Arnaut Daniel (v. 1150 - 1210)

Arnaut Daniel, né à Ribérac vers 1150 et mort vers 1210, est un troubadour périgourdin de la fin du xiie siècle.

Par-delà la renommée dont il bénéficia au cours de sa vie, l’influence d'Arnaut Danièl dans la littérature post-médiévale a été considérable. Le troubadour de Ribérac fit tout particulièrement l’admiration des poètes italiens de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. À son sujet, Dante et Pétrarque écrivirent par exemple qu’en tant que "grand maître d’amour", il fut "le meilleur forgeron du parler maternel", dont le style "fait encore honneur au pays qui l’a vu naître".

Selon une biographie, Daniel est né d'une famille noble au château de Ribérac en Périgord ; cependant, les rares sources contemporaines indiquent qu'il est un bouffon avec des problèmes économiques pernicieux. Il est probable qu'il se lie d'amitié avec un autre troubadour nommé Bertran de Born alors que le de Born s'adresse à un "Arnaut le joglar" dans la tornada d'un de ses poèmes tandis qu'Arnaut s'adresse à un "Betran" dans l'un des siens. Les deux vraisemblablement se sont rencontrés à la cour de Richard Cœur de Lion que Daniel fréquentait. Raimon de Durfort l' appelle "un étudiant, ruiné par les dés et fermé la boîte".

La caractéristique dominante de la poésie de Daniel est une extrême obscurité de la pensée et de l'expression. Il appartenait à une école de poètes troubadours qui cherchait à rendre leur signification difficile à comprendre grâce à l'utilisation de mots et d'expressions inconnus, d'allusions énigmatiques, de compteurs compliqués et de schémas de rimes inhabituels. Daniel a en outre inventé une forme de strophe dans laquelle aucune ligne ne rimait les unes avec les autres, trouvant leurs rimes seulement dans la ligne correspondante de la strophe suivante.

Daniel était l'inventeur de la sestina, une chanson de six strophes de six lignes chacune, avec les mêmes mots de fin répétés dans chaque strophe, bien que disposés dans un ordre différent et complexe. Henry Wadsworth Longfellow prétend qu'il était également l'auteur de la romance métrique de Lancillotto, ou Launcelot du lac, mais cette affirmation est totalement infondée; La référence de Dante à Daniel comme auteur de prose di romanzi ("proses de romance") reste donc un mystère. Il existe seize paroles d'Arnaut Daniel dont une seule peut être datée avec précision, à 1181. Sur les seize, il y a de la musique pour au moins l'un d'entre eux, mais elle a été composée au moins un siècle après la mort du poète par un auteur anonyme. Aucune mélodie originale n'a survécu.


Quan chai la fuelha (Quand la feuille chante)
Anc ieu non l'aic mas elha m'a (Je ne l'ai jamais tenu mais ça me tient)
D'autra guiz e d'autra razo (D'une autre manière, sur un autre sujet)
Ab gai so cundet e leri (Sur une belle mélodie joyeuse et joyeuse)
Douz braitz e critz (Doux tweets et cris)
Er vei vermeills, vertz, blaus, blancs, gruocs (je vois écarlate, vert, bleu, blanc, jaune)
Pus Raimons e Truc Malecx (Bien que Raimon et Truc Malec)
Canso do'ill mot son plan e prim (Chansons dont les paroles sont douces et faciles)
Lo ferm voler qu'el cor m'intra (La ferme volonté que mon cœur entre) 
Si'm fos Amors de joi donar tan larga (Si l'amour était si généreux à me donner de la joie)
Ans que sim reston de branchas (Avant de laisser le sommet des branches)
Lancan vei fueill'e flor e frug (Quand je vois des feuilles, des fleurs et des fruits)
L'aur amara (L'air amer)
Amors e jois e luecs e temps (Amour et joie et temps et lieu)
Autet e bas entre'ls prim fuelhs (Haut et bas parmi les premières feuilles)
En breu brizara'l temps braus (Bientôt la mauvaise saison sera terminée)
Sol sui qui sai lo sobrafan qu ' em sortz (je ne connais que le chagrin qui me vient)




https://www.youtube.com/watch?v=ArrbdR_l4eo