Louis-Albert Bourgault-Ducoudray (Nantes, 2 février 1840 – Vernouillet, 14 juillet 1910) est un chef d'orchestre et compositeur français d'origine bretonne qui consacra son existence à faire renaître et reconnaître les musiques traditionnelles de toutes les régions d'Europe. Il est le premier "collecteur en Bretagne avec, dans sa poche, une mission officielle d'un ministère". Cette observation des mélodies traditionnelles va inspirer, dans ses œuvres, la construction et la tournure de ses phrases musicales. C'est ainsi que, dans deux de ses opéras, Bretagne en 1887 et Myrdhin en 1905, se manifeste l'intérêt qu'il porte à sa tradition.
Destiné à une carrière de droit, Louis-Albert décide, après son baccalauréat, de devenir compositeur, ayant déjà entrepris en parallèle des études de musique au conservatoire de Nantes. En 1862, il remporte le Prix de Rome. C’est donc en Italie qu’il découvre la musique de Palestrina et apprend à aimer la musique populaire, intérêt qui s’étendra plus tard à la musique folklorique de nombreuses cultures différentes. En 1878, il est nommé professeur d’histoire de la musique au Conservatoire de Paris. C'est le premier musicien à présenter l’exotisme au public français, à la fois dans le domaine populaire et dans le domaine classique, et notamment la musique russe, alors fort méconnue.
Oeuvres
On lui doit notamment la création d'un opéra se déroulant sur les bords de la mer Caspienne, Thamara, sur un livret de Louis Gallet, créé le 28 décembre 1891 à l'Opéra de Paris (repris en 1906). Il recueille et publie également des pages populaires bretonnes. En 1876, il est chargé d'une mission en Grèce qui se concrétise à son retour par un ouvrage intitulé Trente mélodies populaires de Grèce & d'Orient. Puis, à partir d'août 1881, il obtient une nouvelle mission pour réaliser la même "enquête" en Basse-Bretagne, qui elle aussi se solde en 1885 par un recueil de 30 mélodies populaires de Basse-Bretagne.
Ses propres compositions s’inspirent manifestement de plusieurs styles de musique populaire. Les deux opéras Thamara (1890) et Myrdhin (1905), se déroulant respectivement à Bakou et en Bretagne, peuvent être considérés comme ses chefs-d’œuvre, et tous deux traitent de la lutte entre le paganisme et la chrétienté. En plus d’un magnifique Stabat Mater (1874) en hommage à Palestrina, il écrivit des cantates dramatiques célébrant des personnalités historiques comme Vasco de Gama et Anne de Bretagne.
Ses œuvres orchestrales moins nombreuses comprennent une Symphonie (1861), une Symphonie religieuse (1868) avec chœur et les poèmes symphoniques Carnaval d’Athènes, Danse égyptienne, L’enterrement d’Ophélie, Le fils de Saül et la Rapsodie cambodgienne.
Sa musique de chambre inclut de nombreuses œuvres pour le piano et une quantité considérable de mélodies et de cycles de mélodies s’appuyant sur le folklore arménien, celte, grec, anglais, écossais et bien sûr breton.
Bourgault-Ducoudray a aussi beaucoup écrit sur des sujets musicaux inspirés par ses divers voyages. Il ecrit pour le piano Danse Malgache.
La Rhapsodie cambodgienne, écrite en 1882, est orchestrée de façon remarquable. Bien qu’elle ne soit pas aussi impressionnante et avant-gardiste que les pages de Fanelli, elle contient de véritables thèmes musicaux cambodgiens, tout en rappelant la technique de Balakirev, Borodine et Rimski-Korsakov, dont il avait promu les œuvres.
Dans les années 1900, il compose la musique de la tentation de Jeanne d'Arc sur une poésie de F. Frank. dédié à Madame Judit Lassalle.
