Julius Reubke (1834-1858)

Friedrich Julius Reubke, né le 23 mars 1834 à Hausneindorf et mort le 3 juin 1858 à Pillnitz, fut un compositeur, pianiste et organiste allemand.


Fils du facteur d'orgues Adolf Reubke (1805-1875) et frère de l'organiste et compositeur Otto Reubke (1842-1913), il a été formé à l'origine avec Hermann Bönicke à Quedlinburg, puis en 1851 il suivit des cours de piano de Theodor Kullak et des cours de composition avec Adolf Bernhard Marx au Stern'sches Konservatorium de Berlin.
Recommandé par Hans von Bülow, il s'installa à Weimar en 1856 pour y étudier avec Franz Liszt dont il devint l'un des élèves favoris. En 1857, il se rendit à Dresde où il entra au Tonkünstlerverein où il participa régulièrement en tant que pianiste.

En 1858, il se retira de la vie publique et s’installa à Pillnitz, une ville où il mourut en juin de la même année et à seulement 24 ans.

Au décès de Reubke, Liszt écrira de lui dans une lettre de condoléances à son père: "Personne ne peut savoir plus intensément combien la perte de votre Julius est grande pour l'art sinon celui qui a suivi avec admiration ses nobles, constants et talentueux progrès de ces dernières années et qui lui gardera à jamais son amitié".


Œuvre

Julius Reubke, disparu à l'âge de seulement 24 ans, nous laisse une œuvre réduite mais d'une qualité exceptionnelle. Sa Sonate pour piano en si bémol mineur (1857) et surtout sa Sonate pour orgue en do mineur "Psaume 94" comptent parmi les œuvres les plus remarquables du répertoire romantique du XIXe siècle. Quelques œuvres nous sont également parvenues : un scherzo en ré mineur et une mazurka en mi majeur, pièces pour piano, d'une part, un trio en mi bémol majeur et un adagio en mi mineur (probablement une étude préliminaire pour le 3ème mouvement de la grande sonate "Psaume 94") pour orgue d'autre part. Les œuvres citées ci-dessus sont disponibles à l'enregistrement et sous forme de partitions. Julius Reubke a également composé d'autres œuvres disparues : une ouverture pour orchestre, un choral pour orgue et des mélodies pour mezzo-soprano.

je ne me souvenais pas qu'il avait vécu que 24 ans!!....Je me souviens d'un récital d'orgue (j'ai oublié l'organiste ) où j'avais découvert et été très impressionné par sa sonate pour orgue

J'ai ce CD, mais pas encore écouté :

Ah ce fameux compositeur! La maudite faucheuse lui a fait sa sale besogne alors qu'il avait à peine 24 ans! Mais au moins il nous a laissé à la postérité un chef d'oeuvre pour orgue et sa très belle sonate pour piano.

Guillou a le mérite d'être celui qui nous a fait découvrir la sonate pour piano, fort bien exécutée d'ailleurs et paradoxalement mieux que la sonate pour orgue malgré le fait qu'il est avant tout organiste!

Depuis, d'autres versions de ces deux grandes oeuvres ont vu le jour étant de références, d'avantage même que la version de Guillou. La sonate pour orgue
superbement exécutée par le l'excellent organiste britannique Thomas Trotter pour le label Decca Argo au sublime orgue Klais d'Ingolstadt Münster:

Ecouter ...ICI

Enfin, pour sa belle grande sonate pour piano, je recommande sans hésitation la superbe version du pianiste italien Mario Patuzzi pour le label Dynamic Série 2000:
Ecouter ---ICI

L'autre sonate contenu dans cet album est très belle également, plus classique de forme cependant, mais fort belle de Ludwig Schuncke, un autre dont la faucheuse fit des siennes alors que lui aussi avait 24 ans.

Sa sonate pour orgue est intéressante mais assez spéciale quand même. J'aime sans aimer. Toutefois on sent la fougue et l'énergie de sa jeunesse, c'est indéniable.

J'aime bien sa sonate pour piano mais on sent bien l'influence de Liszt aussi

La sonate pour orgue est d'un genre plutôt austère, froid, car vengeur, guerrier, en étroite communion donc à ce psaume 94, qui parler de délivrance et de destruction des méchants par le courroux de Dieu espéré. Un coup bien imprégné du texte de ce psaume, l'oeuvre dévoile bien des choses intéressantes que lors d'une écoute sans aucune connaissance du texte.

Pour sa sonate pour piano, elle évoque Liszt pour sa structure et par le fait même, sa durée. Cependant, à mon humble avis, elle ne pourrait en aucun cas être qualifié de sonate sous-Liszt, mais bien une sonate sommes toutes personnelle à l'auteur, digne de comparaison avec celle de son maître. Enfin, à l'écoute de ses oeuvres, je comprend mieux pourquoi ce Julius fut l'élève préféré du maître avec Carl Tausig.

