Noé Faignient, Noë Faignient ou Noel Faignient, né à Cambrai avant 1540 (?) et mort avant 1600, est un polyphoniste franco-flamand de la Renaissance.
Peut-être faut-il l'identifier avec « Noe Menestriers Bastiaenssone geboren van Camerijck speelman » (Noe Menestriers, fils de Bastien, né à Cambrai, musicien) que l'on inscrivit sur les listes des bourgeois d'Anvers en 1561. Quoi qu'il en soit, trois enfants de Faignient furent baptisés à la cathédrale Notre-Dame d'Anvers, respectivement en 1561, en 1575 et en 1577.
Faignient donna des leçons de musique à Anvers, où il tint peut-être un magasin entre 1575 et 1580, sis au numéro 53, sous l'hôtel de ville.
En 1580, on le trouve mentionné à Bois-le-Duc dans les registres de l'Illustre Confrérie de Notre-Dame comme maître de chant d'Éric II de Brunswick-Calenberg-Göttingen. À ce musicien amateur passionné de musique, qui était duc de Brunswick-Lunebourg, baron de Liesvelt et seigneur de la ville et du pays de Woerden, Cornelius Buschop avait déjà dédié des psaumes de David (Psalmen David). Faignient aurait tenté de recruter des chanteurs à Bois-le-Duc pour le compte du duc.
Vers 1594, il revint à Anvers, ville où il mourut sans doute avant 1598.
Œuvres
Faignient est surtout connu pour ses œuvres vocales sur des paroles profanes. Il mit en musique des poèmes, entre autres, de Clément Marot (notamment, à part quelques psaumes perdus, une chanson et un psaume des recueils de 1568), de Théodore de Bèze (un psaume) et de Pierre de Ronsard (une chanson tirée de sa Nouvelle continuation des Amours (1556).
Les recueils de 1568
En 1568, plusieurs de ses pièces furent rassemblées dans deux recueils.
Le manuscrit de Linköping
Un manuscrit d'une bibliothèque à Linköping, la Stifts och landsbiblioteket, contient 53 pièces à trois voix, divisée en trois catégories : 34 chansons (dont 12 sur des paroles néerlandaises), 9 madrigaux italiens et 10 motets latins. Ce manuscrit serait une copie d'une édition non conservée de la même année. Les chansons mélodiques de ce volume s'apparentent à quelques chansons de Jacobus Flori. Une indication sur les circonstances de leur emploi nous offre une des chansons de la collection : le supérius de la chanson Schoon lief wat macht u baeten (Mon amour, à quoi bon de me persécuter ?) de Faignient semble avoir été emprunté, en 1563, pour un contrafactum du recueil de refereynen d'une chambre de rhétorique bruxelloise, De Corenbloeme.
Le recueil de chansons, madrigaux et motets
Un recueil reparti de façon similaire fut publié à Anvers chez la veuve de Jan de Laet et intitulé Chansons, madrigales et motetz à quatre, cinq & six parties, contenant 44 compositions, (26 chansons dont 6 sur des paroles en néerlandais, 11 madrigaux italiens et 7 motets latins). Dans la dédicace à Gonçalo Garçia, Faignient parle de ses compositions comme des « Premiers fruitz de mon Jardinet ».
Les chansons néerlandaises
Comme beaucoup de chansons polyphoniques néerlandaises de son temps, la plupart de celles de Faignient sont scripturales, ce qui constitue une chose peu surprenante à une époque où toute l'intelligentsia culturelle semble avoir eu un penchant vers le calvinisme ou était du moins sympathisant de la Réforme. Par la forme, ces chansons se rapprochent plus de la poésie parlée que de la poésie lyrique, chantée. Les vers comptent souvent, en moyen, 10 syllabes ; ceci en écho au mètre brabançon, alors en vogue, de 10 à 12 syllabes. De ses chansons néerlandaises, une seule a un sujet amoureux, non scriptural, alors qu'en revanche, les chansons sur des paroles françaises et italiennes traitent davantage de différents sujets.
Style et notoriété
L'imitation n'occupe qu'une position subordonnée dans le style musical de Faignient. Il emploie un contrepoint vif et rythmé assez complexe, avec usage modéré du chromatisme et de mouvements polyphoniques et homophones alternants. Par ailleurs, il suit fidèlement les règles de la rhétorique musicale.
Faignient connut une renommée internationale. Le musicien et imprimeur Simon Goulart reprit plusieurs chansons de Faignient pour en faire des contrafacta, c'est-à-dire des chansons sur des mélodies préexistantes.
