Johannes Brahms (1833-1897)

Lorsqu'il me prend l'idée de réécouter le Triple Concerto de Beethoven, le Double Concerto pour violon, violoncelle et orchestre - Opus 102 de Johannes Brahms n'est jamais loin. Ils figurent tous les deux sur un même album et je retrouve donc les mêmes solistes à l'exception bien sûr du pianiste Per Lundberg, Sara Troback Hesselink au violon, Claes Gunnarsson au violoncelle et le "Gothenburg Symphony Orchestra", sous la direction de Neeme Järvi. J'aime évidemment beaucoup cet album avec une préférence assez nette pour le Triple Concerto de Beethoven, ce qui n'empêche pas que le Double Concerto de Brahms a fait son chemin en moi, qu'il est suffisamment intense et passionné pour me tenir en haleine sur toute sa longueur. Il répond bien à la devise de son auteur: une musique qui ne livre pas tous ses charmes dès la première écoute. Effectivement, il y a des petites combinaisons sonores qui le ponctuent de moments fort attachants. J'aime beaucoup par exemple l'attaque au début du troisième mouvement, que ce soit par le violoncelle, le violon ou l'orchestre. Elle est vraiment bien trouvée. De plus, j'aime beaucoup la pochette de mon cd qui représente une jolie femme marchant de dos dans une robe ancienne et une allée ornée d'arbres qui démontrent que ce n'est pas encore l'automne. Oui, elle est photographiée de dos mais on devine qu'elle est jolie. Elle a un beau décolté, il ne fait donc pas froid, peut-on même imaginer une température idéale. On a l'impression qu'elle regarde ses pieds et qu'elle tient sa robe pour ne pas que celle-ci traîne par-terre. La musique de Brahms s'accorde bien avec cette photographie, tout comme celle de Beethoven.

https://www.youtube.com/watch?v=1eO6Hcx_2c8


<<Alors que le Triple Concerto de Beethoven est une oeuvre du début de sa période centrale, grandiose et détendue dans son traitement du moyen d'expression choisi, le Double Concerto en la mineur, Op.102 de Brahms possède toute la concision structurelle de sa dernière période, ce qui, avec le choix inhabituel de solistes, lui valut des reproches - même de la part de ses amis proches -, l'oeuvre étant jugée trop difficile, voire même ennuyeuse. Toutefois, le verdict de l'histoire l'a consacrée comme l'une de ses créations instrumentales les plus riches et les plus franchement romantiques, tout en constituant une conclusion adaptée à sa production orchestrale.>> Calum MacDonald. 2010.

J'aime beaucoup par exemple l'attaque au début du troisième mouvement, que ce soit par le violoncelle, le violon ou l'orchestre. Elle est vraiment bien trouvée. De plus, j'aime beaucoup la pochette de mon cd qui représente une jolie femme marchant de dos dans une robe ancienne et une allée ornée d'arbres qui démontrent que ce n'est pas encore l'automne. Oui, elle est photographiée de dos mais on devine qu'elle est jolie. Elle a un beau décolté, il ne fait donc pas froid, peut-on même imaginer une température idéale. On a l'impression qu'elle regarde ses pieds et qu'elle tient sa robe pour ne pas que celle-ci traîne par-terre. La musique de Brahms s'accorde bien avec cette photographie, tout comme celle de Beethoven. a écrit:

Autant placer le pochette

Par Michel Schneider (1992):

Une musique en habit bleu et gilet jaune:

<<Au coeur de la musique de chambre de Brahms, règne le piano. Seize de ses vingt-quatre pièces relevant de ce genre incluent le piano, et Alfred Einstein montre que Brahms n'avait, comme Mozart, nul besoin d'écrire des oeuvres pour piano seul, finalement peu nombreuses, pour s'affirmer maître de cet instrument. Brahms a trente ans lorsqu'il publie , en 1863, - cent ans avant ma naissance   - le premier Quatuor avec piano Op.25, et quarante-deux ans quand apparaît le second, (opus 60, en 1875). En vieillissant, il préfère la musique de chambre à l'orchestre, le lyrisme au dramatisme, l'intérieur à l'extérieur. Les sentiments sont tenus à distance par une forme sévère, un certain froid, une transparence détachée, une austérité amère. Las des séductions de l'art, il s'installe dans sa maturité au coeur même du rapport de la personne à la vérité. Dans une lettre à Clara Schumann, il écrit: "On ne doit pas mettre ses sentiments dans la musique, mais les recevoir d'elle." Et ce qui est vrai du compositeur est vrai de l'auditeur: jamais aucune musique digne de ce nom ne se donne à première écoute, mais celle de Brahms se réserve plus que toute autre. Il faut la réentendre, y revenir, la laisser dire. Les premier et troisième Quatuors avec piano sont des exemples purs de cette réserve, dans tous les sens du terme, de la musique de Brahms. Lorsqu'il composa le Quatuor avec piano Op.25, qui fut créé à Hambourg avec Clara Schumann au piano, cette forme instrumentale avait peu de précédents: deux chez Mozart, en sol mineur (comme l'Opus 25) et mi bémol majeur, et surtout celui de Schumann, l'Opus 47, créé vingt ans avant celui de Brahms, également avec Clara au piano.>>

