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  Jan KLUSAK b.1934

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Icare
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MessageSujet: Jan KLUSAK b.1934    Jan KLUSAK b.1934 Empty2010-10-22, 20:13

Le compositeur JAN KLUSAK (né le 18-4-1934 à Prague) est un des personnages les plus importants dans le monde de la musique contemporaine tchèque. Il étudie à l'Académie des Arts du Spectacle de Prague et depuis la fin de ses études,il se dévoue à la composition musicale bien qu'il ait été parallèlement un acteur de film et de théâtre,un auteur de prose et de libretti pour ses propres opéras. Ses compositions sont graduellement influencées par le néo-classicisme,la dodécaphonie et la technique sérielle de la seconde école viennoise. Il prend pourtant également exemple de gens comme ANTON BRUCKNER et GUSTAV MAHLER. Progressivement,JAN KLUSAK commence à formuler son propre style musical dont la caractéristique prédominante est l'union de la rationalité à une certaine intuition. Durant sa vie entière,le compositeur aspire à créer des oeuvres d'une seule idée; cette restriction dans l'emploi l'amène au concept "Webern" du tout au tout. Son orientation personnelle est caractérisée par les textes d'auteurs qu'il préfère mettre en musique; HALAS,HOLAN,KAFKA,SOPHOCLES,DANTE, MICHELANGELO,SHAKESPEARE, DOSTOYEVSKY et la Bible. Le compositeur expose son sens de l'humour dans la musique qu'il écrit pour le théâtre de Jara Cimrman et dans des oeuvres contenant des collages musicaux.
Dès les années 60,il met en pratique de nouvelles approches rationnelles de la composition,particulièrement sous une forme qu'il nomme < invention >. Cette période crée une collaboration étroite avec une association exclusive d'instruments à vent dirigée par LIBOR PESEK. C'est pour l'Harmonie de Chambre de celui-ci qu'il compose ses "IMAGES" pour 12 instruments à vent. L'oeuvre la plus importante de cette période est ses "VARIATIONS ORCHESTRALES" sur un thème de MAHLER (1962). C'est à ce moment-là que le compositeur est en proie à de sérieuses critiques de la part de ceux qui n'ont pas su apprécier son imagination extraordinaire et l'originalité de ses techniques de compositions et qui le condamnèrent pour ses vues pessimistes sur la vie. Durant les années de normalisation,après 1968,JAN KLUSAK est pratiquement excommunié de la vie musicale tchèque; ses oeuvres sont davantage jouées à l'étranger,comme par exemple lors des Festivals d'Automne de Varsovie. La 3ème Biennale internationale des Jeunes Artistes à Paris lui accorde un prix pour sa "première invention". KLUSAK compose sans cesse,écrit de nombreuses autres "inventions",adopte le royaume de la musique dramatique (l'opéra-pastiche "BERTRAM ET MESCALINDA),l'opéra "LA NUIT DES ROIS",le singspiel inspiré du Méchant Cerf de Klicpera. JAN KLUSAK démontre une compréhension exceptionnelle de l'atmosphère cinématographique. En plus de son travail spécial pour la reconstitution du film muet MONTE-CRISTO,il compose deux oeuvres totalement différentes (l'une étant de chambre,l'autre symphonique) pour la reconstruction du film EROTIKON de 1929.
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MessageSujet: Re: Jan KLUSAK b.1934    Jan KLUSAK b.1934 Empty2014-12-14, 19:16

Jan Klusak est, d'après ce que j'ai pu lire ci et là, un compositeur original, totalement indépendant, voire dérangeant dans le vaste paysage musical tchèque. Cependant, je n'ai pas eu jusqu'à aujourd'hui beaucoup d'opportunités pour découvrir un peu mieux son approche artistique. Peut-être n'ai-je pas pris le temps de les susciter par une recherche plus assidue. Je me suis contenté de la partition néo-classique qu'il composa pour la version restaurée du film muet Monte-Cristo, tourné en 1925 par le célèbre metteur-en-scène français, généralement spécialisé dans le film romantique, Henri Fescourt, que je trouve plutôt pas mal dans son ensemble et qui m'évoque un peu le style musico-cinématographique d'Arthur Honegger, l'intensité en moins. Ce que je veux surtout dire par "intensité en moins", c'est que la musique ne me paraît pas d'une très grande tension dramatique. Je la trouve plus souvent contemplative, un peu à l'ancienne: elle se termine d'ailleurs sur une charmante valse "à la Française".
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MessageSujet: Re: Jan KLUSAK b.1934    Jan KLUSAK b.1934 Empty2014-12-15, 18:59

