Emmanuel Nunes (né à Lisbonne le 31 août 1941 et mort à Paris le 2 septembre 2012) est un compositeur portugais, installé en France.
Nunes étudie l’harmonie et le contrepoint à l’Académie de musique de Lisbonne. De 1963 à 1965, il se rend à Darmstadt aux cours d’été de Pierre Boulez et d'Henri Pousseur. En 1964, il s’établit à Paris. De 1965 à 1967, il fréquente les cours de la Rheinische Musikschule de Cologne, étudie auprès de Henri Pousseur et de Karlheinz Stockhausen, suit des cours de musique électronique chez Jaap Spek et de phonétique chez Georg Heike. Il obtient également en 1971 un premier prix d’esthétique musicale au Conservatoire national supérieur de musique de Paris dans la classe de Marcel Beaufils. Directeur des séminaires de composition à la Fondation Gulbenkian de Lisbonne depuis 1981, il a enseigné à l’université Harvard à Cambridge, à l’IRCAM, à Darmstadt, et à la Musikhochschule de Fribourg. En 1992, il est nommé professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris.
« Emmanuel Nunes a réalisé très tôt la synthèse des deux démarches dominantes de la musique d’après-guerre : celles de Boulez et de Stockhausen. Chez l’un il a pris la rigueur soucieuse de l’harmonie, chez l’autre le sens visionnaire de la grande forme et du phénomène acoustique dans toute sa complexité. Sa musique plonge ses racines plus loin encore, dans l’équilibre singulier entre la grande tradition polyphonique et le romantisme d’un Schubert ou d’un Mahler (…). Il y a chez lui du mystique et du Wanderer » (Philippe Albèra).
Emmanuel Nunes a été nommé officier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 1986 et promu Commendador da Ordem de Santiago de Espada par le Président de la République portugaise en 1991.
joachim Admin
Nombre de messages : 27148 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Le compositeur portugais de musique classique Emmanuel Nunes, qui résidait en France depuis 1964, est décédé dimanche à l'âge de 71 ans dans un hôpital parisien, a annoncé la Casa da Musica (maison de la musique) à Porto.
Après avoir étudié à l’Académie de musique de Lisbonne, Nunes s’était installé à Paris pour étudier et fuir la dictature salazariste.
Au cours de sa carrière, le compositeur a obtenu plusieurs prix internationaux parmi lesquels le prix CIM-UNESCO, destiné à récompenser des musiciens dont l’oeuvre a notamment contribué à l’enrichissement et au développement de la musique.
Emmanuel Nunes, dont plusieurs de ses oeuvres ont été jouées lors d’importants festivals, a également exercé une large activité pédagogique. Il a notamment enseigné aux Etats-Unis, en Allemagne et en France, où il avait récemment donné des cours au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.
Le secrétaire d’Etat portugais à la Culture, José Manuel Viegas, a aussitôt réagi pour rendre hommage «au plus célèbre des compositeurs portugais contemporain».
«Il a été un exemple de créativité hors pair», associant «une forte capacité technique» et «une capacité de travail et d’inventivité permanente», a-t-il souligné dans un communiqué.
Icare Admin
Nombre de messages : 17506 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Zut! Il sera mort avant que je m'intéresse à lui...enfin à sa musique...Maintenant, dire qu'il a été le compositeur contemporain portugais le plus célèbre...Je ne suis pas sûr qu'il soit plus célèbre qu'Antonio d'Almeida même si je le connais de nom depuis longtemps? Une chose est cependant certaine, je n'ai encore jamais entendu une seule note de sa musique, bien que j'ai failli plusieurs fois tenter un disque.
joachim Admin
Nombre de messages : 27148 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Das Märchen, ópera baseada no conto homónimo Goethe; libreto do compositor; para solistas vocais, coro, orquestra, conjunto instrumental e live electronics (1998-2007). Estreou a 25 de Janeiro de 2007 no Teatro Nacional de São Carlos, Lisboa, e foi transmitida em directo para 14 teatros portugueses através de ecrãs gigantes. A peça, é inspirada numa novela do escritor russo do Século XIX Fiódor Dostoiévski, A Submissa.
