Oeuvres de jeunesse ou de maturité?

Je me suis fait aujourd'hui la réflexion, après des centaines d'écoutes d'oeuvres variées de compositeurs qui le sont tout autant que j'appréciais le plus souvent leurs oeuvres de jeunesse au moins, si ce n'est plus, que leurs oeuvres de maturité.

Chez beaucoup on trouve une audace, une énergie, une fraicheur et une originalité qu'on ne retrouve plus dans leurs oeuvres de fin de vie, ou alors, sous une forme différente, peut être plus subtile mais qui n'a rien à voir malgré tout avec leurs premiers opus.

C'est toujours intéressant de voir le parcours musical d'un musicien évoluer au fil de sa vie mais c'est vrai, il me semble, que l'on a toujours plus l'habitude de considérer les "tubes" et les oeuvres de maturité en oubliant un peu le travail du début qui souvent ne démérite pas pour autant même s'il n'a pas la "profondeur" des oeuvres de maturité.

Ces oeuvres n'en restent pas moins de petits bijoux en soi et qu'on a tendance à l'oublier par comparaison avec début/fin de vie d'un compositeur.

Snoopy a écrit:

Ces oeuvres n'en restent pas moins de petits bijoux en soi et qu'on a tendance à l'oublier par comparaison avec début/fin de vie d'un compositeur.

C'est sûr et certain.

Toutefois, ça dépend tout de même des compositeurs : chez la plupart des baroques, même chez JS Bach ou Vivaldi, on ne voit pas - ou peu - de différences entre œuvres de jeunesse ou de maturité. Pour moi en tout cas, quelqu'un comme Jean ne sera peut-être pas d'accord.

Chez Mozart, il y a tout de même une grande différence entre ses morceaux de jeunesse qui sont à peine pré-classiques et la maturité, en particulier, par exemple, avec ses opéras.

Chez Haydn c'est moins flagrant, que l'on pense à ses chefs d'œuvres que sont ses premières symphonies comme les 6,7,8 ; elles ne valent peut-être pas les Parisiennes et les Londoniennes, mais c'est déjà du grand Haydn.

Beethoven, dont on divise les œuvres en trois périodes (depuis Vincent d'Indy, qui a écrit une de ses biographies) a beaucoup moins de chefs d'œuvres dans la première période que dans les deux suivantes. Il y a dans cette période tout de même des bijoux comme le septuor ou les 6 premiers quatuors (op. 18), voire le concerto en mi bémol d'extrême jeunesse.

Et Beethoven ses sonates pour piano...

Anouchka a écrit:

Et Beethoven ses sonates pour piano...

Bien sûr, à commencer par la Pathétique

https://youtu.be/vGq3-Fi_zQY

C'est vrai pour moi en ce qui concerne Verdi : je préfère largement ses compositions de "jeunesse" - jusqu'au trio "Traviata-Trouvère-Rigoletto".
Ce sont des oeuvres avec beaucoup de chants de "bravoure" et des choeurs magnifiques.
Sa fin d'écriture est plus sobre, plus intimiste et puis il y a Falstaff, dernier opéra du compositeur, impossible à comparer avec l'ensemble de son oeuvre !

C'est l'inverse chez Mozart, je préfère ses derniers opéras : Noces - Don Giovanni - Cosi - Flûte, à ses précédentes compositions.
Dans ce quatuor de fin d'écriture La clemenza di Tito est assez différente, il me semble.

Encore que Mozart est mort jeune...On ne saura jamais comment aurait évolué sa musique s"il avait vécu beaucoup plus longtemps. Peut-on parler d'oeuvres de maturité avant ses 35 ans, même s"il commença à composer très jeune?

C'est pas faux

Icare a écrit:

Encore que Mozart est mort jeune...On ne saura jamais comment aurait évolué sa musique s"il avait vécu beaucoup plus longtemps. Peut-on parler d'oeuvres de maturité avant ses 35 ans, même s"il commença à composer très jeune?

En effet, même si on sent déjà une évolution dans sa composition opératique.

Rossini a résolu l'affaire : il a cessé de composer des opéras à l'âge de 38 ans alors qu'il vécut jusqu'à 76 ans.

J'avoue que j'ai une préférence marquée pour les oeuvres de piano, "première manière"  chez Beethoven. Il y a une inventivité, une séduction plus immédiate, dirais-je, que dans les oeuvres tardives. Ce n'est pas un hasard, que l'on soit simple auditeur ou pianiste, si la sonate "Pathétique", la "Clair de lune" ou encore "La Tempête", entre autres, ont autant de succès.
En ce qui concerne les oeuvres tardives, j'avoue fermement m'ennuyer, par exemple, dans le dernier mouvement de l'"Appasionata" et sa répétitivité qui finit par lasser. De même,dans l'opus 111 et les autres, cette dimension un peu spéculative et intellectuelle chez un Beethoven devenu sourd me laissent un peu de marbre également.

Glenn Gould - avec ses goûts, certes, très particuliers - avait une nette préférence pour les oeuvres (pour piano) de jeunesse de Mozart et de Beethoven.

alucard a écrit:

J'avoue que j'ai une préférence marquée pour les oeuvres de piano, "première manière"  chez Beethoven.

Moi aussi personnellement. Tout comme pour ses concertos pour piano. Je les aime tous, mon préféré reste le 5ème, donc le plus tardif, mais j'apprécie vraiment les deux premiers (même si l'ordre de publication ne correspond pas à la l'ordre de création, le deux ayant été composé avant le un) que je trouve sous estimés par rapport au monument qu'est le 5ème par exemple.

Ah! moi, j'ai une nette préférence pour le 4e concerto, peut-être le plus personnel, en particulier dans la version déjà très ancienne de Maurizio Pollini et Karl Böhm à la baguette, chez Deutsche Grammophon. J'aime moins le 5e que je trouve plus superficiel. 

Même chose pour les symphonies de "jeunesse" et celles de la maturité; la dernière - la 9e donc - que je trouve un peu gâchée par ce dernier mouvement avec voix, un peu lourdingue et pompier. Au contraire, la 5e est admirable de bout en bout, y compris ce finale que si peu de compositeurs réussissent vraiment, excepté dans la 6e symphonie de Tchaikovsky, la "Pathétique"; (sublime Tchaïkovsky par Pierre Monteux, version de la 6e peut-être inégalée).

Oeuvres de jeunesse ET de maturité : je ré-écoute les sonates de Beethoven (bien sûr j'ai mes préférées... )