Jonathan Harvey (1939-2012)

Jonathan Harvey est un compositeur anglais né le 3 mai 1939 à Sutton Colfield, Warwickshire.

On a pu dire de lui qu'il était « le plus français des musiciens anglais », en référence à son usage de riches harmonies tournoyantes (à la Messiaen) et sa proximité avec les compositeurs français qui travaillent sur le spectre sonore (comme Tristan Murail ou Gérard Grisey). Mais c'est avant tout Stockhausen qui a fécondé sa pensée musicale (il lui a consacré plusieurs études), et Harvey a souvent rendu hommage à la « vie intérieure » que Stockhausen a su, le premier, insuffler aux sons électroniques. L'influence des écrits religieux et mystiques féconde son inspiration : les textes bouddhistes, la Bible, Steiner. Jonathan Harvey a été joué par les meilleurs ensembles (Quatuor Arditti, Intercontemporain, Ensemble Modern, L'Itinéraire…) et reçu de nombreuses distinctions, dont le Britten Award en 1993.

Il prépare pour 2007 un opéra sur un livret de Jean-Claude Carrière, Wagner Dream : à l'article de la mort, Richard Wagner hallucine l'opéra qu'il aurait pu écrire sur la vie du Bouddha.

Je tiens quand même à rappeller ici le site de Jonathan :
http://www.vivosvoco.com

Bonne initiative

Il est mort le 4 décembre 2012 dans sa maison de Lewes, des suites d'une longue maladie nerveuse.

http://www.musiquecontemporaine.info/acompo-Harvey.php


oeuvres principales

Dialogue and Song for cello (1965/1977)
Four Images after Yeats for piano (1969)
Piano Trio (1971)
String Quartet No. 1 (1977)
O Jesu Nomen Dulce for choir (1979)
Mortuos Plango, Vivos Voco, computer-manipulated concrete sounds (pre-recorded octophonic tape), for tape (1980)
Mythic Figures (1980)
Bhakti for 15 players and quadrophonic tape (1982)
Curve with Plateaux for solo cello (1982)
Flight-Elegy for violin and piano (1983–89)
Nataraja for flute, piccolo and piano (1983)
Nachtlied for soprano, piano and tape (1984)
Come Holy Ghost for choir (1984)
Ricercare una Melodia for solo trumpet/cello/flute/oboe/trombone with tape delay system (1984)
Song Offerings for soprano and chamber ensemble of 8 players (1985)
Forms of Emptiness for choir (1986)
God is our Refuge for choir and organ (1986)
Madonna of Winter and Spring for orchestra, synthesizer and electronics (1986)
Lauds for choir and solo cello (1987)
From Silence for soprano, 6 players and tape (1988)
String Quartet No. 2 (1988)
Three Sketches for solo cello (1989)
Ritual Melodies for quadrophonic tape (1989–90)
Cello Concerto (1990)
Fantasia for organ (1991)
Serenade in Homage to Mozart for wind ensemble of 10 players (1991)
Scena for violin and chamber ensemble of 9 players (1992)
Lotuses for flute quartet (1992)
Chant for solo cello (or solo viola) (1992–94)
The Riot for flute, piccolo, bass clarinet and piano (1993)
One Evening... for soprano, mezzo, soprano, chamber ensemble of 8 players, 2 technicians and electronics (1993–94)
The Angels for choir (1994)
Tombeau de Messiaen for piano and tape (1994)
Advaya for cello, electronic keyboard and electronics (1994)
Dum Transisset Sabbatum for choir (1995)
String Quartet No. 3 (1995)
Percussion Concerto (1997)
Sufi Dance for solo guitar (1997)
Wheel of Emptiness for chamber ensemble of 16 players (1997)
Ashes Dance Back for choir and electronics (1997)
Death of Light/Light of Death for chamber ensemble of 5 players after Grunewald's Crucifixion in the Isenheim Altarpiece (1998)
Tranquil Abiding for chamber orchestra (1998)
Valley of Aosta for 13 players and electronics (1998)
Marahi for unaccompanied choir (1999)
The Summer Cloud's Awakening for choir, flute, cello and electronics (2001)
Vers for piano (2000)
Jubilus for viola and chamber ensemble (2003)
String Quartet No. 4 with live electronics (2003)
String Trio (2004)
Body Mandala for orchestra (2006)
Wagner Dream, opera (2007)
Other Presences for trumpet and electronics (2008)
Imaginings for cello and live electronics
Philia's Dream for cello and synthesizer
Weltethos for speaker, choir, children's chorus and orchestra (2011), commissioned by the Berliner Philharmoniker

Décidément, 2012 a vu partir pas mal de compositeurs. De lui, je ne connais que BHAKTI, une oeuvre que je n'ai pas aimée de suite mais que j'apprécie beaucoup depuis.

