Didier LOCKWOOD (1956-2018)

Didier Lockwood est un artiste qui m'intéresse beaucoup, qui m'a toujours intéressé, ne serait-ce déjà par son rapport à la musique, son éclectisme, sa position hors des chapelles, que ce soit en tant qu'interprète (violoniste)...Je l'aime son violon amplifié!..., jazzman et compositeur. Puisque je navigue en plein dans la B.O. pour films d'animation, je ne peux qu'évoquer sa formidable partition pour Les Enfants de la pluie où se marient merveilleusement bien violon électrique et orchestre symphonique, offrant au passage, à son épouse Caroline Casadesus, un chant magnifique que je trouve d'une beauté divine et qui porte le titre "Thème de Beryl". Quelle merveilleuse inspiration que ce chant, hymne à l'amour! Didier Lockwood est aussi l'auteur d'un attrayant Concerto pour piano et orchestre de forme classique et romantique, et plus principalement d'un concerto pour violon et orchestre atypique qui compare la forme classique par un violon solo acoustique à la forme plus "moderne" par le violon électrique. L'oeuvre s'intitule Les Mouettes. Bien sûr, je reviendrai plus en détail sur ces créations lorsque je les aurai réécoutées. Les Enfants de la pluie, c'est pour très bientôt. Les deux concertos attendront un peu: ce sera à la fin de mon cycle "Aux portes du jazz", peut-être en seront-ils la conclusion.

Eléments biographiques (Source Wikipédia)

Didier Lockwood, né à Calais le 11 février 1956, est un compositeur et violoniste de jazz français. Issu d'une famille de musiciens, il obtient les Premiers Prix du conservatoire de Calais et de musique contemporaine de la Sacem pour sa composition pour violon préparé en 1972. Il admire la musique classique, mais, initié par son grand-frère pianiste Francis, il s'orientera vers le jazz. Il découvre le violon amplifié et préfère intégrer à la fin de l'année 1974 le groupe de jazz-rock Magma plutôt que de tenter l'entrée au conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.

Engagé dans le big band de Michel Colombier, il se fait remarquer par Stéphane Grappelli qui lui propose de l'accompagner dans ses tournées. Il est ensuite invité par le pianiste Dave Brubeck et commence une carrière solo.
Il enchaîne ensuite les albums avec différentes formations, notamment son fameux DLG (Didier Lockwood Group). Il joue en compagnie de Martial Solal, Gordon Beck, NHOP, Michel Petrucciani, Aldo Romano, André Ceccarelli, Jean-Paul Céléa, Miles Davis, Lenny White, Marcus Miller, Herbie Hancock, Elvin Jones, les frères Marsalis ou encore Barbara, Richard Galliano, Claude Nougaro, Ivan Paduart, Richard Bohringer, Jacques Higelin, etc. Il séjourne à plusieurs reprises aux États-Unis où il enregistre quelques albums.
Son succès ne se dément pas, et il est récompensé par une Victoire de la musique en 1985, un Disque d'or, et reçoit en 2003 la Légion d'honneur.


Didier Lockwood joue en concert courant 2006. Il explore en permanence de nouveaux horizons, comme en témoigne son spectacle « Omkara » réalisé avec le chorégraphe indien Raghunath Manet, danseur de Bharata Natyam, compositeur et joueur de vinâ. Il est également célèbre pour ses solos des « mouettes », démonstrations d'effets électroniques pour violon solo.
Didier Lockwood s'est aussi distingué par son implication pédagogique, puisqu'il publie une méthode d'improvisation intitulée Cordes et âmes (prix Sacem 2002), et crée en 2001 à Dammarie-lès-Lys le Centre des Musiques Didier Lockwood, son école d'improvisation. Il orchestre également le festival Violons croisés qui se tient chaque année à Dammarie-lès-Lys.
Il est chargé de la vice-présidence du Haut conseil de l'éducation artistique et culturelle qui lui a été confiée conjointement, le 19 octobre 2005, par les deux ministres français de la culture et de la communication, et de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Il a été marié à la chanteuse lyrique Caroline Casadesus, fille du chef d'orchestre Jean-Claude Casadesus et petite-fille de la comédienne Gisèle Casadesus, avec laquelle il a partagé l'affiche pendant quatre années dans le spectacle musical Le Jazz et la Diva, se terminant avec un triomphe à Cannes, au Palais des Festivals et des Congrès, le 20 juillet 2008 (nommé aux Victoires de la musique 2006). Lors de cette dernière représentation, il a annoncé la création d'un opus 2 devant se tenir du 8 octobre 2008 au 21 janvier 2009, au Théâtre de la Gaîté-Montparnasse à Paris.
Le 23 octobre 2011, la grande salle de spectacle du Pôle Ev@sion (principalement dédiée à la création numérique) d'Ambarès-et-Lagrave est inaugurée et baptisée « Salle Didier Lockwood » en sa présence.
Le 16 janvier 2012, il remet au Ministre de la Culture Frédéric Mitterrand un rapport relatif à une mission de réflexion dont la conduite lui a été confiée. Les Conservatoires de France et l'Union nationale des directeurs de conservatoire (UNDC) se positionnent fermement contre ce rapport en en pointant ce qu'ils appellent « les contradictions et les erreurs », de même que des « vœux pieux ».

