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Sujet: Gonzalo DE OLAVIDE (1934-2005) 2011-07-22, 19:57
(Madrid 1934), compositeur espagnol,Gonzalo de Olavide a reçu ses premières notions musicales de la main du guitariste Daniel Fortea. Il a entamé ses études de piano et de théorie musicale au Collège des Sacrés-Coeurs de Madrid. Plus tard, il étudia le droit et la philosophie à L'Universidad Complutense de Madrid, tout en continuant d'étudier le piano avec Javier Rios et l'harmonie avec Daniel Bravo.
En 1956, il compléta ses études de contrepoint,de fugue et de composition avec Victorino Echevarria au Conservatoire National de Madrid et déménagea en Belgique pour une étude plus approfondie de la musique. Il y prit des leçons privées de l'analyse musicale avec André Souris et a étudié le piano au Conservatoire d'Anvers avec Emmanuel Durlet et Eugène Traey.
En 1960, il suivit d'abord les cours d'été de Darmstadt où il reçut les précieux enseignements de Pierre Boulez,Ligeti,Berio et Stockhausen. Engaillardi par les enseignements de ceux-ci,quatre ans plus tard,il décide de s'installer à Cologne pour développer des études musicales avec Henri Pousseur (analyses), Georg Heijo (phonétique), Aloys Kontarsky (instrumentation) et Stockhausen (composition et les techniques électroacoustiques).
Il a reçu plusieurs distinctions durant sa carrière, comme le Prix de la Composition des jeunesses musicales de Madrid pour son travail "Indice" (1964) pour ensemble et le National Music Prix en 1986.
Olavide est un compositeur qui parvient à surprendre l'auditeur à travers des résolutions inattendues...Il est capable d'une belle imagination à développer toutes sortes de timbres et d'une habilité à présenter une même idée à plusieurs reprises mais avec un sens différent et renouvelé à chaque fois.
___TRILUDIO (1963) ___INDICES (1964) ___HENRI A QUATRE,co-composé par Holger Czukay,Attilio Filieri et Ivan Tcherepnine (1965) ___QUATUOR (1971) ___SINE DIE pour orchestre (1972) ___QUASI UNA CADENZA (1973) ___JE PLEURE (1974) ___CRY II (1974) ___CLAMEUR III (1974) ___SYMPHONIE ,hommage à Falla (1977) ___LE CANTIQUE (1978) ___ODE sur un texte de Antonio Machado (1980) ___CHANTEZ en mémoire de Garcia Lorca (1980) ___TRANSITO pour orchestre ___HYMNE DU DESESPOIR (1983) ___L'EXTRAVAGANCE (1985) ___PERPETUUM MOBILE (1986) ___TROIS FRAGMENTS IMAGINAIRES (1987) ___ORB-VARIATIONS (1988) ___AUTRE (1989) ___SILENT-ARIA (1991) ___MINIMAL (1993) ___PRECIPITE (1993) ___VARIANCE (1995) ___VOL (1997) ___TRAFIC (1997) ___LE REZ-FERME (2001) ___FRAGMENTAIRES (2004)
Dernière édition par Icare le 2020-05-11, 23:33, édité 1 fois
Icare Admin
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Sujet: Re: Gonzalo DE OLAVIDE (1934-2005) 2011-07-23, 20:31
TRANSITO commence sur des accords graves de l'orchestre,martelant deux notes comme annonciatrices d'un drame inévitable. Cette musique me raconte une histoire,une histoire d'ombres qui se rejoignent au centre d'une tragédie,mais des ombres sans visages ni paroles,des ombres sonores antagonistes qui s'affrontent dans le tourment et le mystère,la violence et la passion,allant progressivement vers la résignation, peut-être. Or,dans ces moments-là de grandes tensions dramatiques à renfort de piano et de percussions,dignes d'une fameuse musique de thriller,c'est l'instant d'apaisement annonçant l'épilogue,alors que le temps semble se suspendre,que la musique savoureusement filmique devient la plus émouvante,la plus poignante.
