Nos opéras préférés, toutes époques confondues

Lakmé, opéra en trois actes de Léo Delibes:

Lkamé est un opéra en trois actes de Léo Delibes sur un livret en français d'Edmond Gondinet et Philippe Gille d'après le roman de Pierre Loti, Rarahu ou le Mariage de Loti (1880), et inspiré des récits de voyage de Théodore Pavie, créé le 14 avril 1883 à l'Opéra-Comique de Paris.

Le sujet de l'opéra fut suggéré à Delibes par Gondinet pour la soprano américaine Marie van Zandt que le librettiste avait entendue dans Mignon. Le librettiste s'inspira également des récits de voyage de Théodore Pavie. Delibes écrivit la partition entre 1881 et 1882. Comme nombre d'opéras français de l'époque (Les Pêcheurs de perles de Georges Bizet ou Le Roi de Lahore de Jules Massenet, notamment), Lakmé traduit l'orientalisme en vogue à la fin du XIXème siècle. D'ailleurs, le duetto du premier acte de Lakmé, communément appelé « duo des fleurs », peut se comparer au duo Sita-Khaled du deuxième acte du Roi de Lahore. (Wikipédia)

Argument: L'histoire se déroule à la fin du XIXème siècle sous la domination britannique en Inde. Beaucoup d'hindous ont été contraints par les Britanniques à pratiquer leur religion en secret.



C'est avec Lakmé que se conclut mon premier cycle autour de l'opéra - celui-ci étant sensé regrouper mes opéras préférés et Lakmé en fait bien sûr partie. Trois autres cycles suivront (probablement quatre), eux aussi entièrement consacrés aux opéras, sans qu'il s'agisse de prime abord de mes préférés encore que celui-ci n'a pas pu contenir quelques opéras que j'aime beaucoup et qui ont pourtant toutes les qualités pour faire partie d'une liste préférentielle; The Brothers de George Antheil, Aquarius de Karel Goeyvaerts et Padmâvatî d'Albert Roussel. Je n'évoquerai sur ce fil que les opéras qui me touchent au-dessus de la moyenne et qui auraient donc dû faire partie de ce premier cycle. Je n'ai jamais été loin d'affirmer que Lakmé de Léo Delibes était L'Opéra que j'emmènerais sur une île déserte (avec lecteur et électricité), mais je ne peux décidément pas être aussi catégorique car les opéras de Mikis Theodorakis me bousculent émotionnellement quasiment autant, surtout Médée, Electre et Antigone. Il y a quand même pas mal de passages musicaux que je trouve magnifiques dans Lakmé, avec les voix principales de Mesplé, Burles et Soyer. Hé oui, je n'ai mentionné jusqu'ici aucun opéra de Wolfgang A. Mozart, mais ça va venir lors des prochains cycles, ni aucun opéra de Giuseppe Verdi et Richard Wagner, ce qui n'indignera pas Snoopy... Patience, patience...

Merci pour ce "Duo des fleurs" aux voix magnifiques.

Je suis dans la première partie de mon second cycle autour de l'opéra - il y en aura quatre en tout, probablement cinq - . Il se constitue de:

Le Vaisseau Fantôme de Richard Wagner (2 CD), qui fut mon coup de coeur du moment...

Padmâvatî d'Albert Roussel (2CD) sous une direction musicale de Michel Plasson

La Station Thermale de Fabio Vacchi (2CD), en langue française, sous une direction musicale de Claire Gibault

La Finta Giardiniera de Wolfgang A. Mozart (3CD), sous une direction musicale de Nikolaus Harnoncourt.

De ces quatre opéras, Le Vaisseau Fantôme, qui fut un beau coup de coeur du moment, risque fort d'être mon opéra préféré des quatre, bien qu'il soit le seul que je n'ai encore écouté qu'une fois, alors que La Finta Giardiniera, qui n'est certes pas l'opéra de la maturité de Mozart, est celui qui me captive le moins parmi ceux que je viens de citer, même si c'est une oeuvre que j'ai déjà pas mal approfondie par plusieurs écoutes attentives. Je préfère la puissance dramatique et expressive du "Wagner", la modernité du "Vacchi" et les couleurs orchestrales raffinées du "Roussel". Peut-être que l'opéra de Mozart est déjà trop classique pour moi, trop classique pour me captiver complètement, ce qui ne veut pas dire que ce long opéra ne possède pas un certain nombre de beaux passages, des passages ou des morceaux déjà très mozartiens, avec cette élégance (presque féminine) qui le caractérise. En plus, cette nouvelle écoute fut la plus intéressante pour moi, peut-être parce que j'y ai décelé tous les indices d'un génie à venir et je suis suffisamment fan de ce compositeur pour être heureux d'avoir La Finta Giardiniera sur mes étagères!

