Maddalena Lombardini (Sirmen) 1745-1818

Maddalena Laura Sirmen, née Maddalena (Madelena) Lombardini, (Venise, le 9 décembre 1745, Venise le 18 mai 1818) était une compositrice et une violoniste italienne du xviiie siècle.


Maddalena Lombardini naquit à Venise de parents pauvres mais nobles. Elle commença ses études en 1753 dans un orphelinat, l'Ospedale dei Mendicanti, où elle apprit aussi la musique, spécialement le violon et la composition, avec Ferdinando Bertoni.

Pendant ses quatorze années passées à l'orphelinat, elle fut autorisée de temps en temps à sortir pour étudier à Padoue avec le violoniste Giuseppe Tartini, avec l'espoir que Maddalena développerait les qualités exigées par une femme ambitieuse. Comme elle espérait jouer du violon de manière professionnelle dans une Europe dominée par les hommes, Tartini paya pour ses leçons de musique à l'orphelinat.

À l'âge de 21 ans, Maddalena reçut son diplôme et fut autorisée à poursuivre une carrière musicale hors de Venise. Maddalena se maria avec le violoniste Ludovico Sirmen en 1767. Ils partirent en tournée tous les deux la même année. Bien qu'il existe peu de documents sur leurs relations, il semble qu'il encouragea la carrière de Maddalena, respectant ses compositions et appréciant ses succès de soliste. Maddalena eut bientôt la réputation d'être une des meilleures violonistes jamais sorties d'un orphelinat de Venise. Début 1768, le couple réside à Turin, où l'abbé local, Quirino Gasparini, exprime son admiration pour Lombardini Sirmen dans une lettre à un de ses amis, le compositeur Padre Martini.

Maddalena avait peut-être encore plus de succès en tant que compositrice. Les jeunes mariés jouèrent au Concert Spirituel à Paris le 15 août 1768, un double concerto pour violon et le Mercure de France parla en termes enthousiastes du concerto qu'ils avaient composé. Elle publia à Paris en 1770 sa première collection de musique. Sa relation avec Lodovico prit fin la même année. Il retourna à Ravenne avec sa fille, auprès de sa maîtresse, la comtesse Zerletti. Maddalena continue sa carrière accompagnée de Don Giuseppe Terzi, un prêtre et chevalier servant de Venise.

En 1771, Maddalena fit ses débuts à Londres avec son Concerto pour violon, et reçut des critiques dithyrambiques. Maddalena vint à Londres pour la dernière fois en 1772, en tant que cantatrice et essuya un échec. En 1775, elle a chanté à Pavie, en 1776 à Pise. En 1782, elle a joué à Dresde. A Moscou en 1784, elle a chanté et joué du violon. [1] Lors de ses voyages artistiques, elle était toujours accompagnée de Terzi. Bien que sa carrière ait décliné dans ses dernières années, on se souvient d'elle comme une compositrice et une exécutante brillante. En 1785 elle retourna au Concert Spirituel à Paris puis rentra en Italie pour s'installer à Ravenne puis à Venise où elle demeura le reste de sa vie. En 1795, elle a accueilli une fille adoptive, Angela Maddalena Bernardo.

Maddalena et Ludovico Sirmen ont eu une fille, Alessandra (née en 1769) qui se mariera en 1799. Maddalena Sirmen avait au cours de sa carrière de ses actifs gérés de façon indépendante. En 1798, elle semblait être une femme riche ; mais avec l'effondrement de Venise par l'invasion de Napoléon, elle a perdu sa fortune, elle est décédée très appauvrie le 18 Mai 1818, neuf jours après Terzi.




