André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813)

Jean a écrit:

Depuis les années 1775, personne n’avait plus donné Le Magnifique de Grétry ; il faut que ce soit une compagnie d’opéra baroque basée à Washington qui vienne rendre à la France l’un des fleurons de son répertoire classique ! La partition, d’une grande finesse, se situe dans les parages de Gluck et du dernier Rameau, une belle réussite.

   Pour mémoire, le livret (inspiré d'une fable de La Fontaine) raconte qu’à Florence, la jeune Clémentine est courtisée par le pompeux Aldobrandin, son tuteur depuis que le père de la jeune fille a été vendu en esclavage, ainsi que par Le Magnifique, un grand dignitaire de la ville spécialisé dans le rachat d’esclaves – mais le Magnifique, trop timide, ne sait pas déclarer sa flamme à Clémentine, tandis que le gros balourd Aldobrandin ne se gène pas auprès de sa pupille de seize ans, le gros cochon.

   Le Magnifique réussit à décrocher un rendez-vous avec la belle mais le perfide Aldobrandin (à qui il a prêté un cheval de 2000 ducats pour l’envoyer faire un tour) a ordonné à la jeune fille de rester muette : elle ne peut donc déclarer sa propre flamme qu’en laissant choir une rose, pof. Dans l’acte final, le père revient de captivité, accompagné de son fidèle serviteur, mari de la confidente de Clémentine. On apprend alors, oh abomination, que c’est l’affreux Aldobrandin et son propre laquais qui ont tout manigancé et vendu le père en esclavage afin de faire main basse sur la fille. Les deux méchants sont envoyés paître, tandis que Clémentine et le Magnifique convolent en justes noces.

   Oui, le livret peut être considéré comme banal, mais pas plus que bien des niaiseries de l’époque, et la musique extraordinaire, expressive et débordante d'idées vaut vraiment la chandelle ! Ouvrage chanté en français.

Très belle musique comme souvent ou toujours avec Gretry, excellents chanteurs

Je l'ai reçu à Noël et je suis en train de l'écouter ... c'est une petite merveille !!!
Les voix sont superbes : à recommander sans réserve.

J'ai réécouté Richard Coeur de Lion, c'est à mon avis l'un des meilleurs opéras français...

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Nouvelle parution



Isaure : Chantal Santon-Jeffery
Vergi : François Rougier
Raoul : Matthieu Lécroart
Osman : Manuel Nuñez Camelino
Jeanne / Une Bergère : Eugénie Lefebvre
Jacques : Maine Lafdal-Franc
Le Vicomte : Enguerrand de Hys
Le Marquis : Jérôme Boutillier

Orkester Nord
Direction musicale : Martin Wåhlberg

Je ne connais ni cette pièce musicale ni la distribution ... sans doute en suite à cette production :


https://www.youtube.com/watch?v=T9VZoVKUTGc

Connais-tu ce CD Joachim ?
Je viens de lire un post chez Xavier et il y est dit que la soprano est vraiment très bien.
De fait, je l'ai entendue deux fois sur scène à Liège dans de petits rôles et j'avais noté "à suivre" ...




https://www.youtube.com/watch?v=CO8o25rRmus

Bel Canto a écrit:

Connais-tu ce CD Joachim ?

Hélas, non, je ne le connais pas

De l'Epreuve Villageoise, je n'en connais que l'ouverture qui figure sur ce CD d'ouvertures de Grétry (que je conseille, d'ailleurs).

joachim a écrit:

J'ai réécouté Richard Coeur de Lion, c'est à mon avis l'un des meilleurs opéras français...

Et ici tu peux le voir jusqu'en 2038!

Le Concert Spirituel et Hervé Niquet, ainsi que la belle voix de Reynoud Van Mechelen que j'aime beaucoup! A l'opéra royal de Versailles!

https://www.france.tv/spectacles-et-culture/opera-et-musique-classique/1093427-richard-coeur-de-lion-de-gretry-a-l-opera-royal-de-versailles.html

Mais c'est merveilleux ! Un grand merci, Steph

Dommage qu'on ne puisse pas l'enregistrer comme on fait pour les videos youtube...

Je l'ai vu en vrai, à l'Opéra Royal ! C'est un opéra vraiment contemporain de la création de la salle. Bon visionnage !