Pas de bel canto au programme? C'est pourtant ce qu'il y a de plus sympa (à mes oreilles)

Snoopy a écrit:

Pas de bel canto au programme? C'est pourtant ce qu'il y a de plus sympa (à mes oreilles)

Mon cycle n'est pas terminé, ce n'est que la première partie. Y figure La Sonnambula de Vincenzo Bellini par la Callas qui m'est encore totalement inédit. Suspens, les amis!

Ok Hâte d'avoir tes impressions

Question subsidiaire, pas forcément qu'à Icare: Vous préférez écouter ou regarder un opéra?

J'ai eu une discussion à ce sujet il y a peu avec mon frère sur l'opéra et les ballets qui rejoint un peu ce qu'avait dit Bel Canto à la première page de ce topic:

Citation :

pour moi, l'opéra est un subtil mélange entre musique, chant et argument.
S'il est vrai que certains compositeurs ont accordé plus d'importance à l'un qu'à l'autre ou ont été plus génial pour un sujet qu'un autre ; c'est quand les trois sont rassemblés que l'opéra est le plus réussi

Et personnellement, je suis en tous points d'accord avec elle sur ce sujet. Mon frère va encore plus loin: pour lui un opéra et un ballet cela doit aussi et surtout se regarder. Il considère qu'on manque beaucoup à seulement écouter car il y a un jeu d'acteur (et/ou une chorégraphie) qui joue beaucoup dans la narration, la compréhension d'une scène, etc...

Je lui disais que perso, ça ne me dérange pas de regarder des opéras et ballets en DVD par exemple parce qu'on a un bon son, des gros plans qu'on ne peut pas avoir en spectateur, etc... Lui me disait qu'au contraire, c'est inconvénient car en théorie la mise en scène est prévue pour un public qui a une vue d'ensemble de ce qui se passe. De ce fait, les gros plans, etc... Peuvent faire manquer d'autres actions qui ont aussi leur importance dans la scène.

(il m'avait donné des exemples mais je ne m'en souviens plus, mais un truc en particulier comme un opéra qu'il avait vu en live et en DVD. Dans le DVD à un moment il y a un gros plan sur l'acteur principal alors qu'on entend le public rire et sans comprendre pourquoi parce que justement on a seulement un gros plan sur l'acteur principal à ce moment. Alors qu'en live, il m'avait expliqué que le solo de l'acteur était "couplé" à une mise en scène humoristique en même temps. Mise en scène qui "saute" quand elle est filmée car la réalisation avait été mal faite pour ne se concentrer que sur l'acteur principal à ce moment là. Depuis cela a été corrigé dans les autres versions. Mais c'était un argument pour expliquer que cela nuisait donc à la compréhension de la mise en scène. A fortiori encore plus quand on ne fait qu'écouter un opéra ou un ballet). Pour lui l'opéra est véritablement un tout qu'on en peut pas dissocier. J'ai trouvé sa réflexion intéressante. Je ne sais pas ce que vous en pensez?

Pour ma part, j'ai de plus en plus de mal à n'écouter qu'un opéra et/ou un ballet. J'ai en effet aussi besoin de le regarder pour mieux l'apprécier. Par contre, contrairement à lui, le voir en DVD ne me dérange pas, même si je rate quelques trucs. (Trucs qu'on ne devrait pas rater d'ailleurs si la réalisation est bien faite et offre un plan d'ensemble quand c'est nécessaire)

