Séverin Cornet, né à Valenciennes vers 1540, mort à Anvers en 1582 ou en 1583, est un compositeur de l'école dite franco-flamande.
Le lieu de naissance de Séverin Cornet ressort clairement des gravures de ses œuvres, dans lesquelles il est généralement appelé « Severinus Cornet Valencenensis ». Au début de son recueil Chansons françoyses (Anvers 1581) se trouve un sonnet qui montre qu'il a passé sa jeunesse en Italie.
Il étudia la musique en Italie lors d'un voyage d'études qui l'aurait mené à Naples, comme on le voit par des vers d'un sonnet à sa louange, placé en tête de ses Chansons françoyses de 1581 :
« Car, hantant l'Italie, il y a sceu choisir
Et en a rapporté l'utile théorique
Richement mariée au doux de sa pratique. »
De 1555 à 1564, il vécut à Anvers, où il occupa un poste de chanteur. Pendant cette période, il épousa Jeanne Barbé, la fille du compositeur Antoine Barbé, qui occupa le poste de maître de chant à la cathédrale Notre Dame d'Anvers de 1527 à 1562.
Grâce au mécénat des Génois anversois, son livre de villanesche de 1563 sortit des presses de Jan de Laet à Anvers. Cornet mit en musique des sonnets de Stefano Ambrosio Schiappalaria, homme du monde de la finance qui avait fondé une société littéraire à Anvers, connue sous le prédicat dei Confusi. Ces sonnets, dont trois sont adressés à des marchands génois réputés résidant à Anvers, furent publiés dans un livre de madrigaux de Cornet en 1581.
Dès 1564, Cornet était attaché à la cathédrale Saint-Rombaut de Malines, où il avait la charge de maître des enfants, un poste qu'il occupait toujours en 1571.
Après huit ans, il quitta ce poste et succéda à Gérard de Turnhout comme maître de chapelle de la cathédrale Notre Dame d'Anvers en 1572, car Turnhout avait déménagé à Madrid en tant que nouveau membre de l'orchestre de la cour du roi Philippe II., emploi qu'il aurait perdu l'année précédant sa mort.
En effet, au plus fort des conflits religieux, les calvinistes proclamèrent la République calviniste d'Anvers en juillet 1581, avec pour résultat que les services catholiques à la cathédrale furent temporairement interdits ; Séverin Cornet y perd donc son poste. Il tente alors de décrocher un poste de directeur musical de la cour de l'archiduc Ferdinand d'Autriche à Innsbruck et fait appel à Marc le Prévost, l'interlocuteur de l'archiduc à Anvers. Cependant, sa demande fut ignorée. Les chercheurs en musique supposent qu'à partir de cette époque jusqu'à sa mort l'année suivante, Cornet a pu imprimer et publier ses recueils musicaux grâce à l'aide financière de divers mécènes. Les étudiants de Cornet comprenaient Cornelis Verdonck et Rinaldo del Mel.
Œuvres
Cornet composa de nombreuses œuvres vocales, y compris des madrigaux et des chansons polyphoniques françaises. L'influence exercée par sa formation italienne est évidente dans toutes ces œuvres. Ses chansons-parodies sont redevables à celles d'Orlandus Lassus ; ainsi, la chanson à trois voix Elle s'en va de moy la mieux aymée suit de près le modèle de Lassus. Lodovico Guicciardini, dans sa description des Pays-Bas (édition sortie à Anvers en 1581), compte Cornet parmi les meilleurs compositeurs de son temps.
Ses Chansons françoyses à 5. 6. et 8. parties, publiées en 1581 chez Plantin à Anvers, contiennent, malgré le titre, aussi une chanson néerlandaise : O edel Musica plaisant (Ô, noble musique divertissante).
Recueils
Canzoni napolitane, à quatre voix, Anvers, 1563 [plusieurs éditions], Cw, viii, 1930, 3e éd., E. Cardamone.
Cantiones musicæ, de cinq à huit voix, Anvers, 1581.
Chansons françoyses, à cinq, six et huit voix, Anvers, 1581 ; éd. Frank Dobbins, The Oxford Book of French Chansons, Oxford, 1987.
Madrigali, de cinq à huit voix, Anvers, 1581.
Plusieurs autres œuvres de quatre à six voix.