Fantasie lyrique


J'aime bien cette musique, qui me fait penser à de la musique de film (pas étonnant quand on sait qu'il touche aussi au cinéma), sa musique est assez figuraliste à mon sens : on imagine facilement un paysage, une animation, une scène...
Je ne m'attendais pas non plus à trouver une oeuvre comme celle-ci qui sonne plus fin romantique que contemporaine...

Nostalgie de Mozart

https://www.youtube.com/watch?v=TYiDBL-XluE&feature=emb_title

Même remarque, je suis curieuse d'entendre de la musique qui sonne romantique même si on tend vers l'étirement de la tonalité, ses limites et que c'est riche harmoniquement. A quelques passages, on se demande si c'est tonal ou pas, on retrouve à quelques brefs moments, un rythme presque caractéristique de l'Europe de l'Est (j'ai presque envie de dire musique russe, mais je ne connais pas assez la musique tchèque pour savoir).
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MessageSujet: Re: Jan KLUSAK b.1934    Jan KLUSAK b.1934 Empty2014-12-15, 19:35

Tu as parfaitement raison, Pianoline, il se passe quelque chose d'assez singulier et personnel dans cette musique laquelle ne semble pas se limiter à un romantisme tardif. On sent qu'il y a une certaine recherche, que ce n'est pas juste une musique "à la manière de". J'aime bien la poétique de ce court extrait, la façon dont il se développe et distille un certain mystère:

https://www.youtube.com/watch?v=rAG37abcHfs&spfreload=10
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MessageSujet: Re: Jan KLUSAK b.1934    Jan KLUSAK b.1934 Empty2015-05-15, 19:09

Icare a écrit:
Jan Klusak est, d'après ce que j'ai pu lire ci et là, un compositeur original, totalement indépendant, voire dérangeant dans le vaste paysage musical tchèque. Cependant, je n'ai pas eu jusqu'à aujourd'hui beaucoup d'opportunités pour découvrir un peu mieux son approche artistique. Peut-être n'ai-je pas pris le temps de les susciter par une recherche plus assidue.

Cette opportunité s'est enfin présentée avec toute une série de compositions écrites pour le concert et réparties sur deux cd:

__Invention n°1 pour orchestre de chambre - 1961
__Invention n°2 pour orchestre de chambre - 1962
__Invention n°3 pour ensemble d'instruments à cordes - 1962
__Invention n°4 - The Burrow - pour orchestre - 1964
__Invention n°5 - A Game of Chess - pour quintette à vent - 1965
__Invention n°6 pour neuf instruments - 1969
__Invention n°7 pour orchestre - 1973
__Invention n°8 - Quadratura circuli - pour petit orchestre - 1973
__Invention n°9 - In the automn - pour contralto, choeur d'hommes et orchestre - 1992/2012
__Invention n°10 - Tetragrammaton sive Nomina Eius - pour orchestre - 1992
__Perished Happiness - Poème symphonique pour orchestre - 2006/2011