Icare Admin
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Sujet: Re: Gonzalo DE OLAVIDE (1934-2005) 2020-05-11, 23:31
Orbe-Variaciones:
https://www.youtube.com/watch?v=SVvMDqY8jwg
C'est à la suite du Concerto pour violoncelle de Tomas Marco qui me passionne toujours autant dans sa dernière partie lorsqu'un hautbois entre en scène et vole temporairement la vedette au violoncelliste, que j'ai réécouté Transito de Gonzalo de Olavide par l'"Orquesta de la Comunidad de Madrid" sous la direction de José Ramon Encinar. Juste avant, j'avais réécouté les Symphonies n°4 & 5 de Tomas Marco avec la même préférence pour la Cinquième et juste après, j'ai réécouté Adagio con Variaciones d'Alfredo Aracil qui m'a moins séduit que les autres fois. Ce sont des choses qui arrivent, davantage une question d'humeur à mon sens qu'une musique qui me plait moins. Je la réécouterai sans doute demain matin.
Ce qui me frappe dans Transito c'est le caractère quasi-fataliste de l'oeuvre qui n'est pas particulièrement longue, un peu plus de treize minutes, une sorte de marche funèbre au pas lourd et statique, d'une gravité absolue et d'un pessimisme parfaitement assumé. A certains égards, que ce soit par le style et l'intensité dramatique qui en ressort, elle me fait penser à certaines oeuvres de Wojciech Kilar, du moins au début, durant les quelques minutes introductives. Parce qu'en réalité, l'approche de Gonzalo de Olavide, bien que marquée du glas tragique du temps qui s'écoule entre la vie et la mort, un peu au rythme de la terrible goutte d'eau qui s'abat d'un robinet: obsessionnelle, implacable, déterminée, hostile à la joie et à l'humour, même à l'humour noir, la musique, toute habillée de sombre, enfonce le clou et j'adore ça. Que nous dit Gonzalo de Olavide à propos de son oeuvre? Je l'ai traduit de l'espagnol:
<<L'ordre de Transito introduit toujours une nécessité au départ, avec l'idée esquissée, bien que j'appelle cette œuvre Sept espaces dans le temps, faisant allusion à un ensemble de sept espaces définis entre deux points. Cela serait exprimé en termes musicaux comme un intervalle entre deux sons, chacun polarisant acoustiquement une autre série de sons que j'ordonne et donne de la cohérence en fonction de l'expression de chaque instant ... plus tard, et maintenant avec une vision finale, j'ai préféré le nom de "Transito". Pourtant, les deux titres définissent cette musique dans les mêmes termes, car tout ce que j'ai fait est de chercher à piéger les idées successives fugaces, dans lesquelles une minorité musicale de soi demeure toujours. La partition se développe entre le sens de la multiplicité linéaire d'une polyphonie complexe et un temps nul pour cette polyphonie donnée dans un accord, une verticalité de l'ouïe, qui est immédiatement incorporée dans une pulsation latente dans l'ensemble de l'œuvre ...>>
J'aime beaucoup la fin de mon précédent commentaire sur cette oeuvre qui, jusqu'à aujourd'hui était la seule que je connaissais du compositeur: <<...Or, dans ces moments-là de grandes tensions dramatiques à renfort de piano et de percussions, dignes d'une fameuse musique de thriller, c'est l'instant d'apaisement annonçant l'épilogue, alors que le temps semble se suspendre, que la musique savoureusement filmique devient la plus émouvante, la plus poignante.>> C'est tellement vrai dans ma perception de la musique et de cette musique en particulier... Les deux mots que j'ai surlignés ne sont pas innocents dans mon langage et trahissent les origines de mon goût inaltérable pour des pièces sombres et oppressantes, voire anxiogènes: il s'est forgé et cultivé par une certaine musique de film. En découvrant Orbe-Variaciones par le "Spanish Radio and Television Orchestra" sous la direction de Jordi Francés, j'ai retrouvé cette même tension dramatique et obsessionnelle sur une base quasi-statique, comme si l'oeuvre éclatait, explosait tout en faisant du sur-place, et chose irrésistible pour moi, la conclusion sur laquelle je pourrais réécrire une nouvelle fois: ...l'instant d'apaisement annonçant l'épilogue, alors que le temps semble se suspendre,que la musique savoureusement filmique devient la plus émouvante, la plus poignante.. Je garde une préférence pour Transito, notamment son épilogue et les quelques notes de harpe qui, ailleurs, pourraient être anodines, sont ici exquises.
