Sergueï (Sergey) Zhukov (Joukov), né en 1951

Une biographie!

Sergueï Zhukov est né à Jitomar (Ukraine) en 1951. Après avoir obtenu son diplôme de composition au Conservatoire de Moscou en 1978, il a complété sa formation en devenant maître de conférences assistant du professeur Mikhail Tchoulaki en 1980. Même dans ses compositions d'étudiant, Zhukov a attiré l'attention de ses collègues et du grand public. Son Triptyque dramatique à la mémoire de Vladimir Maïakovski (1978) lui a valu le prix spécial de l'Union des compositeurs. Le succès ne l'a pas quitté dans ses oeuvres ultérieures. Il a souvent participé aux festivals de musique nouvelle de l'ensemble de l'Union Soviétique et de la Russie, à des évènements internationaux comme le festival de musique contemporaine "Charles Ives" et s'est produit dans des concerts de ses propres oeuvres, dans son pays natal comme en Europe et aux Etats-Unis. La prédilection que porte Sergueï Zhukov au concerto instrumental et à la musique vocale dramatique comme les cycles de mélodies et l'oratorio explique probablement son attirance pour des genres dans lesquels intervient l'élément théâtral. Même dans sa musique de chambre et dans sa musique instrumentale "pures", cet élément, ainsi que les éléments visuels et graphiques qui lui sont apparentés, sont souvent présents - par exemple Le destin de Némésis (1992), une oeuvre pour un clarinettiste dansant, une ballerine et bande magnétique enregistrée. Zhukov s'intéresse aux processus profonds de notre vie spirituelle et est fasciné par les enseignements ésotériques sur la façon dont l'humanité a acquis une expérience morale et émotionnelle. Le ballet Solaris est l'un des résultats créatifs de cette fascination; de même, le Concerto mystère pour violon, violoncelle et piano.

Les triple concertos pour violon, violoncelle, piano et orchestre ne sont pas si nombreux et le plus célèbre d'entre eux est probablement celui de Beethoven. J'avais récemment évoqué assez élogieusement le double concerto de James Horner, Pas de Deux, qui réunit le violon et le violoncelle. Le Concerto Mystery de Sergueï Zhukov réunit d'abord les trois solistes au sein d'un premier mouvement d'un romantisme tout en retenue et finesse, un doux lyrisme qui m'a évoqué - très subjectivement - une certaine musique de film d'Ennio Morricone. Il contraste en tout cas avec la brutalité du second mouvement, un Allegro sous la forme exubérante d'un bordel organisé qui ferait grincer des dents notre Joachim, doyen de ces lieux. Entre le premier et le second mouvements, on peut dire sans exagérer que c'est le jour et la nuit. Néanmoins, l'allegro ne se limite pas à ce bordel organisé: il évolue, prend un cheminement orchestral complexe et dynamique qui semble davantage s'organiser, comme une détonnante "musique d'action" au travers de laquelle les trois solistes s'enchevêtrent et se fondent à l'orchestre sur une cadence effrénée. Si j'aime beaucoup le caractère "doucement romantique" de l'Andante, le second mouvement est le point culminant du Concerto Mystery; un véritable moment d'exaltation pour moi. Si, d'ailleurs, j'ai réécouté cette oeuvre de Zhukov deux fois de suite, c'est parce que j'avais justement envie de revivre l'exaltation de l'allegro, et plus encore lorsque le piano, percutant et décisif, entre en scène! les deux mouvements qui suivent et dépassent les treize minutes chacun - le concerto dure quand même plus de 45 minutes - me plaisent moins, surtout le troisième. Le quatrième s'écoute cependant sans déplaisir. Il me plait bien finalement.

Bientôt, je vais redécouvrir son Concerto Grosso qui réunit également le violon, le violoncelle et le piano, cette fois par les soeurs Bekova. Je ne me rappelle même plus à quoi il ressemble. Comme pour le Concerto Mystery, je suis resté trop longtemps sans l'écouter.