Bien sûr, il serait fastidieux que je m'arrête sur chacune de ces oeuvres, d'autant plus que je n'en suis encore qu'à une première approche, ne peux donc en avoir pour l'heure qu'une impression approximative et globale. Ce que je peux déjà dire c'est qu'il s'agit de compositions intéressantes et ingénieuses, les premières Inventions témoignant d'un atonalisme sans concession, la toute première m'ayant parue sérielle mais dans une certaine douceur et un agencement des sons qui me la rendent accessible et même séduisante. Parmi les premières, c'est peut-être la N°3 pour cordes qui, lors de cette découverte, m'a le plus accroché. Je m'attendais à une forme plus aride et rigide, et, en fin de compte, bien qu'atonale, j'y ai ressenti une certaine souplesse de ton, certes quelque chose de tourmenté, mais rien de rugueux ni d'agressif, une musique sinueuse et inventive qui dépasse à peine les cinq minutes. Ce qui ressort de ces 10 Inventions, allant de 1961 à 1992, c'est le délaissement progressif mais peut-être pas complet du sérialisme. La concession tonale s'installe incidieusement. Elle prend forme dans la N°9 pour contralto, choeur d'hommes et orchestre et plus encore dans la N°10 pour orchestre, provisoirement ma préférée parmi les cinq dernières. L'ultime composition du disque, Perished Happiness, épouse avec beaucoup de raffinement la forme tonale, et cela-même si la pensée du compositeur m'a paru encore très allambiquée. Des idées de couleurs m'ont vraiment plu dans chacune de ces créations et leur principale force est déjà de me donner envie d'y revenir et d'approfondir. Very Happy
__
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MessageSujet: Re: Jan KLUSAK b.1934    Jan KLUSAK b.1934 Empty2015-12-16, 18:50


Dans un premier temps, je dirais que ces Dix Inventions de Jan Klusak me font penser dans leur évolution stylistique aux Neuf Concertos pour orchestre de Goffredo Petrassi mais dans un sens inversé. Avec le compositeur italien, le premier concerto est plutôt tonal et plus on se rapproche des années 50, le huitième et neuvième épousent le sérialisme, c'est-à-dire, plus l'auditeur avance dans l'écoute de ces oeuvres dans un ordre chronologique, plus il se frotte à l'austérité d'une écriture atonale et plus précisément sérielle. C'est une évolution qui s'inverse avec les "Inventions" de Klusak. La N°1 pour orchestre de chambre est une oeuvre sérielle comme celles qui suivent mais je dirais que la N°9 "In the Automn" pour contralto, choeur d'hommes et orchestre, composée en 1992 et probablement revisitée en 2012, semble prendre de réelles distances avec le sérialisme. "Tetragrammaton sive Nomina Eius" (N°10) (1992) apparaît comme un "idéal harmonique", comme l'aboutissement d'une pensée musicale qui se dessine de manière énigmatique tout au long des différentes "Inventions". Le poème symphonique "Perished Happiness" pour orchestre (2006/2011) s'affirme à mon oreille comme le prolongement de cet aboutissement harmonique et expressif. Il est présenté sur ce double-cd en bonus et bien que 14 ans le séparent de la N°10, la filiation entre les deux me paraît évidente. Si je me retrouve malgré tout dans une sorte de flou et de mystère, je ressens comme un sentiment de bien-être m'envahir, de plénitude, comme si un monde sonore s'éteignait puis un autre recommençait, certes plus souple, moins hostile, moins brutal, plus hospitalier, un nouveau monde dont je me demande vers quel autre monde il évoluera à son tour. Outre ces deux dernières pièces, une autre "Invention" que j'adore également est étrangement la N°1 qui symbolise selon la méthode "Klusak" l'ancien monde - le monde sériel. Voilà mon impression, comme avec les "Concertos pour Orchestre" de Petrassi, je passe d'un monde sonore à l'autre. Je suis très sensible à cette idée, à ce passage plus ou moins progressif de l'atonalité vers la tonalité ou vice-versa. Il y a vraisemblablement un lien mystérieux entre ces musiques et ce que je recherche depuis toujours dans la musique en général. Trouverai-je la réponse un jour?


Dernière édition par Icare le 2021-10-07, 07:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Jan KLUSAK b.1934    Jan KLUSAK b.1934 Empty2017-02-04, 18:05

Icare a écrit:
Jan Klusak est, d'après ce que j'ai pu lire ci et là, un compositeur original, totalement indépendant, voire dérangeant dans le vaste paysage musical tchèque. Cependant, je n'ai pas eu jusqu'à aujourd'hui beaucoup d'opportunités pour découvrir un peu mieux son approche artistique. Peut-être n'ai-je pas pris le temps de les susciter par une recherche plus assidue. Je me suis contenté de la partition néo-classique qu'il composa pour la version restaurée du film muet Monte-Cristo, tourné en 1925 par le célèbre metteur-en-scène français, généralement spécialisé dans le film romantique, Henri Fescourt, que je trouve plutôt pas mal dans son ensemble et qui m'évoque un peu le style musico-cinématographique d'Arthur Honegger, l'intensité en moins. Ce que je veux surtout dire par "intensité en moins", c'est que la musique ne me paraît pas d'une très grande tension dramatique. Je la trouve plus souvent contemplative, un peu à l'ancienne: elle se termine d'ailleurs sur une charmante valse "à la Française".

