Chen YI, née en 1953

Chen Yi fait partie de mes compositrices préférées au même titre que Galina Ustvolskaya dont le style musical unique me fascine de plus en plus, car chez les femmes-compositeurs, j'ai une préférence pour les "modernes" même si de temps à autres j'aime retrouver les ambiances plus tonales et cinématographiques des Rachel Portman, Debbie Wiseman et surtout Eleni Karaindrou qui est ma compositrice privilégiée dans ce domaine. Chen Yi compose une musique qui me touche beaucoup, me fait vibrer, me fait voyager, pas seulement d'un point de vue géographique, mais s'agit-il tout autant d'un voyage émotionnel et métaphysique. J'aime beaucoup Momentum pour orchestre, sa superbe Chinese Folk Dance Suite pour violon et orchestre qui plairait même à Joachim. je suis séduit par le climat singulier de Dunhuang Fantasy par cette judicieuse association de l'orgue et des bois. Romance and Dance pour deux violons et orchestre à cordes est une petite perle romantique aux accents asiatiques, avec un son proche de l'érhu alors que Tu pour orchestre témoigne de plus de modernité avec de fantastiques recherches sonores. J'adore, par exemple, lorsque l'orchestre, notamment la section des cordes, part dans des notes suraigües. Ce sont de ces moments magiques et modernes à la fois qui me font vibrer, m'apportent une dimension nouvelle que je ne trouve nulle-part ailleurs que chez les contemporains. D'autres oeuvres n'attendent qu'une réécoute. Je les connais déjà, sa Symphonie n°2, son Antiphonie et surtout sa magnifique Chinese Myths Cantata que j'ai hâte de réentendre.

Chen Yi est née en Chine en 1953. Elle a étudié la composition au conservatoire central de Beijing et à l'université de Columbia où elle obtint un doctorat en musique. Parmi ses professeurs se trouvèrent Wu Zu-qiang, Chou Wen-chung, Mario Davidovsky et Alexander Goehr. Chen Yi est aussi professeur au conservatoire de l'université du Missouri-Kansas City. Elle fut compositrice en résidence à la "Women's Philharmonic, l'Ensemble vocal Chanticleer et l'Aptos Creative Arts Center. Elle enseigna la composition au conservatoire Peabody de l'université Johns Hopkins de 1996 à 1998. Elle reçut de nombreux prix pour sa musique dont le prestigieux "Charles Ives Living Award" de l'Académie américaine des arts et des lettres, le premier prix du concours national chinois de composition, le Prix Lili Boulanger (une autre compositrice que j'aime beaucoup), le NYU Sorel Medal Award, le CalArts/Alpert Award, le prix de composition UT Eddie Medora King, un Grammy Award, le prix de musique de concert de l'ASCAP, le prix Elise Stoeger de la Société de musique de chambre du Centre Lincoln et le Friendship Ambassador Award du Fonds Edgar Snow. L'université Lawrence lui accorda un doctorat honorifique en 2002. Elle gagna des bourses de la Fondation Guggenheim, l'Académie américaine des arts et des lettres et du Fonds national pour les arts aux Etats-Unis. Sa musique est jouée dans le monde entier et fut enregistrée maintes fois.

J'aime pratiquement tout ce que j'ai entendu d'elle. Sa musique transpire d'énergie. Je la trouve pleine de vie.

Pas facile de trouver ce que je recherche mais j'aime beaucoup ce court extrait. C'est une compositrice qui connaît aussi les adagi et les moderati.

Cette composition est un peu plus particulière mais j'adore aussi, ne serait-ce que par son exploration d'instruments traditionnels chinois et la brutalité de certains accords, de certains sons asiatiquement traités. J'aime bien une certaine rudesse dans le traitement des instruments, une sorte d'épreuve du son que le soliste fait subir à son instrument et là, au-delà d'une virtuosité évidente, j'aime énormément la proximité qu'entretient chaque soliste avec son instrument, qu'il s'agisse de Lingling Yu à la pipa, de lucia Mense qui semble utiliser son recorder à la manière du shakuhachi, Francesco Bartoletti au violoncelle, sans oublier le percussionniste Nicolas Curti.

Eleanor's Gift est un concerto pour violoncelle et orchestre que je possède en sandwich entre ceux, respectifs, de Samuel Barber et de Behzad Ranjbaran, mon préféré des trois bien qu'il soit d'écriture plus romantique et moins "moderne" que celui de Chen Yi. C'est peut-être d'ailleurs l'oeuvre de cette compositrice que j'aime le moins, en fonction de ce que je connais d'elle, cela allant de soi. Le concerto ne manque pourtant pas de virtuosité ni d'intensité, et pour moi ce fut malgré tout une écoute sans ennui. Disons qu'il y manque ce surplus d'âme qui anime tant les oeuvres mentionnées dans mon message de présentation, qu'il s'agit selon mon humble avis d'une oeuvre parfaitement maîtrisée mais un peu banale dans ce qu'elle exprime.

Paul Tobias: violoncelle.
Virgina Symphony Orchestra sous la direction de Joann Falletta.

