Richard MILLS, né en 1949

Richard John Mills est un compositeur et chef d'orchestre australien né le 14 novembre 1949 à Toowoomba dans le Queensland. C'est aussi la ville où il a grandi. Il a étudié au Nugdee College de Brisbane, puis il a étudié à Londres, à la Guildhall School of Music and Drama et a travaillé comme percussionniste en Angleterre ainsi que pour l'Orchestre symphonique de Tasmanie.
Il commença à composer durant les années 1980.

Travaux pour la scène:

___Snugglepot and Cuddlepie - 1987 - Ballet
___Poème de la terre - 1993 - théâtre musical pour les danseurs et musiciens autochtones , orchestre et sons électroniques.
___Eté de la dix-septième poupée - 1996 - opéra en deux actes sur un livret de Peter Goldsworthy
___Batavia - 2001 - opéra en trois actes sur un livret de Peter Goldsworthy
___L'amour du rossignol - 2007 - opéra en deux actes sur un livret de Timberlake Wertenbaker


Des oeuvres vocales et chorales:

___Festival de Folk Songs - 1985 pour mezzo-soprano, ténor, soprano, grand choeur mixte, choeur d'enfants et orchestre
___Monologues de Sapho pour soprano et orchestre - 1991
___Symphonic Poems - 2001 - pour soprano, mezzo-soprano, basse, grand choeur mixte et trois fanfares
___La petite sirène - 2005 - pour choeur d'enfants et orchestre
___Quatre antiennes de la vierge - 2005 - pour ténor et orgue
___Songlines "du désir du coeur" - 2007 - commandé par le Ian Potter trust.


Concertos:

___Concerto pour trompette et orchestre - 1982
___Soundscapes pour percussion et orchestre - 1983
___Pantomines fantastiques pour instruments solistes et orchestre - 1987
___Concerto pour violoncelle et orchestre - 1990
___Concerto pour flûte et orchestre - 1990
___Concerto pour violon et orchestre - 1992
___Double concerto pour violon, alto et orchestre - 1993
___Double concerto pour violon, clarinette et orchestre - 2002


Oeuvres symphoniques:

___Bamaga Diptych - 1989 -
___Tenebrae - 1992 -
___Pages from a secret journal - 2002 -
___Symphony of Nocturnes - 2008 -


Richard Mills a également composé de la musique de chambre et pour instrument solo.

Ce que j'apprécie le plus dans l'appareil symphonique de ce compositeur, c'est un peu près ce que j'apprécie le plus dans une certaine musique contemporaine et atonale. C'est le contraste de deux pôles sonores que l'on pourrait croire antinomique au sein d'une même oeuvre et qui, au fond, se servent mutuellement, s'embellissent l'un de l'autre. Le paysage est escarpé, atonal, rugueux, dans ses cassures de rythme, sa fougue, ses dissonances, ses turbulences, puis des oasis tonals s'installent temporairement, comme de longs fragments d'un romantisme "suranné". On croirait flirter avec les cordes tourmentées d'un vieux film américain...c'est une impression personnelle bien sûr...En tout cas, c'est ce que m'a inspiré une oeuvre comme Bamaga Diptych. Tenebrae m'évoque un romantisme encore plus sombre et sinueux. La musique est passionnée, envoûtante dans son exploration d'un lyrisme certes chahuté mais bien réel. Avec Pages from a Secret Journal, Richard Mills développe un symphonique plus exacerbé et exalté, plus touffu et intense, dans la même ambiguïté atonale/ tonale que les deux compositions précédentes. L'oeuvre qui toutefois m'a le plus emmené dans son monde personnel est encore sa Symphony of Nocturnes. Elle me semble magnifique en tout point, emblématique du style orchestral du compositeur australien...Ah! le superbe et inventif second mouvement avec ses sonorités aussi étranges qu'attractives!...Décidément, je voue un véritable attachement à la musique australienne depuis Grainger/Antill jusqu'à Carl Vine et Sean O'Boyle (duquel il va falloir que je fasse la biographie ici tant j'ai aimé les deux oeuvres que j'ai récemment découvertes), en passant bien sûr par l'incontournable Peter Sculthorpe.