Certaines de ses œuvres figurent dans une trentaine de recueils, publiés entre 1569 et 1661, en outre dans le Livre septième. De ces publications, au moins onze, datant d'entre 1617 et 1661, contiennent la chanson Musica aldersoetste const (Musique, le plus doux des arts). Il s'agit sans doute d'un contrafactum d'une composition de Faignient, L'Homme qui nest point amoureus, qui figure dans l'édition anversoise de 1568. En outre, des œuvres du compositeur furent insérées dans un ouvrage anglais, Musica Transalpina et, encore en 1732, Johann Gottfried Walther mentionne Faignient dans son Musicalisches Lexicon comme un imitateur d'Orlando di Lasso :
« […] un musicien et compositeur jadis renommé à Anvers, où il avait appris la musique pendant quelques années et où il était surnommé Simia Orlandi, car il s'efforça de l'imiter. De ses œuvres, des motets et des madrigaux à quatre, cinq et six voix et des madrigaux à cinq jusqu'à huit voix furent respectivement publiés en 1569 » [NDLR : il s'agit en fait de l'édition de 1568] et en 1595 à Anvers.
Susanna schoon
https://www.youtube.com/watch?v=ORRB6mjMSh8
Schütz Ensemble o.l.v. Carien van de Beld, 16 juni 2001
Kool
Nombre de messages : 1478 Age : 68 Date d'inscription : 17/05/2011
Voici quelques informations complémentaires : Faignient est né à Cambrai, dans les Pays-Bas méridionaux, vers 1537. Il est le fils de Bastien Faignient, un musicien originaire de Cambrai. Faignient a reçu une formation musicale complète. Il a étudié la musique à l'école Sainte-Cécile de Cambrai, puis à l'école de musique de la cathédrale Notre-Dame d'Anvers. Faignient a commencé sa carrière musicale à Anvers, où il a travaillé comme chanteur et compositeur. Il a également donné des leçons de musique et a dirigé des chœurs. Faignient est surtout connu pour ses chansons profanes. Il a mis en musique des poèmes de nombreux poètes français et italiens, dont Clément Marot, Théodore de Bèze et Pierre de Ronsard. Faignient a également écrit des motets, des chansons religieuses et des madrigaux. Ses œuvres sont caractérisées par leur élégance et leur sophistication. Voici quelques autres détails sur les œuvres de Faignient :
Le manuscrit de Linköping contient des œuvres de Faignient à trois voix, dont des chansons, des madrigaux et des motets. Ce manuscrit est important car il est l'un des premiers exemples de musique polyphonique néerlandaise. Le recueil de chansons, madrigaux et motets publié en 1568 contient des œuvres de Faignient à quatre, cinq et six voix. Ce recueil est l'une des premières publications de musique polychorale dans les Pays-Bas méridionaux. Les chansons néerlandaises de Faignient sont souvent scripturales, mais il existe également quelques chansons à sujet amoureux. Ces chansons sont caractérisées par leur simplicité et leur accessibilité.
joachim Admin
Nombre de messages : 27110 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Ce n'est qu'en 1992 que fut publié un 'certificaat' anversois du 17 février 1576, qui parle de Noé Faignient de la manière suivante : 'Noel Faeynient, sangmeester alhier, woonende by de Nyeuwe Borsse alhier, oudt omtrement XXXIX jaren' (d'où en 1576 environ 39 ans), ce qui donne l'année approximative de naissance en 1537. Le compositeur reçut la citoyenneté d'Anvers en 1561 ; Ce document parle de « Noé Menestriers, fils de Bastien, né à Cambrai, musicien ». Le certificat susmentionné confirme également la déclaration de Pierre François Sweerts (Franciscus Swertius) dans la publication Athenae belgicae (Anvers 1628) selon laquelle Faignient travaillait comme professeur de musique à Anvers : « Antverpiae aliquot annos iuventutem musicam docuit ». Peu d'autres détails sur la vie du compositeur sont connus. Trois enfants de la famille Faignient furent baptisés dans la cathédrale Notre-Dame d'Anvers dans les années 1561, 1575 et 1577. En 1566 fut publié dans la même ville le recueil de poèmes « Suite du Labeur en liesse », qui contient un sonnet avec une exhortation du poète Guillaume de Poetou (vers 1528-1567/68), qui s'adresse directement à Noé Faignient :
A MAISTRE NOUEL FAGNIENT, non moins gentil Musicien qu'excellent compositeur de Musique
SONNET
Saint Matthieu Cap. 18 QUant on veut, mon FAGNIENT, faire & user l'office (Office que povons divine publier) D'approcher son prochein pour le réconcilier De son commis défaut, péché, mésus, & vice; Seul le faut accoster, & en place propice, Qui aisémement le veut sous ses saints dits lier. Autrement s'il ne veut le col au joug plier, (Afin que les préceps soint en fermeté riche) Avoir faut quant & luy des tesmoings deux ou trois: Lors, si d'iceus n'escoute & les commans & vois, Advertir il en faut la Catholique Église. Refusant d'elle ouïr & son salut & bien, Tenu soit Publicain, & estimé Payen. L'obstiné digne n'est de la fidelle hantise.