Lockwood au festival de Vienne. Violon amplifié avec utilisation de boucles électroniques afin de se transformer en homme orchestre :
https://www.youtube.com/watch?v=1wm08kMvb3U

Je viens de réécouter, en cette fin d'après-midi, sa partition pour Les Enfants de la pluie. Outre le magnifique thème principal chanté par Caroline Casadesus, le caractère viril et même guerrier des passages avec choeur, j'ai été particulièrement soufflé par l'immense inspiration du musicien sur ce coup-là, comme s"il avait tout donné ce qui sommeillait en lui de profondément musical. Cette partition est un jaillissement d'idées, un jaillissement d'énergies dans lequel le violon amplifié intervient avec parcimonie, délicatesse et sensibilité. Lockwood a mis beaucoup d'âme et de coeur au point qu'il en ressort une bande originale habitée, passionnée et passionnante. J'ai été soufflé...oui, je sais, je l'ai déjà dit...   et je n'hésite pas à évoquer un chef-d'oeuvre du genre. Chapeau bas!      

Il y avait longtemps que je n'avais pas réécouté le Concerto pour piano et orchestre de Didier Lockwood. Je ne me souvenais pas qu'il était aussi captivant, surtout dans son premier mouvement et son quatrième et dernier mouvement qui semble se construire sous la forme d'une danse effrénée, à partir du motif mélodique qui ouvre le concerto. Comme il est dit à propos de cette oeuvre, trois pôles d'inspiration illuminent ce concerto: le jazz, la forme traditionnelle du concerto, un goût certain et un certain goût pour les musiques ethniques, en particulier, celles provenant d'Orient. Il en résulte une oeuvre moderne, forte et très expressive. Daniel Kramer est un pianiste virtuose aussi à l'aise dans le domaine du jazz que celui du classique. Sur ce concerto, il excelle, mais, jamais ce concerto ne pêche, à mon sens, par excès de virtuosité, même si dans les premier et dernier mouvements, on a l'impression d'assister à une course-poursuite entre le piano et l'orchestre, un duel équilibré, haletant mais mesuré.

      Le Concerto pour violon électro-acoustique et orchestre "Les Mouettes" est une autre oeuvre de choix qui possède ses moments épiques et généreux, dans une veine autant moderne que classique, entre parties très écrites et parties plus improvisées, entre expression romantique et formes plus jazzy, s'appuyant aussi, avec réussite, sur des constructions rythmiques assez complexes. Au bout du compte, il s'agirait, d'une certaine façon, d'un concerto à deux visages, un visage plus traditionnel avec violon classique et orchestre symphonique ample et mahlerien par moments, notamment dans le premier mouvement, et un autre visage plus électro-acoustique, aux effets saisissants. La cadence des Mouettes du second mouvement a quelque chose de volatile et de marin, sans doute, quelque-part, profondément lié aux origines calaisiennes du compositeur. Superbe musique!

Ces deux concertos, et leur réussite, sont aussi le fruit d'une étroite collaboration entre le compositeur Didier Lockwood et l'orchestrateur Hubert Bougis. Ils sont interprétés par l'Orchestre Philharmonique d'OMSK (Sibérie) sous la direction de Evgeny Shestakov. Didier Lockwood interprète lui-même son concerto pour violon, bien naturellement.