Enfin, peut-être que si tu écoutais la version Trotter en entier, tu sentirais la belle réussite à tout point de vu de l'interprète, aidé par cet orgue célèbre aux fonds généreux sans lourdeur et au plenum et tutti impressionnant et non détonnant. Tout ça pour dire finalement que l'interprète peut indéniablement contribuer à apprécier une oeuvre comme il se doit.

ysov a écrit:

La sonate pour orgue est d'un genre plutôt austère, froid, car vengeur, guerrier, en étroite communion donc à ce psaume 94, qui parler de délivrance et de destruction des méchants par le courroux de Dieu espéré. Un coup bien imprégné du texte de ce psaume, l'oeuvre dévoile bien des choses intéressantes que lors d'une écoute sans aucune connaissance du texte..

C'est sûr qu'avec les explications sur le Psaume, ça donne une autre dimension à l'écoute. Merci pour l'info, je ne savais pas

Citation :

Pour sa sonate pour piano, elle évoque Liszt pour sa structure et par le fait même, sa durée.

Tout à fait mais un peu dans le style aussi. On retrouve la même aptitude aux silences, à une certaine dramaturgie musicale par le phrasé, des temps forts/lents, etc...

Citation :

Cependant, à mon humble avis, elle ne pourrait en aucun cas être qualifié de sonate sous-Liszt,

Sans toutefois la qualifier de sonate de "sous Liszt"

Citation :

Tout ça pour dire finalement que l'interprète peut indéniablement contribuer à apprécier une oeuvre comme il se doit

Entièrement d'accord

Psaume 94


1 Dieu des vengeances, Yahweh, Dieu des vengeances, parais!
2 Lève-toi, juge de la terre, rends aux superbes selon leurs oeuvres!
3 Jusques à quand les méchants, Yahweh, jusques à quand les méchants triompheront-ils?
4 Ils se répandent en discours arrogants, ils se glorifient, tous ces artisans d'iniquité.
5 Yahweh, ils écrasent ton peuple, ils oppriment ton héritage,
6 ils égorgent la veuve et l'étranger, ils massacrent les orphelins.
7 Et ils disent: " Yahweh ne regarde pas, le Dieu de Jacob ne fait pas attention. "
8 Comprenez-donc, stupides enfants du peuple! Insensés, quand aurez-vous l'intelligence?
9 Celui qui a planté l'oreille n'entendrait-il pas? Celui qui a formé l'oeil ne verrait-il pas?
10 Celui qui châtie les nations ne punirait-il pas? Celui qui donne à l'homme l'intelligence ne reconnaîtrait-il pas?
11 Yahweh connaît les pensées des hommes, il sait qu'elles sont vaines.
12 Heureux l'homme que tu instruis, Yahweh, et à qui tu donnes l'enseignement de ta loi,
13 pour l'apaiser aux jours du malheur, jusqu'à ce que la fosse soit creusée pour le méchant.
14 Car Yahweh ne rejettera pas son peuple, il n'abandonnera pas son héritage;
15 mais le jugement redeviendra conforme à la justice, et tous les hommes au coeur droit y applaudiront.
16 Qui se lèvera pour moi contre les méchants? Qui me soutiendra contre ceux qui font le mal?
17 Si Yahweh n'était pas mon secours, mon âme habiterait bientôt le séjour du silence.
18 Quand je dis: " Mon pied chancelle, " ta bonté, Yahweh, me soutient.
19 Quand les angoisses s'agitent en foule dans ma pensée, tes consolations réjouissent mon âme.
20 A-t-il rien de commun avec toi le tribunal de perdition, qui fait le mal dans les formes légales?
21 Ils s'empressent contre la vie du juste, et ils condamnent le sang innocent.
22 Mais Yahweh est ma forteresse, mon Dieu est le rocher où je m'abrite.
23 Il fera retomber sur eux leur iniquité, il les exterminera par leur propre malice, il les exterminera, Yahweh, notre Dieu!

Oui le ''DE'' fait la différence!

Bien-sûr le style peut légèrement s'apparenter, mais une sonate semblable composée à 24 ans! Seulement cela est près du génie!

ysov a écrit:

Bien-sûr le style peut légèrement s'apparenter, mais une sonate semblable composée à 24 ans! Seulement cela est près du génie!

Oui et non. A cette époque les "génies" étaient fréquents. En tout cas plus qu'aujourd'hui

Vraiment? J'aimerais bien savoir quels autres compositeurs qui à 24 ans au XIXe auraient composés une sonate de cette envergure? Schumann peut-être? mais sa meilleure fut composée au delà de cet âge je crois.

Je parlais de manière plus générale. Même sans égaler le niveau de cette sonate, il y avait quand même pas mal de compositeurs ou d'élèves de compositeurs à cette époque et à cet âge qui étaient capables de produire des choses d'une qualité déjà digne de ce nom.

Je pense à quelques personnes dont je n'ai malheureusement plus les noms en tête mais il en y a. Sans oublier tous ceux qui ont concouru au Prix de Rome, dans le lot beaucoup devait avoir ce niveau et cet âge

Sur ces bonnes paroles, je vais dormir du sommeil du juste...ou presque

Une biographie plus complète (Wiki anglais), où l'on apprend que Julius Reubke est mort à 24 ans de la tuberculose.

