Georg Philipp Telemann (1681-1767)

Icare a écrit:

La belle surprise n'aura pas vraiment eu lieu dans la seconde partie que je viens d'écouter, si n'est quand même l'Aria "O wie brichst du mir das Herz, jesu'" (plage 4, second cd) qui m'a un peu plus touché que les autres parties, assez beau celui-là...mais sinon, c'est certes une musique agréable, apaisante, avec de belles voix, mais qui s'écoute sans passion. J'étais bien content d'arriver à la fin tant l'ennui commençait à s'installer. Alors, comme je l'ai dit dans mon précédent commentaire, ce n'est que l'impression d'une première approche et j'y reviendrai une autre fois. Je me doute bien, cependant, que ce ne sera jamais la grande émotion, mais il est fort possible que je m'attache malgré tout à cette musique au fil du temps qui est jolie et plaisante dans son ensemble. On verra. Avant d'y revenir, je vais laisser couler de l'eau sous les ponts, laisser tout doucement venir l'envie de la réécouter, laisser dissiper la déception par rapport à ce que j'espérais et après on verra. Pour l'heure, mon impression est tiède.

Idem pour la seconde partie. Pas aux anges mais moins d'ennui et un peu plus de plaisir au bout du compte. Quelques autres extraits m'ont bien plu, finalement.

De mon côté, je suis emballée par Telemann sur ses oeuvres pour clavecin, etc... (les Arts Florissants ont exhumé pas mal d'oeuvres d'ailleurs), mais je n'ai pas écouté les Passions. Ca va paraître peut-être un peu bête, mais comme je sais que Pâques approche, et que nous avons de très belles versions des "Passions" de JSB qui nous attendent, je n'ai pas envie d'écouter Telemann sur ces oeuvres-là. J'ai l'impression que j'aurais la même impression que toi, Icare.
Ce que nous n'éprouvons jamais sur Jean-Sébastien Bach, humble avis.

Icare a écrit:

Icare a écrit:

Je viens d'écouter la première partie qui environne l'heure de musique de la Johannes Passion de Georg Philipp Telemann et je dois avouer que pour cette première écoute je suis loin de l'émotion que me procure la Passion selon St-Jean de J.S. Bach. Pour l'instant, en tenant compte que je ne l'ai pas encore écoutée en entier, j'ai même un peu mieux aimé la Passion selon Saint-Marc de Reinhard Keiser et beaucoup plus la Rappresentatione di Anima & di Corpo d'Emilio de Cavalieri, deux oeuvres que je n'ai écoutées également qu'une fois. Toutes ces impressions vont se préciser et sans doute évoluer au fil des écoutes. Dans la première partie de la Johannes Passion de Telemann, il y a au moins un Aria que j'ai trouvé très beau; "O wie tief bist du gefallen, aber doch versinke nicht'" (plage 19) et, coïncidence ou non, il y a un petit flutiau qui y fait son affaire, ce qui apporte un plus non négligeable...toutefois, moins jubilatoire à mon oreille que chez Bach...En tout cas, cet Aria est le morceau de cette Passion qui a le mieux retenu mon attention. Un autre Aria ne m'a pas déplu, un peu avant, plage 15; "Stirb dann ohne dein Verschulden'". Il ne me reste plus qu'à écouter la seconde partie qui commence à partir du Choral "O Haupt voll Blut und Wunden'", en espérant quelques belles surprises...

Je viens de réécouter la première partie et je dois reconnaître que mon impression s'est vaguement améliorée, juste un peu. C'est souvent très doux et il y a de jolis passages. Je n'aimerai jamais autant que celles de Bach qui ont de plus grands atouts à mon oreille, mais je commence à l'apprécier malgré tout.

Nouvelle écoute et finalement j'apprécie de plus en plus. Sans atteindre le Nirvana, l'oeuvre m'est de plus en plus attachante. En plus, une précision qui va plaire à Laudec, la flûte à bec, lorsqu'elle intervient, est fort bien mise en valeur. Encore une oeuvre qui ne m'aura pas foudroyé sur place dès la première écoute mais qui s'apprivoise au fil des écoutes...Et mon "Cycle des Passions" est encore loin d'être terminé! Yahooooo!!!!

Rires ! Ni celui des "Messes", j'espère, car j'en connaîs certaines que tu ne connaîs peut-être pas, qui sait ?
Merci pour ce témoignage Telemann, un jour j'écouterai ça...