En matière de musique de chambre, genre musical auquel j'ai toujours manifesté une prédilection, je ne possède que deux albums de Johannes Brahms et tous deux font partie de mon panthéon personnel dans ce domaine. Le premier contient le Quintette - opus 115 - pour clarinette et quatuor à cordes et le Trio pour clarinette, violoncelle et piano opus 114, album que j'ai réécouté il y a quelques jours et que j'ai évoqué plus haut sur ce même topic. Le second album que je m'étais procuré en même temps que le premier, c'est-à-dire au tout début des années 1990, contient son Quatuor n°1 en sol mineur - Op.25 et le Quatuor n°3 en ut mineur - Op.60, tous deux en quatre mouvements et interprétés par le Quatuor Kandinsky. Ce sont les deux oeuvres que j'ai réécoutées en cette fin de journée. Je considère l'Opus 25 comme une oeuvre extraordinaire qui me transporte émotionnellement par chacun de ses quatre mouvements, fort de thèmes mélodiques pénétrants et de superbes développements. Je n'y ressens d'ailleurs aucune froideur, aucune austérité. L'intériorité me paraît plus caractéristique de l'Opus 60 que je ne positionne pourtant pas loin derrière, déjà parce que le caractère introverti d'une pièce de musique n'a jamais été un frein à mon émotion, bien au contraire: j'affectionne dans le Contemporain des musiques de chambre bien plus introverties et austères que cet Opus 60, parfois même sorties du langage tonal.

J'ai lu et l'ai écrit plus haut, que Brahms, "en vieillissant, préféra la musique de chambre à l'orchestre, le lyrisme au dramatisme, l'intérieur à l'extérieur". En tant qu'auditeur, j'ai plutôt suivi un cheminement inverse. Jeune, j'étais davantage séduit par les petites et moyennes formations et moins friand des formes symphoniques, privilégiant souvent les approches introverties et même austères à celles qui pouvaient être plus épiques, héroïques et extraverties. En vieillissant - même si je ne suis pas encore très vieux, mon intérêt évolua assez nettement vers des musiques plus orchestrales et extraverties...pas au point de rejeter mes premiers intérêts... Aujourd'hui, je peux d'ailleurs dire que j'ai atteint un certain équilibre entre ces deux intérêts.

Entre hier soir et ce matin, j'ai réécouté deux autres oeuvres de Brahms, les Symphonies n°1 & 3 par le "WDR Sinfonieorchester Köln" sous la direction de Jukka Pekka Saraste. Entre ces deux symphonies mon coeur balance et comme elles sont réunies sur un même Cd, ça donne un album qui m'est riche en émotions. Je retrouve évidemment le très célèbre troisième mouvement de la Symphonie n°3, de ces morceaux dont certain(e)s me disent en avoir usé l'écoute jusqu'à la pierre et dont, personnellement, je ne me lasse jamais. A chaque fois que je réécoute cette symphonie qui m'accapare d'ailleurs en entier, l'"Allegro" final étant sans doute la partie qui me passionne le moins, et que j'arrive au troisième mouvement, les larmes me montent aux yeux, inévitablement, comme par magie. A ce moment précieux de pur bonheur "mélomanesque", je me demande qu'est-ce qu'il peut bien avoir de plus émouvant que ce thème mélodique en particulier, et dans tout son développement qui, bien sûr, contribue à l'émotion exquise que je ressens en l'écoutant - ah! irrésistible lorsque le thème est repris par un cor solo. C'est une fausse question que je me pose là, conditionnée par ma propre sensibilité et la proximité émotionnelle que j'ai toujours entretenue avec ce thème mélodique et, en réalité, les moments musicaux qui me mettent la larme à l'oeil sont relativement nombreux, bien au-delà de Brahms et de la musique classique. Dans le quatrième mouvement de la Symphonie n°1 il y a aussi un superbe thème mélodique qui s'y dessine et s'y développe généreusement. Je ne dirais pas qu'il me met la larme à l'oeil, mais il a une belle emprise sur moi, me reste à l'esprit un bon moment après l'écoute.