Le point de vue de ton frère et Bel Canto se défend et c'est sûrement la façon la plus complète d'apprécier un opéra, un ballet. Dans l'effectif, celui qui regarde un opéra ou un ballet pourra porter une appréciation globale. L'opéra et le ballet sont des expressions artistiques autant visuelles que sonores, donc, objectivement, ton frère et Bel Canto sont de(venus de) véritables amateurs d'opéras. Il se trouve que j'en ai trois en DVD dont un en DVD, CD et Blu Ray; il s'agit de La Flûte Enchantée de Mozart, pourtant les opéras qui me fascinent le plus, je ne les approche que dans une écoute audio, parce que ce qui prime chez moi c'est tout ce qui se rapporte au musical, la dimension dramatique, les airs, les chants, les voix et les couleurs orchestrales ou instrumentales. Néanmoins, si, un jour, j'ai l'occasion d'apprécier mes opéras préférés (pour commencer) en visuel, je la saisirai. Pareil pour les ballets, mais il se trouve que les musiques de ballets comme d'opéras que j'aime me comblent déjà dans une écoute seule... Il me paraît être un cheminement normal que lorsque on adore un opéra ou une musique de ballet, de vouloir les redécouvrir tôt ou tard en visuel, c'est d'ailleurs ce qui s'était produit avec Le Lac des Cygnes. La vision du ballet en direct m'a apporté d'autres émotions qui complètent celles de l'écoute seule.

La première approche "musicale" dont je me rappelle me vient de mes parents qui étaient friands d'opérettes et ne manquaient jamais de regarder dès qu'il y en avait à la télévision.  On en jouait aussi au petit cinéma d'un village voisin et ils nous y emmenaient le dimanche après-midi.

La seconde approche est un petit transistor que j'ai reçu pour ma communion et où j'ai un jour capté une émission pendant laquelle on expliquait dans le détail "La Belle Hélène" d'Offenbach.  C'était une émission hebdomadaire et j'étais impatiente de la retrouver de semaine en semaine.

C'est un aîné, passionné d'opéra qui m'a fait découvrir l'opéra et le hasard qui m'a un jour fait aller à Liège voir "Aïda" avec une amie.
Quelle découverte ! Le début d'une grande passion, avec la bénédiction de Jo qui écoutait bien tranquillement son baroque à la maison.

Snoopy a écrit:

Mon frère va encore plus loin: pour lui un opéra et un ballet cela doit aussi et surtout se regarder. Il considère qu'on manque beaucoup à seulement écouter car il y a un jeu d'acteur (et/ou une chorégraphie) qui joue beaucoup dans la narration, la compréhension d'une scène, etc...

Et je vais encore aller plus loin : pour moi, l'opéra, c'est dans un théâtre, avec du velours et tout le décorum et surtout surtout le direct !
Jamais je n'ai ressenti ailleurs et autrement d'émotion qu'en suivant un opéra depuis mon traditionnel presque même siège depuis 40 ans.
Encore début de ce mois, avec le magnifique final des "Contes d'Hoffmann", c'était une explosion de bonheur.
J'écoute rarement un opéra au disque, pas plus qu'au DVD et jamais si j'ai déjà vu cette production à l'opéra parce que je suis toujours déçue.
Les meilleurs réalisations que j'ai vues à la télé sont les productions directes, c'est à dire pas un opéra live filmé.  Le "Don Giovanni" de Losey est magnifique, comme - ce n'est pas un opéra mais cela y touche - "Le maître de musique" de Corbiau.
Contrairement à Icare,j'entre dans un opéra par le sentiment, l'action, la sensibilité ...
C'est toujours la même fin mais, si c'est bien interprété, je suis toujours en larmes au final de "Lucia di Lammermoor de Donizetti !
https://www.youtube.com/watch?v=rm3UWQVMqUc
quand en plus vous y faites chanter Alagna et Cavallier, je ne vous dis pas, on ne finit pas d'esponger, même en différé !

Deux exceptions :
- quand je m'attèle à un repas de fête d'une préparation un peu longue, c'est toujours avec un opéra des premières années de Verdi : Attila, Oberto, Nabucco ...
https://www.youtube.com/watch?v=j6kVm0enS54
avec cela j'ai tout le punch nécessaire !
- quand nous entreprenons avec Jo un voyage en voiture d'une certaine durée, et plus particulièrement en vacances : là, on alterne opéra et (non pas baroque, Jo est très compatissant) musique classique ou régionale (corse ou celtique).
https://www.youtube.com/watch?v=mMAx4Syqg40
cela sent tout de suite les vacances !

Ceci dit, l'opéra occupe tous les jours une grande place dans ma vie ; même si je ne suis pas toujours sur mon petit siège en velours à Liège !
Pour terminer, je crois que l'opéra - comme tous les arts - est une question de sensibilité et chacun l'aborde de la meilleure façon qu'il est pour lui.

https://www.youtube.com/watch?v=T4KESvP67Gc ... un certain parfum d'enfance !