L'atelier de Prague (1859), opéra comique Symphonie (1861) Louise de Mézière (1862), Cantate pour la prix de rome Meo Patacca (1864), Opera (libretto de Berneri) François d'Ambroise, cantate (1866) Symphonie religieuse (1868) Vasco da Gama (1872?), Opera 2 Pièces op 3 (dont n° 2 : Menuet) v. 1872 Dieu, notre divin Père, cantique pour choeur et piano (1872) Stabat Mater (1874), Hymne pour Palestrina Fantaisie pour orchestre (1874) Trente mélodies populaires de Grèce et d'Orient, (1876) Collection folklorique Anne de Bretagne (1879?), Opera Thamara (1881), Opera Inquiétude, Sous les Saules, Sur les Lagunes, pour violon et piano (1881) Rapsodie cambodgienne (1882) La Conjuration des vierges, musique de scène pour solistes, choeur de femmes et orchestre (1883) Adagio pour orgue (1884) Trente mélodies populaires de Basse Bretagne, (1885) Collection folklorique Michel Colomb, opéra comique (1887) Le Songe de Vasco de Gama, cantate (1898) Myrdhin, opéra (1905) Quatorze mélodies Celtiques (1909), Collection folklorique Carnaval d'Athènes (1881), Danse égyptienne, L'enterrement d'Ophélie (1877) et Le fils de Saül, poèmes symphoniques Passe-pied pour piano (1904) A Saint Herbot, pour piano (1905) Abergavenny, pour flûte et quatuor à cordes (1905) Dans la Lande, pour piano (1905) La Chanson de la Bretagne, 7 mélodies pour voix et piano (1905) Rondel pour piano et voix (poème de Charles d' Orleans) (1906) Chant laotien pour orchestre (1913) Jeanne La Patrie, oratorio (1909) Louise de Mézières, cantate (1862) Jeanne Hachette, cantate (1891) Jean de Paris, cantate (1894) Quatuor pour flûte et cordes
haquel
Nombre de messages : 209 Age : 38 Date d'inscription : 06/01/2022
J'ai fait un petit exposé sur le compositeur pour mon DEM d'Histoire de la musique. Compositeur oublié, mais que l'on redécouvre ces dernières années, déjà parce qu'excellent compositeur, mais aussi pour son apport à la musique ! Il redevient à la mode. Il n'y a qu'à le nombre de vidéos fleurir sur youtube. En 6 mois, plus d'une vingtaine différentes ! Il est le premier à utiliser la modalité pour faire de la musique classique, sur des thèmes asiatiques, sur des thèmes modernes,... J'ai un peu zappé mon exposé, mais je vais tenter de le résumer :
Il prend ses premiers cours de musique à Nantes avec Louis Girard, qui était assez connu à l'époque. Puis entre au Conservatoire de Paris dans la classe d'Ambroise Thomas. Après son séjour en Italie suite à son prix de Rome, il rentre à Paris et fonde une chorale amateur en 1869, laquelle jouera des œuvres d'époque baroque et Renaissance : La bataille de Marignan de Clément Jannequin, mais aussi le Messie de Haendel, pour la première fois en France. Éclate la guerre de 1870 : profondément patriotique, il s'engage dans le 35e bataillon de la Garde Nationale, et sera blessé, deux fois dans mes souvenirs, par les... Communards. Il aura tout de même le temps de composer trois chants patriotiques pour chœur et orchestre d'harmonie (militaire) BnF cote Vm7-137246. Ces blessures le marqueront à vie et il partira en Grèce se reposer, laissant sa chorale au soin de César Franck.
La Grèce marque un tournant : le pays est encore très traditionnel, et il découvre des chants populaires basés sur des rythmiques et modalités inconnues du jeune compositeur. Rentrant en France, il arrive à être chargé par le ministre d'étudier cela. Retour en Grèce, il étudie les chants, les notes, et trouve même le texte de référence sur la théorie de la modalité. Il parvient à le déchiffrer avec grande difficulté, car utilisant une langue grecque ancienne, et des hiéroglyphes. Rentrant en France, il expose son voyage à l'Institut, devant Gounod. Il compose sur les différents modes qu'il a trouvé. Tout se trouve la : Sa conférence
C'est un triomphe ! Il compose Carnaval d'Athènes pour illustrer ses propos, mais "sa ne prend pas". Il se noue d'amitié avec les compositeurs russes, échange avec Tchaïkoski, et les jalouse d'avoir pu immortaliser leur vieux chants ! En 1874, professeur d'Histoire de la musique au Conservatoire. Certains disent que Debussy aurait été un de ses élèves... Rien n'est moins sur !
1880 : il commence sa Rapsodie Cambodgienne, sur des thèmes ramené du Cambodge par un voyageur. Je doute qu'il y ait de vrais thèmes musicaux locaux, et la légende voudrait qu'il y ait eu du Gamelan. C'est faux. Crée par les concerts Lamoureux, cette œuvre est un triomphe reprenant les gammes pentatoniques asiatiques, mais une aussi des techniques d'orchestrations russes ! Il enverra un exemplaire à César Cui, et à l'Empereur de Russie (?).
Pour Bourgault-Ducroudray, les compositeurs avaient fait le tour de la tonalité, limité aux modes majeur/mineur. La modalité offrait 8 nouveaux modes ! C'est "de l'ancien que viendrait le renouveau".
B-D sera chargé de récolté des chants anciens de Bretagne, mais fera de même avec des thèmes de plusieurs pays.
Il compose son opéra Thamara, mais les directeurs de l'Opéra sont peu enclins à le créer. Il faudra l'intervention de la femme du Ministre Léon Bourgeois pour le voir sur scène. La musique est belle, mais le livret trop naïf ! Il sera vite enlevé de la programmation.