https://www.youtube.com/watch?v=-JXvjejaVEc


Je repense à ces quelques personnes qui m'avaient confié au cours d'une conversation qu'il y avait des "classiques" de la musique classique qu'ils n'écoutaient plus, pour les avoir trop entendus, de Brahms, Beethoven, Mozart..., autant d'oeuvres qui correspondent à leur premières amours... En ce qui me concerne, mes premières amours musicales se trouvent plutôt chez J. S. Bach et Stravinsky dans le domaine du classique, même si je n'éprouve aucune lassitude à les réécouter aujourd'hui: je ne me lasse jamais de ce que j'aime vraiment, même si j'estime les avoir beaucoup écoutées et pense les connaître par-coeur. Certainement une question de tempérament...

Après avoir réécouté les Symphonies n°1 & 3 de Brahms, bien que j'ai également réécouté des symphonies de Beethoven entre temps, je me suis penché à nouveau sur les Symphonies n°2 & 4, la Seconde, tout d'abord, étant interprétée par l'Orchestre National de France sous la direction de Charles Munch - il ne s'agit pas d'un enregistrement "live" récent mais le son demeure quand même très correct à mon oreille, ce n'est pas comme l'enregistrement très vieillot et archi-médiocre d'une symphonie de Tchaikovsky que l'on m'avait filé à la même époque. Si j'avais opté pour la version "Munch" c'est parce qu'elle était couplée avec la quatrième symphonie de Robert Schumann sur laquelle je reviendrai ultérieurement, lors d'un prochain cycle. Si la Symphonie n°2 de Brahms ne m'évoque aucun point culminant, de ces moments musicaux émotionnellement précieux qui "arrêtent le temps", comme celui, par exemple, que j'avais souligné dans sa troisième symphonie, elle m'est néanmoins captivante en entier. Il y a chez Brahms une écriture symphonique, un sens des orchestrations, ce que je ne retrouve d'ailleurs pas chez tous les compositeurs de cette période ou aux environs de cette période, qui me convient bien, si bien que je ne "rejette" aucun mouvement, tous m'interpellant d'une manière ou d'une autre, par certaines combinaisons des vents, une utilisation émouvantes des cordes, etc... Il y a dans sa musique une forme romantique qui me touche vraiment, qui, pour l'anecdote, a pas mal inspiré les compositeurs de cinéma, notamment à Hollywood. Avec la Symphonie n°4, j'atteins cependant une dimension plus émotionnelle. Constituée de quatre mouvements, le premier et le quatrième m'étant magnifiques. En réalité, tout ce que m'inspire la seconde symphonie se trouve quasiment transcendé dans la Quatrième, avec des moments qui sont à mon oreille pure émotion, dans le premier mouvement tout d'abord par le développement d'un thème mélodique somptueux dans les cordes puis les bois, et dans l'"Allegro energico e passionato" (4ème mouv.) lorsqu'une flûte solo me transperce émotionnellement: elle m'a filé des frissons dans un registre dépouillé et quasi-minimaliste...Dire que j'ai réécouté cette quatrième symphonie deux fois de suite pour revivre ces moments précieux!

Icare a écrit:

.Dire que j'ai réécouté cette quatrième symphonie deux fois de suite pour revivre ces moments précieux!

Quel gourmand ce Icare!