Música orquestral
Fermata, orquestra e banda magnética (1973) Ruf, orquestra e banda magnética (1977) Chessed I, 4 grupos instrumentais(1979) Chessed II, 6 instrumentos solistas e orquestra (1979) Sequencias, clarinete, 2 vibrafones, violino e orquestra (1982/1983–88) Quodlibet, 28 instrumentos, 6 percussionistas e orquestra (2 maestros) (1990–91) Chessed IV, quarteto de arcos e orquestra (1992)
Música de Câmara
Wandlungen, ensemble e live electronics (1986) Clivages I e II, 6 percussionistas (1987 e 1988) Lichtung I, clarinete, trompa, trombone, tuba, 4 percussionistas e violoncelo (1988/91) Chessed III, quarteto de arcos (1990–91) [editar]Instrumento solista Litanies du feu et de la mer I, piano (1969) Litanies du feu et de la mer II, piano (1971) Einspielung III, for solo viola (1981) Ludi concertati no. 1, flauta baixo(1985) Aura, flauta (1983–89)
Música vocal
Machina Mundi, 4 instrumentos solistas, coro, orquestra e banda magnética (1991–92)
joachim Admin
Nombre de messages : 27148 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Zut! Il sera mort avant que je m'intéresse à lui...enfin à sa musique...Maintenant, dire qu'il a été le compositeur contemporain portugais le plus célèbre...Je ne suis pas sûr qu'il soit plus célèbre qu'Antonio d'Almeida même si je le connais de nom depuis longtemps? Une chose est cependant certaine, je n'ai encore jamais entendu une seule note de sa musique, bien que j'ai failli plusieurs fois tenter un disque.
Je n'ai rien entendu de lui non plus, mais le simple titre des oeuvres et leur composition instrumentale me fait supposer que je n'aimerais sûrement pas beaucoup.
Icare Admin
Nombre de messages : 17506 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
<< Cette oeuvre est l'aboutissement d'une recherche poussée en matière de spatialisation. Il y explore tous les moyens de dissémination du son, d'encerclement de l'auditeur, par le placement des instruments et le déplacement des interprètes dans l'espace...>>
L'expérience en soi, dans une audition live peut être intéressante mais la musique en elle-même ne me plait pas des masses. Je n'ai même pas réussi à aller jusqu'au bout du morceau, comme quoi il y a moderne et moderne. J'ai trouvé ça trop baratin pour moi, et l'impression d'une musique prétexte à l'expérience plutôt qu'une musique qui transcenderait cette expérience. J'essaierai d'écouter autre chose mais là je bloque.
Dernière édition par Icare le 2023-05-11, 22:19, édité 1 fois
joachim Admin
Nombre de messages : 27148 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Là encore, un à-priori est tombé et je savais pertinemment qu'il me faudrait aborder la musique d'Emmanuel Nunes par autre chose que par l'oeuvre de la vidéo postée par mes soins, ci-dessus. Je ne pouvais me satisfaire d'une approche aussi superficielle. Il faut dire que, cet après-midi, alors que je faisais l'acquisition d'Intolleranza de Luigi Nono, la lettre "N" fut à l'honneur dans mes choix. J'aurais bien aimé prendre des oeuvres vocales inédites de Peer Norgard et aussi des pièces orchestrales d'Arne Nordheim, mais Machina Mundi pour choeur mixte, solistes, orchestre, percussions et bande d'Emmanuel Nunes chatouilla un peu trop intensément ma curiosité. C'était l'occasion pour moi d'approcher un peu mieux la musique du compositeur portugais, sans doute par l'un de ses opus majeurs. L'oeuvre est fastidieuse, d'une durée qui frise à quelques minutes près les 70 minutes: elle s'apprivoise, se dompte, et une première écoute ne suffira pas pour que j'en tire un ressenti plus précis, plus profond. Parmi les solistes, apparaissent la flûte, la clarinette, le tuba, la percussion. Celle-ci occupe une place assez importante. De nombreux passages m'ont séduit, l'intense intervention du choeur mixte, les couleurs instrumentales, le rapport à la percussion, celle, par exemple, vers le début de l'oeuvre, à la sonorité forte et particulière qui résonne encore dans ma tête. J'aurai plaisir à y revenir.
