Nombre de messages : 27106 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Joseph Lauber (1864-1952) 2021-08-12, 13:48
Anton Joseph Lauber, né à Ruswil le 27 décembre 1864 et mort à Genève le 28 mai 1952, est un compositeur et chef d'orchestre suisse.
Fils de Josef, tailleur, et d'Anna Rast. Frère d'Emile et de Julia Céline Adam. Etudes de musique au conservatoire de Zurich, avec Friedrich Hegar et Gustav Weber, à Munich avec Josef Gabriel Rheinberger et à Paris avec Jules Massenet et Louis Diémer.
Très tôt, Lauber intègre comme pianiste un orchestre dirigé par son père. En 1881, un mécène lui permet d'entrer au conservatoire de Zurich, où il est élève de Gustav Weber et Friedrich Hegar. Il poursuit ses études en 1884 à Munich auprès de Joseph Rheinberger (orgue), et au Conservatoire de Paris auprès de Louis Diémer et Jules Massenet (piano et composition).
Après quelques années où il est organiste au Locle (canton de Neuchâtel), il enseigne de 1899 à 1901 au conservatoire de Zurich. Il déménage ensuite à Genève, où il est chef d'orchestre du Grand Théâtre pendant deux ans, professeur de piano et d'instrumentation à partir de 1907, et professeur de composition à partir de 1917. Parmi ses élèves, on compte Henri Gagnebin et Frank Martin.
En 1899, il est l'un des fondateurs du Schweizerischen Tonkünstlervereins (association suisse des musiciens).
Œuvres
Le catalogue de Lauber comporte plus de 200 numéros couvre presque tous les genres musicaux, entre autres un opéra (La Sorcière), 6 symphonies, 2 concertos pour piano et 2 concertos pour violon, des poèmes symphoniques et de nombreuses compositions vocales et de musique de chambre.
Son style tire ses influences du romantisme tardif allemand, mais aussi de l'impressionnisme français. Lauber appréciait particulièrement la musique de Claude Debussy, Gabriel Fauré et Henri Duparc. Il a également écrit l'essai Quelques considérations sur la voix chantée (Neuchâtel, 1894).
Son Ode lyrique fut composée à l'occasion de la fête fédérale de chant de Neuchâtel (1912), et sa dernière œuvre, l'oratorio Le drame de Saul de Tarse, pour le 1900e anniversaire de l'arrivée de l'apôtre Paul en Europe (1951.
Joseph Lauber: (1864-1952) : Catalogue des oeuvres, published 1991.
Avec n° d'Opus
Op.1. Croquis alpestre pour piano. Breitkopf und Härtel, 1891. Op.2. Drei Lieder aus dem Gedicht „Die zu Gersau“ contre A. Westermann, f. 1 Chant. m. Pfte. Leipzig, Breitkopf & Härtel.1893. « Fischlein, Fischlein, gieb gut acht ». « O Tochter des Hauses ». „Wenn des Winters wildes Wüthen“. Op.3. 5 lieder f. 1 Chant. m. Pfte. Leipzig, Kistner. 1895. Vaterlandslied : « Was kann ich dir sein, o mein Vaterland ». Reiterlied : « Hei hopsa, mein Rösslein ». Im Schnee : « Die Lande so weiss ». Trinklied: "Ich pfeif' was auf Ambrosia". Spielmannslied : « Armer, fahrender Geselle ». Op.4. Sonate pour violon et piano en ré mineur. Leipzig, Fritzsch1899. Op.5. Quatuor à cordes en sol mineur. Leipzig, Fritzsch. 1899. Exécuté en manuscrit à Genève vers 1897 (revue dans Le Guide musical, 7 février 1897, p.113.) Op.6. Quintette avec piano en fa majeur, über schweizerische Themen Leipzig, Fritzsch. 1899. Op.7. Sonate pour piano (n° 1) en fa mineur. Leipzig, Fritzsch 1899. Op.8. Quatuor avec piano en si ♭majeur . Leipzig, Fritzsch 1899. Op.9. 2e sonate pour violon et piano (en la ♭ majeur) Leipzig, Fritzsch. 1899. Op.10. Fantaisie en la pour violon solo et groupe de violons ("violonchor"). Neuchâtel : Sandoz 1905 ; Lausanne : Foetisch frères, 1908 ( Hofmeister's Monatsbericht (1908), p.160 .) Op.11. Hymne suisse, choeur d'hommes Lausanne Foetisch Op.14, 16, 18-26. Les Passiflores. piano 12 livres Op.15. 