Snoopy Admin
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Sujet: Re: Gonzalo DE OLAVIDE (1934-2005) 2020-05-12, 00:42
Icare a écrit:
Orbe-Variaciones:
Je suis triplement étonné:
1. Ca ne m'a point déplu 2. J'ai même trouvé ça bien 3. Je l'ai écouté en entier sans me forcer du tout
Moralité: Je dois être malade
Icare Admin
Nombre de messages : 17509 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: Gonzalo DE OLAVIDE (1934-2005) 2020-05-12, 07:10
Et pourtant elle n'est pas évidente, ai même hésité à la poster. Je voulais quelque-chose de plus "souple", mais je n'ai rien trouvé d'autre. Je pense que tu as été saisi par l'ambiance et puis il y a une ligne directrice, ça ne part pas dans tous les sens, il y a à mon sens une cohésion d'ensemble qui aboutit à quelque-chose. Il n'y a pas cette impression de "ni queue ni tête" que reproche (parfois à raison) Joachim à la musique contemporaine. On peut reconnaître à ce compositeur, du moins au travers des deux oeuvres que je connais, ce qui n'est certes pas beaucoup, d'aller jusqu'au bout de son idée, de la développer complètement et non de sauter d'une idée à l'autre sans développement, comme le font certains, ce qui est souvent frustrant pour l'auditeur.
joachim Admin
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Sujet: Re: Gonzalo DE OLAVIDE (1934-2005) 2020-05-12, 09:43
Ton commentaire détaillé sur Transito m'a donné l'envie de l'écouter, et je l'ai trouvé :
https://www.youtube.com/watch?v=iMv9c3tv7JY
C'est un morceau qu'on peut je crois qualifier de dramatique, de pessimiste, ou de fataliste comme tu l'écris toi-même. Ce n'est que vers la fin (à la onzième minute sur 13), lorsque les cordes interviennent à découvert, qu'on a l'impression que le pire est passé. Mais bon, c'est quand même du modernisme et je n'écouterai pas en boucle...
Ma curiosité étant titillée puisque Orbe-Variaciones a plu à Snoopy, je vais l'écouter aussi dès maintenant.
joachim Admin
Nombre de messages : 27149 Age : 78 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Re: Gonzalo DE OLAVIDE (1934-2005) 2020-05-12, 09:57
Snoopy a écrit:
Je suis triplement étonné:
1. Ca ne m'a point déplu 2. J'ai même trouvé ça bien 3. Je l'ai écouté en entier sans me forcer du tout
Moralité: Je dois être malade
En effet C'est le genre de musique que je qualifie de "sans queue ni tête". Les musiciens eux-même ne semblent pas gais à interpréter une musique pareille. J'espère pour eux que pour s'en remettre ils ont joué ensuite une symphonie de Haydn
Icare Admin
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Sujet: Re: Gonzalo DE OLAVIDE (1934-2005) 2020-05-12, 11:10
joachim a écrit:
Snoopy a écrit:
Je suis triplement étonné:
1. Ca ne m'a point déplu 2. J'ai même trouvé ça bien 3. Je l'ai écouté en entier sans me forcer du tout
Moralité: Je dois être malade
En effet C'est le genre de musique que je qualifie de "sans queue ni tête". Les musiciens eux-même ne semblent pas gais à interpréter une musique pareille. J'espère pour eux que pour s'en remettre ils ont joué ensuite une symphonie de Haydn
Là, je ne suis pas d'accord, cette oeuvre, comme pour Transito, a une réelle ligne directrice avec un début, une progression et une fin. Il ne faut pas exagérer non plus. Pour ce qui est des musiciens, ils sont simplement concentrés sur l'oeuvre qu'ils sont en train de jouer. Je ne les jamais vus non plus se marrer en interprétant une symphonie de Haydn.
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31282 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
Sujet: Re: Gonzalo DE OLAVIDE (1934-2005) 2020-05-12, 13:46
Honnêtement je ne me suis pas posé la question de savoir s'il y avait une ligne directrice. (et si je ne me suis pas posé la question, c'est que ce "problème" ne m'a pas sauté aux oreilles) Autant chez d'autres compositeurs c'est plus qu'évident, autant si Joachim n'avais pas soulevé la question, je ne me la serai pas posée.
Après, je ne sais pas si c'est du mélomane ou du musicien qui a été intrigué par cette musique. Aujourd'hui, avec le recul, je me pose la question.
Je pense que c'est la partie musicien en moi qui a été attiré en premier et que le mélomane a réussi à l'écouter sans déplaisir, la curiosité musicale a été plus forte. Car musicalement, c'est quand même très intéressant.
Autant un Dusapin et consorts me laisse totalement de marbre, je n'y vois qu'une suite aléatoire sans émotion de notes que n'importe qui pourraient faire, autant là, pas du tout. Il y a une "architecture" bien audible dans cette musique. Plus encore, la tonalité, le style et l'ambiance sont vraiment originale.