Ah Luis Mariano, la Belle de Cadix, Le Chanteur de Mexico, Violettes impériales, en film dans mon cinéma de quartier, une partie de ma jeunesse...

Bel Canto a écrit:

Pour terminer, je crois que l'opéra - comme tous les arts - est une question de sensibilité et chacun l'aborde de la meilleure façon qu'il est pour lui.

Tout à fait ça !

Un aveu : je n'ai jamais vu un opéra sur scène...manque d'occasions  

Touts ceux que j'ai vus c'est à la TV, surtout dans les années 1960 en direct du Festival d'Aix en Provence. C'est là que j'ai vraiment fait connaissance avec l'opéra, en particulier avec ceux de Mozart. D'ailleurs, encore maintenant c'est toujours Mozart que j'apprécie le plus pour les opéras.

Sinon, pour moi, l'opéra comme (et surtout) pour les ballets, c'est presque autant pour le visuel que pour la musique. Quelle émotion, le Casse-Noisette avec la si belle musique de Tchaikovski (celui-là je l'ai vu sur scène à l'opéra-comique, j'avais 20 ans) ou Giselle...

Merci pour vos réponses

J’espère que vous excuserez ma maladresse pour mes impressions.
Je me souviens encore comme si c'était hier de la première fois que j'ai vu Les Contes d'Hoffmann à Liège. C'était il y a au moins 15 ans, en fait je n’ai plus la notion du temps, mais l'impression laissée par cette représentation est restée gravée dans ma mémoire.
J'étais déjà un fan de l'opéra, mais j'avais rarement vu une production aussi réussie. Dès l'ouverture, j'ai été subjugué par l'orchestration. La musique était riche et envoûtante, et elle a immédiatement créé l’ atmosphère. Les décors et les costumes étaient également magnifiques. Le plateau était rempli de couleurs vives et de détails complexes, qui ont donné vie aux contes d'Hoffmann.
La mise en scène était également très réussie. Le metteur en scène, a créé une vision originale de l'opéra. Les acteurs ont été excellents, et ils ont donné vie aux personnages avec passion et conviction.
J'ai été particulièrement impressionné par le rôle d'Hoffmann. L'interprète avait un timbre de voix clair et puissant, et il a su capturer la complexité et la vulnérabilité du personnage. Il a livré une performance émouvante qui m'a profondément touché.
Les autres rôles ont également été bien interprétés. La soprano était magnifique en Olympia. La mezzo-soprano était éblouissante en Antonia, la chanteuse tuberculeuse.
Au final, j'ai passé une soirée inoubliable à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège. Les Contes d'Hoffmann sont un chef-d'œuvre de la musique classique, et cette production était une interprétation magistrale de cette œuvre complexe et fascinante.
J'ai été surpris par l'ouverture de l'opéra. L'ouverture est une pièce orchestrale complexe et ambitieuse, qui est souvent considérée comme l'une des plus belles ouvertures d'opéra jamais composées. Dans cette production, l'ouverture a été interprétée avec une grande passion. Elle a donné le ton à l'opéra et a préparé le public pour une bonne soirée.

Kool a écrit:

Je me souviens encore comme si c'était hier de la première fois que j'ai vu Les Contes d'Hoffmann à Liège. C'était il y a au moins 15 ans, en fait je n’ai plus la notion du temps, mais l'impression laissée par cette représentation est restée gravée dans ma mémoire.

La dernière représentation des Contes à Liège date de 2003, c'était une reprise d'une production de 1999 due à Claire Servais avec des décors et costumes de Jorge Jara. J'en garde un très beau souvenir également avec une magnifique interprétation du Mal par Nicolas Cavallier.
https://www.lalibre.be/2003/11/12/les-nouveaux-contes-de-servais-BD3NIC7IUNHZ5PHBDGOIFVK7BA/

Je te remercie pour la précision Bel Canto, je n’ai plus la mémoire des chiffres depuis mon accident.