     

<<Le Concerto pour violon électro-acoustique et orchestre "Les Mouettes" est une autre oeuvre de choix qui possède ses moments épiques et généreux, dans une veine autant moderne que classique, entre parties très écrites et parties plus improvisées, entre expression romantique et formes plus jazzy, s'appuyant aussi, avec réussite, sur des constructions rythmiques assez complexes. Au bout du compte, il s'agirait, d'une certaine façon, d'un concerto à deux visages, un visage plus traditionnel avec violon classique et orchestre symphonique ample et mahlerien par moments, notamment dans le premier mouvement, et un autre visage plus électro-acoustique, aux effets saisissants. La cadence des Mouettes du second mouvement a quelque chose de volatile et de marin, sans doute, quelque-part, profondément lié aux origines calaisiennes du compositeur. Superbe musique!>>

Je l'ai réécouté ce matin, très tôt. Lorsque le sommeil s'en va, l'envie d'écouter de la musique m'envahit. J'en ai donc profité pour réécouter le Concerto pour Violon Les Mouettes de Didier Lockwood. J'ai une grande affection pour ce concerto, mais me plait-il suffisamment pour qu'il fasse partie de mon Top 13? La réponse est oui; il a toutes ses chances en effet. J'aime cette rencontre poétique et lyrique entre un violon classique et un violon électrique. Et ici, le résultat est sans artifice.

Réécoute vite Tchaikowski, Beethoven, Brahms, Mendelssohn, sinon il n'y aura que des contemporains dans ton top13

[color=#000066]Je découvre ce compositeur violoniste et bien plus avec les mouettes, la mer, les bateaux sur YT... et c'est bien réellement ce que l'on appelle une découverte, superbe en plus, un beau voyage intergalactique

Vidéo indisponible

joachim a écrit:

Réécoute vite Tchaikowski, Beethoven, Brahms, Mendelssohn, sinon il n'y aura que des contemporains dans ton top13

Mais non, mais non. Je viens justement de réécouter le concerto de Brahms. J'en parle dans le bon fil. Pour en revenir à Lockwood, outre ses performances en solo comme celle présentée par Laudec, tu ne serais pas très inspiré de laisser passer le cd qui regroupe ses deux concertos pour piano et violon. Tu serais surpris de voir qu'ils se rapprochent de tes modèles.

A l'occasion de mon cycle autour de la chanson, pas nécessairement française, j'ai réécouté, entre autres, l'album Hypnoses, poèmes lyriques de Didier Lockwood interprétés par Caroline Casadesus, l'Orchestre Philharmonique d'Omsk sous la direction d'Evgeny Shestakov. J'aime beaucoup la petite note introductive de Philippe Tesson tirée du fascicule:

"Lorsque Caroline Casadesus chante Didier Lockwood, les sortilèges de l'amour nous envahissent, comme si cette voix et cette musique naissaient  de la même source. Elles s'élèvent, dans un élan intimement mêlé, vers les hauteurs irréelles où l'âme et le corps s'unissent. Ce vertige délicieux des sens s'appelle la passion."

C'est vraiment un très bel album en entier, pas seulement parce que la voix de Caroline Casadesus fait frissonner les murs de mon salon et sait faire ressortir toute la beauté de ces "poèmes lyriques", mais aussi pour la matière orchestrale qui évolue autour. Il me paraîtrait incomplet, dans l'écoute, de se focaliser uniquement sur la chanteuse et sur le texte, ce qui est souvent le cas chez les consommateurs réguliers de chansons. Pour moi, la chanson est un tout. Biensûr, le texte a son importance, mais il ne prime jamais sur l'intérêt que je porte à un titre, peut-il être dans une langue que je ne comprends pas, ce n'est pas ce qui diminuera mon plaisir. Il peut juste être un plus dans le cas contraire, dans la mesure où les paroles sont vraiment belles. Ce qui prime pour moi, c'est la qualité de la mélodie, la beauté de la voix, la nature de l'instrumentarium qui accompagne le ou la soliste, les orchestrations s"il s'agit d'un accompagnement orchestral. Chacune des chansons, "poèmes lyriques" selon l'auteur, remplissent toutes ces conditions, du moins à mon oreille. Peut-on éventuellement y considérer une dimension opératique sous forme de soliloques: "Les Yeux d'Elsa", par exemple: l'orchestre semble tirer son inspiration d'une mise en scène précise autour de la voix, occupant de manière maîtrisée un espace physique: il donne l'illusion de mettre en scène la soliste, voilà comme je le ressens. "Amor Sara" est une belle page romantique. "Hypnose" est peut-être l'un des morceaux les plus intéressants, celui qui va le mieux captiver mon imaginaire: quelque-part, comme "Les Yeux d'Elsa", il y a un aspect visuel. La dimension la plus religieuse et la plus épique en même temps s'exprime brillamment dans "Psaume" avec l'apport d'un ensemble vocal, le même qui illumine le magnifique "Thème de Béryl" qui offre la conclusion idéale à cet album, en parfaite adéquation avec le titre de celui-ci.