Après j'avoue que si l'approche est purement "mélomanesque" on peut trouver ça, globalement, "sans queue ni tête" comme dirait Joachim, mais musicalement il y a un truc quand même.
J'essayerai d'écouter d'oeuvres compositions du monsieur pour savoir si c'était l'exception qui confirme la règle ou s'il a un truc que les autres n'ont pas chez ses collègues contemporains.
Snoopy Admin
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Sujet: Re: Gonzalo DE OLAVIDE (1934-2005) 2020-05-12, 13:59
Citation :
Et pourtant elle n'est pas évidente, ai même hésité à la poster.
C'est étrange, car elle me semble bien plus abordable que nombres de musiques contemporaines qui hérissent les cheveux dès les premières notes. Car ce n'est pas non plus franchement une musique atonale.
Citation :
Je pense que tu as été saisi par l'ambiance et puis il y a une ligne directrice, ça ne part pas dans tous les sens, il y a à mon sens une cohésion d'ensemble qui aboutit à quelque-chose.
Je pense aussi et je suis d'accord. J'ai développé un peu plus ma réflexion dans mon précédent message (je n'avais pas vu ton message avant de répondre, d'où celui-ci)
Icare Admin
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Sujet: Re: Gonzalo DE OLAVIDE (1934-2005) 2020-05-12, 19:07
Snoopy a écrit:
J'essayerai d'écouter d'oeuvres compositions du monsieur pour savoir si c'était l'exception qui confirme la règle ou s'il a un truc que les autres n'ont pas chez ses collègues contemporains.
Selon ta propre perception, ta propre sensibilité et exigences, il n'est jamais incongru d'imaginer qu'une oeuvre puisse te plaire (à différents degrés d'acceptation) chez beaucoup de compositeurs du vingtième siècle (pas tous évidemment - moi-même n'ayant, par exemple, jamais encore trouvé chez Xenakis une oeuvre qui me touche vraiment), il suffit surtout de tomber dessus, ayant en plus conscience de la grande "caméléonité" de bon nombre de contemporains pouvant aligner une oeuvre complètement tonale ou en grande partie tonale derrière une oeuvre disons sérielle ou électro-bruitiste...j'exagère à peine...Je pense à la pièce instrumentale d'Alfredo Aracil, Adagio con Variaciones et à celle que j'ai trouvée sur Internet, une pièce de musique de chambre qui s'intitule Musica reservata, c'est le jour et la nuit. Autant j'aime bien la première que j'ai en disque autant je n'aime pas la seconde et si j'avais découvert ce compositeur par son "Musica reservata", j'aurais évidemment développé un à-priori ou du moins une réticence à son encontre. Je connais désormais deux oeuvres de Gonzalo de Olavide et il se trouve que je les aime bien toutes les deux, peut-être un peu d'ailleurs pour les mêmes raisons. D'autre part, malgré mon expérience plutôt malheureuse de la musique de Paul Richter, je n'exclus pas l'idée de tomber, un jour, sur une oeuvre qui me plaise, peut-être son concerto pour piano...ou peut-être pas. Je reste sceptique mais sait-on jamais?
Je connaissais quelqu'un qui n'aime pas le Baroque, mais de temps en temps il lui arrive d'accrocher sur l'oeuvre d'un compositeur ou sur des morceaux d'oeuvres en particulier.
Snoopy a écrit:
Après j'avoue que si l'approche est purement "mélomanesque" on peut trouver ça, globalement, "sans queue ni tête" comme dirait Joachim, mais musicalement il y a un truc quand même.
Bon, je comprends, mais comme j'avais écrit qu'il avait parfois raison, je ne voulais surtout pas qu'il se mette dans la tête qu'il a toujours raison.
Snoopy a écrit:
C'est étrange, car elle me semble bien plus abordable que nombres de musiques contemporaines qui hérissent les cheveux dès les premières notes.
Je n'en doute pas, mais il faut tenir compte que la "notion d'accessibilité" varie toujours selon la sensibilité des uns et des autres et des sons musicaux auxquels ils sont plus ou moins familiarisés, c'est-à-dire, en schématisant bien sûr, s"ils sont largement familiarisés aux symphonies de Haydn et Mozart, au jazz symphonique, au free jazz ou à la musique de film, genre hybride par excellence, ou encore au rock et à la variété française...Chacun recevra Orbe-Variaciones de Gonzalo de Olavide de manière différente, du poil hérissé à celle ou celui qui la trouvera seulement intéressante, en passant par celle ou celui qui sortira fasciné de cette aventure sonore.