J'entame un nouveau cycle entièrement consacré à l'opéra, sauf que cette fois il est presque exclusivement consacré à des opéras contemporains, soit composés quelque-part dans la seconde moitié du vingtième siècle, soit dans le courant du vingt-et-unième siècle, si on excepte La Flûte Enchantée de Wolfgang A. Mozart. Celui par lequel j'ai commencé appartient à un compositeur et réalisateur mexicain du nom de Juan Trigos (né en 1965) et pourrait faire partie des opéras que j'aime beaucoup, peut-être pas dans le peloton de tête mais pas si loin derrière. Cette nouvelle écoute a été la plus captivante parmi celles qui l'ont précédée. Dire que j'avais choisi cet opéra un jour des soldes à prix bradé alors que je ne connaissais rien d'autre de ce compositeur et qu'à cette époque je souhaitais simplement découvrir quelques représentants actifs de la musique savante mexicaine. Cet album de Juan Trigos perdu dans un bac où se mélangeaient pop, jazz, variété, classique, tombait bien!



Apprécier un opéra en langue étrangère sans comprendre exactement de quoi ça parle, c'est un peu ce qui m'arrive avec De Cachetito Raspado, un opéra pour quatre solistes et ensemble de chambre de Juan Trigos. Ce qui m'a séduit lors de cette nouvelle écoute, ce sont encore les voix, le quatuor de voix plus exactement: soprano (Claudia Montiel), ténor (Mario Hoyos), mezzo-soprano (Adriana Diaz de Leon) et baryton (Benito Navarro). J'ai ressenti quelque chose d'assez poétique dans leur manière de chanter, ainsi qu'une légèreté et une ironie insaisissables. Le jeu instrumental, qui est à mes oreilles l'aspect le plus attrayant de l'opéra, est également cocasse et sur un ton certes moderne mais ni âpre ni rude, grâce à une combinaison originale des instruments: flûte, clarinette, saxophone, trombone, percussions, guitare, harpe et piano que constitue l'ensemble "Camerata de Las Americas", souvent soumis à des rythmes saccadés et changeants . Ensuite, je me réjouis encore d'un usage singulier des voix, leur manière de chanter, ce qui émane du jeu vocal dans les parties les plus musicales car il y a aussi quelques plages entièrement parlées, sans musique, sans doute ce qui m'avait dérouté lors de la première écoute, des passages que l'on peut toutefois aisément éluder par l'emploi du programmateur si on est peu intéressé par l'argument. C'est ce que j'ai fait, ne comprenant pas l'Espagnol, afin de me concentrer au mieux sur la partie la plus musicale et (en)chantée de cet opéra. Ce qui m'a peut-être, au fond, le plus séduit, c'est l'introduction et le Final qui reprennent le même thème; j'y aime beaucoup le jeu poétique et presque enfantin de la voix de soprano. Cet opéra m'apparaît un peu comme une fantaisie chantée avec quelques moments théâtraux et de dialogues purs où la musique s'estompe (heureusement) provisoirement. Lors de cette nouvelle approche, je n'ai rien sélectionné, l'ai écouté en entier.

A croire que les opéras provenant d'Amérique latine ont en eux tous les éléments qui savent me fasciner, qu'ils se caractérisent par un style dit moderne ou contemporain, comme De Cachetito Raspado du compositeur mexicain Juan Trigos ou qu'ils se caractérisent dans un style plus lyrique et profondément mélancolique comme Ainadamar du maître argentin Osvaldo Golijov.

Ainadamar signifie "fontaine de larmes" en arabe. C'est le nom d'une ancienne source près de Grenade où, en août 1936, aux premiers jours de la guerre civile d'Espagne, le poète FEDERICO GARCIA LORCA fut assassiné par les forces de la Phalange. L'Opéra AINADAMAR d'OSVALDO GOLIJOV est centré sur la scène du meurtre du poète, mais le personnage principal en est la tragédienne catalane MARGARITA XIRGU qui collabora avec Lorca à plusieurs de ses pièces. L'histoire débute en Uruguay, en 1969, au moment où Xirgu s'apprête à interpréter le rôle-titre de Marianna Pineda de Lorca, l'histoire d'une martyre révolutionnaire d'un autre siècle. Elle est hantée par le souvenir de Lorca, par l'idée qu'elle aurait peut-être pu le sauver. A la fin, elle s'abandonne à l'étrange beauté du destin et lègue à ses élèves ses aspirations à la liberté. L'opéra se termine comme il avait commencé, avec la prophétique Ballade de Mariana Pineda: "Oh, quel triste jour à Grenade qui faisait pleurer les pierres!"

Le rôle principal est tenu par la merveilleuse Dawn Upshaw. J'adore sa voix! Cet opéra parvient à me mettre la larme à l'oeil, lors de ses montées en intensité, lorsque la musique porte en elle les sanglots d'un peuple. Un poète est mort assassiné!