Mon idée de départ était de terminer ma série d'écoutes croisées entre Beethoven & Brahms avec Un Requiem allemand - Op.45 du second. Je m'y suis tenu car c'était la conclusion que je voulais offrir à mon cycle: elle me transporte si haut... le plus fort des hasards a d'ailleurs voulu que je le réécoute le jour où on a enterré mon employeur mort du Covid quelques jours plus tôt. Il ne pouvait mieux tomber (le requiem), tel un intense moment d'émotion musicale se brouillant ainsi avec une autre émotion, celle qui est liée à la mort dans ce qu'elle a de plus concret et de plus énigmatique en même temps, d'autant plus énigmatique lorsqu'on n'a pas en soi la "certitude" du croyant qui croit à une vie après la mort, d'autant plus concrète et implacable lorsqu'on y voit que poussière. Le Requiem de Brahms sublime tout, le concret comme l'énigmatique, la mort et la vie, il sublime ma pensée la plus triste , mon regard le plus terne, mon sourire le plus éteint. La musique repousse alors les murs de mes doutes qui m'empêchent de voir le paradis sonore qui se dessine sous mes yeux. Ce soir, le Requiem de Brahms fut mon paradis où je ne me suis jamais senti aussi vivant ni aussi près des morts que j'avais si bien connus vivants...Philip Huscher raconte: <<En février 1865, Brahms reçut un télégramme de son frère, lui demandant de venir immédiatement s'il voulait revoir sa mère vivante. Brahms se mit aussitôt en route pour Hambourg, mais arriva trop tard. Depuis un certain temps, il nourrissait l'intention de composer un hommage choral à Robert Schumann disparu en 1856. Après la mort de sa mère, il s'attela à la composition d'un Requiem. en quelques mois, il transforma la musique funèbre inutilisée et y ajouta cinq autres mouvements...>>
--Margaret Price: soprano
--Samuel Ramey: baryton
--Ambrosian Singers - chef des choeurs: John McCarthy
--Royal Philharmonic Orchestra
--André Previn

Très très belle version ...que je viens de réécouter ...Une grande intensité confortée par la prise de son et pour moi sans doute le plus beau duo (même s'ils ne chantent pas ensemble!) de solistes, des versions que je connais

La Sonate F-A-E est une œuvre en quatre mouvements pour violon et piano, issue de la collaboration de trois compositeurs. Elle a été composée à Düsseldorf en octobre 1853 par Robert Schumann, le jeune Johannes Brahms (connu par Schumann seulement depuis le 1er octobre de cette même année) et l'élève de Schumann Albert Hermann Dietrich.


https://www.youtube.com/watch?v=HYUk7Su9RuM

I. Allegro (Dietrich) - 00:00
II. Intermezzo (Schumann) - 11:52
III. Scherzo (Brahms) - 14:16
IV. Finale (Schumann) - 19:00

je l'ai dit plusieurs fois fois: j'aime très souvent les transcrptions d'oeuvres que j'aime beaucoup. Pour moi, elles ne font que faire découvrir l'oeuvre en question sous un autre "habillage"...
Pour d'autres découvrir et aimer une oeuvre qu'ils n'apprécient pas dans leur versions originales pour une question d'instruments ou d'orchestration.
Ex: j'ai un ami aussi fou que moi de musique...mais qui n'est pas sensible (hélas pour lui! ) à la musique de chambre.
Il n'a sans doute jamais entendu le quatuor de Brahms op. 25 pour piano et cordes...Il l'aime beaucoup dans sa version orchestrée par Schoenberg...

Je viens de découvrir une transcription des deux sextuors de Brahms en trio pour piano et cordes:
j'aime beaucoup sans avoir une préférence pour l'un ou l'autre:


https://www.youtube.com/watch?v=0JkkxKsu5nU

Je trouve cette transcription très bien faite, et pas choquante du tout quand on connaît la version originale. D'ailleurs l'arrangement a été effectué vers 1883 par Theodor Kirchner (1823-1903), ami de Brahms et de Schumann, probablement avec l'accord de Brahms.

En parlant de nouveautés qui attendent patiemment d'être écoutées sur mes étagères, il y avait celle-ci: la musique pour deux pianos de Johannes Brahms par Emanuel Ax et Yefim Bronfman:
Sonata in F minor for Two Pianos, Op. 34b en quatre mouvements
Variations on a Theme by Haydn for Two Pianos, Op. 56b
Ca commence fort avec le premier mouvement de la Sonate que j'ai aussitôt adoré. En fait, la Sonate m'a tenu en haleine sur ses quatre mouvements avec une préférence assez nette pour le premier. Les Variations m'ont moins captivé même si elles m'ont suffisamment intéressé pour ne pas m'ennuyer, toutefois, il s'agit-là de premières impressions inspirées par une première approche, donc autant d'impressions qui ne sont pas figées dans le marbre et ont tout le temps de mûrir en moi au fil des prochaines écoutes...favorablement ou défavorablement...tout est possible bien que Johannes Brahms fait depuis longtemps partie de mes compositeurs préférés: Sa musique me fascine presque autant que celle de Beethoven, mais pour des raisons différentes qui ne sont pas nécessairement faciles à exprimer avec des mots: une musique subtile, toute en retenue, aux emphases très étudiées, une dimension très cérébrale dans son oeuvre, en général, avec un sens incontournable de la mélodie raffinée. Bref, j'adore Brahms et j'ai l'intuition que ces deux oeuvres pour 2 pianos vont me conforter dans l'amour que je lui porte. Question d'apprivoisement...