Je viens d'écouter Bhakti pour orchestre, chose que je n'avais pas faite depuis un bon moment, et je ne peux que dire du bien d'une oeuvre qui m'est pourtant si énigmatique. Ce sont les humeurs de chacune des douze parties qui me séduisent, autant par les moments les plus acoustiques que par les moments où l'électronique entre en scène. Ce qui est très curieux mais pas nécessairement étrange, c'est que j'ai ressenti une certaine forme d'humour pleinement musicale à un moment précis, par les cuivres, partie 9. Ce sont principalement des instants qui m'ont fasciné, ci et là, des combinaisons instrumentales, des tournures électroniques qui ont accaparé mon attention. Mais, aimerais-je autant cette oeuvre sans la réussite de la dernière partie (n°12), ça je ne saurais dire comme je ne saurais dire si l'humour que je ressens dans cette oeuvre tient d'une perception très personnelle ou si elle peut être aisément partagée. Comme je viens de l'insinuer, alors que je ne pourrais définir Bhakti autrement que comme une oeuvre fondamentalement abstraite, la douzième partie est totalement fascinante, une véritable "architecture sonore" aux formes indescriptibles et aux effets les plus poignants, les plus émouvants...enfin pour moi...      

Plutôt encouragé par Bhakti, comme en témoigne mon précédent commentaire, j'ai tenté un nouveau cd qui regroupe plusieurs oeuvres de Jonathan Harvey;
Bird Concerto with pianosong pour piano et orchestre
Ricercare una melodia pour hautbois et électronique
Other Presences pour trompette et électronique
Ricercare una melodia pour violoncelle et électronique

C'est surtout Bird Concerto with pianosong qui a motivé cet achat, une oeuvre qui fait déjà une trentaine de minutes, les trois autres étant plus ou moins courtes. Je ne sais pas à quoi m'attendre, c'est le mystère total.

Icare a écrit:

Plutôt encouragé par Bhakti, comme en témoigne mon précédent commentaire, j'ai tenté un nouveau cd qui regroupe plusieurs oeuvres de Jonathan Harvey;
Bird Concerto with pianosong pour piano et orchestre
Ricercare una melodia pour hautbois et électronique
Other Presences pour trompette et électronique
Ricercare una melodia pour violoncelle et électronique

C'est surtout Bird Concerto withe pianosong qui a motivé cet achat, une oeuvre qui fait déjà une trentaine de minutes, les trois autres étant plus ou moins courtes. Je ne sais pas à quoi m'attendre, c'est le mystère total.

Le mystère s'est définitivement éclairci après la première approche de ces oeuvres et bien qu'elles soient toutes dans un style moderne et très presonnel, ce qui ne m'a pas étonné en connaissance de son opus Bhakti, aucune ne m'a rebuté ou ennuyé. Dans le Bird Concerto, on entend de véritables chants d'oiseaux enregistrés, probablement sur bande magnétique...?...C'est néanmoins dans un style très, très différent du Cantus Arcticus d'Einojuhani Rautavaara. C'est beaucoup moins mélodieux, pour ne pas dire pas du tout. C'est même chaotique, une musique qui peut paraître (à tort) instructurée, partant dans tous les sens. Or, il s'en dégage, du moins à mon oreille, de la fantaisie et de la poésie. Même les pièces pour instrument solo et électronique ont monopolisé favorablement mon attention. J'ai l'agréable intuition que la prochaine écoute sera plus fructueuse encore. C'est une musique qui s'apprivoise et je sens bien que je n'ai pas capté tous les éléments subtils de ces oeuvres de Jonathan Harvey, un moderne dans la lignée de Luc Brewaeys et de Philippe Hurel que j'apprécie.

C'est Aquatilis du compositeur belge Jean-Louis Robert qui m'a conduit à la réécoute de Bird Concerto With Pianosong de Jonathan Harvey. C'est un certain rapport à la nature qui m'a permis ce lien, dans un contexte aussi "moderne", atonal. Cette réécoute était nécessaire car, au contraire d'Aquatilis, Bird Concerto est une oeuvre que je connais depuis peu et que je n'ai pas encore vraiment apprivoisée. Très vite, je baigne dans un concert de chants d'oiseaux qui me semblent tout-à-fait authentiques et je pense évidemment à Olivier Messiaen. Je pense aussi à Bhakti du même compositeur. Je pense aux dissonances de l'orchestre ou du piano qui se marient parfaitement avec les chants d'oiseaux. La musique peut provisoirement s'effacer sous eux. Aucune réelle importance. En fait, c'est l'orchestre qui se tait, pas la musique. Elle, elle passe de l'homme à l'oiseau avant de revenir à l'homme. C'est un tel jaillissement de vie que je suis resté à l'affût jusqu'au bout du moindre son.