Friedrich Julius Reubke (23 Mars, 1834 - 3 Juin, 1858) était un compositeur allemand pianiste et organiste. Dans sa courte vie, il a composé la Sonate sur le 94ème Psaume en do mineur, qui est considérée comme l'une des plus grandes œuvres pour orgue du répertoire romantique.


Né à Hausneindorf, un petit village de la région des montagnes du Harz, Julius Reubke était le fils aîné du facteur de fabrication d'orgue et de piano Adolf Reubke (1805-1875). Parmi les cinq frères et sœurs de Julius, deux frères, Emil (1836-1884) et Karl (1840-1860), travaillèrent avec leur père; Emil devint associé en 1860 et possédait la compagnie en 1872. Son frère Otto (1842-1913) était également pianiste, organiste et compositeur; il prépara la Sonate du 94e Psaume pour sa première publication en août 1871. Otto s'établit à Halle, où il fut professeur à l'Université de Halle et en devint le directeur en 1892. Il y avait également deux soeurs, Meta et Alma.

La première instruction musicale de Reubke fut à Quedlinburg avec Hermann Bönicke (1821-1879). En avril ou octobre 1851, il s'installe à Berlin où il poursuit ses études musicales au conservatoire fondé en novembre 1850 par Theodor Kullak, avec lequel il étudie le piano, Adolf Bernhard Marx, avec qui il étudie la composition, et Julius Stern. À Berlin, il rencontre la Neudeutsche Schule avec le chef d'orchestre Hans von Bülow et l'organiste Alexander Winterberger, tous deux associés à Franz Liszt.

Lorsque Liszt se rendit à Berlin en décembre 1855, il décida, suite à la recommandation de Bülow, d'enseigner le piano et la composition à Reubke à partir de février 1856 à Weimar et lui permit de vivre dans la maison d'Altenburg qu'il avait conservée. C’est dans cet environnement que Reubke composa ses deux œuvres majeures, la Sonate pour piano en si bémol mineur, qu’il composa de décembre 1856 à mars 1857, et la Sonate pour le 94ème Psaume en do mineur, pour orgue, dont il termina un mois plus tard; il a également envisagé d'écrire un opéra. La sonate pour orgue était dédiée au professeur Carl Riedel ; sa première était jouée par Reubke sur le Ladegastorgue (1853-1855) de la cathédrale de Mersebourg le 17 juin 1857. Depuis sa composition, elle est considérée comme l'un des sommets du répertoire romantique.

Sa santé était déjà en déclin lors de ses grandes compositions:

En nous jouant sa sonate, assis dans sa forme caractéristique au piano, enfoncée dans sa création, Reubke a tout oublié de lui; et nous avons ensuite regardé son apparence pâle, l'éclat non naturel de ses yeux étincelants, avons entendu son souffle lourd et avons réalisé à quel point une fatigue muette le submergeait après de telles heures d'excitation. Nous soupçonnions alors qu'il ne serait pas avec nous longtemps.

-  Richard Pohl

Il s'installe à Dresde en décembre 1857. À ce moment-là, il souffrait d'une aggravation de la tuberculose et n'avait pas l'énergie nécessaire pour jouer ou composer. En mai 1858, il s'installe dans la station thermale de Pillnitz, où il décède quelques jours plus tard, à l'auberge Zum Goldenen Löwen, à l'âge de 24 ans. Il est inhumé le 7 juin près de l'église Maria am Wasser à Pillnitz-Hosterwitz.

Il était l'un des élèves préférés de Liszt; après sa mort, Liszt écrivit une lettre de sympathie au père de Reubke:

Vraiment, personne ne pourrait ressentir plus profondément la perte que l'art a subie chez votre Jules, que celui qui a suivi avec admiration sa sympathie ses efforts nobles, constants et réussis au cours de ces dernières années, et qui gardera toujours son amitié fidèlement à l'esprit.

-  Franz Liszt


Œuvres

Sonate pour piano en si bémol mineur (1857) - influencée par la sonate en si mineur de Liszt
Sonate sur le 94ème Psaume en do mineur (1857) pour orgue - influencé par Fantaisie et Fugue de Liszt sur le choral "Ad nos, ad salutarem undam"
Trio en mi bémol majeur pour orgue op. 1 (1850)
Mazurka en mi majeur pour piano op. 2 (1856)
Scherzo en ré mineur pour piano op. 3 (1856)
Adagio en mi mineur pour orgue


Perdues

Ouverture
Lieder pour mezzo-soprano et piano
Variation chorale sur O Haupt voll Blut und Wunden


Sonate en si bémol mineur



https://www.youtube.com/watch?v=_Gs_M-09FGI


Sonate pour orgue sur le 94° psaume


https://www.youtube.com/watch?v=vhJ-CQp9lug