9 choeurs à 2 et à 3 voix, avec accompt. de piano. Lausanne : Foetisch/Londres : Augener (vers 1906) Op.17. Op.18. bis. Trois morceaux pour clarinette, alto et piano (édition Rosewood Publications 2010) Op.27. Offrande de Noël. 6 chants sacrés pour 1 ou 3 voix de femmes (solo ou chœur) avec orgue, harmonium ou piano. Neuchâtel : Sandoz, 1906 ; avec textes français et allemand (comme die Weihnachtsgabe) : Lausanne : Fœtisch frères, 1908. Op.28. Sonate pour violon et piano n° 3, en si ♭ majeur. Paris/Neuchâtel : Sandoz, 1905 (Lausanne : Fœtisch frères, 1908) Op.29-30. Volkslieder. Chœur SATB. Lausanne : Foetisch/Jobin, 1906. Op.35. Chant suisse. Pub. 1897 (!!) Op.36. Humoresque pour grand orchestre. Câlin, 1908 ; Zurich Schweizer Tonkunstlerverein 1909 Op.37. Six morceaux lyriques pour violon avec accompagnement de piano. 1910. Senart/Roudanez, vers 1920 ? Rêverie. Conté rustique. Scherzinetto. (sic) Légende. Canzonetta. Polonaise Op.38. Die Trommel des Ziska : Ballade für Baryton-Solo und Orchester. (Gedicht von Börries Freiherr von Münchhausen.) Hug & Co. Op.39. Trio avec piano en mi mineur, (1913) Op.40. Ode lyrique en 3 parties inspirées du Triptique de Paul Robert au Musée de Neuchâtel (Fœtisch, 1912) Op.41. Pages brèves, 20 morceaux pour piano (auto-édité vers 1912) Op.42. Op.43. Te Deum. Orgue de choeur soliste SATB, orchestre. Genève : Henn, 1923 Op.44. 6 Caprices. Henn, 1923. Op.45. 4 Danses médiévales pour flûte et harpe. Leipzig : Zimmermann,1928. Op.46. Op.47. 3 Morceaux caractéristiques. Fl solo 1927 Genève auto-édité 1934 Op.48. Tanz-suite. Fl P Genève auto-édité en 1934 Op.49. Prélude & Fugue. Fl solo Genève auto-édité en 1934 Op.50. Sonate pour flûte (Sonate-Fantasia in Una Parte), flûte et piano. Genève auto-publié en 1934. (Ms @ Danish Library Ballerup.) Op.51. Partita. Fl solo Genève auto-édité en 1934 Op.52. Trois Humoresques. pour flûte solo. Op.53. Grande sonate. Fl P (Zimmermann, vers 1937 ?) Op.54. Visions de corse... 5 morceaux pour 4 flûtes. Leipzig Zimmermann 1937 1.Le maquis (Solitude) - Andante 2.Evisa (Dans sa parure printanière) - Allegro scherzando 3.Sérénade (La maison de Bonaparte) - Allegretto 4.Méditation (Calanques de Piana) - Andante 5.La citadelle de corte - Allegro con fuoco
Sans numéro d'opus
4 Intermeszi pour flûte, cor anglais, clarinette et basson Marche triomphale sur le thême de la Marche des armourins : marche officielle du tir fédéral de Neuchâtel 1898 et des fêtes du cinquantenaire, publié par quelqu'un à Neuchâtel, 1898. Serinette p. Piano. La Chaux de Fonds, Wille & Co. (Berlin, Raabe & Plothow.) 1896. Album des Compositeurs neuchâtelois p. Piano. Genève 1896. Exposition nationale suisse. (Gentil, Alice, Op. 35. Nocturne. Lauber, Emile, Chaconne. Lauber, Joseph, Serinette. Munzinger, Ed., Reigen. Pantillon, Georges, Rêverie. Quinche, Alb., Gavotte. Schmid, P., Scherzo. Wuilleumier, H., Canzonetta.) La Chaux de Fonds, Wille & Co. (Berlin, Raabe & Plothow.) 1896. Cinquième caprice. Quatuor pour contrebasses publié en 1975 Hospitalité. Chœur d'hommes Lausanne Foetisch 1908 Ein Maiensag, choeur SATB. Vogele Fantaisie. 