Dans toutes les musiques de films et compositeurs de cinéma que j'évoque ici, il y en a des plus marquants que d'autres, des bandes originales que l'on trouve sympathiques et celles plus mémorables ayant la profondeur suffisante pour en faire des oeuvres à part entière qui peuvent être appréciées en concert, sans même connaître les films pour lesquels elles ont été imaginées et conçues. J'ai évoqué la charmante partition que le compositeur tchèque Ondrej Soukup composa sur le film oscarisé Kolya. C'est une musique de séduction immédiate, mais qui, comme certains films, s'apprécie sur le moment mais ne laisse pas une très grande trace derrière elle. A l'époque, je l'avais conservée pour son style un peu singulier, nourrissant l'espoir de découvrir des choses plus consistantes d'Ondrej Soukup, or ces choses ne sont pas encore venues et je n'aime pas trop le peu que j'ai découvert sur Youtube. Avec Jan Klusak, autre compositeur tchèque mais pas vraiment de la même génération, c'est une expérience inverse. Je l'ai découvert par le biais de sa partition symphonique pour la version restaurée du film muet Monte-Cristo. La première impression, je l'avoue, fut un peu tiède, il y a quelques années de cela. Au fil du temps et des écoutes, cette musique a fini par me pénétrer plus en profondeur. Une trace de son emprise est restée en moi; sa dimension dramatique, ses moments plus légers, plus doux, son aspect sombre traversé de rares lumières par la lucarne de l'espoir. Aujourd'hui, en la réécoutant, j'ai pris conscience de l'effet qu'elle a désormais sur moi. Puis, cette musique m'a conduit vers un autre aspect du talent de Jan Klusak; ses Dix Inventions pour formations instrumentales diverses, un aspect sans doute plus personnel et ambitieux. J'y reviens ce soir.
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MessageSujet: Re: Jan KLUSAK b.1934    Jan KLUSAK b.1934 Empty2020-03-18, 09:14


Je reviens sur ce fil pour reparler de ces fameuses Inventions. Elles correspondent parfaitement au thème de mon nouveau cycle. Bien que je commence à mieux les connaître à force d'écoutes attentives, je ne saurais encore m'arrêter sur chacune de ces pièces. La raison première est que je les écoute toujours dans leur intégralité, environs 38 + 68mn de musique. J'en sors toujours avec une impression globale comme si chaque "Invention", même en y rajoutant le poème symphonique Perished Happiness, n'était qu'une partie ou un mouvement d'une oeuvre plus monumentale. Ces Inventions de 1 à 10, y compris Perished Happiness, me fascinent de plus en plus, mais certainement pas de la même manière que L'Oeil qui Ment de Jorge Arriagada. Pourquoi cette comparaison? Je ne souhaite pas comparer ce qui n'est pas comparable, mais la musique d'Arriagada exprime avec beaucoup de lyrisme et une certaine "simplicité/limpidité", des idées musicales directes et aisément accessibles. Il en ressort une musique fort belle et émouvante. Avec les "Inventions" de Jan Klusak, c'est une toute autre démarche qui, certes, n'a probablement pas été conditionnée par des images et obéit à des impératifs plus personnels. J'ai employé le terme "alambiqué" dans un commentaire précédent, or ce n'est pas exactement ça. Les pensées musicales y sont plus sinueuses, plus complexes, moins évidentes, pas forcément alambiquées. Tout semble avoir été méticuleusement pensé et soigneusement réalisé, combiné. Il en ressort des architectures certes tourmentées mais fortement poétiques. Il y a aussi un aspect interrogatif, énigmatique, mystérieux, et c'est quelque-chose qui me plait beaucoup. Il y a de magnifiques "détails" qui y participent, une trompette solo dans l'Invention n°7 pour orchestre (1973), des sonorités scintillantes dans l'Invention n°10 - Tetragrammaton sive Nomina Eius pour orchestre (1992), des effets subtils dans l'Invention n°1 pour orchestre de chambre (1961) d'un esprit pourtant très sériel sans l'excès de rigidité qui peut parfois plomber ce genre de musique, des choeurs magnifiques dans l'Invention n°9 - In the automn pour contralto, choeur d'hommes et orchestre (1992/2012), etc...
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MessageSujet: Re: Jan KLUSAK b.1934    Jan KLUSAK b.1934 Empty2021-10-07, 11:13