Gitania
Les Yeux d'Elsa
Amor Sara
La Chambre dans l'espace
Valse-émoi
L'Horloger
Ma Reine
Métamorphose
La Chambre
Hypnose
Psaume (qui emploie également l'Ensemble Vocal Patrick Foucher) Un des meilleurs moments du disque.
Tous ces morceaux sont orchestrés par Laurent Couson.
L'album se termine sur le Thème de Béryl qui provient de la B.O. Les Enfants de la Pluie par le "Bulgarian Symphony Orchestra" + Ensemble vocal Patrick Foucher, sous la direction du même chef d'orchestre mais dont les orchestrations sont créditées à Hubert Bougis.

https://www.youtube.com/watch?v=34Oe9r8cQvk


Dans la version de l'album "Hypnoses", le violon cher à Didier Lockwood est moins présent.

Didier Lockwood est mort hier 18 février 2018 à Paris d'une crise cardiaque.

Après avoir épousé la chanteuse lyrique Caroline Casadesus, petite-fille de Gisèle Casadesus, avec laquelle il a eu une fille, Mathilde, il épousa Patricia Petibon en 2015.

Rediffusion hier sur Radio Classique de l'émission d'Olivier Bellamy avec Didier Lockwood pour invité.
Un musicien de talent, inventeur et chercheur, et, passionnant à écouter pour la musique, et, pour ses propos. Un grand monsieur.

Lorsque je pense au violon électrique, je pense d'abord à deux musiciens français, Didier Locwood et Jean-Luc Ponty, ce dernier employant le violectra, le nom d'un violon électrique doté à l'origine de quatre cordes, fabriqué par Violectra avec une sonorité équivalente à celle d'un violon ténor acoustique, quelquefois appelé violon baryton. Si je connais bien quelques oeuvres de Lockwood, en revanche, je ne connais encore rien de Ponty, ai du écouter quelques extrait ci et là. Il est dit qu'en dehors d'une virtuosité impressionnante il bénéficie également d'un véritable talent de compositeur et de mélodiste et qu'il fut, parallèlement un expérimentateur ambitieux... "parmi les premiers à combiner le violon au MIDI, aux effets de distorsions et aux pédales wah-wah: instantanément identifiables, ses sons, en attaque comme en phrasé, sont de véritables signatures, obtenant aussi l'ampleur d'un synthétiseur sur les seules cordes de ses violons." Un jour, je sais que je franchirai le pas mais, cet après-midi, par un temps maussade qui, bien que gris, n'a rien de grisant, j'ai réécouté deux compositions de Didier Lockwood, le Divertimento pour piano et violon "Mr Casa" et le Concerto pour violon électro-acoustique & orchestre "Les Mouettes" en trois mouvements et trois intermèdes: "Improvisation, cadence & fin/Cadence des Mouettes & fin" et "Cadence, improvisation & fin".

Si le "Divertimento" est d'une allure très jazzy et fort sympathique au demeurant, le concerto prend aussitôt une ampleur symphonique. Il évolue dans une veine autant moderne que classique, entre parties très écrites et parties plus improvisées, entre expression romantique et formes plus jazzy, s'appuyant aussi, avec réussite, sur des constructions rythmiques assez complexes. Je le perçois toujours comme un concerto à deux visages, un visage plus traditionnel avec violon classique et orchestre symphonique dans sa forme la plus concertante qui soit, et un autre visage plus électro-acoustique et improvisé: la cadence des Mouettes, qui prolonge (ou pervertit) le second mouvement, est sans doute l'élément le plus poétique et électrique du concerto.

Mini-reportage sous le soleil du Brésil:

https://www.youtube.com/watch?v=vLwKznUJVkg


A propos du Divertimento:

<<La pièce est un constant glissement entre une musique impressionniste, faisant parfois penser aux musiques de films muets, le jazz et l'improvisation. Cette oeuvre de mande une grande assurance rythmique et une connaissance certaine de l'improvisation. L'enchaînement des deux séquences improvisées s'opère dans un passage d'une écriture à sept temps pour le violon à une écriture à cinq temps pour le piano. Le pianiste ukrainien Dimitri Naïditch montre ici sa science exceptionnelle de l'improvisation mais aussi sa grand force technique au service d'une sensibilité exemplaire, dans le respect le plus total du texte. Didier Lockwood.