En 1894, concert comprenant plusieurs création, dont une œuvre de Bourgault-Ducroudray, L'enterrement d'Ophélie ; et une de Debussy, Prélude à l'après-midi d'un faune. Il faut savoir que cette dernière fut critiquée, peu appréciée, contrairement à la première ! Mais l'Histoire joue toujours des tours, et fait qu'on représenter et admire la deuxième (sauf moi ), alors que l'on a perdu les partitions de la première...
En 1900, premier Congrès international de l'Histoire de la musique, présidé par Bourgault-Ducroudray (Saint-Saëns, président honoraire). Saint-Saëns et lui était proche, ami. B-D disait de lui qu'il était celui qui maniait le mieux la modalité, Saint-Saëns avait proposé à B-D la place de président à l'Institut.
J'aimerais corriger un titre de mon prédécesseur : ce n'est pas la Conjuration des vierges, mais celle des fleurs, dédiée à la société de botanique nantaise à laquelle appartenait son père.
Il composa énormément de musique pour piano, et de chanson piano-chant. L'Hippopotame, poésie de Théophile Gautier, qu'il mit en musique en 1891, rencontra un grand succès.
Il mourra dans l'indifférence la plus totale en 1910.
Voici, un petit résumé de sa vie ! J'espère vous avoir donné l'envie de le découvrir ! Certaines le compare à Ernest Fanelli, mais ils ne sont pas de la même période. Ca serait comme comparé Mozart et Beethoven... Si Bourgault-Ducoudray n'avait pas existé, il n'y aurait pas de Fanelli.
joachim Admin
Nombre de messages : 27154 Age : 78 Date d'inscription : 19/08/2006
En 1882, il écrit la « Conjuration des Fleurs », poème dramatique en deux actes. Cette œuvre est dédiée à la Société d’Horticulture Nantaise dont il est membre honoraire. La Société propose au compositeur d’organiser une représentation à Nantes. Pour monter son œuvre, Bourgault-Ducoudray n’hésite pas alors à faire modifier la programmation du théâtre Graslin : « Contrairement à ce que nous avions annoncé hier, la représentation qui doit avoir lieu ce soir, au Grand Théâtre, se composera des Huguenots et non de Rigoletto. Ce changement de spectacle a bien été demandé, ainsi qu’il est dit dans l’affiche du jour. La raison de ce changement vient, nous croyons pouvoir l’assurer, de la présence parmi nous d’un compositeur de notre ville, M. A. Bourgault-Ducoudray, qui a dédié à la Société d’horticulture de notre ville, dont son père fut le président, une cantate inédite, la Conjuration des Fleurs, qui ne tardera pas à être présentée au public nantais, dans un concert que la Société d’horticulture organisera à la Renaissance. Cette cantate, qui sera chantée par un chœur de près de cent voix féminines, nécessitera pour les soli le concours de quelques-uns de nos principaux artistes du Grand-Théâtre. Et c’est pour apprécier leurs voix que M. A. Bourgault-Ducoudray, qui assistait l’autre soir à la représentation d’Hamlet, a demandé et obtenu que les Huguenots fussent joués ce soir. Le public ne se plaindra pas du changement, car si Rigoletto, très bien donné comme il l’est cette année, fait grand plaisir, les Huguenots n’en restent pas moins l’opéra favori du public » (Le Phare de la Loire, 17 novembre 1882).
Mais préparer un concert qui rassemble un chœur de 200 femmes et une douzaine de solistes n’est pas une chose aisée. Devant les difficultés rencontrées, Bourgault-Ducoudray décide de monter son œuvre à Paris où elle est jouée le 27 janvier 1883.
Je n'ai pas trouvé l'origine de ma "conjuration des vierges"
Peut-être parce qu'il a composé une œuvre de musique de chambre datée de 1889 : Les Funérailles d'une vierge (transcrite pour orgue par Alexandre Guilmant en 1899) et que je me serais trompé de ligne en recopiant le catalogue...
haquel
Nombre de messages : 209 Age : 38 Date d'inscription : 06/01/2022
Petite oeuvre de ce compositeur que j'ai recopié. Une reconstitution avec vrai orchestre aurait un meilleur rendu, mais à defaut... L'enterrement d'Ophélie fut créée au même concert que Le Prélude à l'après-midi d'un faune de Debussy. Mais c'est cette première oeuvre que les spectateurs apprécièrent le plus.
Le composteur dépeint l'enterrement d'Ophélie dans Hamlet. Je n'ai jamais lu cette oeuvre, mais je m'y attache dès que j'ai fini la Jérusalem Délivrée du Tasse. La beauté de cette composition toute simple (et jouant avec l'espace, la cloche étant dans les coulisses, les cordes au début, avec sourdine et avec 4 parties de violons solos) me touche. Audio
Jean
Nombre de messages : 8786 Age : 81 Date d'inscription : 14/05/2007
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), alors que l'on a perdu les partitions de la première... 
