Francesco D'AVALOS (1930-2014)

Propos de Francesco d'Avalos par rapport à son drame musical MARIA DI VENOSA:

 <<Ma formation musicale est basée principalement dans la tradition symphonique d'Europe Centrale et je suis aussi proche de la musique symphonique que je suis loin de la musique d'opéra, bien que j'apprécie ce dernier. L'opéra italien atteint son équilibre dans la division entre récitatif et aria, entre action et expression, au XVIIIème siècle. De plus en plus, par la suite, le livret, mis en musique dans son intégralité, a été réduit à une position d'importance secondaire, les récitatifs qui, une fois, avaient aidé dans la compréhension de l'intrigue, ont finalement complètement disparu et il est devenu pratiquement impossible d'obtenir un sentiment de l'action scénique, même pour faire sortir les mots. L'opéra s'est assimilé à l'idée de musique absolue dans la mesure où le tissu musical, prédominant sur le livret, s'affirme comme une structure autonome. Toutes ces considérations m'ont conduit à concevoir un drame musical, sans un livret dans le sens traditionnel du terme, dans lequel l'action se déroule comme dans un film muet et ou l'orchestre, le choeur et une partie solo prennent le pas sur les mots. Ils traduisent l'acte des caractères...C'est ce qui arrive à MARIA DI VENOSA, un opéra tragique qui repose sur des épisodes de la vie du compositeur CARLO GESUALDO, prince de Venosa. Le livret a été conçu simultanément avec la musique dont l'unique objectif fut de s'unir avec elle, un principe qui permet d'épouser au mieux les différentes formes du drame musical. Mon opéra, adoptant partiellement la technique du leitmotiv, comme un agent fédérateur, sans exclure l'interpolation de thèmes de Gesualdo et de certains de ses contemporains, est conçu comme s'il s'agissait d'une oeuvre instrumentale, même si l'intégration des voix peuvent lui prêter une forme opératique. Il peut être écouté comme de la musique pure à pied d'égalité avec une symphonie. En tant que tel MARIA DI VENOSA n'a aucune parenté parmi les autres oeuvres théâtrales, mais entre totalement dans le courant principal de la tradition musicale occidentale, notamment en ce qui a évolué au cours du XIXème siècle. >>

_____Avis du "American Record Guide"___

 <<Alors que la musique n'est pas strictement tonale, elle n'est guère radicale pour autant - en fait, une grande partie est très agréable et extraordinairement efficace...la force de cette musique c'est d'abord de bénéficier d'une clarté exceptionnelle et d'un son opulent. >>

 MARIA DI VENOSA est une oeuvre effectivement magnifique, poignante. Ha! le choeur du début de l'oeuvre dans une tonalité spéciale, au-delà du monde réel, à l'orée du rêve ou du paradis. Je croirais pénétrer un conte de fée si l'orchestre n'annonçait pas déjà un drame à venir. Des moments de musique ancienne ponctuent agréablement l'oeuvre tourmentée et même tragique, dans un registre symphonique plus moderne et d'une grande expressivité. le choeur féérique du début sera aussi celui de la conclusion, comme une note positive à un drame viscéral annoncé.    

___BIOGRAPHIE____


FRANCESCO D'AVALOS est né à Naples, le 11 avril 1930, descendant d'une ancienne famille aristocratique. Il a étudié la musique à partir de l'âge de douze ans - la composition avec Renato parodi et le piano avec Vincenzo Vitale. Il a étudié ensuite la philosophie à l'Université de Naples. Il a débuté sa carrière professionnelle en tant que compositeur, après il a obtenu le diplôme de composition au Conservatoire de San Pietro a Majella de Naples, où il reçoit les plus grands honneurs. Il a assisté à des cours sur la direction d'orchestre à la prestigieuse Académie Chigiana de Sienne, sous la tutelle de PAUL VAN KEMPEN, FRANCO FERRARA que ENNIO MORRICONE considère comme l'un des plus grands chefs d'orchestre au monde et SERGIU CELIBIDACHE. Bien qu'ayant eu une activité de chef d'orchestre, il a consacré une grande partie de son temps à la composition qui démarra dès l'âge de douze ans. Il retiendra comme "première oeuvre "Psiche" composée à l'âge de dix sept ans. Il fit preuve d'une attirance particulière pour le genre symphonique et produisit un certain nombre de pièces orchestrales de valeur. Il a également écrit de la musique de chambre et pour le piano, ainsi qu'un drame musical intitulé MARIA DI VENOSA. FRANCESCO D'AVALOS a aussi consacré son temps à l'enseignement et cela depuis 1972, lorsqu'il a été mandaté par NINO ROTA (le directeur du Conservatoire de musique de Bari) pour enseigner la composition au Conservatoire de Bari, fonction qu'il honorera jusqu'en 1979. Après, il accomplira une fonction de professeur de composition au Conservatoire de Naples, entre 1979 et 1998. Depuis 1987, il enregistre régulièrement à Londres avec l'Orchestre Philharmonia: oeuvres de BRUCKNER, CHAUSSON, FRANCK, LISZT, RAFF, SCHUBERT, SMETANA, WAGNER, BRAHMS, MENDELSSOHN, CLEMENTI et MARTUCCI. Il reçut certains prix et distinctions comme le Prix de composition "Premier Marzotto Selezione 1958".

