constructions rythmiques qui m'évoquèrent notamment celles d'un Jerry Goldsmith, c'est pour dire, impression qui se renouvellera pendant l'écoute du très énergique et enthousiasmant The Future of Fire pour choeur et orchestre (2001-2003). Taigu est le nom d'un comté de Shanxi, province de Chine sous l'administration de Jinzhong et peut-on penser que cette musique s'inspira des rythmes du folklore local...Le concerto Da Qu pour percussions et orchestre (1990-91) m'avait fait beaucoup d'effet lors de l'écoute précédente, au point qu'il gagna ma préférence. Je ne suis pas sûr, aujourd'hui, de le préférer aux autres oeuvres du cd, mais il me plait quand même beaucoup, pour ses trouvailles sonores, ses combinaisons, ses couleurs, ses constructions rythmiques...C'est contemporain, inventif, coloré, dynamique et attractif. J'ai peut-être, toutefois, une petite préférence pour Ge Gan-Ru.

Une symphonie de Zhou Long et Chen Yi.

https://www.youtube.com/watch?v=8RQWyr3UBGc



Tous deux, Zhou Long et Chen Yi, appartiennent à cette génération de compositeurs chinois qui ont été éduqués musicalement sous la Révolution culturelle, mais qui se sont ouverts plus tard aux techniques de composition occidentales. Cette symphonie a été écrite pour commémorer le 170e anniversaire de la Humen Opium Burning dans lequel le héros chinois Lin Zexu ainsi que d'autres citoyens de Humen ont brûlé ensemble plus de 1000 tonnes d' opium de contrebande illégale exploité par les britanniques, et à la suite duquel a commencé la première guerre de l'opium entre les Empires britanniques et chinois.
La symphonie capture, sur ses trois premiers mouvements, des scènes de ce moment historique, tandis que le dernier consiste en une ode à la résilience et la grande puissante du peuple chinois, qui fut recyclé par Chen Yi par son travail de Dragon Rhyme pour orchestre à vent.