Je l'ai écouté aussi hier soir, et c'est vraiment un bel opéra. Toutefois, je suis quelque peu déçu par le personnage principal, Blondel, interprété par Rémy Mathieu, qui manque manifestement de "creux". Je trouve son interprétation de Ô Richard ô mon roi, pourtant un air de bravoure, particulièrement mou... En plus, Rémy Mathieu est un ténor alors que le personnage de Blondel est prévu pour un baryton.

Voici cet air comme il devrait être :



https://www.youtube.com/watch?v=jRDXE3LHNGo

laudec a écrit:

C'est fort, c'est beau à entendre comme cela aussi, comme un joyaux prélevé ... c'est qui le baryton ?

C'est Michel Trempont, avec Orchestre de Chambre de la Radio Télévision Belge dirigé par Edgard Doneux

(c'est extrait du CD que je possède)

Un aspect de Grétry que l'on ignore, c'est qu'il a écrit 2 courtes sonates pour clavecin :




https://www.youtube.com/watch?v=1knSzkCo988

Un autre Grétry inconnu : sa musique religieuse.

Voici son grand motet, Confitebor tibi Domine



https://www.youtube.com/watch?v=KWv_tcfbjag

joachim a écrit:

Un autre Grétry inconnu : sa musique religieuse.

Voici son grand motet, Confitebor tibi Domine

Pas tant que çà...la video que tu mets est un extrait d'un cd dirigé par Jean Claude Malgoire qui l'a complété par un motet de Gossec ("Terribilis est locus iste") et un de François Giroust (Benedic anima mea)
Choeur chambre de Namur et ensemble Les Agréments (paru en 2005)

Je sais, Jean, d'autant plus que je possède aussi le CD  

Je voulais seulement dire que Grétry est surtout connu pour ses opéras-comiques et très peu pour le reste de ses œuvres, dont sa musique religieuse, son concerto pour flûte et ses jolis quatuors à cordes op. 3



https://www.youtube.com/watch?v=dFWMwwUXv4g

par contre, je ne connais pas ses quatuors ... j'aime beaucoup celui-ci!

J'ai téléchargé l'opéra-comique Raoul Barbe Bleue (présenté par Bel Canto quelques posts plus haut), et je trouve absolument magnifique cet opéra-comique (comique que de nom, car en fait c'est plutôt une tragédie).

Sur un livret de Sedaine, daté de 1789, il reprend l'histoire de Barbe Bleue, le conte de Perrault, y compris dans ce qu'il a d'effrayant, ce qui n'a plus rien à voir avec une comédie.


 

On le trouve en petits morceaux sur youtube

Voici par exemple la fameuse phrase au 3ème acte : ma sœur ne vois-tu rien venir ?



https://www.youtube.com/watch?v=TUnCR6VFbGM


et au 2ème acte la découverte des corps démenbrés des femmes précédentes de Barbe Bleue (scènes 6, 8)


https://www.youtube.com/watch?v=vwRPHUq4_gg

https://www.youtube.com/watch?v=qKSWbZn13GI


Un détail, pour ceux qui vont quelquefois sur le forum de Xavier : le résumé de l'opéra ainsi que les commentaires sont rédigés par David Le Marrec

Merci pour tes commentaires Joachim ... je vais sans doute me laisser tenter !

Panurge dans l'île des Lanternes (1785)



https://www.youtube.com/watch?v=n-iW-s1XVTY

Panurge dans l'isle des Lanternes
1. Ouverture 0:00
2. Choeur 4:41
3. Recitativo 9:04
4. Aria 10:44
5. Recitativo 16:10
6. Choeur 16:59
7. Recitativo 18:57
8. Aria & Choeur 20:29
9. Recitativo 23:30
10. Ballet 24:11
11. Choeur 26:26
12. Recitativo 30:43
13. Aria 32:27
14. Recitativo 34:58
15. Finale 35:45


Interprètes

Jacquеline Stеrnottе (soprano); Blanchе Gеrard (soprano); Mariе Laurеnce (soprano); Jean-Jacques Schrеurs (ténor); Jean Sеgani (basse);

Ensemble vocal et Orchestre de Chambre de la RTB;

Direction Jacques Hοutmаnn



Commentaire

André-Ernest-Modeste Grétry (Liège, 8 février 1741 - Montmorency, Seine-et-Oise, 24 septembre 1813) est un compositeur français d'origine wallonne.

