Youri KASPAROV (né en 1955)

Eléments biographiques:

Né le 8 juin 1955 à Moscou, YOURI KASPAROV obtint d'abord les diplômes de l'Institut énergétique de Moscou en 1978, puis du Conservatoire "Tchaikovski" en 1984. De 1985 à 1989, il travailla comme éditeur musical en chef du Studio russe central d'Etat du film documentaire. En 1991, il retourna au Concervatoire "Tchaikovski" pour étudier auprès d'EDISON DENISOV.

YOURI KASPAROV est lauréat du Concours de l'Union des compositeurs (Premier Prix pour la Symphonie n°1 "GUERNICA en 1985), Premier Prix du Concours International de composition "Guido d'Arezzo" en Italie (avec l'AVE MARIA pour 12 solistes, violon, orgue et vibraphone, en 1999), Premier Prix du Concours International de Composition "Henri Dutilleux" (avec EFFET DE NUIT, d'après le poème de Paul Verlaine, pour baryton-basse, clarinette, cor, piano, vibraphone et violoncelle, en 1996).

En 1999, YOURI KASPAROV a reçu la "mention spéciale" de l'Academia Musicale Pescarese (Italie) avec REMINISCENCE pour piano et électronique en temps réel. Il est membre fondateur du comité d'organisation de l'Association russe de musique contemporaine ainsi que président délégué de l'Association internationale des organisations de compositeurs (ex Union des compositeurs de l'URSS). En 1990, il a fondé l'Ensemble de musique contemporaine de Moscou et en est devenu le directeur artistique.

Les oeuvres de YOURI KASPAROV font souvent partie des programmes des festivals prestigieux tels que Frankfurt Fest (Allemagne), Festival Présences de Radio France, Festival d'Eté de Tokyo, Ensems (Espagne), Automne de Varsovie, etc...

Quelques notes sur son approche artistique et esthétique:

"Youri Kasparov est diplômé de l’Institut Énergétique (1978) et du Conservatoire de Moscou (1984), sa ville natale. Cette double formation l’amène à privilégier une approche rationnelle, voire scientifique, de la composition musicale. A la manière du peintre Maurice Denis pour qui, avant de représenter des objets, « la peinture n’est  qu'une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées », le compositeur ne néglige jamais la réalité première de la musique, le « fait acoustique » : « du son, avec un certain volume, un certain timbre et une certaine durée ». Les différents paramètres musicaux – dynamiques, timbres, mètres, rythmes, etc…- sont pour lui comme autant de « coordonnées dans un espace à n-dimensions. » L’œuvre advient quand, dans cet espace, les coordonnées s’unissent et se cristallisent dans une même forme « géométrique ».

Les différentes périodes et styles de l’histoire de la musique sont eux-mêmes compris comme coordonnées. Non pas par esprit d’imitation, mais par volonté d’extraire des œuvres du passé ce qui est permanent et intangible. Ainsi, dans sa musique, le rapport dialectique classique entre la dominante et la tonique, entre le stable et l’instable, entre la tension et la résolution, s’étend à tous les paramètres musicaux. Nous sommes, évidemment, très loin du Réalisme Soviétique et de la description musicale de la « réalité », encore en cours pendant les premières années d’activité du compositeur.

Enfin, chez Kasparov, le travail du timbre est capital, un artisanat longuement mûri dans les studios d’enregistrement et de cinéma – le compositeur a une expérience considérable de la musique de film - et lors de ses activités de directeur artistique de l’Ensemble de Musique Contemporaine de Moscou qui, depuis des années, le mettent en contact quotidien avec les meilleurs instrumentistes d’Europe de l’Est. Aujourd’hui, Youri Kasparov transmet cette connaissance intime du timbre à ses élèves de la classe d’orchestration du Conservatoire Tchaïkovsky de Moscou.  Il est également  professeur de composition au sein de cette prestigieuse institution."

J'ai découvert ce compositeur russe au travers de délicats arrangements qu'il réalisa sous forme de suites de certaines partitions de son professeur de composition Edison Denisov écrites pour le cinéma. Cette découverte me donna ensuite envie de mieux connaître Youri Kasparov en m'intéressant à sa propre musique. Le Trille du Diable, variations sur un thème de Tartini (1990) pour seize instruments, fut la première oeuvre que je découvris et appréciai. Les suivantes furent Un rêve, sur un poème d'Edgar Poe (1996) pour soprano et orgue; Lumière et Ombre - En contraste - Symphonie de chambre n°3 (1999) pour sept instruments; Douze Echantillons de corrélations entre basson, 8 contrebasses et 8 timbales (1995); Réminiscence (1993) pour piano préparé et électronique en temps réel et Sept Images Illusoires de la Mémoire (1995) pour seize instruments.

