<<Né en 1907 en Transylvanie, le compositeur SANDOR VERESS est aujourd'hui encore très peu connu. Cela s'explique en partie par le fait des contingences extérieures: la guerre, l'émigration de Hongrie, fin 1949, la solitude de son exil en Suisse où il est décédé en 1992. On ignore donc généralement qu'il occupe une place bien à lui entre, d'un côté, BARTOK et, de l'autre, LIGETI et KURTAG. Sa première oeuvre, la Sonate pour piano de 1929, se détache déjà nettement des sonates pour piano de BARTOK; celui-ci s'en rendit compte aussitôt et voua dès lors une grande estime à ce jeune collègue. Les tournures mélodiques du folklore hongrois et une écriture en contrepoint strict constituent les fondements de l'art de VERESS. Il accordait une primauté absolue à la mélodie et, en composant, se laissait totalement guider par un sens de la forme qui lui permettait de capter instinctivement la structure organique de sa partition. GYORGY KURTAG, qui lui montra des compositions, rapporte: "VERESS a découvert aussitôt à quels endroits ces morceaux n'étaient pas organiques. Ce fut une heure fantastique; elle restera pour moi inoubliable." VERESS s'intéressa ensuite intensivement à WEBERN, sans pouvoir cependant en arriver aux mêmes conclusions. Même s'il a utilisé la série dodécaphonique, il rejetait toute prédétermination de la composition; "Je revendique ma liberté" disait-il. Pour lui, faire appel à la musique sérielle signifiait "trouver une orientation dans le vaste champ européen", ce qui fut pour lui, après qu'il eut décidé de s'exiler, une nécessité essentielle. Là, dans cette liberté consciemment ancrée dans les traditions hongroise et européenne, VERESS trouva continuellement, à l'écart de l'avant-garde musicale, "des solutions de composition nouvelles, convaincantes et d'une originalité très personnelle" (HEINZ HOLLIGER). VERESS suivit son chemin seul et imperturbable, ainsi qu'il l'avait décrit à BARTOK.>>
Andreas Traub.
Dernière édition par Icare le 2015-07-23, 11:26, édité 1 fois
Icare Admin
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J'ai découvert ce compositeur au travers d'une Fantaisie pour 2 pianos et orchestre à cordes intitulée Hommage à Paul Klee (1951), de son Concerto pour piano, cordes et percussion (1952) et Six Csàrdàs (1938). J'ai d'abord beaucoup aimé la Fantaisie qui se découpe en 7 tableaux, devrais-je dire, puisque chacun, par son titre, semble se référer à une toile de Klee. J'ai particulièrement été séduit par la partie n°5 "Collection de Minéraux". J'ai aimé notamment une ambiance sonore originale et très inventive entre les cordes et le piano. La sixième partie "Vert dans le vert" est l'autre sommet de l'oeuvre, beau et poétique, qui propose un jeu plein de sensibilité entre les deux pianos et les cordes: volatile!
Le Concerto pour piano, cordes et percussion est également de très bonne tenue. Un passage m'a carrément soufflé dans le premier mouvement, de par l'intensité qui en émane et la relation très passionnée entre les cordes, le piano et la percussion. Le troisième mouvement m'offre, lui aussi, un passage assez jouissif.
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Icare Admin
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Sàndor Veress naquit le 1 février 1907 à Kolozsvár, en Transylvanie (qui à l'époque faisait partie de la Hongrie) et décéda le 4 mars 1992 à Berne en Suisse. Il fut un compositeur d'origine hongroise qui, par la suite, émigra en Suisse, avant d'obtenir la naturalisation. Sàndor Veress travailla le piano avec Béla Bartók et la composition avec Zoltán Kodály à l'Académie Franz Liszt de Budapest, avant d'y enseigner lui-même la composition de 1943 à 1948. Il fut successivement assistant de László Lajtha au département musical du Musée ethnographique de Budapest, puis assistant de Bartók à l'Académie hongroise des sciences de 1936 à 1940. Il obtint le Prix Kossuth en 1948 et quitta la Hongrie l'année suivante. Il enseigna à l'Université de Berne en 1949 et au conservatoire en 1950, Berne étant devenue sa ville de résidence, puis aux États-Unis dans les années 1960 au conservatoire Peabody, enfin au Goucher College de Baltimore. Il fut notamment le maître de György Ligeti et György Kurtág.