Grétry était le deuxième de six enfants, le fils d'un musicien et violoniste de la collégiale St Denis à Liège. Enfant, il entre à l'école de chorale de St Denis, où il apprendra plus tard le violon. Il est envoyé chez H.J. Renkin et Henri Moreau pour des cours de contrepoint et de composition. Mais une expérience cruciale fut la visite de la troupe italienne d'opéra-comique de Crosa et Resta (1753-1755).

Après avoir produit une messe, donnée à St Denis, et un ensemble de six symphonies donné chez son prévôt, il obtient une place au Collège Darchis à Rome. Il partit au printemps 1760. A Rome, il étudia principalement avec Giovanni Casali. Il s'installe à Genève en 1766, écrit des concertos pour Lord Abingdon et fait la connaissance de Voltaire et de son entourage à Ferney. C'est à Genève que Grétry entend et voit pour la première fois l'opéra-comique interprété par une troupe à laquelle il fournit une partition en décembre 1766 : Isabelle et Gertrude.

Le chemin vers le succès à Paris, où Grétry arrive l'année suivante, ne se déroule pas sans heurts, mais le jeune compositeur a les manières et la personnalité nécessaires pour s'attirer les mécénats et les soutiens nécessaires. Soutenu par le comte suédois de Creutz, Grétry s'associe au célèbre écrivain et critique Jean François Marmontel, qui avait collaboré avec Rameau (1751-53) et Josef Kohaut. Leur séquence de six opéras comiques connut un immense succès et leur collaboration ne s'arrêta que lorsque les projets de Marmontel ne réussirent pas les comités de lecture de la Comédie-Italienne. L'impact de ces œuvres et Le tableau parlant (1769) font de Grétry une figure populaire, et il devient finalement un homme assez riche et influent. En 1771, il épousa Jeanne-Marie Grandon (1746-1807), fille d'un peintre, qui lui donna trois filles ; tous sont morts jeunes. Lucile Grétry (1772-1790), la deuxième enfant, a écrit deux opéras, que son père a orchestrés et révisés.

La vie de famille est au cœur de l'existence de Grétry : sa mère vient vivre avec lui et, en 1796, il prend en charge les enfants de son frère récemment décédé. Son sens de la probité n'empêchait pas un grand sentiment de fierté de ses propres réalisations.

Les Mémoires de Grétry sont une lecture incontournable pour le récit détaillé de ses opéras, ses théories musicales et dramatiques et son autoprojection sans vergogne. Dans son texte De la vérité (Paris, 1801), il se fait républicain né, bien qu'en réalité il ait été en bons termes avec la famille royale française, ainsi qu'avec d'autres grands. Les deux avares et L'amitié à l'épreuve ont été donnés pour la première fois en 1770 lors des célébrations à la cour du mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette ; ce dernier ouvrage lui était dédié.
L'ami de la maison et Zémire et Azor sont donnés pour la première fois l'année suivante à la cour, et ce dernier est dédié à la maîtresse du roi, Mme du Barry. Marie-Antoinette montra un goût prononcé pour la musique de Grétry et le nomma comme son directeur personnel de la musique après son accession comme reine en 1774. La renommée de Grétry se répandit dans toute l'Europe. Le Grand Théâtre de Bruxelles obtient les droits d'œuvres inédites et Grétry effectue des voyages triomphaux à Liège en 1776 et 1782 pour y recevoir les distinctions officielles.

Il est nommé inspecteur de la Comédie-Italienne en 1787, mis à la retraite par l'Opéra et nommé Censeur royal de la musique. Grétry fut honoré sous la Révolution et l'Empire, mais refusa de contribuer aux travaux de base du Conservatoire de Paris. Il avait peu d'élèves ; Dalayrac a été admis à son étude de manière informelle. En tant que compositeur, il a apporté des contributions décisives à la portée et au style de l'opéra-comique du XVIIIe siècle, ainsi qu'à des aspects techniques tels que la «couleur locale» musicale et la conception des ouvertures. Ses opéras comiques et comédies récitatives pour l'Opéra de Paris connaissent un succès sans précédent dans les 20 années précédant la Révolution française.