Je peux enfin répondre un peu sur ce compositeur, car j'ai écouté le CD ci-dessous. Mais bon, c'est toujours du contemporain, peut-être "écoutable", mais qui me laisse froid. Momentum est peu-être le morceau qui m'a encore le mieux plu dans l'ensemble. Les 3 Danses folkloriques chinoises seraient vraiment bien si elles étaient vraiment folklo, mais malheureusement ce côté "moderne" vient perturber la bonne impression qu'elles me font par moments. Pour la Dunhuang Fantasy, je n'ai pas écouté jusqu'au bout, de même pour Tu pour orchestre.

Les 3 Danses folkloriques chinoises seraient vraiment bien si elles étaient vraiment folklo, mais malheureusement ce côté "moderne" vient perturber la bonne impression qu'elles me font par moments.

C'est justement ce que j'aime dans ces 3 Danses folkloriques chinoises, ce mélange de tradition et de modernité.   C'est quand même ce qui les rend plus intéressantes et singulières, parce que si elles n'avaient été que de pures imitations, où serait l'intérêt?  

Oeuvres

Orchestre

Xian Shi (concerto), alto, orchestre, 1983
Duo Ye, petit orchestre (flûte, hautbois, clarinette en mi bémol, clarinette, basson, cor français, timbales, cordes), 1985
Sprout, orchestre à cordes, 1986
Deux ensembles à vent et instruments de percussion, petit orchestre (piccolo, clarinette basse, 15 cuivres, timbales, 6 percussions), 1986
Symphonie No. 1, grand orchestre, 1986
Duo Ye No. 2, 1987
Overture, orchestre chinois, 1989
Overture n° 2, orchestre chinois, 1990
Concerto, piano, grand orchestre, 1992
Pipa Rhyme, pipa, petit orchestre (14 joueurs), 1993
Symphonie No. 2, grand orchestre, 1993
Le Linéaire, grand orchestre, 1994
Ge Xu, 1994
Shuo, orchestre à cordes, 1994
Romance de Hsiao et Ts'in, 2 violons, orchestre à cordes, 1995  (également des versions pour erhu, piano; violoncelle, piano, violon, piano, également incorporé dans Romance et Danse)
The Golden Flute, flûte, orchestre, 1997
Suite Fiddle, huqin (instrument chinois courbé ), orchestre à cordes, 1997  (également des versions pour huqin, quatuor à cordes ; huqin, quatuor à cordes, contrebasse; huqin, orchestre, 2000  )
Romance and Dance, 2 violons, orchestre à cordes, 1998  (incorpore Romance of Hsiao and Ts'in ; aussi la version pour violon, piano)
Concerto, percussion, grand orchestre, 1998
Momentum, grand orchestre, 1998
Cadeau d'Eleanor (concerto), violoncelle , orchestre, 1998  , révisé 1999
Fête du Printemps, orchestre d' harmonie, 1999
Chinese Folk Dance Suite, violon, orchestre , 2000
Ba Yin, 4 saxophones, orchestre à cordes, 2001
Tu, grand orchestre, 2002  (également version pour orchestre symphonique, 2003  - 2004  )
Caramoor's Summer, 2003
Ballade, Dance and Fantasy, violoncelle, grand orchestre, 2003
Symphonie No. 3, 'My Musical Journey to America", grand orchestre, 2004
Célébration pour orchestre, 2005
Si Ji (Four Seasons) pour orchestre , 2005
Printemps à Dresde pour violon et orchestre, 2005


Musique de chambre

Fisherman Song, violon, piano, 1980
Xie Zi, 2 di zi (flûtes de bambou chinois), sheng (orgue à bouche chinois), liuqin (instrument plumé chinois), sanxian (luth chinois), zheng (cithare chinoise), 1985
Quintet, flûte, hautbois, clarinette, cor français, basson, 1987
Près de Distance, flûte (+ flûte alto ), clarinette (+ clarinette basse), violon, violoncelle, piano, percussions, 1988
The Tide, xun (argile flûte chinoise ), pipa, yangqin (instrument chinois plumé), zheng, gaohu (instrument chinois courbé), erhu, percussion, 1988
Dian, pipa, 1991
Suite, di zi, pipa, yangqin , sanxian, erhu, 1991
Étincelle, flûte (+ piccolo), clarinette (+ clarinette en mi bémol), violon, violoncelle, contrebasse, piano, percussions 2, 1992
Monologue (Impressions sur 'The True Story of Ah Q'), clarinette, 1993
Chanson en hiver, di zi, zheng, clavecin, 1993  (également la version pour flûte, zheng, piano, percussions, 1993  )
Duo Ye, pipa, 1995  (version piano)
Qi, flûte, violoncelle, piano, percussions, 1996  - 1997
Suite Fiddle, huqin, quatuor à cordes, 1997 (version orchestre, également la version pour huqin, quatuor à cordes, contrebasse, 1997  )
Romance of Hsiao et Ts'in, erhu, piano, 1997 (version orchestre, aussi versions pour violoncelle, piano, 1998; violon, piano, 1999  )
Sound of the Five, violoncelle, cordes quatuor, 1998  (version aussi pour marimba, quatuor à cordes , 2004  )
Feng, flûte, hautbois, clarinette, cor français, basson, 1998
Dunhuang Fantasy (concerto), orgue, ensemble (flûte, hautbois, clarinette en mi bémol, clarinette, basson, cor français, trompette, trombone, percussion), 1999
Romance et Danse, violon, piano, 1999  (version de travail d' orchestre)
Chanson de la Grande Muraille, 8 cors, 1999
Ning, Pipa, violon, violoncelle, 2001
Joie de la Réunion, hautbois, alto, violoncelle, contrebasse, 2001
... Comme comme un incendie qui fait rage, flûte , clarinette, violon, violoncelle, piano, 2001  - 2002
Wu Yu, flûte, hautbois, clarinette , violon, alto, violoncelle, contrebasse, 2001  - 2002
A Kansas City Nouvel An chinois Concert, quatuor à cordes, 2002
Fables chinoises, pipa, erhu, violoncelle , percussions, 2002
Brûler, quatuor à cordes, 2002
Ancient Chinese Dances, clarinette, piano, 2004
Pensées nocturnes, flûte, violoncelle, piano , 2004
Pluie heureuse sur une nuit de printemps, flûte , clarinette, violon, violoncelle, piano, 2004
Suite pour Violoncelle et Chamber Winds, 2004
Danses antiques Acclamation, Convoitise, et Vous demandez (sur trois poèmes de Li Bai), pipa, percussions, 2005
Dragon Rhymes pour orchestre à vents 2010


