Richard MEALE, né en 1932

Né à Sydney, en Australie, en 1932, Richard Meale a étudié le piano, la clarinette et la harpe, l'histoire et la théorie au Conservatoire de Musique d'Etat NSW, alors que dans le domaine de la composition, il s'y aventura en autodidacte. En 1960, il reçut une subvention de la Fondation Ford puis il fit des études assidues en matière de musique non occidentale à l'Université de Californie, à Los Angeles, étudia la musique japonaise, le gamelan javanais et balinais. Avec sa Sonate pour flûte et piano,en 1960, Meale attira l'attention sur les méthodes locales de l'avant-garde internationale qui n'étaient pas bien maîtrisées en Australie jusqu'alors. Cette fameuse sonate avec laquelle il gagna une subvention de la Fondation Ford, fut jouée en 1963 à l'ISCM, au Festival mondial d'Amsterdam.

 Après son retour dans son pays natal, Richard Meale a rejoint le Département de musique de l'Australian Broadcasting Corporation où, pendant sept années, il apporta une contribution importante à la Radio Nationale avec des programmes spéciaux sur la musique asiatique et contemporaine. En tant que pianiste, professeur et journaliste, chef d'orchestre et compositeur, Richard Meale  joua un rôle primordial dans la propagation de musique avant-gardiste en Australie. Il effectua les premières locales des oeuvres de Boulez, Bussotti, Castiglioni et Messiaen, ainsi que la réalisation de la première australienne du Pierrot Lunaire de Schoenberg, avec Marylin Richardson. Parallèlement à ce travail d'interprète, ses propres compositions générèrent un intérêt croissant au sein de son pays.

Richard Meale, de par un certain nombre de ses oeuvres, obtint une reconnaissance internationale et fut joué dans de nombreux festivals à travers le monde. En 1969, il fut nommé maître de conférences en composition à l'Université d'Adélaïde où il exerça jusqu'en 1988. A partir de 1979, Meale témoigne dans ses nouvelles compositions comme Viridian ou encore son Quatuor à cordes N°2 (1980), d'un changement de direction par l'introduction d'éléments plus lyriques. Ce processus s'est nettement poursuivi dans Voss, son premier opéra dont la première eut lieu à Adélaïde en 1986. Son deuxième opéra Mer de glace, à nouveau sur un livret de David Malouf, fut créé à Sydney en octobre 1991.

Richard Meale s'éteignit à l'âge de 77 ans, à Sydney le 23 novembre 2009.

Mon humeur et mes envies musicales sont rarement conditionnées par l'actualité du moment, ainsi nous sommes à Pacques et je ne suis pas pour autant attiré par l'écoute d'oeuvres religieuses se rapportant à la résurrection du Christ. Je n'écouterai donc pas aujourd'hui ni demain Les sept dernières Paroles du Christ sur la croix de Haydn ni même le bref Cantique de Pacques de Honegger. Ce n'est pas volontaire mais je ne suis  pas souvent en phase avec l'actualité et je pourrais sans surprise écouter ces oeuvres le 14 juillet par exemple!   Tout comme lorsque j'apprends la mort d'un compositeur, je ne vais pas forcément écouter une ou plusieurs de ses oeuvres le jour de la mauvaise nouvelle. Je ne pense pas avoir écouté une seule musique de Wojciech Kilar depuis que j'ai appris son décès. Ce jour viendra mais il ne correspondra probablement pas à une actualité mais à un besoin de me replonger dans son univers. Je ne suis pas en train de dire que ces événements ne me touchent pas. La disparition du compositeur polonais m'a beaucoup ému d'autant plus que je l'ai rencontré à Paris et ai discuté avec lui, un souvenir inoubliable, ce que je veux dire c'est que je fonctionne ainsi et que je ne sais pas pourquoi.  

