par Alban Deags
Suite du cycle des films d'opéra ( et non pas simplement "opéras filmés"), orchestrés par Rolf Liebermann à la tête de l'Opéra de Hambourg. En 1970, l'équipe de réalisation menée par Joachim Hess, n'en est plus à sa première conception. L'aisance des chanteurs dans leur jeu dramatique (Hans Sachs) s'affirme nettement
les passages des scènes entre les actes sont fluides, et l'attention à la cohérence psychologique comme à la vraisemblance des scènes collectives sont indiscutables. A la fin de la décennie, le travail de démocratisation de l'opéra sans sacrifier la qualité artistique se révélera payante, quoiqu'en disent certains, avec l'aboutissement de cette approche conciliatrice de la télévision et du genre lyrique, avec le Don Giovanni de Joseph Losey, transcendé par la vision du réalisateur de cinéma (1979). L'oeuvre demeure un joyau exemplaire pour l'équation improbable cinéma/opéra: elle trouve ses prémices dans les 13 opéras filmés à Hambourg et que l'éditeur Arthaus a l'excellente initiative de rééditer au dvd.
Amorcée dès 1845, la partition est achevée seize années après. Entretemps, Wagner accouche de la Tétralogie (jusqu'à l'acte II de Siegfried), de Tristan. Le compositeur met au propre livret et musique à Vienne, en 1861, parachève le tout entre 1862 et 1868, année de la création de l'oeuvre (le 2 juin 1868 sous la direction de Hans von Bülow à Munich). Compilateur de génie, puisant à diverses sources littéraires et musicales, Wagner aborde le thème saint de l'art, irrépressible idéal partagé par un cordonnier loyal et bon (Hans Sachs) mais aussi toute une humanité affairée, volontiers belliqueuse et surtout conservatrice. S'il n'était le goût juste de Hans Sachs, persuadé de régénérer l'art par l'apport du neuf et du moderne, le parti des marqueurs, des juges, et des critiques obtus (Beckmesser) finirait d'asphyxier toute création.
Comme dans les autres réalisations du cycle hambourgeois, l'instinct de Liebermann se montre payant: la distribution convainc par sa cohérence, la solidité musicale des interprètes. Aucun rôle n'est affecté par un défaut de casting. La troupe américano-germanique se montre à la fois, habitée et respectueuse de l'action. Et attrait délectable, la relation lumineuse et tendre entre Sachs et Eva est superbement incarnée par les interprètes, tous deux américains: Giorgio Tozzi et Arlene Saunders. A la tête de l'orchestre de l'Opéra de Hambourg, Leopold Ludwig, qui y a dirigé pendant près de 20 ans la musique, conduit la tension avec feu et nervosité. En somme, voici certainement l'une des meilleures productions de la série "Opéra de Hambourg" dépoussiérée de ses références excessives à un gothique éclectique (l'inspiration des costumes et des décors renvoie plutôt à Dürer et l'ère novatrice de la Renaissance), surtout purifiée de sa grandiloquence patriotique. Incontournable.
Les Maîtres Chanteurs de Nurenberg, 1868
Livret du compositeur
Richard Cassilly, Walther von Stolzing
Arlene Saunders, Eva
Giorgio Tozzi, Hans Sachs
Ursula Boese, Magdelene
Gerhard Unger, David
Ernst Wiemann, Veit Pogner
Willy Hartmann, Kunz Vogelgesang
William Workman, Konrad Nachtigall
Toni Blankenheim, Sixtus Beckmesser
Hans-Otto Kloose, Fritz Kothner
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Choeur, ballet et orchestre de l'Opéra de Hambourg
Leopold Ludwig, direction
Joachim Hess, réalisation télévisuelle
Leopold Lindtberg, mise en scène
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