Icare Admin
Nombre de messages : 17506 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
J'ai réécouté Machina Mundi d'Emmanuel Nunes et après L'Art de la fugue de Bach, ce fut bien évidemment une toute autre ambiance musicale. . Je n'irai pas jusqu'à dire que je suis passé du coq à l'âne mais c'est quelque chose comme ça. Je suis passé d'une oeuvre très langoureuse, propice au recueillement, à une musique pas forcément plus cérébrale, mais une musique qui semble désarticulée, chahutée, tonitruante, totalement atonale, voire sérielle, au discours haché, avec beaucoup de changements de rythmes et de rupture de ton. Les choeurs sont intenses, dramatiques, poignants, tout comme les interventions instrumentales, notamment les percussions aux sonorités très brutes au début. Un peu comme dans l'opéra Intolleranza 1960 de Luigi Nono que j'avais découvert dans la même période, il y a un climat, une tension quasi-permanente, une intensité, qui me garde éveillé pendant toute la durée de l'oeuvre. Il y a avant tout du mystère, ces notes que je n'arrive pas toujours à prévoir qui surgissent dans l'espace, ces voix que je ne perçois que de la façon la plus abstraite qui soit et que je trouve d'une beauté étrange, énigmatique, presque incongrue. Ce sont surtout toutes les sonorités instrumentales, percussions comprises, qui gravitent autour des voix dans une construction qui peut paraître invertébrée ou aléatoire qui m'excitent autant physiquement qu'intellectuellement. Je suis dans une dimension sonore ou plutôt dans un espace sonore, en parfaite harmonie avec quelque chose d'apparence désharmonieux. Je perds pied et au fond, comme pour L'art de la fugue, dans un autre genre, soit vous entrez dedans et vous vivez une émotion unique, soit vous en ressortez aussitôt, complètement déboussolé par un monde qui vous paraît n'avoir ni queue ni tête. Et pourtant...Peut-être que tout cela dépend de notre degré de rationalité, de notre capacité à appréhender des mondes sonores par le seul ressenti et non la compréhension concrète des éléments musicaux qui se construisent et se désagrègent à notre oreille?
Icare Admin
Nombre de messages : 17506 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Tu as raison, Joachim, Nanes et Nunes, ce n'est pas exactement la même chose, il y a la voyelle du milieu qui fait toute la différence, puis, en rapport à ta propre conception du beau musical, il est clair que la musique de Richard Nanes l'est davantage que celle d'Emmanuel Nunes. Je peux aisément comprendre l'incompréhension d'un inconditionnel de la musique tonale face à une telle alchimie sonore rompant avec ses précieux repères et principes sur lesquels s'érigent ses propres notions de beauté, cela durant toute une vie. Ce que j'aime personnellement dans Machina Mundi d'Emmanuel Nunes, c'est l'impression d'un véritable "foutoir" sonore où les sons semblent obéir aux règles mystérieuses du hasard, dans une sorte de jeu purement aléatoire, et l'impression paradoxale que tous ces sons obéissent au contraire à une organisation et écriture rigoureuses qui finalement ne laissent aucune place au hasard ou à l'improvisation. C'est la confrontation de deux impressions contraires pendant l'écoute qui justement me fascine, bien au-delà du récit ou plutôt du discours qui prend alors une importance subsidiaire. Je suis fasciné par les climats sonores orchestraux et choraux, et uniquement par eux, dans une expression et une forme qui me sont définitivement abstraites, essentiellement dans les parties les plus intenses. Alors oui, à ce moment-là, je trouve une certaine beauté à ce qui passe par mes oreilles. En revanche, lorsque la tension musicale se désintègre, qu'il y a une baisse d'intensité, l'oeuvre de Nunes (qui dépasse les 67 minutes) présente quelques longueurs. Quelque-part, je l'aurais préférée plus compacte, plus concise. Ce qui me fascine également, ce sont les orchestrations; une profusion d'éléments percussifs et donc une rencontre haute en couleurs entre les percussions et les choeurs.