Donc, aujourd'hui, j'ai placé entre mes oreilles la musique symphonique du compositeur australien Richard Meale. La dernière fois que je l'ai écoutée remonte à peut-être deux ans. Il était normal que j'y revienne à l'occasion de mon second cycle "Dépoussiérage". C'est un style symphonique qui me plait assez. Je le classais jusqu'à maintenant parmi les compositeurs "moyens" composant une zizique "moyenne" et j'ai redécouvert une formidable Symphonie n°1 pleine de vie, de couleurs et de créativité, une oeuvre qui ne manque pas de lyrisme, sachant exploiter toute la panoplie d'un orchestre symphonique tout en s'accordant des moments plus déshabillé et intimiste, sachant cette fois vanter la nudité d'une flûte solo ou sculpter des sonorités inédites. Outre les qualités poétiques de cette première symphonie, on prend conscience à l'écoute, d'une grande rigueur dans l'écriture symphonique portée par une belle fraîcheur d'inspiration.       

Si j'aime plutôt très moyennement son oeuvre orchestrale Viridian - manque d'émotion alors que l'approche est assez intéressante, j'ai d'emblée aimé l'ambiance impressionniste du premier mouvement On The "Mer de Glace" de Scènes from "Mer de Glace". J'ai aimé ce voyage dans lequel cette musique m'a emmené. Grâce à une belle écriture impressionniste, je me suis laissé agréablement dériver pendant environ neuf minutes. Les trois autres mouvements ne sont pas négligeables non plus. La fougue orchestrale de la Village Dance m'a presque fait chavirer et j'ai bien aimé la construction atypique de Mary Shelley's Nightmare avec cette note au piano répétée, qui pourrait sans doute paraître anodine à certains mais qui fut importante à mon oreille.   

La musique de Richard Meale peut parfois être très douce, très tendre, comme le démontre la magnifique Cantilena Pacifica pour violon solo et orchestre. J'ai été maintenuu pendant environ sept minutes à l'intérieur d'un cocon sonore suspendu au-delà des plaies de l'âme, des cris et des larmes, au-delà de moi-même. je me suis senti si bien, si apaisé, si privilégié de me sentir aussi proche de la beauté impalpable d'un son sublimé,  comme hypnotisé par ce violon des anges dans un monde de paix et d'amour. Le Concert-monologue from "Mer de glace" pour soprano et orchestre est également une musique assez douce, raffinée, lyrique.      En revanche, Variations pour orchestre ne m'a pas vraiment plu ni vraiment déplu, il ne m'en reste qu'une tiède impression, pas quelque chose qui m'ait marqué d'une manière ou d'une autre. Secondaire.

Ce qui m'a été surprenant, aujourd'hui, c'est d'avoir réécouté une oeuvre (Hommage à Garcia Lorca) pour orchestre à cordes, particulièrement virtuose, expressive et d'une grande intensité dramatique, et d'être finalement resté au bord du chemin à part peut-être dans la dernière minute finale. Tous les ingrédients...ou presque...étaient pourtant réunis: intensité, formation pour cordes, expressivité...mais l'émotion n'a pas vraiment été au rendez-vous. Ai-je été freiné par la tonitruance sérielle qui maintient l'oeuvre dans une forme expressive assez restreinte et rigide? Je pense qu'il y a de cela effectivement. Peut-être n'étais-je pas dans une humeur favorable non plus? Sans éluder totalement cette hypothèse, je pense que quelque chose manque à cette musique techniquement irréprochable et qui possède des moments assez créatifs dans les cordes. Elles impressionnent lors de la dernière minute conclusive, pas de doute là-dessus. Si Clouds now and then pour orchestre possède un caractère étrange qui ne m'a pas emporté très haut non plus - on reste là encore dans une impression bien tiède - j'ai été totalement conquis par la beauté debussyste  ou koechlinienne de Lumen pour orchestre. Dans ce registre-là, j'estime que Richard Meale est à l'aise et bien plus convaincant que lorsqu'il explore l'idiome sériel. Superbement orchestrée et d'un raffinement inouï, voilà un impressionnisme à la Française qui me va droit au coeur!   

Des oeuvres que je connais du compositeur australien, je retiens principalement sa Symphonie n°1, Scènes from "Mer de Glace" pour orchestre, Cantilena Pacifica pour violon et orchestre, Lumen pour orchestre et enfin Concert-monologue from "Mer de Glace" pour soprano et orchestre.