Liste partielle des principales compositions de Veress :
__Quatuor à cordes n°1 (1931) __Trois sonatines pour piano (1932-34) __Sonatine pour violon et piano (1932) __Sonatine pour violoncelle et piano (1933) __Quatuor à cordes n°2 (1936-37) __Concerto pour violon (1937-39) __Six Csàrdàs pour piano (1938) __Sonate pour violon et piano (1939) __Symphonie n°1 (1940) __Lamentation in memoriam Béla Bartók (1945) __Hommage à Paul Klee, fantaisie pour deux pianos et orchestre (1951) __Concerto pour piano, orchestre à cordes et percussion (1950-52) __Trio à cordes (1952-54) __Symphonie n°2 (1952-53) __Symphonie n°3 Sinfonia Minneapolitana (1952-53) __Concerto pour piano et orchestre (1960-61) __Passacaglia concertante, pour hautbois et cordes (1961) __Sonate pour violoncelle seul (1967)
joachim Admin
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Hangjegyek lázadása (la révolte des notes) opéra pour enfants (1931)
Ballets
A Csodafurulya (La Flûte enchantée) (1937 ) Térszili Katicza (Catherine de Terszil (1943 )
Orchestre
Divertimento pour petit orchestre (1935) Partita pour petit orchestre (1936) A Csodafurulya ( La Flûte enchantée), Suite de ballet pour orchestre de chambre (1937) Musica Ungaresca (1938) Symphonie n° 1 (1940) Suite pour orchestre (1941) Quattro Danze transilvane pour orchestre à cordes (1944, 1949) Threnos in memoriam Béla Bartók (1945) Prélude à une tragédie (1947) Variations dramatiques (1947) Respublica nyitány (Respublica Overture) (1948) Sonate pour orchestre (1953) Symphonie n° 2 (1952-53) Symphonie n° 3 "Minneapolitana" (1953) Variations sur un thème de Kodaly (1962) Expovare pour flûte, hautbois et orchestre à cordes (1964) Musica concertante pour 12 cordes (1966) Orbis tonorum pour orchestre de chambre (1986)
Concertos
Concerto pour violon et orchestre (1939, 1948) Nógrádi Verbunkos pour violon et orchestre (1940) Hommage à Paul Klee pour 2 pianos et orchestre à cordes (1951) Concerto pour piano avec percussion et orchestre à cordes (1952) Nógrádi Verbunkos pour alto et orchestre à cordes (1940, 1956) ; arrangement par D. Marton Passacaille concertante pour hautbois et orchestre de cordes (1961) Concerto pour quatuor à cordes et orchestre (1961) Concerto pour clarinette avec harpe, célesta, vibraphone, xylophone, percussion et orchestre à cordes (1982 ) Concerto Tromboniade pour deux trombones et orchestre (1990) Concertotilinkó pour flûte et orchestre à cordes (1991)
Musique de Chambre et instrumentale
Trio pour flûte, violon et alto (1927) Trio pour 2 violons et alto (1929) Quatuor à cordes n° 1 (1931) Sonatine pour violon et piano n° 1 (1932) Sonatine pour violoncelle et piano (1933) Sonatine pour hautbois, clarinette et basson (1933) Sonate pour violon solo (1935) Quatuor à cordes n° 2 (1937) Sonate n° 2 pour violon et piano (1939) Nógrádi Verbunkos pour violon et piano (1940) Cukaszöke Csárdás pour violon et piano (1940) Trio à cordes (1954) Tre quadri pour violon, violoncelle et piano (1963) Sonate pour violoncelle seul (1967) Diptyque pour flûte, hautbois, clarinette , cor et basson (1968) Introduzione e Coda pour clarinette, violon et violoncelle (1972) Danse de Szatmar, pour trio à cordes (1977) Memento pour alto et contrebasse (1983) Baryton Trio pour baryton, alto et violoncelle (1985) Geschichten und Märchen pour deux percussionnistes (1988)
Piano
Etude (1920) Carillon (1920) Sonata (1929) Szonatina gyermekeknek I ( Sonatine pour enfants I) (1932) Szonatina gyermekeknek II ( Sonatine pour enfants II ) (1932) Sonatine (1932) Szonatina kezdő zongorázóknak (Sonatine pour Jeunes Pianistes) (1933) Tizenöt kis zongoradarab (15 petites pièces pour piano) (1935) Venti Pezzi (20 Pieces) (1938) 6 Csárdás (1938) 7 Danze Ungheresi (1938) Petite suite (1938) Billegetőmuzsika (Fingerlarks), 88 exercices (1946) Hommage au Pays de Galles, 3 pièces courtes basées sur des mélodies folkloriques galloises (1948) Cinque Pezzi (5 pièces) (v.1950) 8 Pièces (1951)
Musique vocale
Canti Ceremissi, 9 chants folkloriques tchérémisses, pour mezzo -soprano et piano (1945) Cinque Canti (5 morceaux) pour mezzo -soprano et piano (1945) ; poèmes de Attila József Elegie pour baryton, harpe et orchestre à cordes (1964) ; poème de Walther von der Vogelweide
Musique chorale