Je reviendrai bien sûr plus en détail sur chacune de ces oeuvres le jour béni où il me viendra l'idée de les réécouter, mais, en attendant, il existe un autre travail plus particulier qu'il réalisa pour le film d'animation Casse-noisette tiré du célèbre ballet du même nom. Voilà d'ailleurs ce qui est dit du travail de Youri Kasparov:

Youri Kasparov est russe, donc ironique parfois, irrespectueux jamais, humoristique toujours, talentueux définitivement, inspiré continuellement. Il est ici l'auteur d'un détournement: celui de la musique de Tchaikovsky. Sous le pastiche sourd l'hommage, sous l'humour pointe l'ironie, sous la contrainte jaillissent une inventivité de tous les instants et un incroyable talent d'orchestration, et l'on ne sait plus quel compositeur s'inspire de l'autre. Il jongle avec virtuosité avec les instruments, transforme pour mieux souligner, et fait fleurir son arbre généalogique de fruits à jamais actuels. Kasparov s'impose comme un peintre de la musique, à moins qu'il ne soit un sculpteur d'orchestre.

Le Casse Noisette de Tchaïkovski est d'une telle tendresse, finesse, - en un mot, très beau - que je me demande comment il a pu le modifier. Ça me fait peur....

joachim a écrit:

Le Casse Noisette de Tchaïkovski est d'une telle tendresse, finesse, - en un mot, très beau - que je me demande comment il a pu le modifier. Ça me fait peur....

En fait, il utilise même des thèmes mélodiques de Tchaikovski qui n'ont pas été composés pour CASSE-NOISETTE. C'est plus un travail de réorchestration (remarquable), d'arrangements et d'adaptation qu'autre chose. Alors bien sûr, il y a quelques touches modernistes ci et là, la patte sonore d'un compositeur de son temps, mais, en même temps, la musique du grand Tchaïkovski n'y est absolument pas martyrisée, au contraire, elle y est rigoureusement respectée, voire transcendée par endroit. Reste la chanson finale qui est une composition originale de Kasparov; elle est superbe.  

Je réécouterai tout cela dans un futur proche et, en plus de ma propre impression, je placerai un commentaire plus précis du travail de Kasparov par rapport à la musique de Tchaïkovski. Le mieux encore c'est d'écouter.  

Icare a écrit:

joachim a écrit:

Le Casse Noisette de Tchaïkovski est d'une telle tendresse, finesse, - en un mot, très beau - que je me demande comment il a pu le modifier. Ça me fait peur....

En fait, il utilise même des thèmes mélodiques de Tchaikovski qui n'ont pas été composés pour CASSE-NOISETTE. C'est plus un travail de réorchestration (remarquable), d'arrangements et d'adaptation qu'autre chose. Alors bien sûr, il y a quelques touches modernistes ci et là, la patte sonore d'un compositeur de son temps, mais, en même temps, la musique du grand Tchaïkovski n'y est absolument pas martyrisée, au contraire, elle y est rigoureusement respectée, voire transcendée par endroit. Reste la chanson finale qui est une composition originale de Kasparov; elle est superbe.  

Je réécouterai tout cela dans un futur proche et, en plus de ma propre impression, je placerai un commentaire plus précis du travail de Kasparov par rapport à la musique de Tchaïkovski. Le mieux encore c'est d'écouter.  

Il était presque tracé que je terminerais mon cycle sur cette oeuvre réalisée pour le film d'animation "Casse-Noisette" pour lequel Youri Kasparov réemploie à sa manière la musique de Tchaïkovski et pas seulement celle du ballet homonyme. Un connaisseur du grand compositeur du Lac des Cygnes, s'amuserait à identifier les emprunts mais l'oeuvre est flamboyante, un merveilleux croisement entre la musique dite classique et la musique écrite pour l'image, une synthèse cohérente et passionnante entre deux univers qui ont au final tant de liens familiaux entre eux.