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 Mozart: Le Nozze di Figaro (Harnoncourt, 2006)

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Snoopy
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Snoopy

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MessageSujet: Mozart: Le Nozze di Figaro (Harnoncourt, 2006)   Mozart: Le Nozze di Figaro (Harnoncourt, 2006) Empty2007-06-12, 12:17

Mozart: Le Nozze di Figaro (Harnoncourt, 2006)
par Carter Chris Humphray

Salzbourg 2006: Mozart révélé. Sous la battue expressionniste et onirique de Nikolaus Harnoncourt qui y livre une vision des plus humaines, les Nozze de Mozart s'accomplissent au diapason de la vérité des coeurs. Production événement.

D'emblée, à l'évidence, ces Nozze di Figaro en provenance de l'édition 2006 du Festival de Salzbourg, marqueront une étape décisive dans l'interprétation mozartienne. Des 22 opéras donnés pour le Festival des 250 ans de la naissance du compositeur (enregistrés en une intégrale dvd intitulée "M22" chez Deutsche Grammophon), la production mise en scène par Claus Guth s'impose avec une pertinence exceptionnelle.

Dans la fosse, Nikolaus Harnoncourt, alchimiste des relectures iconoclastes autant qu'éclairantes, porte action scénique et tenue vocale, jusqu'à la perfection. Le chef s'est assez justifié, ici et là, au moment des représentations salzbourgeoises, et dans la presse, sur le "pourquoi" de ses tempi ralentis, de sa battue parfois "traînante"... Certains y ont vu une manifestation déroutante et caricaturale de ses options "désormais maladroites"... Effarants raccourcis qui oublient les vertus et l'intelligence d'un maestro génial et visionnaire. Voyez déjà sa Clémence de Titus (TDK) qui développait les mêmes options, absolument captivantes, dans le théâtre des Manèges de Salzbourg en 2003. Lire notre critique du dvd La Clémence de Titus par Nikolaus Harnoncourt

L'histoire de l'interprétation mozartienne connaît ici l'une de ses étapes les plus marquantes. C'est comme si, dans la perspective des nombreux ouvrages que les baroqueux ont ressuscité de l'oubli, parmi les prédécesseurs et les contemporains de Mozart, le génie singulier de Wolfgang s'affirmait avec violence à mesure que les Niccolo Jommelli (Arminda publié par Ambroisie), Antonio Mazzoni (récente Aminta éditée en mai 2007 chez K617), Traetta, Haydn (Orlando Palatino de 1782, ressuscité par le même Harnoncourt chez DHM)... étaient dévoilés. Ici, des oeuvres parfaitement écrites, à la vocalità soignée parfois sidérante; là, la violence et la vérité, l'intensité et l'incandescence, la simplicité et l'économie: l'évidence du génie. Le duo Guth/Harnoncourt recompose le théâtre de Mozart et de Da Ponte, avec une clairvoyance rare, qui sait tout autant cerner sans artifice, la noirceur vertigineuse des âmes comme célébrer leur poésie tendre.

Version théâtrale

Sur la scène, un Eros/Cherubino muet magnétise les êtres, retissent les liens du coeur, réinvente la carte des désirs, le labyrinthe des attractions inconscientes... Marcelline/Figaro, Susanna/Almaviva. Pour Guth et Harnoncourt, l'attraction centrale de l'intrigue, est celle qui aimante Susanna au Comte. Chacun défaille, tiraillé par ses pulsions violentes. Le doute et le trouble, la valse des tentations dangereuses, des liaisons sulfureuses font basculer la scène dans le chaos. La chorégraphie que le danseur ailé (baptisé "Cherub") inspire à chacun des protagonistes, (Figaro, lorsqu'il défie l'autorité du Comte, ou Suzanna et Cherubino -le véritable cette fois-, lorsque ce dernier exprime l'ardente énergie du désir), rend explicite les pulsions souterraines, la correspondance des âmes.

Le metteur en scène qui a vu Hitchcock, qui assimile aussi le délire shakespearien, donne à voir ces contrastes mozartiens, entre l'ivresse désespérées des solitudes (La Comtesse), l'obsession névrotique (Le Comte), l'intense chant des coeurs désirant (Chérubino, Figaro et Suzanne)... A la violence visuelle de la mise en scène, répond l'instinct infaillible du chef. Si la baguette ralentit, elle ne s'égare jamais. Lecture pleine de vérité et de poésie, Harnoncourt concentre la tention sur le réseau des relations. Avec lui, la musique démasque les êtres.

L'idée d'ajouter une caméra en fond de scène ne fait que renforcer le réalisme théâtral de la production. La diversité des plans cadrés par Brian Large souligne ainsi le mouvement des apparitions, des disparitions, ce jeu des entrées et des sorties, dans cet ample escalier aux proportions froides, déchues, inhumaines. La peinture s'écaille, feuilles mortes et corbeaux morts jonchent le sol sous une lumière crue.

Se pourait être une pièce d'Ibsen ou de Strinberg. Ce sont aussi les éclairages désenchantés et cliniques de Bergman où conspire l'horreur du silence, la terrifiante éloquence du non-dit. Le tableau de l'Ancien Régime, même s'il est ici déplacé dans une maison bourgeoise de la Vienne début de siècle, se fissure. La société aristocratique y est bien la cible d'une ironie persistante. Mais au-delà, c'est le masque des convenances sociales qui tombe. Tout ce que Mozart et Da Ponte amplifieront ensuite avec Don Giovanni, quelques mois après Le Nozze di Figaro.