Un autre opéra, dans un style plus moderne et ludique, que j'ai réécouté ces jours-ci, nous provient aussi d'Amérique latine, un opéra pour enfants du compositeur mexicain Victor Rasgado. Dire que je l'avais trouvé dans le même bac à prix super clément que l'opéra de son compatriote Juan Trigos, motivé par le même désir de mieux connaître les compositeurs savants de cette partie du monde, mais sans avoir aucun indice, aucun renseignement sur Victor Rasgado. Aujourd'hui, nous avons tous, plus ou moins, le réflexe "Youtube" pour se faire une idée, mais à cette époque, il fallait être parfois aventurier pour sortir de sa zone de confort, accepter l'idée de risquer un mauvais choix... Toujours est-il qu'avec ces deux opéras mexicains, ce fut un bon choix et qu'en plus je les apprécie encore plus aujourd'hui qu'hier. Leur modernité de style et de ton me touche même plus que dans Scènes de Chasse de René Koering et Goya de Jean Prodromidès, deux opéras français que j'ai réécouté à l'occasion de ce nouveau cycle dédié au genre.



Le lapin et le coyote est un opéra de chambre en un acte écrit pour un public d'enfants. Issue de la culture zapothèque, l'histoire du lapin et du coyote nous raconte pourquoi le coyote hurle au ciel devant la nuit, cherchant le lapin qui est sur la lune. C'est un conte constitué de plusieurs histoires où l'astucieux lapin trompe le coyote à plusieurs reprises et parvient toujors à s'échapper, avant de finir par arriver sur la lune. Les trois personnages qui chantent dans cet opéra - le lapin, le coyote et un paysan - recréent un langage animal imaginaire exprimé à travers des exclamations, des glissandi, des hoquets, des cornets et divers recours vocaux, stimulés par la narration du conte. L'oeuvre a été écrite sur la base d'une séquence géométrique qui crée  en se reproduisant une sorte de carré magique, lequel peut être lu dans un sens ou dans l'autre, de haut en bas, d'un côté ou d'un autre, et revient toujours aux mêmes relations musicales. Ce matériel musical parcourt l'ensemble de l'oeuvre du début jusqu'à la fin, en cherchant à obtenir une unité dans les intervalles et les durées, susceptible d'être "ressentie" par les oreilles et l'intuition des enfants auxquels cet opéra est consacré. Victor Rasgado

Durant mon second cycle entièrement consacré à l'opéra, outre ceux que j'ai mentionnés ci-dessus avec intérêt, deux m'ont fait une très belle impression, sans doute ceux qui m'ont le plus ému durant cette nouvelle série. Je ne me suis jamais senti aussi romantique qu'en redécouvrant:

Premier opéra: Brief Encounter/Brève Rencontre d'André Previn sur un livret de John Caird:

Elizabeth Futral
Nathan Gunn
Kim Josephson
Meredith Arwady
Robert Orth
Rebekah Camm
Adam Cioffari
Alicia Gianni
James J. Kee
Jamie Barton
Faith Sherman
Houston Grand Opera Orchestra
Patrick Summers

Synopsis: il est question d'une relation extraconjugale passionnée en Angleterre peu avant la Seconde Guerre mondiale. Le protagoniste est Laura, une femme mariée avec des enfants, dont la vie conventionnelle se complique de plus en plus après une rencontre fortuite dans une gare avec un inconnu marié dont elle tombe ensuite amoureuse.

Second opéra: Kullervo, opéra en deux actes, sur un livret du compositeur Aulis Sallinen:

Jorma Hynninen
Eeva-Luisa Saarinen
Matti Salminen
Jorma Silvasti
Satu Vihavainen
Anna-Lisa Jakobsson
Pertti Mäkelä
Juha Kotilainen