L'instant musical:

https://www.youtube.com/watch?v=Uyz5RQmX-Bg

Il existe dans mon appréciation d'une oeuvre musicale deux sortes d'intérêt, du moment que je n'éprouve pas d'ennui proprement dit. Le premier va être surtout émotionnel et viscéral et c'est probablement celui que je recherche le plus. Le second me paraît plus intellectuel, comme une appréciation distante qui ne m'est pas viscérale ni forcément jubilatoire mais comme l'impossibilité d'oter mon regard d'un objet qui m'intrigue, m'aimante. C'est exactement ce que j'ai ressenti, ce soir, à l'écoute du Concierto para marimba de David del Puerto et du Bird Concerto with pianosong de Jonathan Harvey: une musique qui ne m'émeut pas ou alors m'émeut-elle de façon plus inconsciente puisque je trouve toujours un intérêt à y revenir. Il faut dire qu'entre l'orchestre, le piano et les chants d'oiseaux enregistrés dans le concerto d'Harvey, il y a un monde inouï qui se dessine, un monde poétique, même si le regard admiratif que j'y porte reste dans la juste distance d'une appréciation froide et inerte. C'est un peu le même ressenti avec le concerto de Del Puerto, à un degré de fascination visuelle moindre, sauf qu'à un passage de l'oeuvre, vers sa dernière partie, l'entrée d'un hautbois venu soutenir le marimba de Tatiana Kaleva m'apporte un moment d'émotion plus concret, plus palpable. En revanche, Variaciones in memoriam Gonzalo de Olavides m'est déjà plus viscéral. Il n'y a plus cette appréciation distante. Ceci-dit, la musique de Jonathan Harvey m'impressionne davantage.

Bhakti, l'adoration, l'Amour de Dieu ou piété, la dévotion ou le service de pur amour envers Īśvara (le seigneur suprême en sanskrit), est l'une des composantes essentielles de l'hindouisme. C'est une dévotion "exempte de sollicitations égoïstes et de crainte du Tout-Puissant, qui implique un complet oubli de soi de la part de celui qui aime." Le bhakti yoga (la voie de l'Amour de Dieu) représente avec le jnâna yoga (la voie de la connaissance), le karma yoga (la voie de l'action consacrée), le raja yoga (la voie des exercices physiques et spirituels) et le tantra yoga (la voie des rites magiques, la discipline personnelle suivant les ordres du tantra) sont les cinq voies (mārga) traditionnelles du yoga dans l'hindouisme (souvent complémentaires). (Wiki).

Aujourd'hui, J'ai réécouté Bhakti pour orchestre de Jonathan Harvey , tout simplement parce que le titre se prête à mon cycle et afin de ne pas systématiquement retomber sur les mêmes oeuvres que lors de mon précédent cycle de 2015 sur le même sujet. En lisant les commentaires à l'intérieur du fascicule, je n'ai pas trouvé d'explications précises sur le choix du titre ni sur la réelle nature de ce qui inspira Jonathan Harvey. Néanmoins, tout prétexte est bon pour réécouter une oeuvre que j'ai aimée et que j'aime certainement encore. Ce sont les humeurs de chacune des douze parties qui me séduisent, autant par les moments les plus acoustiques que par les moments où l'électronique entre en scène. Ce qui est très curieux mais pas nécessairement étrange, c'est que j'ai ressenti une certaine forme d'humour pleinement musicale à un moment précis, par les cuivres, partie 9. Ce sont principalement des instants qui m'ont fasciné, ci et là, des combinaisons instrumentales, des tournures électroniques qui ont accaparé mon attention. Mais, aimerais-je autant cette oeuvre sans la réussite de la dernière partie (n°12), ça je ne saurais dire comme je ne saurais dire si l'humour que je ressens dans cette oeuvre tient d'une perception très personnelle ou si elle peut être aisément partagée. Comme je viens de l'insinuer, alors que je ne pourrais définir Bhakti autrement que comme une oeuvre fondamentalement abstraite, la douzième partie est totalement fascinante, une véritable "architecture sonore" aux formes indescriptibles et aux effets les plus poignants, les plus émouvants. Il y a bien des instants, ci & là, qui me place dans l'attente, mais, globalement, j'en aime la poétique et la singularité.

Bird Concerto : très original, mais on s'en lasse assez vite...



https://www.youtube.com/watch?v=0b4Y8i1PuYM

Spéciale ! Mais ça ne me porte pas vers l'extase