Œuvres

Six Trios à deux violons et violoncelle obligé, op 1 (1770)
Six Quatuors à deux violons, alto, et basse, op 3B (1769) : mi b majeur, si b majeur, sol mineur, si b majeur, fa mineur, mi majeur
6 Duos pour deux violons, dédiés au Duc de Gloucester, op 5 (1773)
3 Concertos pour violon (violino principale, violino primo & secondo, alto & basse, hautbois, cornes de chasse ad libitum), op 2 (n.d.)
6 Concertos pour violon avec accompagnement de hautbois, deux cors et cordes, op 3 (1770)
Six Duos ou Sonates à deux violons, op 4 (1770)
Six Concertos adaptés pour le clavecin par Signor T. Giordani en 1773
Sonate pour violon et violoncelle en la majeur (1776)
Quatuor à cordes en fa majeur, fragment
Trio en si bémol pour 2 violons et violoncelle obbligato

Attention, chefs d'oeuvre ! J'ai écouté coup sur coup les 6 concertos pour violon opus 3 (CD Hungaroton) et les 6 Quatuors à cordes (CD Tactus)

Concertos et quatuors sont absolument magnifiques, un style classique comme je l'aime. Une compositrice qu'il faut absolument découvrir ! (pas de mauvaise interprétation, Snoopy )













Et pour vous faire une idée :


https://www.youtube.com/watch?v=8kAVv6Pog0M

C'est pas mal du tout en effet. Ca fait penser à un mélange de Haydn et Mozart

Autre biographie

Maddalena [Madelena] Laura Lombardini [Sirmen, Syrmen] (Venise, 9 décembre 1745 - Venise, 18 mai 1818) était une compositrice, violoniste et chanteuse italienne.

Fait inhabituel pour une femme compositrice à cette époque, il semble qu'il n'y ait eu aucun autre musicien dans sa famille et elle est devenue célèbre grâce à ses propres efforts. En 1753, elle fut admise à l'Ospedale dei Mendicanti de Venise, non pas en tant qu'orpheline mais en tant que musicienne qui serait un atout pour leur choeur et orchestre entièrement féminins.
Elle devait être une violoniste hors pair puisqu'en 1760 elle fut autorisée à se rendre à Padoue pour étudier avec Tartini ; comme les cours étaient retardés, Tartini lui écrivit une longue lettre expliquant ses méthodes de jeu du violon et la meilleure façon de s'entrainer. Il a été copié à Padoue avant d'être envoyé et en 1770, il était imprimé en Italie, suivi peu de temps par des traductions en anglais (par Charles Burney), en allemand et en français.

Lombardini a probablement appris la composition par le maestro di coro de l'Ospedale, Ferdinando Bertoni, et probablement aussi par Tartini. Les dates de ses compositions sont inconnues, mais comme la plupart d'entre elles étaient imprimées avant 1774, elles ont peut-être été composées alors qu'elle était encore à l'Ospedale. En 1766, après 13 ans à l'Ospédale, elle veut partir.
Tartini a essayé en vain de lui trouver un mari, mais l'année suivante, elle a épousé le violoniste et compositeur Lodovico Sirmen (1738-1812). En 1768, le couple a commencé une tournée européenne très réussie, jouant à Turin et plusieurs fois au Concert Spirituel à Paris, où six de ses quatuors à cordes ont été publiés en 1769. Bien que la page de titre indique "Composta Da Lodovico, E Madelena Laura Syrmen", des preuves stylistiques indiquent qu'il s'agit entièrement de son propre travail.

En janvier 1771, ils se séparèrent et Lodovico s'installa à Ravenne avec leur fille Alessandra (née en 1769) pendant que Maddalena se trouvait à Londres, annoncée comme «la célèbre Mme Lombardini Sirmen». Elle y connut deux saisons très réussies comme violoniste, jouant dans diverses séries de concerts (dont les concerts Bach-Abel) et au théâtre, suivies d'une troisième lorsqu'elle devint chanteuse. Ses six concertos pour violon ont été publiés en 1772-1773, suivis en 1773 d'arrangements pour clavier par Tommaso Giordani.