Francesco d'Avalos - que croyais espagnol - fait donc partie de ces chefs d'orchestre également compositeurs. Je ne le connais que comme chef d'orchestre

joachim a écrit:

Francesco d'Avalos - que croyais espagnol - fait donc partie de ces chefs d'orchestre également compositeurs. Je ne le connais que comme chef d'orchestre

Son drame musical MARIA DI VENOSA est non seulement accessible mais d'une grande beauté. Je pense qu'il pourrait te plaire Joachim.

___Catalogue___

__Symphonie N°1 pour soprano et orchestre
__Symphonie N°2 pour soprano et orchestre
__Maria di venosa pour orchestre, solistes et choeur    
__Qumran pour solistes, choeur et orchestre
__Hymn an die Nacht pour orchestre
__Studio Sinfonico pour orchestre
__Psiche e Eros pour orchestre
__Musica per un dramma immaginario pour orchestre
__Vexilla Regis pour choeur et orchestre
__Lignes pour soprano et orchestre
__Il Fiume Wang pour soprano et orchestre à cordes
__Sonata da Chiesa pour cordes
__Quintette pour piano et cordes
__Musique de piano

Aujourd'hui ou plutôt ce soir, pour être plus précis, j'ai réécouté le drame musical pour orchestre, solistes et choeur en deux parties et en quatorze scènes de Francesco d'Avalos, Maria di Venosa (1992). Je me rends compte que le dernier message posté date de 2011, ce qui ne veut pas dire que je suis resté neuf ans sans l'écouter, ça ce n'est pas possible. J'ai du l'écouter plusieurs fois sans y revenir sur le forum, ne le faisant évidemment pas systématiquement sur chaque musique que j'écoute, mais une chose est certaine, il y avait un trop long moment que je ne lui avais pas accordée l'intérêt qu'elle mérite. Il y a en tout cas un passage dans ce drame musical que je n'ai jamais oublié, il s'est imprimé dans ma mémoire de manière indélébile. Ce n'est même pas véritablement un thème, plutôt un passage un peu magique. Toutefois, si mon ressenti sera sans doute un peu moins dithyrambique que celui d'il y a neuf ans, qui correspond à l'époque où je l'avais découverte - il y a parfois des enthousiasmes qui demandent d'être nuancés   , je continue d'apprécier cette oeuvre assez vaste qui se répartit sur deux disques, le premier de 53'38" et le second de 59'. J'ai réécouté ces deux parties sans ressentir le moindre ennui, il y a bien des moments qui me captivent moins que d'autres, je n'ai pas ressenti un style musical qui me fascine comme chez certains compositeurs, comme par exemple Wojciech Kilar, mais j'ai été maintenu en haleine jusqu'au bout du drame passionnel.

En dehors de Maria di Venosa, j'ai déniché au hasard de Youtube deux autres créations de Francesco d'Avalos, toutes les deux pour orchestre, seulement, ce sont des enregistrements "live" de la fin des années 1950, peut-être début 60 avec un son passable. D'autre-part, je les ai trouvées un peu lourdes, un peu pesantes. Peut-être qu'avec un meilleur son elles passeraient mieux..?..l'une des deux étant dirigée par Hans Werner Henze.

Je préfère nettement Maria di Venosa qui m'a quand même révélé une oeuvre opératique plutôt belle, dense, parfois très dramatique et intense, parfois plus calme et élégiaque, puisant à certains moments dans la musique ancienne. Il y a quelques passages que je trouve assez chouettes, notamment vers le début et la fin du drame; un motif exquis des voix conférant à la musique un superbe instant de délivrance et d'apaisement.

https://www.youtube.com/watch?v=nRJdAo-FM1E


C'est l'histoire de Maria d'Avalos devenue Maria di Venosa lorsqu'elle épousa son futur assassin, le compositeur Carlo Gesualdo di Venosa: Maria d'Avalos est née en 1562 à Naples et morte assassinée le 17 octobre 1590 dans la même ville, elle avait alors 28 ans. Elle fut une princesse italienne de la fin de la Renaissance. Son meurtre, perpétré par son époux le prince et compositeur Carlo Gesualdo, est resté célèbre dans les chroniques napolitaines. L'amant de Maria di Venosa, Fabrizio Carafa, sera également assassiné (ou fait assassiner) par le mari cocu.

Susan Bullock: soprano
Hilary Summers: contralto
___Apollo Voices__
Ruth Holten: soprano
Helen Parker: soprano
Robin Blaze: contreténor
Robert Johnston: ténor
Christopher Foster: basse
___Philharmonia Chorus sous la direction de David Hill
___Philharmonia Orchestra sous la direction de Francesco d'Avalos.