Quelques commentaires de Jan Klusak:

 Jan KLUSAK b.1934 Klusak_jan_2

Mozart était l’enfant prodige et je me disais à six ans que j’aimerais faire quelque chose comme lui. Mais cela ne s’est pas réalisé. Peut-être y a-t-il un certain rapport à Mozart dans le style néo-classique qui a été moderne à l’époque de mes études. C’est dans ce style que composaient Stravinsky, Prokofiev et Iša Krejčí, tous mes compositeurs modèles, et au début ma façon de composer ressemblait à la leur.

Les propositions ne manquent pas mais moi, je veux me concentrer, à mon âge avancé, sur mes monuments, mes œuvres symphoniques, opéras, ballets et oratorios. Il ne me reste que peu de temps. Je ne compte pas rester ici jusqu’à l’infini. (…) Verdi a écrit ‘Falstaff’ à 80 ans, Stravinsky a composé, je pense, jusqu’à 85 ans. Mais tout le monde n’a pas la santé d’un Stravinsky. Espérons que le Bon Dieu me laissera encore faire quelque chose.

...Ayant eu aussi une activité d'acteur de cinéma...

Quand on n’est pas acteur, on n’a pas de technique, pas de métier théâtral. On ne peut donc pas jouer. On ne peut que se faire filmer. Ce qu’on fait, ça reste dans le film. Je n’avais donc pas de trac, pas de problèmes, je ne faisais qu’exister devant la caméra.

J'ai réécouté avec beaucoup de plaisir ses 10 Inventions + Perished Happiness, Symphonic Poem for Orchestra. Je suis de plus en plus captivé par les plus atonales, les premières donc qui prennent ouvertement la voie du sérialisme, même si celles qui semblent se réconcilier avec la forme tonale en optant pour plus de lyrisme et moins d'austérité, conservent toute ma préférence. Je ne ressens rien de gratuit dans l'approche de Jan Klusak, rien de surfait, c'est-à-dire rien qui m'évoquerait un créateur poreux qui se sentirait obligé d'écrire de la musique sérielle pour de la musique sérielle, parce que ce serait le courant dominant du moment: passage obligatoire pour tout musicien sérieux... Je ne crois pas à cette démarche. Je crois davantage à la démarche d'un musicien en parfaite harmonie avec son temps et curieux des différents langages et expérimentations de celui-ci. Ca ne changera rien pour celui ou celle qui rejette toutes formes de musiques sérielles, voire atonales dans un sens plus large, mais pour quelqu'un comme moi qui en accepte certaines tournures et expressions, même parmi les plus radicales, Je ressens une réelle dimension humaine dans les deux premières Inventions pour orchestre de chambre, composées en 1961 et 1962, les autres aussi bien sûr... La troisième, par exemple, pour instruments à cordes, également composée en 1962, comme la seconde, est de ces musiques atonales, sinueuses et tourmentées, pour cordes qui m'ont toujours fasciné. Derrière une apparente austérité de ton se cache une réelle respiration, un réel souffle de vie, et surtout une réelle construction qui, à mon oreille du moins, m'est plus poétique, dramatique, que mécanique. S'ajoute à cette alchimie qui fonctionne une progression qui, d'"Invention" en "Invention", se rapproche d'une musique plus tonale, non dépourvue de moments plus lyriques.
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