Sarti - Fra i due litiganti (1782) [AUDIO + VIDEO]

Fra i due litiganti, il terzo gode. de Giuseppe Sarti

Créé au Teatro alla Scala le 14 septembre 1782, Fra i due litiganti, il terzo gode (Pendant que deux se disputent, le troisième se réjouit) connut un succès européen foudroyant, dans diverses variantes, tant musicales que linguistiques. Traduit en allemand ou en français, il fut aussi connu sous les titres de I pretendenti delusi, Im Trüben ist gut fischen, Le Nozze di Dorina ou Les noces de Dorine. L'opéra est cité par Mozart dans le final de Don Giovanni (l'air "come un agnello"), ce qui est en fait un gag...

C’est Nancy Storace qui créa le rôle de Dorina, personnage devenu l’un de ses rôles emblématiques... Le Titta de la création n’était autre que Francesco Benucci, futur Figaro de Mozart.

Synopsis

La servante Dorina, convoitée par le Comte, a trois prétendants : Masotto, le régisseur du Comte et de la Comtesse, qui finit par l’épouser ; Titta, qui a la préférence du Comte : et Mingone, aidé par la Comtesse. Cette dernière a compris que son mari souhaitait avoir un accès facilité à Dorina, grâce à un mari benêt, et Livietta, sa camériste, souhaite que Dorina épouse Mingone car elle a elle-même des vues sur Titta. Elle finira par avoir gain de cause.

Si l'opéra n'a pas été diffusé commercialement, il existe une bande audio intégrale de la recréation mondiale de Bologne (1986) et l'Université de Berlin en a joué une version légèrement tronquée, avec des airs alternatifs pour Vienne (Benucci et Storace ont chanté de nombreux airs d'insertion).

J'ai mis en ligne l'air de Dorina (acte I) avec hautbois obligé, absolument superbe.



Et la représentation de Berlin de 2015 (possibilité de sous-titrage en italien, allemand ou anglais) se trouve ici en intégralité :
https://www.udk-berlin.de/universitaet/mediathek/konzerte/oper/giuseppe-sarti-fra-i-due-litiganti-il-terzo-gode/#c12414

Bonne écoute !

Emmanuelle a écrit:

J'ai mis en ligne l'air de Dorina (acte I) avec hautbois obligé, absolument superbe

En effet, j'adore ce hautbois solo qui surgit après le recitatif ! Décidément, ce sont les opéras de cette époque classique (1750-1800) qui me bouleversent le plus.

Concernant l'air "Come un agnello" que Mozart cite dans le finale de Don Giovanni, on peut supposer que Mozart l'appréciait particulièrement car il a composé des variations pour piano (K 460) sur cet aria... si c'est bien de lui car on suppose aujourd'hui qu'il s'agirait d'une attribution erronée à Mozart, qui ne serait peut-être l'auteur que des deux premières variations sur huit

joachim a écrit:

Emmanuelle a écrit:

J'ai mis en ligne l'air de Dorina (acte I) avec hautbois obligé, absolument superbe

En effet, j'adore ce hautbois solo qui surgit après le recitatif ! Décidément, ce sont les opéras de cette époque classique (1750-1800) qui me bouleversent le plus.

Cet air est effectivement ravissant... et montre également l'évolution de la vocalité de Storace qui était encore alors empreinte d'un côté mezzo carattere (style seria introduit dans le buffa). On voit bien que tout ce qu'on a pu écrire sur le côté soit-disant exceptionnel de Don Giovanni n'est que de la c***. On est bien dans un opera buffa, et on a des personnages qui expriment leur sentiment dans le "grand style", même si ce n'est qu'une servante. (Mais c'est l"héroïne, et c'est la prima donna buffa qui l'incarne.)

joachim a écrit:

Concernant l'air "Come un agnello" que Mozart cite dans le finale de Don Giovanni, on peut supposer que Mozart l'appréciait particulièrement car il a composé des variations pour piano (K 460) sur cet aria... si c'est bien de lui car on  suppose aujourd'hui qu'il s'agirait d'une attribution erronée à Mozart, qui ne serait peut-être l'auteur que des deux premières variations sur huit

En ce qui concerne l'authenticité des variations : ici
A ma connaissance, il ne s'agit que de suppositions. Mais je n'ai pas lu toute la littérature sur la question.

Pour le reste, cette citation dans Don Giovanni est extrêmement ironique: tout le monde connaissait les paroles de cet air, archi connu à l'époque. On y décrit le personnage comme un agneau qui va à l'abattoir... ce qui est un commentaire ironique de Mozart sur le destin du personnage de Don Giovanni qui ne finira pas la nuit, et qui est aussi inconscient de son sort que le benêt à qui s'adresse l'air originel.
(Le fait que ce personnage, Titta, ait été chanté à Milan et repris à Vienne par Benucci (qui chantera Leporello à Vienne) était un gag supplémentaire.
Les spectateurs de l'époque étaient très friands de ces allusions croisées qui formaient des "conversations" entre les opéras donnés en alternance au Burgtheater de Vienne.

En ce qui concerne les clins d'oeils et gags internes dans Don Giovanni, vous pouvez également lire en ligne quelques pages de l'étude de Daniel Heartz dans Mozart's Operas. ici

Evidemment, Fra i due Litiganti était l'un des opéras les plus aimés et représenté à Prague et Vienne à l'époque de Mozart. Il a donc entièrement sa place dans ce florilège de "tubes'" qu'écoute Don Giovanni durant son repas.

Come un agnello



https://www.youtube.com/watch?v=lWx5WUmnJ-8