Après Londres, elle joua ou chanta dans diverses villes italiennes, à Paris, à Dresde et comme chanteuse principale à Saint-Pétersbourg (1783). En 1785, elle se produit à nouveau au Concert Spirituel, jouant ses propres concertos pour violon, mais est critiquée pour ses manières démodées.
Elle s'installe ensuite à Venise et Ravenne, où elle passe le reste de sa vie. La musique de Lombardini était largement connue de son vivant. Un concerto pour violon a été joué à Stockholm en 1774, et dans une lettre de Salzbourg du 12 avril 1778 à sa femme et à son fils Wolfgang, Léopold Mozart a déclaré : «Après la symphonie, le comte Czernin a joué un concerto magnifiquement écrit par Sirmen». Les quatuors à cordes, pour la plupart en deux mouvements, se distinguent par leurs parties intérieures intéressantes. Les premiers mouvements des concertos pour violon sont généralement sous forme de sonate embryonnaire, les mouvements lents en binaire et les finales en forme de rondo. Sa musique a été largement publiée et fréquemment réimprimée par plusieurs éditeurs différents à Paris, aux Pays-Bas, en Allemagne et à Londres.



https://www.youtube.com/watch?v=ohaUUaHsfQs&t=1s

Un album chez Brillant ce mois ci lui est consacré

Il faudrait pouvoir l'écouter en entier. De ce que j'ai écouté d'elle jusqu'à présent, pas compliqué : tout est beau

Suffit de demander, tu as l'album entier en playlist ICI

Ah oui, merci. J'avais pas vu qu'il existait en playlist

L'intégralité ici. Pas convaincu ni par la qualité de l'enregistrement et encore moins par le son du violon à la limite du désagréable.

C'est une musique qui me caresse dans le sens du poil, comme dit l'ami Icare

Le détail :

0:00:00 String Quartet No. 4 in B-Flat Major: I. Cantabile
0:00:57 String Quartet No. 4 in B-Flat Major: II. Minuetto
0:09:51 String Quartet No. 3 in G Minor: I. Tempo giusto
0:16:15 String Quartet No. 3 in G Minor: II. Allegro-sostenuto-allegro-sostenuto
0:21:19 String Quartet No. 6 in E Major: I. Andantino
0:27:37 String Quartet No. 6 in E Major: II. Con brio-minuetto-con brio
0:31:19 String Quartet No. 1 in E-Flat Major: I. Andante ma con un poco di moto
0:37:33 String Quartet No. 1 in E-Flat Major: II. Allegretto
0:43:38 String Quartet No. 5 in F Minor: I. Larghetto-allegro-larghetto
0:51:49 String Quartet No. 5 in F Minor: II. Minuetto
0:56:12 String Quartet No. 2 in B-Flat Major: I. Andantino
1:03:20 String Quartet No. 2 in B-Flat Major: II. Allegro


Le commentaire :

Lorsque le Quatuor Allegri a réalisé cet enregistrement en 1994, presque personne n'avait jamais entendu le nom, encore moins la musique de Maddalena Lombardini Sirmen. Née à Venise en 1745, elle grandit dans l'un des ospedali vénitiens qui s'occupaient des orphelines et se révéla rapidement une violoniste et une chanteuse hors du commun. Son talent était digne d'être enseigné par Tartini, le plus grand virtuose et innovateur du violon de son époque. En 1767, elle épousa un collègue violoniste, Lodovico Sirmen, et le couple entreprit l'année suivante une tournée de concerts en Europe qui les conduisit à Paris. Maddalena se rendit ensuite à Londres, mais en 1771, le couple s'était séparé et Ludovico était retourné en Italie.

Elle a probablement composé cet ensemble de six quatuors alors qu'elle était encore résidente à l'Ospedale dei Mendicanti. Ils ont été publiés pour la première fois en 1769, peut-être pas par hasard, par une femme, Madame Berault, qui dirigeait une entreprise parisienne. Cette date les rend directement contemporains des quatuors Op.9 de Haydn, qui sont généralement considérés comme marquant la naissance du quatuor à cordes en tant que genre autosuffisant. Ces quatuors sont de taille plus modeste que l’exemple de Haydn, tous moulés dans une paire de mouvements contrastés, lent-rapide, mais la maîtrise de Lombardini Sirmen dans son métier est évidente à la fois dans la clarté de l’écriture des parties pour cordes et dans la fraîcheur de l’inspiration mélodique.

