Jacques Duphly (1715-1789)

Jacques Duphly (ou du Phly) (12 janvier 1715, Rouen - 15 juillet 1789, Paris) est un compositeur, organiste et claveciniste français.

Élève de François d'Agincourt, il débute une carrière d'organiste à la cathédrale d'Évreux puis dans plusieurs églises à Rouen. Puis il s'installe à Paris et se consacre dès lors uniquement au clavecin, choix délibéré rapporté par Marpourg, afin de ne pas abîmer ses mains aux claviers d'un orgue, beaucoup moins délicats que ceux d'un clavecin. Il vit en tant que professeur et artiste indépendant fréquentant les élégants salons parisiens où il acquiert une grande réputation.

Son œuvre comprend quatre livres de pièces parus respectivement en 1744, 1748, 1756 et 1768. Ces pièces souvent virtuoses retracent l'ultime évolution de la littérature pour le clavecin avant que celui-ci disparaisse, remplacé par le piano dans la faveur des musiciens. Si les premières œuvres s'inscrivent dans la grande tradition française illustrée par Couperin, les dernières ressortissent clairement du style galant en faveur à la veille de la Révolution. Le troisième livre comprend, outre des pièces pour clavecin seul, des pièces pour clavecin avec accompagnement de violon, selon la formule à la mode inaugurée par Mondonville et suivie par Rameau en 1741 pour ses Pièces de clavecin en concert.

Après 1768, on sait qu'il continue à enseigner au moins jusqu'en 1783, puis il disparaît dans un anonymat complet. On le cherche : le Journal Général de la France publie en 1788 : On désire savoir ce qu'est devenu Monsieur du Phly, ancien maître de clavecin à Paris, où il était en 1767. S'il n'existe plus, on désirerait connaître les héritiers auxquels on a quelque chose à communiquer. Peut-être a-t-il abandonné toute activité musicale (il n'y a aucun instrument de musique dans l'inventaire de ses biens après décès). Une coïncidence curieuse de plus : Antoine de Sartine, ancien Lieutenant général de police et ancien Secrétaire d'État de la Marine, protecteur des arts, à qui Duphly a dédié une pièce de son IVe Livre (La Sartine), habiterait en 1785 la même adresse de l'Hôtel de Juigné, quai Malaquais.

Jamais marié, il lègue une part notable de ses biens à celui qui a été son domestique pendant trente ans.

La vie de Duphly s'inscrit exactement entre la mort de Louis XIV et la Révolution française, comme un symbole d'une époque qui se termine : celle de l'absolutisme et de l'instrument qui, pour beaucoup, le représente.

Quatrième Livre de pièces de clavecin



Quatrième Livre de pièces de clavecin (1768)
1. La De Juigne 0:00
2. La De Sartine 7:17
3. La De Drummond 13:45
4. La De Vaucanson 17:25
5. La Pothuin 21:54
6. La Du Buq 27:11

John Paul, clavecin

Traduction du commentaire biographique de la video présentée par Pébété

Jacques Duphly [Dufly, Du Phly et autres] (Rouen, 12 janvier 1715 - Paris, 15 juillet 1789) est un claveciniste et compositeur français.

Il était le fils de Jacques-Agathe Duphly et de Marie-Louise Boivin de la paroisse de St Eloi, dont les registres fournissent le peu que l'on sait de sa jeunesse. Le 11 septembre 1734, « le sieur Dufliq, organiste de la cathédrale d'Evreux » postule à St Eloi ; le registre poursuit en précisant qu'il avait été formé par Dagincourt à Rouen ; il se rendit à Evreux (vers 1732) pour ce qui devait être sa première nomination (il n'avait que 19 ans lorsqu'il en démissionna) et retourna dans sa paroisse natale. Son mandat à St Eloi a commencé de manière peu propice avec son expulsion de la tribune d'orgue par son prédécesseur âgé; mais l'église changea rapidement les serrures. À St Eloi, il ajouta Notre Dame de la Ronde en 1740, sa sœur Marie-Anne-Agathe la remplaçant lorsque leurs devoirs étaient en conflit. Il quitta les deux nominations en 1742 et s'installa à Paris; selon le clerc de St Eloi, ce sont des affaires qui l'ont attiré là-bas, mais d'autres rapports suggèrent que c'était la prise de conscience qu'il ferait mieux comme spécialiste du clavecin à Paris que comme organiste à Rouen. Pierre-Louis Daquin, fils de l'organiste, dit de « Duflitz » en 1752 :

"Il fut quelque temps organiste à Rouen, mais trouvant sans doute qu'il avait un plus grand don pour le clavecin, il abandonna son premier instrument. On peut supposer qu'il a bien fait, puisqu'il passe à Paris pour un très bon claveciniste. Il a beaucoup de légèreté de touche et une certaine douceur qui, soutenues par des ornements, rendent à merveille le caractère de ses pièces."

Marpurg (1754) remarquait que « Duphly, élève de Dagincourt, ne joue que du clavecin, afin, dit-il, de ne pas se gâter la main avec l'orgue. Il vit à Paris, où il instruit les grandes familles ».

Sa réputation semble avoir atteint son apogée dans les années 1750 et 60. Raccolta delle più nuove composizioni di clavicembalo, ii (1757) de Marpurg contient une paire de rondeaux du premier livre de Duphly. En 1764, Walsh sortit une édition de son deuxième livre ; en 1765, Richard Fitzwilliam, 20 ans, étudiait avec lui. Cette année-là, Pascal Taskin, le facteur de clavecins, comptait « Dufly » parmi les meilleurs professeurs de Paris, avec Armand-Louis Couperin, Balbastre et Le Grand. L'article sur le doigté du Dictionnaire de Rousseau (1768) contient des règles que l'auteur présente « avec confiance, car je les tiens de M Dupli, excellent professeur de clavecin qui possède avant tout la perfection du doigté » (bien que Duphly ou Rousseau aient oublié que ces 'règles' ont été reprises mot pour mot de celles de Rameau, dans ses Pièces de clavecin de 1724).

Les titres et dédicaces des pièces de Duphly montrent qu'il faisait partie du cercle restreint des connaisseurs professionnels et aristocratiques ; pourtant il semble avoir été peu ambitieux et satisfait d'une vie simple. D'Aquin écrit qu'« en général ses pièces sont douces et aimables : elles tiennent de leur père ». Bien que cela représente un curieux jugement sur sa musique, plus souvent tapageur et énergique, cela peut refléter une nature qui lui a permis de dériver doucement de la vue vers un point d'obscurité où il est devenu nécessaire d'enquêter dans le Journal général de la France (27 novembre 1788) "ce qu'est devenu M Duphlis, ancien professeur de clavecin à Paris, où il était en 1767. S'il n'existe plus, on voudrait connaître ses héritiers, à qui il y a quelque chose à communiquer".

Quand il mourut, l'année suivante, aucun héritier n'apparut ; même sa sœur n'a pas pu être localisée. Mais son testament et l'inventaire de ses effets montrent qu'il vivait modestement dans un petit appartement donnant sur le jardin de l'hôtel de Juigné. La dédicace de ses dernières pièces à la marquise de Juigné, 21 ans auparavant, ne le dispense pas de payer 300 livres par an de loyer. Evidemment Duphly ne s'est jamais marié : son légataire en chef était son domestique de 30 ans. Il n'y avait même pas de clavecin.