Pour ces Noces incandescentes, la distribution est à la hauteur du défi scénique et musical: aucun des rôles ne faiblit. A ceux qui hésitent entre le dvd et le cd, aucun doute, le complément visuel souligne la pertinence de la lecture. Palmes spécifiques au Figaro (Ildebrando D'Archangelo est la révélation du casting: enfin, un rival "sérieux" au Comte Almaviva), certes Bo Skovhus n'a plus l'ampleur vocale que nous lui connaissions mais cette usure renforce la déchéance pitoyable du personnage. Anna Netrebko, Dorothea Röschmann, Christine Shäfer offrent une palette fascinante d'émotivités incarnées. Les heurts et les confrontations n'en sont que plus bouleversantes. D'ailleurs, la fin de cette Folle journée est éloquente: chacun finit sur les genoux, éreinté par cette course éprouvante et trouble qui fait vaciller le coeur et la raison.

Tout oeuvre sur la scène comme dans la fosse pour un théâtre magnifié par sa vérité et son commentaire poétique. Désenchanté Mozart? Mieux: vrai et fulgurant. Pour le 250 ème anniversaire, Harnoncourt écarte tout ce que les flons-flons et l'esprit viennois emperruqué avait apporté. En "neutralisant" Mozart, on avait fini par le tuer. Ici, l'échelle des contrastes, la violence des conflits, la "transe" émotionnelle, l'approfondissement ténébriste des sensibilités, sous l'effet de la battue suspendue (et non pas ralentie), apportent un nouvel éclairage. Fidèle à lui-même, Nikolaus Harnoncourt "défait" le Mozart inoffensif, façonné sous le poids d'une tradition culturelle réductrice. Opéra de la violence, théâtre de la dissidence, déjà fantastique et délirant, romantique et expressionniste: jamais Mozart n'aura paru aussi moderne. Mieux: universel! Une telle vision doit être mise en perspective avec le dernier portrait de Mozart -peint en 1790, un an avant sa mort-, découvert en 2006 et qui donne une nouvelle image de Mozart: humaine, divinement humaine.

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Le Nozze di Figaro
Opéra Buffa en quatre actes K 492
Livret: Lorenzo Da Ponte d'après Le Mariage de Figaro de Beaumarchais

Ildebrando D'Archangelo, Figaro
Anna Netrebko, Susanna
Bo Skovhus, le Comte Almaviva
Dorothea Röschmann, La Comtesse
Christine Schäfer, Cherubino
Marie McLaughlin, Marcellina
Franz-Josef Selig, Bartolo
Patrick Henckens, Basilio
Don Curzio, Olivier Ringelhahn
Florian Boesch, Antonio
Eva Liebau, Barbarina
Uli Kirsch, Cherub

Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor,
Wiener Philharmoniker,
Nkolaus Harnoncourt, direction
Claus Guth, mise en scène

Bonus: Documentaire sur les coulisses de la production Harnoncourt/Guth. Réalisation: Sylvia Griss & Alexander Hellbrügge. Chanteurs, metteur et en scène et chef s'expliquent sur la conception des caractères, leurs options interprétatives. En tenue d'été, Anna Netrebko livre l'identité trouble de Susanna, Bo Skhovus les difficultés de chanter son air avec le danseur Uli Kirsch sur ses épaules (!), Dorothea Röschmann, l'âme nostalgique et blessée de la Comtesse qui est résolue à l'action... Quant à Harnoncourt et Guth, leurs propos rendent plus lumineux encore les partis pris de la production salzbourgeoise (26 mn).

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Jean

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MessageSujet: Re: Mozart: Le Nozze di Figaro (Harnoncourt, 2006)   Mozart: Le Nozze di Figaro (Harnoncourt, 2006) Empty2007-06-12, 17:05

He bien voilà un plaidoyer qui renvoie dans les cordes la critique de "diapason" assez sévère avec la direction d'Harnoncourt et l'esprit de ces Noces!
La distribution me faisait réver! ...sauf peut être que je préfère une mezzo pour Cherubino.
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MessageSujet: Re: Mozart: Le Nozze di Figaro (Harnoncourt, 2006)   Mozart: Le Nozze di Figaro (Harnoncourt, 2006) Empty2007-06-12, 23:41

Jean a écrit:

La distribution me faisait réver! ...sauf peut être que je préfère une mezzo pour Cherubino.

Cherubino, c'est Danco ! I love you
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MessageSujet: Re: Mozart: Le Nozze di Figaro (Harnoncourt, 2006)   Mozart: Le Nozze di Figaro (Harnoncourt, 2006) Empty2007-06-27, 23:44

C'était Danco, ce fut Von Stade, c'est Schäfer !
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calbo

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MessageSujet: Re: Mozart: Le Nozze di Figaro (Harnoncourt, 2006)   Mozart: Le Nozze di Figaro (Harnoncourt, 2006) Empty2007-07-13, 00:56

ACCORDS EN SCENE a écrit:
C'était Danco, ce fut Von Stade, c'est Schäfer !

Je ne connais pas Danco ni Von Stade(dans ce rôle) mais pour avoir vu la retransmission de la rpoduction parisienne, je suis certaine que Schäfer n'est pas chérubin.
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