Orbán pour chœur d'hommes (1924) ; poème de Sándor Petöfi Gyermekkar és Három Canon pour choeur d'enfants (1929) Karácsonyi Kantata (Cantate de Noël) pour chœur de femmes (1934) Tizennégy férfikar magyar nepi dallamokra (14 choeurs d'hommes sur des chants folkloriques hongrois ) pour chœur d'hommes (1934) Erdélyi Kantata (Una Cantata Transilvana), 4 Folk Song Arrangements pour choeur mixte a cappella (1935) Két virágének (2 chants fleuris) pour chœur d'hommes (1936) Tizenöt gyermekkar (15 choeurs d'enfants) (1936) Betlehemi kantalo (Chant de Noël) pour chœur de femmes (1937) A búbánat keserüség (la douleur vous rend vraiment amer) pour chœur d'hommes (1938) Rabaközi nóták (Chants de Rábaköz) pour chœur d'hommes (1940) Sancti Augustini Psalmus contra partem Donati, oratorio pour basse solo, choeur mixte et orchestre (1944) ; poème ode Augustinus Laudatio musicae, oratorio pour soprano, chœur et orchestre de chambre (1958) ; poème de Valentin Rathgeber Ode All'Europa pour chœur mixte a cappella (1962) ; poème de Gyula Illyés Songs of the Seasons pour chœur mixte a cappella (1967) ; poèmes de Christopher Brennan Das Glasklängespiel, 5 chants pour solistes et orchestre de chambre (1978) ; poèmes de Hermann Hesse
Musique de scène
Médée (1938) Lucifer (1940) Le Corsaire (1949) Mariage transylvanien (1932) (musique pour la radio)
Musique de films
Föld Talpalatnyi (Le sol sous vos pieds) (1948)
joachim Admin
Nombre de messages : 27113 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Première incursion dans l'oeuvre de Veress, avec ses Danses de Transylvanie, où l'on retrouve un peu le Bartok du Divertimento, qui complète le CD. L'autre oeuvre, plus différente et proche du sérialisme (mais pas tout à fait), c'est la Nuit transfigurée de Schoenberg. C'est un CD intéressant
Icare Admin
Nombre de messages : 17474 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
J'ai découvert ce compositeur au travers d'une Fantaisie pour 2 pianos et orchestre à cordes intitulée Hommage à Paul Klee (1951), de son Concerto pour piano, cordes et percussion (1952) et Six Csàrdàs (1938). J'ai d'abord beaucoup aimé la Fantaisie qui se découpe en 7 tableaux, devrais-je dire, puisque chacun, par son titre, semble se référer à une toile de Klee. J'ai particulièrement été séduit par la partie n°5 "Collection de Minéraux". J'ai aimé notamment une ambiance sonore originale et très inventive entre les cordes et le piano. La sixième partie "Vert dans le vert" est l'autre sommet de l'oeuvre, beau et poétique, qui propose un jeu plein de sensibilité entre les deux pianos et les cordes: volatile!
Le Concerto pour piano, cordes et percussion est également de très bonne tenue. Un passage m'a carrément soufflé dans le premier mouvement, de par l'intensité qui en émane et la relation très passionnée entre les cordes, le piano et la percussion. Le troisième mouvement m'offre, lui aussi, un passage assez jouissif.
Après l'univers très singulier de la musique de chambre de Galina Ustvolskaya qui a illuminé ma fin de soirée, hier soir, l'Hommage à Paul Klee - Fantaisie pour deux pianos et orchestre à cordes (1951) et le Concerto pour piano, orchestre à cordes et percussion (1952) de Sandor Veress sont tombés à point, ce matin. Ces deux oeuvres m'ont donné une pêche incroyable! Tantôt lyriques, tantôt fougueuses et exaltées, elles ne mettent à aucun moment l'auditeur dans une situation d'attente. A aucun moment elles ne se confient l'insolente mission de jouer sur ses nerfs, de tester sa patience. L'animation est sans aucun temps mort. Chacun des sept "tableaux" de l'Hommage à Paul Klee propose une humeur musicale différente, pourrais-je presque croire à un croisement entre concerto et musique de film, bien que, paradoxalement, j'ai l'impression d'avoir écouté quelque chose d'autre, une musique dans laquelle les deux pianos et l'orchestre à cordes semblent évoluer dans une fusion idéale ou plutôt dans une parfaite interaction. Le cinquième "tableau" demeure mon préféré, le point culminant de cette oeuvre: jubilatoire, exaltant. J'aime le Concerto pour piano, cordes et percussion pour les mêmes raisons, une musique dynamique, expressive, sans temps mort. Exaltante.
Icare Admin
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Pour la petite histoire, c'est une radio dans des toilettes oubliée par un peintre qui m'a fait connaître Sandor Veress et son concerto pour piano. En quelques secondes, j'avais été saisi par la dynamique et l'intensité de cette musique. J'aurais même aimé pouvoir en écouter davantage mais j'avais au moins retenu le nom du compositeur, ce qui était l'essentiel. De toute façon, le peintre en bâtiment, tout de blanc vêtu et bedonnant, a surgi dans le local et a récupéré sa radio tout en s'exclamant: <<Qu'est-ce que c'est que cette musique de merde!!>> Il s'est retourné vers moi, m'a souri tout en s'excusant presque: <<J'ignore ce qui s'est passé, d'habitude je n'écoute jamais ce genre de musique...?...>> Je lui ai alors murmuré: <<Oh vous savez, même si vous écoutiez ce genre de musique, il n'y aurait là aucune insulte à votre goût.>> Le monsieur est parti et je ne suis pas resté très longtemps sans connaître la musique de Sandor Veress. Toutefois, aujourd'hui, ce n'est pas le concerto que j'ai réécouté, mais son Hommage à Paul Klee -Fantaisies pour deux pianos et orchestre à cordes et c'est toujours le même plaisir.
Icare Admin
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