Solage (ou Soulage) (14ème siècle)

Solage (ou Soulage), peut-être Jean So(u)lage (Fin du 14ème siècle) était un compositeur français, et probablement aussi un poète. La plupart de ses morceaux sont dans le Codex Chantilly, la principale source de musique des ars subtilior, la maniériste  école de composition centrée autour d'Avignon à la fin du siècle.

On ne sait rien de la vie de Solage, au-delà de ce qui peut être déduit des textes de sa musique. Même son nom est un casse-tête. Il est possible que le nom unique "Solage" soit un surnom ou un pseudonyme, semblable à d'autres connus de l'époque, tels que Grimace ou Hasprois. "Solage" et "Soulage" sont des variantes orthographiques de l'ancien français Solaz, solace, qui signifie "consolation", "joie", ou divertissement. Dans le refrain le texte de "Calextone qui fut dame", le compositeur se réfère à lui-même avec un tel double sens, en utilisant l'orthographe "Soulage". Toutefois, la possibilité que ce soit un vrai nom ne peut pas être exclue. L'une des attributions dans le Codex Chantilly comprend l'initiale J enveloppée dans le nom, il est possible que son prénom était Je(h)an). Il ya beaucoup de références à partir de ce cette époque aux personnes appelées Jean Soulas (un nom encore trouvé dans les temps modernes), et le nom de famille Soulage ou Soulages existe aussi (par exemple, Guillaume de Soulages, comte de Canillac, documenté d'un mariage en 1392). La suggestion de Gilbert Reaney que le prénom du compositeur aurait pu être Charles reposait sur une identification spéculative de Solage avec un autre compositeur trouvé dans le Codex Chantilly, Goscalch, "un nom un peu à consonance allemande" qui pourrait être un anagramme de "Ch. Solag(e)". Toutefois, la supposition de Reaney, que le nom n'apparaît nulle part en dehors du Codex Chantilly, a été révélée fausse, comme plusieurs autres identifications ont été trouvées, et l'identité possible des deux compositeurs a été rejetée.

Des références spécifiques dans les textes de certaines de ses chansons indiquent qu'il a probablement été associé à la cour royale française. La ballade "S'aincy estoit" glorifie Jean, duc de Berry, et a été écrite pour célébrer son deuxième mariage, avec Jeanne de Boulogne, qui a eu lieu en grande pompe près d'Avignon le 25 mai 1389. La paire de ballades, "Corps femenin par vertu de nature" et "Calextone qui fut dame" se réfèrent également à Jeanne de Boulogne, et leurs textes montrent que le premier a été composé peu de temps avant et le second peu après ce mariage. Bien qu'il soit tentant de supposer que Solage aurait été au service du duc de Berry, il est tout aussi probable qu'il était au service de Gaston Fébus, Comte de Foix, qui avait un intérêt financier considérable dans ce mariage.

Il y a aussi un lien possible, ou au moins une indication de certains échanges culturels avec la cour de Giangaleazzo Visconti, duc de Milan, dans le texte du virelai de Solage, "Joieux de Cuer." La devise de la famille Visconti, "un bon droit", est placée bien en vue au début de la neuvième ligne, au début de la reprise de la première section musicale, et juste avant le retour du refrain. Bien que Giangaleazzo soit mort en 1402, sa fille Valentina  a continué d'employer la devise jusqu'à sa mort en 1408. Dans sa chanson "Pluseurs Gens" Solage a mentionné Jacqueline, la petite-fille de Philippe, duc de Bourgogne, qui est née en 1401 et fiancée en 1403. L'association avec Jacqueline est possible, puisque le nom effectivement trouvé dans "Pluseurs gens" est "Jaquete".


Oeuvres : 9 ballades, 2 virelais et 1 rondeau

Le basile de sa propre nature (ballade, 4 voix, Ch no. 79)
Calextone, qui fut dame d’Arouse (ballade, 3 voix, Ch no. 80)
Corps femenin par vertu de nature (ballade, 3 voix, Ch no. 24)
En l'amoureux vergier vis uns flour (ballade, 3 voix, Ch no. 17)
Fumeux fume par fumée (rondeau, 3 voix, Ch no. 98)
Hélas, je voy mon cuer a fin venir(ballade, 4 voix, Ch no. 95)
Joieux de cuer en seumellant estoye (virelai, 4 voix, Ch no. 97)
Pluseurs gens voy qui leur pensee (ballade, 4 voix, Ch no. 96)
S'aincy estoit que ne feust la noblesce (ballade, 3 voix, Ch no. 50)
Tres gentil cuer amoureux, attraians (virelai, 3 voix, Ch no. 13 & 81)

De source anonyme, mais attribuable pour raisons stylistiques :

Adieu vous di, tres doulce compaynie (ballade, 3 voix, Ch no. 74)
Le mont Aôn de Trace, doulz païs (ballade, 3 voix, Ch no. 22)