1928 Fugue en mi ♭ mineur pour orgue Concerto pour contrebasse, pub. 2005 Sonate pour contrebasse, pub. 2003 Quintette avec piano n°2 (en manuscrit) (répertorié dans "Joseph Lauber : (1864-1952) : Catalogue des oeuvres") Quintette à cordes (1936) Fantaisie pour 4 violoncelles (1936) 6 Symphonies (n°1 en mi bémol composé en 1895), n° 2 en la mineur (1895), n° 3 "Dramatique" en si mineur (1896), n° 4, n° 5, n° 6 en ré majeur (1949?) Die Alpen, suite symphonique (1896) Concerto pour flûte et petit orchestre. Rhapsodie pour contrebasse solo et orchestre Fantaisie de concert pour contrebasse et piano Sonatine pour basson et harpe Fantaisie à deux pianos sur un motif de Jean-Jacques Rousseau tiré du "Devin du village" Fantasia-quintette pour flûte, violon, alto, violoncello et harpe Trio für Flöte, Klarinette in B und Fagott Petite Suite pour flûte et harpe Suite printanière pour harpe
https://www.youtube.com/watch?v=sD7Fiof7gV0
Joseph Lauber écrivit six symphonies, jamais éditées et dont les manuscrits utilisés pour cet enregistrement sont conservés à la bibliothèque de l’Université de Lausanne.
Les années 1895-1896 où ces deux symphonies voient le jour sont celles où Mahler écrit sa 3e symphonie, Richard Strauss -né la même année que Lauber- son grand poème symphonique Also sprach Zarathustra, alors qu’en 1894 avait eu lieu la création du Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy et que Bruckner meurt en 1896.
Par rapport aux exemples cités, Lauber se montre ici un compositeur traditionnel au métier très sûr et regardant clairement vers les exemples de la génération précédente. Il évite autant le grandiose du post-romantisme austro-allemand que les toutes fraîches expériences debussystes. Le seul contemporain qui semble l’avoir marqué est Dvorák dont on trouve des échos manifestes dans la Deuxième Symphonie.
La Première Symphonie s’ouvre sur un appel de cors dans le plus pur style cor des alpes auxquels font écho de douces phrases aux flûtes. S’il n’est pas de ces symphonistes qui marquent par leurs thèmes mémorables et leurs développements élaborés, Lauber fait preuve d’un réel talent de mélodiste et se montre fin orchestrateur dans un langage qui -sans jamais les copier servilement- doit beaucoup à Brahms et plus encore à Mendelssohn, en particulier dans l’Andante espressivo qui coule de source et fait entendre un romantisme frais et sans boursouflures si typiquement mendelssohnien. C’est encore Mendelssohn qui vient à l’esprit dans le Scherzo vif et léger avec un délicieux Trio champêtre. Lauber dut sans doute se faire violence pour ouvrir un Finale de près de douze minutes par une solennelle introduction à la Bruckner (mais sans la force élémentaire du compositeur autrichien) avant de passer rapidement à une musique d’une grande aisance mélodique et d’une légèreté dansante qui renvoie à Delibes ou Messager, voire aux ballets de Tchaïkovski. Le mouvement aurait certainement gagné à un peu plus de concision, mais il s’écoute néanmoins de bout en bout avec grand plaisir.
https://www.youtube.com/watch?v=mbRHuYp_3pQ
La Deuxième symphonie -dont nous savons qu’elle fut jouée à la toute nouvelle Tonhalle de Zurich (inaugurée en 1895)- semble avoir beaucoup retenu du modèle dvorakien dans ses deux premiers mouvements, à commencer par l’élan, la fraîcheur et le lyrisme du premier mouvement (Adagio-Allegro moderato). L’Andantino qui suit présente ces phrases populaires et ce côté doux-amer si typique de Dvorák, où une gravité inattendue vient soudainement interrompre la gaité et la veine mélodique aisée de la musique.
Après un Scherzo plus sérieux que celui de la Première symphonie, l’oeuvre se termine sur un Allegro vivo peut-être un peu trop démonstratif (avec ça et là quelques réminiscences wagnériennes) où on a l’impression que le jeune compositeur souhaite montrer tout son savoir-faire, à commencer par sa maîtrise du contrepoint.