Le Concerto Grosso pour violon, violoncelle, piano et orchestre, réunissant les trois soeurs Bekova, se divise en trois mouvements:
--Canzone dolore: Andante con moto
--Atto e recitativo: Allegro assai
--Canzone sacre: Andante con moto
Le Concerto Grosso fut immédiatement composé après le Concerto mystère, suite à la demande des mêmes instrumentistes, les soeurs Bekova. Pourtant, les deux oeuvres ne se ressemblent pas et on peut difficilement dire que la seconde est dans la continuité de la première. Dans le Concerto Grosso, les solistes ne constituent pas vraiment un trio unifié comme c'est le cas dans le Concerto mystère: le piano et le duo des cordes ont nettement tendance à s'opposer l'un à l'autre, une caractéristique parfaitement audible dans le premier mouvement que je trouve assez émouvant, assez tendre en même temps. En revanche, je ne sais pas trop pourquoi, le second mouvement, le plus long des trois, m'a paru un peu laborieux, tiré par les cheveux. C'est une curieuse impression car il me semble se développer dans une certaine logique, ce n'est pas sans queue ni tête, histoire de reprendre un terme cher à Joachim. J'y vois un sens bien défini mais disons que je me sens pas concerné par ce morceau: il me laisse indifférent. Heureusement, le troisième mouvement réactive la perte d'intérêt, le point culminant de ce concerto. on pourrait diviser ce morceau en trois parties: une première partie douce et mélancolique, une partie médium d'une mélancolie beaucoup plus viscérale avant de retrouver la douceur du début. Le concerto s'achève ainsi, en finesse.
Globalement, c'est une oeuvre que j'aime moyennement, préférant quand même le Concerto mystère.

Son nom en russe est Сергей Викторович Жуков, soit Sergey Viktorovitch Joukov, né le 30 août 1951 à Jitomir. Pour s'y retrouver, j'ai ajouté Joukov dans le titre du topic.

Diplômé de l'école de musique Zhytomyr nommée I. B. Lyatoshinsky dans la classe d'accordéon. Il a étudié au Zhitomir Musical College (département d'instruments folkloriques), où il a étudié la composition en option avec le compositeur A.M. Stetsyuk. En 1978, il est diplômé du Conservatoire de Moscou (classe de composition du professeur M.I. Chulaki), en 1980 - école supérieure du Conservatoire. Parmi ses professeurs: Yu. N. Kholopov (cours de disciplines théoriques), E. V. Denisov (classe d'instrumentation).

En 1978, au concours des jeunes compositeurs, il reçoit un prix spécial de l'Union des compositeurs pour le "Triptyque dramatique" pour solistes et orchestre sur les paroles de V. Mayakovsky. Participation à des festivals de musique nouvelle dans toute l'Union, dans toute la Russie et dans le monde; depuis 1982, la plupart des premières de ses œuvres symphoniques et de chambre ont été jouées au Festival international d' automne de musique contemporaine de Moscou. Il a joué avec des concerts d'auteurs en Russie, en Europe et aux États-Unis.

En 1987-1993 il était membre de la Commission All-Union de musique chorale et cantate-oratorio de l'Union des compositeurs de l'URSS, dirigée par G. Sviridov . En 1992-1993 il enseigne au Département d'instrumentation du Conservatoire d'État de Moscou. En 1990-1992, ainsi que de mai 2002 à nos jours il est membre du conseil d'administration de l'Union des compositeurs de Moscou. Depuis 1998 - membre du comité d'organisation du festival d'automne de Moscou.

En 2008, avec la musicologue Irina Kopot (Zhytomyr), il est devenu l'organisateur du festival "Zhytomyr Musical Spring", dédié au professeur, compositeur, artiste émérite d'Ukraine A. M. Stetsyuk.


Œuvres orchestrales

Symphonies
Triptyque dramatique, en mémoire de Vladimir Mayakovski pour solistes vocaux et orchestre, paroles de Mayakovski (1978)
Le Destin de Nemesis (1992)
Concerto pour orchestre et solo de percussions (1990)
Concerto-partes pour orchestre à cordes (1992)
Concerto grosso (1994)
Concerto Sacra pour trio avec piano et orchestre à cordes (1997)

Macrocycle, composé de trois récitals pour chaque instrument du trio avec piano et d'un triple concerto qui les combine :
- Concerto Mysterieux pour violon, violoncelle et piano avec orchestre (1995)
- concerto pour piano et orchestre "Silentium" (2001)
- concerto pour violoncelle électronique "Gethsemane Night" (2003)
- concerto pour violon et orchestre "Angel Day" (2004)


Ballets

Solaris (en deux actes basé sur le roman de science-fiction éponyme de Stanislaw Lem) - mis l'Opéra et le Ballet de Dnepropetrovsk (avril 1990)
Fatum (un acte, basé sur le poème de M. Lermontov "The Demon ") - mis en scène par le Mikhailovsky Theatre (décembre 2001)
La fleur écarlate (en deux actes d'après le conte de fées de S. Aksakov) - mis en scène par le théâtre d'opéra et de ballet de Dnepropetrovsk (octobre 2007)
Insomnia (commandée par le théâtre pour le 200e anniversaire de la naissance d' A. Pouchkine) - mise en scène par le théâtre Bolchoï (1999)
Le Voile de mariage de Pierrette (pantomime basée sur la pièce de A. Schnitzler) - mise en scène au théâtre de Saint-Pétersbourg «Shelter of the Comedian» (janvier 2007); la performance a été nominée pour le prix Golden Soffit.