Piano

Duo Ye, 1984  (aussi des versions pour petit orchestre; pipa )
Yu Diao, 1985
Deviner, 1989
Petit Pékin Gong, 1993
Baban, 1999


Choeurs

Trois Poèmes de la dynastie des Song (textes de Li Qingzhao, Xin Qi-ji, Su Shi ), choeur mixte, 1985
Tang Poems (Cantate, textes de Li Po, Li Shang-yin, Bai Ju-yi, Chen Zi-ang), chœur d' hommes, 1995 (également version pour choeur mixte, petit orchestre, 1995)
Chinese Myths Cantata (vocalise), 12 voix masculines, pipa, yangqin, zheng , erhu, 4 pianos, orchestre, 1996
Rêves de printemps (texte par Meng Hao- couru), chœur mixte, 1997
Poèmes chinois (textes de Wang Zhi- huan, Li Po, 2 poèmes folkloriques), les voix de 6 enfants, 1999
KC Capriccio (vocalise), chœur mixte , orchestre symphonique, 2000 (également la version comme Capriccio, choeur mixte, orgue, percussions, 2001)
Xuan (texte de Lao-tseu) , choeur mixte, 2001
Svez-vous combien de pétales tombent (texte par Meng Hao-ran [traduction anglaise]), choeur mixte, 2001
Au nouveau millénaire (textes de Du Fu, Wang Wei, Cao Cao), soprano, mezzo-soprano, choeur mixte, 2001
Paysage (texte de Su Dong-po ), chœur mixte, 2003
Le West Lake (texte de Su Dong -po), chœur mixte, 2003


Chant

Comme dans un rêve (texte de Li Qing-zhao), soprano, pipa, zheng, 1988  (également version pour soprano, violon, violoncelle, 1988  )
Méditation (textes de Meng Hao-ran , Chen Zi-ang), mezzo-soprano, piano, 1999
Lumineux Clair de Lune (texte par le compositeur), mezzo-soprano, piano, 2001


https://www.youtube.com/watch?v=n79NQrhpDeE

En ce moment, je privilégie les nombreuses cantates qui peuplent mes étagères et dont J. S. Bach est évidemment le mieux représenté. De lui, j'en ai d'ailleurs profité pour réécouter les BWV 65, 89, 60 et 83. Sinon, j'ai écouté deux cantates de deux compositeurs d'origine russe, d'abord A Voice from the Chorus de Sergey Slonimsky qui m'était jusqu'ici inédite, et Das Tibetanische Gebet d'Alexandre Rabinovitch que je commence à très bien connaître. Cet après-midi, j'ai effectué un grand pas vers la Chine, avec Chen Yi et une cantate, Chinese Myths Cantata (1996) en trois mouvements et dans un style très différent de celle, par exemple, de Rabinovitch, qui, par la forme répétitive, semble viser un émerveillement continuel. La forme employée par Chen Yi est plus tonitruante et même dissonante. On est loin de l'hyper-tonalité employée par Rabinovitch. Bien sûr, j'aime l'impression d'émerveillement continuel qui émane d'une oeuvre comme Das Tibetanische Gebet, mais Chinese Myths Cantata m'est plus "viscéralement" émouvante avec son emploi d'instruments traditionnels chinois comme l'erhu. La compositrice y développe des climats sonores saisissants avec de brutales ruptures de ton. Les échanges entre le guzheng, le pipa et l'erhu peuvent être vifs et soudains, l'erhu ayant en lui-même un son plus élastique et lancinant alors que le guzheng se montre plus sec ou frémissant. Il y a aussi le yangqin, sorte de tympanon chinois, instrument à cordes frappées s'apparentant à la famille des cithares sur table.