Finnish National Opera Orchestra and Chorus
Ulf Söderblom



Dans la mythologie finnoise, Kullervo est un héros tragique de l'épopée nationale le Kalevala. Maltraité dès l'enfance, il devient un homme sans foi ni loi, ignorant et violent. Ayant violé celle qu'il découvre être sa sœur, il finit par se suicider avec son épée. Il s'agit d'un opéra assez long, le seul que je connaisse du compositeur finlandais Aulis Sallinen, qui se répartit sur trois cd, un peu comme ceux de Mikis Theodorakis. Je ne sais de l'intrigue que ce que j'ai pu lire sur ce cruel personnage de la mythologie finnoise, mais, comme la plupart du temps lorsque j'aborde un opéra, Je me concentre sur l'aspect le plus musical de l'opéra, chant et intervention des choeurs et de l'orchestre, et de ce côté-là, je suis assez comblé sur la longueur, aussi bien par un certain nombre de passages purement instrumentaux que de passages vocaux. Le final me fut une nouvelle fois fort émouvant. J'en ai même eu la larme à l'oeil. Kullervo, tout comme Brief Encounter d'André Previn et bien d'autres, sont des opéras que je verrai sans doute jamais sur scène. Peu de chance de pouvoir les apprécier un jour dans une appréciation plus complète; mise-en-scène, décors, costumes, toujours est-il qu'ils me comblent déjà dans une écoute audio pour des raisons purement musicales.

Je ne connais pas cet opéra de Aulis Sallinen, mais puisque tu as fait un cycle Sibélius, je précise sue lui aussi a composé un Kullervo (exactement sur le même sujet), un vaste poème symphonique, ou symphonie, d'une heure et quart pour baryton, mezzo soprano, chœur d'hommes et orchestre.
Si tu ne connais pas, je te le conseille

joachim a écrit:

Si tu ne connais pas, je te le conseille

Je l'ai dans mon coffret de l'intégrale de ses symphonies, le quatrième disque. Superbe en effet.

Mathis der Maler de Paul Hindemith:

Chacun sait ici que je suis un grand amateur de la musique de Paul Hindemith et qu'à un moment ou un autre, je découvrirai quelques-uns de ses neuf opéras, trois pour le moment que je connais uniquement en disque et donc dans une écoute audio: Das Nusch-Nuschi (1921) qui appartient à un triptyque d'opéras en un acte influencés par l'expressionnisme, la première étant Mörder, Hoffnung der Frauen (1921) et la troisième Sancta Susanna (1922), que je ne connais pas encore, Mathis der Maler (1934-35), interdit en Allemagne par le pouvoir nazi, la première ayant eu lieu en 1938 à Zurich, et L'Harmonie du Monde - Die Harmonie der Welt (1957). L'opéra que j'ai réécouté aujourd'hui et que j'aime suffisamment pour figurer sur ce topic est Mathis der Maler dans cette distribution:

Wolfgahg Koch, Kurt Streit, Charles reid, Franz Grundheber,

Slowakischer Philharmonischer Chor - Wiener Symphoniker - Bertrand de Billy.

Le livret situe l'action durant la Révolte des Rustauds, vers 1525. La lutte de Mathis pour l'expression artistique dans le climat répressif de son époque est clairement le reflet de la propre vie d'Hindemith, qui a commencé à écrire le livret alors que les nazis arrivaient au pouvoir. Ceux-ci ont qualifié Hindemith de « bolchevik musical » et Hindemith s'est alors exilé aux États-Unis d'Amérique. (source Wikipédia)



Ce que j'aime dans cet opéra, c'est une certaine couleur orchestrale, une certaine douceur, c'est d'ailleurs un opéra qui se termine sur des notes calmes, retenues, sans fracas. Il contient des moments que je trouve vraiment très beaux, un opéra qui a, à mes oreilles, suffisamment d'atouts pour chambouler une éventuelle liste préférentielle. C'est d'ailleurs l'objectif de cette série de cycles autour de tous les opéras que j'ai en ma possession, afin de voir où se situent mes réelles préférences, la place d'un Wagner ou d'un Rossini dans ce domaine, que ce soit par leurs propres opéras ou par l'influence qu'ils ont pu avoir sur les compositeurs qui leur furent postérieurs, si, par exemple, je me sens plus proche de l'opéra allemand que de l'opéra italien, ou si je nourris une préférence pour l'opéra français...?... Je constate en tout cas que j'ai une prédilection pour l'opéra du vingtième siècle. Mathis der Maler est un des rares opéras qui ont pour protagoniste un peintre ou un sculpteur. Les connaisseurs citeront sans aucun doute Benvenuto Cellini (1838) de Hector Berlioz, un opéra à découvrir, ce qui me permettra de mieux connaître l'opéra français!

Distribution de l'opéra de style romantique The Brothers de George Antheil:

Livret de George Antheil basé sur l'histoire biblique de Cain et Abel.