Entre Manuel de Sica que j'ai écouté ce matin et Richard Mills que j'ai écouté cet après-midi, je suis carrément passé d'une musique plutôt introvertie à une musique très extravertie. Dès le début de Bamaga Diptych, le ton est posé par un effet de cordes insolite et saisissant. Il y a beaucoup d'inventions dans cette musique, une dimension naturalistique aussi. Les rebondissements y sont multiples, les coloris , abondants, de belles atmosphères sonores se dessinent alors au sein d'un paysage orchestral vaste et intense. Tenebrae est une oeuvre sombre, implacable, fascinante dans son développement, déchirante même, et déchirée. Elle enflera jusqu'à la partie finale, lorsque sur les deux dernières minutes qui lui restent avant de se désintégrer, la musique passe du tout orchestral à quelques instruments bien choisis, part alors sur un solo irrésistible du violon solo puis du hautbois. La dernière oeuvre du premier disque, Pages from a secret journal est sans doute la page symphonique la plus extravertie, la plus exacerbée. Très énergique, avec un début tonitruant et presque criard retombant sur quelques notes de harpe isolées, la musique est imprévisible dans ses multiples rebondissements et changements d'humeur. Il en ressort un jaillissement sonore, un foisonnement de notes pulsées, propulsées, parfois comme des jets de lave éjaculant d'un volcan. L'oeuvre, souvent atonale et touffue, s'accorde aussi quelques passages plus consensuels et lyriques portés par un hautbois ou un cor anglais, s'autorise même quelques moments de répit relativement brefs où la puissance de l'orchestre déchaîné s'efface sur des sonorités isolées de célesta. L'effet est saisissant, une impression de flotter provisoirement dans un vide artificiel avant d'être  emporté par une nouvelle page orchestrale que le vent d'une inspiration solide s'empresse de tourner.    

Tout ce que je peux dire suite à la réécoute de sa Symphony of Nocturnes, c'est que cette nouvelle impression ne fait que confirmer la précédente. Cette oeuvre ou devrais-je dire ce chef-d'oeuvre est exemplaire sur tous les points. Découpée en quatre mouvements, cette symphonie vous plonge dans un monde sonore fascinant et d'une très grande inventivité. Richard Mills y maîtrise admirablement l'appareil symphonique, lui extirpant avec une apparente aisance toute une palette de couleurs et d'effets musicaux dans lesquels je fus si heureux de replonger à nouveau, de pouvoir me gargariser de tous ces sons jaillissant d'une architecture sonore infaillible. Le deuxième mouvement, comme je l'avais déjà mentionné dans mon premier commentaire, détient des particularités qui m'intriguent et me fascinent à la fois. outre une construction et un développement rigoureux qui évitent le moindre artifice ou effet superflu, un instrument non identifié apporte un souffle étrange et lancinant à l'ensemble. D'autre part, un vrai piano semble avoir comme écho un faux, à moins qu'il s'agisse d'un piano désaccordé ou préparé, ou encore d'une imitation de celui-ci au synthétiseur. Le son de ce "faux piano" sonne plus fébrilement que celui du vrai, plus sûr, plus noble, et le contraste, dans ce contexte symphonique mouvementé, me plait beaucoup.   

Soundscapes for Percussion and Orchestra:

https://www.youtube.com/watch?v=h--QMZk_khE


J'ai réécouté les oeuvres sur lesquelles je me suis déjà pas mal exprimé dans ce même fil. J'apprécie ce compositeur pour son travail toujours excellent et irisé sur la matière symphonique. Il y a une dimension fantastique dans sa musique. D'un genre expressionniste et vivifiant, "Soundscapes" va également dans ce sens. Son instrument de prédiction est la percussion, inutile de préciser qu'il s'est sans aucun doute éclaté dans l'écriture de ce concerto. Un enchantement de couleurs qui me fait traverser un paysage surnaturel...