Il est a noté que la sonate opus 34b, est une "variation" (plus qu'une simple transcription, d'après ce que j'ai compris ?) du quintette pour piano et corde opus 34 qui dans un premier temps aurait été un échec ...?
j'aime beaucoup les deux, sans préférence ...

Pour moi Brahms c'est avant tout ça: BRAHMS: Violin Concerto in D major op. 77 / Heifetz · Reiner · Chicago Symphony Orchestra chez RCA. Je sais c'est pas trop original, mais bon.

Signé Furax a écrit:

Pour moi Brahms c'est avant tout ça: BRAHMS: Violin Concerto in D major op. 77 / Heifetz · Reiner · Chicago Symphony Orchestra chez RCA. Je sais c'est pas trop original, mais bon.

Tu as bien de droit de surtout aimé (ou que çà?) son concerto pour violon ...qui a tant de version superbe

Je suis en train d'écouter le lien youtube de Snoopy, de la transcription des 2 sextuors de Brahms, par Theodor Kirchner en trios pour piano, violon, violoncelle.  A mon avis, cette transcription est un réussite

String Sextet No. 1 in B-Flat Major, Op. 18:
00:00:00  I. Allegro ma non troppo
00:13:48 II. Andante ma moderato
00:22:52 III. Scherzo
00:26:04 IV. Rondo. Poco allegretto e grazioso

String Sextet No. 2 in G Major, Op. 36:
00:36:02 I. Allegro non troppo
00:49:28 II. Scherzo
00:56:27 III. Poco adagio
01:04:49 IV. Poco allegro

Theodor Kirchner (1823-1903) était lui-même un pianiste, organiste et compositeur accompli.  Son amitié de toute une vie avec Brahms a commencé lorsque les deux hommes se sont rencontrés dans la ville thermale de Baden-Baden en 1865.
Tandis que Kirchner poursuivait sa propre carrière de compositeur, moins célèbre, il trouva une source de revenus secondaire fiable en réalisant le genre d'arrangements grâce auxquels de nombreux auditeurs firent leurs premiers contacts avec des œuvres de plus grande envergure.  Il semble s'être spécialisé dans ce domaine pour Brahms, qui le considérait comme un artisan exceptionnel dans ce domaine.  La plupart des arrangements de Kirchner étaient destinés à des pianistes, seuls ou en duo : les exceptions notables étant ces arrangements pour piano-trio des deux sextuor à cordes qui comptent parmi les premiers succès de Brahms dans le domaine de la musique de chambre.

Le Premier Sextet, Op.18, date de cinq ans plus tôt, créé le 20 octobre 1860 à Hanovre par un ensemble dirigé par Joseph Joachim et publié chez Simrock en 1862. On y retrouve l'imberbe Brahms in excelsis, le compositeur d'une vingtaine d'années toujours se dirigeant vers, tout en contournant prudemment, ces sommets périlleux de la musique instrumentale que Beethoven a conquis et définis dans le quatuor à cordes et la symphonie.  Se situant entre les deux, le Premier Sextet en particulier se comporte comme une symphonie voilée, tout comme la Première Sérénade, Op.15, avait fait jouer ses muscles symphoniques quelques mois plus tôt.

Simrock a chargé Kirchner de produire ces transcriptions pour trio avec piano en 1883, et [i]elles ont rencontré l'approbation sans réserve du compositeur : selon Brahms, Kirchner les avait « superbement exécutées ».  Kirchner a répondu que la nouvelle version des sextuors "serait un cadeau bienvenu pour les musiciens du trio".  La correspondance entre les deux hommes témoigne non seulement de la chaleur de leur amitié mais aussi de la foi et de la confiance placées par Brahms dans les compétences d'arrangeur de Kirchner. [/i] Brahms a continué à recommander les services de Kirchner à Simrock, pour les transcriptions de sa propre musique et de celle d'autres compositeurs.  Il écrivait en août 1891 : « Envisageriez-vous de remplacer Keller par Kirchner pour les arrangements à quatre mains ?... Son style d'écriture élégant et dynamique serait bien plus fin que la raideur vide que nous avons aujourd'hui.