Je ne pouvais envisager un cycle autour de la lettre T et s'intitulant "Ma Tasse de T" sans évoquer Georg Philipp Telemann. C'était même impensable surtout qu'il s'agit d'un compositeur que j'écoute rarement. C'était donc une superbe occasion de revenir sur sa Johannes Passion dont la première approche, je dois l'avouer, avait été quelque peu laborieuse. Depuis, au fil des écoutes qui se succédèrent, mon impression s'était nettement améliorée. Ca peut sans doute s'expliquer par l'effet de comparaison presque inévitable avec la Johannes Passion de J.S. Bach dont la beauté et la puissance m'ont toujours rendu fou et me hantent viscéralement.  Comment y déroger lorsque l'on tombe sur une oeuvre du même nom? Celle de Telemann est différente, tout simplement, et je commence à y trouver de plus en plus de charme et de profondeur, une approche plus introvertie, plus intérieure. Il y a toujours cet Aria que je trouve très beau; "O wie tief bist du gefallen, aber doch versinke nicht'" (plage 19) avec ce petit flutiau accrocheur qui lui confère quelque-chose d'irrésistible. Un autre Aria y fait figure de point culminant, du moins dans cette première partie, un peu avant, plage 15; "Stirb dann ohne dein Verschulden'". Il ne me reste plus qu'à réécouter la seconde partie qui commence à partir du Choral "O Haupt voll Blut und Wunden'", que j'avais préférée dès la première approche...

J'ai plusieurs passions de Telemann...(elles ne sont probablement pas toutes enregistrée). Sans être loin d'être négligeables, aucune n'atteint l'intensité des deux connues de JS Bach...
Une cependant (parmi celle que j'ai!) dépassent en intensité, en beauté des arias et des chœurs toutes les autres...et curieusement, ce n'est pas une passion traditionnelle (avec le récit de l'évangéliste complet), c'est sa passion selon "Brockes" qui est un livret d'oratorio avec comme sujet bien sur la passion du Christ...
Ce texte de Brockes a eut un bon succès à cette époque, mis en musique par plusieurs compositeur dont Telemann, Haendel , Keiser...

René Jacobs a "ressuscité" cette passion d'après Brokes de Telemann, voila plusieurs années; c'est magnifique à tout point de vue, l'œuvre et l'interprétation!!

Merci du conseil!

Merci beaucoup pour ces Passions de Telemann, j'écouterai cela un peu plus tard dans quelques jours... car "les Passions" de JSB sont encore un peu trop "prégnantes" pour moi,  en plus m'attend l'écoute de la St Matthieu de R. Pichon (2016) que j'ai enregistrée lundi... 
En général, j'écoute "tout" d'une traite, tellement c'est prenant, et c'est quand même environ trois heures...
Je m'aperçois que la Telemann de Jacobs dure quand même deux heures dix-neuf.... 

Merci Laudec d'avoir été plus curieux que moi en la trouvant sur YouTube!

Pour celles de Bach: la st Matthieu de Klemperer dure 3 H 44 !!...celles de R Chailly (avec le Gewendhausorchester de Leipzig) comme celles d'Harnoncourt, Gardiner, Jacobs durent carrément environ 1 heure de moins!! soit 2H40!!

La St Jean plus ou moins 2 Hoo

C'est curieux, je viens de trouver en CD mon premier disque 33 tours de Telemann qui doit dater d'environ 1962-63 ! Un repiquage "remastérisé" comme on dit.

Et c'est l'image de mon 33 tours ! (que je possède encore dans une remise)



Musidisc était une marque "à petit prix" mais de qualité (un peu comme Naxos actuellement). Bien sûr ce n'est pas un enregistrement sur instruments d'époque, (ce qui ne se faisait pas dans les années 1960, je crois).
On y trouve le célèbre concerto pour trompette, 2 hautbois, cordes et clavecin en ré majeur, un concerto pour hautbois (non identifié par sa tonalité ni par le catalogue TWV), un concerto pour trompette, cordes et clavecin en ré majeur, ainsi que la Suite "La Putain" (sic, et en français) pour cordes. Cette suite n'a rien d'impudique, c'est une simple suite de danses, et je me demande si putain avait la même signification à l'époque de Telemann qu'aujourd'hui.

joachim a écrit:

Musidisc était une marque "à petit prix" mais de qualité (un peu comme Naxos actuellement). Bien sûr ce n'est pas un enregistrement sur instruments d'époque, (ce qui ne se faisait pas dans les années 1960, je crois).

Si, sans me souvenir précisément des tous premiers enregistrements et leurs dates de parution, je me souviens très bien avoir acheté les premiers Brandebourgeois par Nicolaus Harnoncourt et son "Concentus Musicus" (mais je crois me souvenir que ce n'était pas leur 1er enregistrement?) alors que j'effectuais mon service militaire entre novembre 64 et avril 66...

Merci Joachim, j'irai écouter cela après mon épisode de la série "les Médicis" (très bien).
La pochette est hyper sexy et le titre assez osé, ça m'a étonnée... 
(j'ai bien peur que "putain" ait eu la même signification au XVIIIème, mais c'était plus courant, moins "honteux" que maintenant, cf. Venise, c'était un vrai boulot codifié, recensé dans des registres et soumis à impôts, bref "courtisane" était un vrai métier reconnu....)... -je parle des "putains" reconnues" et fréquentées par la noblesse, et non des malheureuses pauvresses qui se prostituaient pour rien en attrapant la malemort... 

Jean a écrit:

[ j'effectuais mon service militaire entre novembre 64 et avril 66...