Autres

Musique de chambre instrumentale et vocale
Oratorios, cantates
Musique sacrée sur des textes caniniques pour chœur a cappella
Romances et cycles vocaux sur des textes de A. Pushkin, M. Lermontov, T. Shevchenko, L. Andreev, M. Tsvetaeva, V. Mayakovsky, Ars. Tarkovsky, E. Mezhelaitis, M. Maeterlinck, L. Eltang, ainsi que les poètes hollandais du XXe siècle Paul Van Eyck et Jan Hendrik Leopold.
Musiques pour le théâtre et le cinéma
Musique pour enfants




Symphonie n° 1



https://www.youtube.com/watch?v=vOUpPpntmYQ

Le Concerto Mystery de Sergueï Zhukov, qui est un triple concerto, réunit d'abord les trois solistes au sein d'un premier mouvement d'un romantisme tout en retenue et finesse, porteur d'une mélodie un peu sucrée et d'un doux lyrisme. Je ne me souvenais plus de ce premier mouvement s'articulant autour d'une mélodie un peu sucrée. Elle m'a fait du bien, j'avais finalement besoin de me délecter d'un "bonbon musical" comme celui-là. Cette parenthèse légèrement sucrée ne dure cependant pas très longtemps: elle est vite balayée par la brutalité faussement désorganisée du second mouvement, un Allegro qui bouscule et bascule dans un semblant d'anarchie sonore. Entre le premier et le second mouvements c'est effectivement le jour et la nuit, l'eau de rose et les flammes d'un feu que le vent déforme, le beau sentiment amoureux et le chaos. Néanmoins, l'allegro ne se limite pas à ce bazar organisé, il se transforme, se structure, prend forme sous les traits vigoureux d'une détonante "musique d'action" au travers de laquelle les trois solistes s'enchevêtrent et se fondent à l'orchestre sur une cadence effrénée: la scène musicale est haletante. Si le caractère "doucement romantique" de l'Andante fut un petit moment essentiel, le second mouvement est le grand moment d'exaltation du Concerto Mystery, plus encore lorsque le piano, percutant et décisif, entre en scène. C'est la cerise sur le gateau, je suis caressé dans le sens du poil. Du coup, j'ai toujours tendance à négliger les deux derniers mouvements qui sont aussi les plus longs, dépassant les treize minutes. J'aime bien le quatrième, le "Finale: Moderato sostenuto". Pour la petite histoire, c'est une commande des soeurs Bekova qui a incité Zhukov à écrire le Concerto Mystère. Cependant, je le possède dans une autre interprétation:
___Ilya Warenberg: violon
___Mileva Fialova: violoncelle
___Tomoko Mukaiyama: piano.
Par le "Residentie Orchestra The Hague" sous une direction de George Pehlivanian.



Le Concerto Grosso pour violon, violoncelle, piano et orchestre, réunissant les trois soeurs Bekova, se divise en trois mouvements:
--Canzone dolore: Andante con moto
--Atto e recitativo: Allegro assai
--Canzone sacre: Andante con moto
Il fut immédiatement composé après le Concerto mystère, suite à la demande des mêmes instrumentistes, les soeurs Bekova. Il est d'une durée plus courte, pas même la moitié du "Concerto Mystère", presque 21 minutes contre 45. Ses mouvements sont donc plus concis. Je nourris toujours une préférence pour le troisième mouvement, sans doute sensible au thème mélodique autour duquel il s'articule, sans effet grandiloquent ni lyrisme excessif, toujours selon la rigueur d'une retenue qui ne cède jamais à l'emphase. Les trois solistes donnent l'impression de s'entortiller harmonieusement, puis, après avoir donné un peu d'ampleur au thème mélodique, se dissipent lentement vers une fin toute en douceur, interdite de tout fracas inutile. J'aime bien aussi le premier mouvement porté par un lyrisme équivalent, tout autant mesuré et magnétique.