Des éclairs d'humour traversent la surface élégante de la musique, comme les modulations abruptes de l'Allegro du n°2. Le Larghetto du n°5 est un bel exemple du pathétique qu’elle apporte aux mouvements lents, et l’Allegro du n°6 complète l’ensemble par une galanterie qui n’a rien à envier à l’exemple de Boccherini. « Le soin et l'attention [est] apportés à la musique par l'Allegri… magnifiquement jugée. » (Gramophone)

Concerto pour violon en mi majeur op. 2 n° 2, transcrit pour clavecin seul par T. Giordani



https://www.youtube.com/watch?v=uNe5ImmPkzg

Concerto in E-Major Opus 2, 2

1) Allegro: 00:00
2) Andante: 5:44
3) Rondo: 8:50



Note de David Bolton

Nous rencontrons aujourd’hui une musicienne – compositrice, grande violoniste et chanteuse – née à Venise et qui possédait un talent exceptionnel. Son succès est particulièrement impressionnant si l'on considère le fait que Maddalena Laura Lombardi (son nom de jeune fille) est née dans la pauvreté. Bien que ses parents soient de naissance noble, ils étaient devenus très pauvres et n'avaient plus d'argent à consacrer à l'éducation de leur fille. Cependant, comme Maddalena faisait preuve d'un talent musical considérable, elle fut acceptée dans l'un des quatre « Ospedali Grandi », des hospices qui formaient des orphelines à la musique, à l'âge de sept ans. Elle a peut-être suivi des cours avec Ferdinando Bertoni, célèbre compositeur et organiste.

Pourtant, en ce qui concerne les instruments, son premier amour fut le violon et elle fit apparemment des progrès rapides, car à l'occasion on lui permit de partir pour étudier avec Giuseppe Tartini (1692-1770), qui fut peut-être le violoniste le plus célèbre de cet âge. Tartini devait être convaincu des capacités de la jeune fille, car c’est lui qui paya ses frais de scolarité à l’orphelinat. À l’âge de 21 ans, elle obtient une licence de « maestra » à l’orphelinat et est autorisée à quitter Venise pour poursuivre une carrière musicale ailleurs.
Environ un an plus tard seulement, elle épousa un célèbre violoniste : Ludovico Sirmen, et les deux commencèrent à faire des tournées musicales ensemble. Maddalena Lombardini Sirmen fut rapidement reconnue comme l'une des plus grandes violonistes et compositeurs à avoir jamais été enseignés dans un orphelinat vénitien, et ces institutions étaient connues pour leurs normes musicales élevées. Un expert de l’époque a noté qu’elle interprétait à la perfection les compositions de Tartini, ce qui n’était pas une mince affaire.
Elle connaît également du succès en tant que compositrice : à 22 ans, elle et son mari co-composent un concerto pour deux violons, qu'ils interprètent à Paris avec un grand succès. Elle s'est rendue à Londres au moins deux fois : en 1771, lorsqu'elle a joué un concerto pour violon qu'elle avait composé et qui était un tour de force virtuose ; cela lui a valu des critiques élogieuses ainsi que du soutien. Elle revient à Londres un an plus tard, cette fois en tant que chanteuse !

L'œuvre actuelle était à l'origine un concerto pour violon, la deuxième d'une série de trois œuvres de ce type qui composent ensemble son Opus 2. Elles devaient en effet être populaires, car un autre compositeur — Tommaso Giordani (1738-1806) — a transcrit les trois pour clavecin solo. Dans cet enregistrement, vous entendrez le deuxième concerto du coffret.
- David Bolton, « Le claveciniste numérique »