Donc, tu as échappé à la guerre d'Algérie . Etant donné ton âge, tu as dû avoir un sursis. Nous avions, à l'époque, une motivation pour réussir à nos examens !

Moi aussi, j'ai réussi à faire prolonger mon sursis, et j'ai fini par faire ùon service à la coopération de 68 à 70 au Nigéria. [fin du H.S.]

Tu as bien déduit

C'est de Fragonard (Il devait être plutôt coquin!) "le feu aux poudres", tout un programme...

joachim a écrit:

 Musidisc était une marque "à petit prix" mais de qualité (un peu comme Naxos actuellement). Bien sûr ce n'est pas un enregistrement sur instruments d'époque, (ce qui ne se faisait pas dans les années 1960, je crois).

Ce n'était probablement pas sur instruments d'époque, et aussi, la manière de jouer des instruments était différente d'aujourd'hui, en ce qui concerne la musique baroque.

Je me souviens aussi de la marque MFP (Music for pleasure) qui sortait des disques pas très chers et de bonne qualité.

Mon premier 33 tours, j'avais environ 10 ans:

steph-w a écrit:

Je me souviens aussi de la marque MFP (Music for pleasure) qui sortait des disques pas très chers et de bonne qualité.

Mon premier 33 tours, j'avais environ 10 ans:

A 10 ans, la 5e ? Tu es tombé dans la marmite drôlement tôt ! Waouh !

https://www.youtube.com/watch?v=xIRDWb0nVTo

Telemann était sans conteste le champion de la musique instrumentale de son époque ,pas seulement par la quantité, mais aussi par la qualité, l'inspiration, l'originalité, la variété, de ses concertos, suites, et musique de chambre (quatuors surtout...mais pas pour cordes uniquement).

https://www.youtube.com/watch?v=vhjM4W6B1bs

En 1716, Telemann publie une nouvelle collection de musique de chambre, conçue pour violon, flûte ou hautbois avec accompagnement de basse continue. Il a dirigé son dévouement non pas vers un noble mécène, mais vers plusieurs musiciens importants de l'époque, démontrant une nouvelle et fière image de soi des artistes entre eux. Le compositeur lui-même en a autorisé l'exécution au clavier seul, c'est pourquoi Andrea Coen a cru Telemann sur parole et a fait ses propres arrangements animés. Chaque partita se compose d'un prélude et de six brèves danses ou airs.

Johannes Passion - G. P. Telemann:

<<Alors meurs sans ta faute, meurs pour souffrir la mort pour nous, l'Agneau de Dieu! Mais comment est-ce que je me sens quand je ne peux qu'espérer mon salut de ton sang? Alors est-ce que je choisis ma destruction ou est-ce que je te demande de mourir? Quel choix, quelle décision! Mais j'entends votre décision: laissez-moi simplement souffrir; Ainsi tu parles et avec joie tu deviendras mon époux aussi par le sang.>>

https://www.youtube.com/watch?v=kBHGlrzfP8U


L'aria "Stirb dann ohne dein Verschulden" est ce moment délicieux qui retient le mieux mon attention, d'abord pour la beauté de son thème mélodique qui est renforcé par un duo épatant entre la soprano - Catherine Bott, je suppose - et le hautbois d'Elisabeth Schollaert, mais aussi parce qu'il m'évoque certains arias que Bruno Coulais composa, plusieurs siècles plus tard, pour le cinéma, notamment sur Don Juan de Jacques Weber. Il s'agit surtout d'un esprit, d'un caractère, d'une référence éventuelle et non d'une simple imitation...une construction mélodique mêlée à un traitement solennel et épuré, peut-être... Les arias (musico-cinématographiques) auxquels je pense portent sans conteste l'empreinte de leur auteur, mais ils m'indiquent désormais que Telemann put être une source d'inspiration pour Bruno Coulais. Cette association que j'ai faite pendant l'écoute entre ces deux compositeurs que des siècles séparent m'a procuré un plaisir indicible, ou plutôt un plaisir supplémentaire. Je ne voudrais bien sûr pas réduire cette Johannes Passion de Telemann sous la direction de Patrick Peire à cet unique aria, car ce serait injuste. Il y a d'autre moments pratiquement aussi beaux que celui-là. Je m'amuse de relire mes précédents commentaires et de devoir constater par la force des choses une évolution dans mon appréciation: même si je reste en accord avec les grandes lignes, j'aime désormais bien cette Passion que j'apprécie pour ses qualités propres et que j'écoute désormais en entier sans ennui.

Sa courte cantate de Pâques (Osterkantate) pour voix de basse, trompette et orgue :  Victoria! Mein Jesus ist erstanden TWV 1:1746



https://www.youtube.com/watch?v=jnY6OA_Ok_I

Une autre belle cantate que je découvre à l'instant : Lobet den Herrn, alle seine Heerscharen (Louez le Seigneur, vous tous de ses grandes armées) TWV 1:1061

Celle-ci n'a rien à voir avec Pâques, elle est pour la nouvelle année




https://www.youtube.com/watch?v=9cxp1W5mJA4