Rebecca Nelsen: Soprano.
Ray M. Wade Jr.: Ténor.
William Dazeley: Baryton
E. Mark Murphy: Ténor
Piotr Procherg: Baryton

Bochumer Symphoniker: Steven Sloone. 2009.

L'opéra est en un acte et d'une durée de 54'12.

<<La pièce est un petit opéra de chambre en trois scènes, qui se déroule dans le milieu ouvrier de l'après-guerre, en Amérique. L'action se passe en un seul lieu et en un seul jour. Dans une grande cuisine pleine d'appareils ménagers tous neufs se rencontrent cinq personnes; quatre hommes et une femme, tous abîmés par la vie: l'un est traumatisé par la guerre, l'un mutilé par des accidents, l'un est psychopathe, l'autre est fou, comme l'explique la partition. Le ton est donc rude, l'amour est impossible, toutes les relations sont assombries par l'hypocrisie, la trahison et la culpabilité.>>



Ca fait déjà plusieurs années que je connais cet opéra et qu'il fait partie de mes préférés. Tout de ce que mon oreille perçoit me fascine; chant, voix, orchestrations, qualité des thèmes mélodiques, concision: de toute évidence, j'entretiens une prédilection pour les "opéras courts", seul Le Crépuscule des Dieux de Wagner et quelques autres (Mathis der Maler) font figure d'exception. Sinon, Je pense à Il Cordovano de Goffredo Petrassi, El Gato con Botas et Una Voce in Off de Xavier Montsalvatge ou encore DeCachetitoRaspado de Juan Trigos, voire Eurydice de Joan Albert Amargos...

Je tente un premier TOP 15 qui ne peut être que temporaire:

Par ordre préférentiel:

1) Le Vaisseau Fantôme de Richard Wagner (Je ne connais pas tous les opéras de Wagner et n'ai pas encore réécouté Le crépuscule des Dieux)

2) Mare Nostro de Lorenzo Ferrero

2) Maximilien Kolbe de Dominique Probst

3) Un Tramway nommé Désir d'André Prévin

4) Electra de Mikis Theodorakis

5) Lakmé de Léo Delibes

6) Kullervo de Aulis Sallinen

7) The Brothers de George Antheil

8) Os Dias Levantados de Antonio Pinho Vargas

9) Una Voce in Off/Il Gato con Botas, 2 opéras courts de Xavier Montsalvatge

10) La Noce Triste de Jean Prodromidès

11) Marco Polo de Tan Dun

12) Médée de Mikis Theodorakis

13) Antigone de Mikis Theodorakis

14) Ainadamar d'Osvaldo Golijov

15) Le Retour d'Hélène de Thanos Mikroutsikos

Je n'ai évidemment retenu que des opéras que je connais en entier. Pour cette raison (en partie), je n'ai pas retenu Le Barbier de Séville ni Guillaume Tell dont je ne possède que des versions incomplètes. Je n'ai pas voulu inclure non plus les quelques opéras que je connais aussi en visuel car ils pourraient pour cette raison être avantagés dans mon jugement. Donc, tous ceux que je viens de citer ne sont que des opéras que j'apprécie uniquement dans une écoute audio. Comme je l'ai déjà précisé, il s'agit d'un classement préférentiel provisoire qui risque fort d'être modifié au fil de réécoutes et de nouvelles découvertes. Certains opéras talonnent de près ce classement, je pense à Segismundo de Tomas Marco, Padmâvatî d'Albert Roussel et même Euridice de Joan Albert Amargos ou encore Brief Encounter d'André Previn. Si les opéras du vingtième siècle domine ce TOP 15 - ce que ne manquera pas de remarquer Joachim -, ce n'est pas seulement par goût mais parce que mes connaissances en opéras antérieurs demeurent encore limitées, très incomplètes. King Arthur de Henry Purcell est également aux portes de ce classement. J'attends une seconde écoute pour voir s"il va chambouler ou non ce TOP 15. Je n'ai toujours pas écouté Othello de Giuseppe Verdi ni La Cenerentola de Gioachino Rossini, ni réécouté La Somnanbula de Vincenzo Bellini même si je ne pense pas que celui-ci détrônera le quinzième du classement.

Pfff ! Pas un Mozart

joachim a écrit:

Pfff ! Pas un Mozart

Pourtant il aurait adoré "Idoménée et Alceste"