Les documents d'archives anversoises fournissent également des informations indirectes sur la mort de Faignient. Le quatrième enfant du compositeur fut baptisé dans la cathédrale d'Anvers le 18 décembre 1577, du vivant de son père, et dans un autre document daté du 20 décembre 1578, sa seconde épouse Anna Oldenhoff est décrite comme veuve ; ainsi Faignient mourut entre décembre 1577 et décembre 1578. Une affirmation antérieure (Albert Smijers 1946) selon laquelle Faignient aurait été maître de chant du duc Erich II de Braunschweig-Lunebourg de 1580 à 1581 s'avère incorrecte.
Les œuvres
En 1568, la veuve de l'éditeur Jean de Laet publie un recueil de compositions de quatre à six parties de Faignient, dédié au marchand espagnol Gonzalo García. Dans la dédicace, le compositeur appelle ces pièces « les Premiers fruitz de mon Jardinet » ; en eux, des passages polyphoniques et homophoniques alternent. Les chansons de Noé Faignient parlent d'amour mondain et spirituel. Parmi ces ouvrages, 'L'Homme qui n'est point amoureux' est particulièrement connu. Faignient a ensuite donné à la pièce un texte néerlandais ('Musica aldersoetste konst'); cette chanson était très populaire jusqu’au XVIIe siècle.
La chanson flamande « O Hemelsche vader » est particulièrement frappante par sa forme, car elle est divisée en deux parties selon le modèle des motets contemporains.
Le motet d'hommage « Insignis virtute » est dédié au comte Peter Ernst von Mansfeld (vers 1580-1626), qui a joué un rôle important dans l'histoire des Pays-Bas.
Il existe un autre recueil de pièces en trois parties de Noé Faignient, également publié en 1568, dont l'original a été perdu. Cependant, dans la ville suédoise de Linköping, il existe un exemplaire intitulé « Chansons, madrigales et motets par Noé Faignient 1568 ». Ce recueil contient la chanson « Las voulez vous », très proche de la pièce du même nom d'Orlando di Lasso. D'autres compositions de cette collection sont également proches de l'œuvre de di Lasso en raison de l'art de l'expression picturale et verbale affective, ce qui a peut-être conduit Johann Gottfried Walther dans son « Lexique musical » de 1732 à qualifier Faignient de « Simia Orlandi » (le singe d'Orlando). En outre, l'œuvre de Faignient s'est fait connaître principalement grâce à de nombreux recueils imprimés publiés entre 1569 et 1650 environ, comprenant des arrangements pour orgue et luth.
Liste des œuvres (toutes vocales, par ordre d'apparition)
„Chansons, madrigales et motetz à quatre, cincq & six parties, nouvellement composées“, Antwerpen 1568 „Chansons, madrigales et motets par Noé Faignient 1568“ (Linköpinger Abschrift) 5 Chansons in „Recueil des fleurs“, Löwen 1569 2 flämische Lieder in „Een duytsch Musyck Boeck“, Löwen 1572 12 Chansons in „La Fleur des chansons“, Löwen / Antwerpen 1574 4 Chansons in „Premier Livre du meslange des pseaumes et cantiques“, [Genf] 1577 4 Chansons in „Second Livre du meslange“, [Genf] 1577 2 Madrigale in „Harmonia celeste“, Antwerpen 1583 2 Madrigale in „Musica divina di XIX. autori illustri“, Antwerpen 1583 1 Motette in „Sacrae cantiones“, Nürnberg 1585 2 Madrigale in „Musica transalpina“, London 1588 1 Motette in „Liber secundus gemmae musicalis“, Nürnberg 1589 1 flämisches Lied in „Neue liebliche teutsche Liedlein“, Nürnberg 1590 1 Chanson in „Cinquante Pseaumes de David“, Heidelberg 1597 3 Chansons in „Le Rossignol musical des chansons“, Antwerpen 1597 1 Madrigal in „Nervi d’Orfeo“, Leiden 1605 2 Motetten in „Hortulus musicalis“, München 1609 1 Chanson in „Livre septieme des chansons vulgaires“, Antwerpen 1613 2 Chansons in „Livre septieme des chansons vulgaires“, Amsterdam 1640
Merci Joachim. J'ai trouvé la mélodie (Harmonia Celeste", n° 12 ) de Noé Faignient très belle et expressive. Simple mais efficace, elle est très facile à retenir. Dommage qu'elle soit si courte.
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