Dernière édition par Icare le 2014-10-27, 15:55, édité 1 fois
joachim Admin
Nombre de messages : 27148 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
C'est justement le compositeur que je m'apprête à réécouter ce soir, mais toujours par la même oeuvre, n'ayant qu'un seul album de lui jusqu'à aujourd'hui.
joachim Admin
Nombre de messages : 27148 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
C'est Machina Mundi ? Je te souhaite bien du plaisir
Comme on disait sur l'autre fil, celui de Nanes : entre Nunes et Nanes, il n'y a qu'une voyelle qui les diffèrent, mais leurs musiques n'ont rien à voir entre elles
Icare Admin
Nombre de messages : 17506 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
C'est Machina Mundi ? Je te souhaite bien du plaisir
Le plaisir fut aléatoire, relatif aux différents moments de l'oeuvre qui évolue sur un peu moins de 67 minutes. Il y a des passages qui me captivent, surtout ceux qui mettent en avant les percussions et les choeurs - car comme nombre d'amateurs de contemporain j'aime beaucoup les percussions lorsqu'elles sont mises en avant - puis il y a d'autres passages, dont la conclusion, qui me placent en situation d'attente, comme si la musique se dissolvait, avait du mal à reprendre son souffle, comme si elle devenait indécise, hésitante, presqu'insignifiante. Dans la lente conclusion, on peut imaginer aisément qu'elle se désagrège. Au fond, ce que j'avais écrit plus en amont me semble décrire assez justement mon ressenti:
"Ce que j'aime personnellement dans Machina Mundi d'Emmanuel Nunes, c'est l'impression d'un véritable "foutoir" sonore où les sons semblent obéir aux règles mystérieuses du hasard, dans une sorte de jeu purement aléatoire, et l'impression paradoxale que tous ces sons obéissent au contraire à une organisation et écriture rigoureuses qui finalement ne laissent aucune place au hasard ou à l'improvisation. C'est la confrontation de deux impressions contraires pendant l'écoute qui justement me fascine, bien au-delà du récit ou plutôt du discours qui prend alors une importance subsidiaire. Je suis fasciné par les climats sonores orchestraux et choraux, et uniquement par eux, dans une expression et une forme qui me sont définitivement abstraites, essentiellement dans les parties les plus intenses. Alors oui, à ce moment-là, je trouve une certaine beauté à ce qui passe par mes oreilles. En revanche, lorsque la tension musicale se désintègre, qu'il y a une baisse d'intensité, l'oeuvre de Nunes (qui dépasse les 67 minutes) présente quelques longueurs. Quelque-part, je l'aurais préférée plus compacte, plus concise. Ce qui me fascine également, ce sont les orchestrations; une profusion d'éléments percussifs et donc une rencontre haute en couleurs entre les percussions et les choeurs.
Toutefois, si je me fie à cette oeuvre qui place l'approche d'Emmanuel Nunes à la limite de ce que j'accepte en matière d'austérité, d'ascétisme, de modernité, il ne peut être pour moi cet idéal musical qui se situe davantage dans un juste milieu, et je pense, dans ce cas-là, davantage à Antonio Vitorino d'Almeida qui est mon compositeur portugais de chevet, celui dont je cherche prioritairement des oeuvres inédites et dont l'approche se situerait plus entre modernité et tradition.
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